Montfort AJPM
Ad Jesum per Mariam
Aux Religieuses de la Visitation (cantique de St L-M de Montfort)
Intégral Montfort Cantiques I
L'Intégral I en vidéos est ici.
1-O très saintes Religieuses,
Mes vers ne peuvent vous nommer
Tant je vous trouve bienheureuses
D’avoir ce grand Cœur pour l’aimer.
2-Il vous a prises pour partage,
Il a pris son palais chez vous,
Il est aussi votre héritage,
Ce qui n’est pas commun à tous.
3-Du haut de la Croix du Calvaire,
Par Marie, il est descendu
Jusqu’au cœur de votre saint Père,
C’est en lui qu’il s’est tout perdu.
4-Ce Père saint et charitable,
Après un docteur amoureux,
Vous a donné ce Cœur aimable
Afin de brûler de ses feux.
5-Si votre règle est si charmante,
François n’en est pas tant l’auteur,
Que la douceur humble, innocente,
Et sans orgueil et sans rigueur.
6-C’est pour vous une gloire immense
De ce que ce Cœur de l’Agneau
A chez vous comme pris naissance :
Votre maison est son berceau.
7-Si, chez vous, il a voulu naître,
C’est pour s’accroître et s’augmenter :
Vous devez le faire connaître,
Vous devez le faire éclater.
8-Il a chez vous pris son asile,
Chassé qu’il est de tant de cœurs ;
Il a chez vous son domicile :
Brûlez, brûlez de ses ardeurs.
9-Dieu vous a fait dépositaires
De ce trésor très excellent ;
C’est à vous, Révérendes Mères,
De faire croître ce talent.
10-Comme, Dieu merci, vous le faites,
Je ne vous menacerai point ;
Tâchez d’être encor plus parfaites
Et plus fidèles en ce point.
11-Entre trois cœurs, prenez vos places :
Jésus, Augustin et François ;
Mais que le premier, plein de grâces
Vous mette en un et non en trois.
12-Voici mes vers, que je présente
A vos cœurs tous réduits en un ;
Si cette offrande est excellente,
C’est parce qu’elle est en commun.
13-Si quelque cœur par sa malice
N’est pas dans la communauté,
Je n’offre point mon sacrifice
Pour ce monstre d’iniquité.
14-Que, s’il est sorti de son centre,
De ce Cœur plein de charité,
Que dès aussitôt, il y rentre
Par l’ouverture du côté.
15-Sans trop vous soucier de la rime,
Méditez bien mes petits vers ;
Comprenez-en le sens sublime
Et faites-en vos doux concerts.
16-Si ces vers sont très peu de chose,
Jetez-en la faute sur moi,
Mais que je ne sois pas la cause
Que vous y refusiez la foi.
17-Mais, si mes vers vous édifient,
Rendez-en la gloire au Très-Haut,
Faites partout qu’ils fructifient
Et suppléez à mon défaut.
18-Un prêtre a besoin de sagesse,
Qu’il entre dans vos oraisons :
Le Cœur de Jésus vous y presse,
Obtenez-lui ce don des dons.
INTÉGRAL I des CANTIQUES montfortains
enregistré entre 1979 et 1981
Gilbert Chevalier joue à l'orgue et chante les cantiques en même temps, c'est-à-dire que, vu sa cécité, tout en lisant le braille de la main gauche, il s'accompagne de la droite et du pédalier à l'orgue.
HISTORIQUE :
Il s'agit d'un sauvetage
Suite à un double naufrage.
Solesmes posséda ces chants :
Il les effaça sur-le-champ.
La première copie
À Fontgombault atterrit :
Son sort fut identique
À celui de l'original,
Et c'est ce qui explique,
Ce qui est d'ailleurs fatal,
La médiocre qualité
De cette deuxième copie
Qu'heureusement j'ai gardée.
Vive Jésus ! Vive Marie !
Si ces chants voulez encore sauver,
Il vous faut les télécharger,
Car ils ne seront pas ici
Éternellement reproduits.
Gilbert Chevalier
l'Aveugle-Vendéen
Intégralité des paroles (PDF) :
Français English
La dévotion au Sacré-Cœur (cantique de St L-M de Montfort)
Intégral Montfort Cantiques II
"Cantate" du Sacré-Cœur 1/2 (cantique de St L-M de Montfort)
Le DEUXIÈME INTÉGRAL
des 163 CANTIQUES MONTFORTAINS
(400 vidéos) est ICI.
enregistrement : 2005 - 2006
I-LES TRÉSORS INFINIS DU CŒUR DE JÉSUS
1-Voici la plus grande merveille
Que j’aie exprimée en mes vers :
Prédestiné, prête l’oreille
Et mêle avec moi tes concerts.
2-Je m’élève par sur moi-même,
Je monte jusqu’aux bienheureux
Et jusqu’au Monarque suprême,
Plus élevé que tous les cieux.
3-Que vois-je ? Tout le ciel admire,
Tout le ciel en est étonné,
Je vois ce que je ne puis dire :
Viens contempler, prédestiné.
4-Anges, dites-moi, je vous prie,
Quel est ce beau brasier de feu ?
C’est le Cœur du Fils de Marie
Et du Fils unique de Dieu.
5-Mortel, adore avec les anges
Ce Cœur qui doit être adoré,
Publie et chante les louanges
D’un Cœur que l’amour a navré.
6-O grand mystère de la gloire
Qu’on ne comprend point ici-bas !
Et qu’il faut de foi pour le croire,
Quand un cœur ne le goûte pas !
7-Ce Cœur, dès que l’homme l’aborde,
Élève Dieu son Créateur,
Exalte sa miséricorde
Et lui rend un parfait honneur.
8-Chose étonnante, il s’humilie
Devant son Père, à tout moment :
Il loue, il adore, il supplie,
Il parle pour nous puissamment.
9-O merveille toute ineffable !
Cœur plein de la divinité !
Cœur infiniment adorable,
Dans la très sainte Trinité !
10-Oh ! que de flammes vers son Père
Ce Cœur jette en haut nuit et jour !
Oh ! qu’il aime l’homme son frère
D’un pur et d’un ardent amour !
11-O grand Cœur ! O fournaise ardente !
O brasier tout miraculeux
Qui jette une flamme abondante
Pour brûler la terre et les cieux !
12-Depuis qu’il est Cœur, il nous aime
Sans cesser d’aimer un moment ;
Il nous aime autant que lui-même,
Avec excès, infiniment.
13-Il est le Cœur des cœurs sublimes,
Le Cœur des vrais prédestinés,
La plus grande de leurs victimes
Dont leurs péchés sont pardonnés.
14-Dans ce Cœur, les plus saintes âmes,
Les plus grands amis du Sauveur
Ont puisé leurs plus pures flammes,
Leur plus ineffable ferveur.
15-Voici le trésor véritable
De la grâce de Jésus-Christ,
Voici la fontaine admirable
De tous les dons du Saint-Esprit.
16-C’est ici la source de vie
En qui tous les saints ont puisé,
C’est ici le bel incendie
Dont leur cœur était embrasé.
17-Oui, on trouve en ce Cœur toute arme,
Il en est le grand arsenal ;
On trouve en lui les plus saints charmes
Pour charmer et vaincre le mal.
18-Voici la plus sainte retraite
Où l’on évite tout péché,
Où l’âme la plus imparfaite
Devient très sainte à bon marché.
19-Voici la ville de refuge
Où l’on n’est jamais outragé,
Et la vraie arche du déluge
Où l’on n’est jamais submergé.
20-C’est ce grand Cœur percé qui touche
Et qui désarme un Dieu vengeur,
Sa plaie est sa divine bouche
Qui plaide et qui le rend vainqueur.
21-Jamais, dans ce Cœur, Dieu le Père
N’a frappé le pauvre pécheur :
Ce Cœur apaise sa colère,
Obtient sa grâce et sa faveur.
22-Voici l’ouverture sacrée
Du saint cabinet de l’Époux,
Où l’âme pure est enivrée
Du vin de l’amour le plus doux.
23-Dans ce Cœur, l’âme est embaumée
De l’odeur des plus doux parfums,
C’est en lui qu’elle est enflammée
Des feux qui ne sont pas communs.
24-Ce Cœur est notre arche vivante
Qui renferme toute la loi,
Les secrets de l’âme innocente
Et les mystères de la foi.
25-C’est en ce Cœur que notre Maître
Forma tous ses secrets d’amour,
Avant de les faire connaître,
Avant de les produire au jour.
26-Son Cœur a formé ses oracles
Avant qu’il les eût proférés,
Son Cœur a formé ses miracles
Avant qu’il les eût opérés.
27-En cette source de lumières,
Les favoris de Jésus-Christ
Ont puisé les plus hauts mystères,
Les plus grands dons du Saint-Esprit.
28-C’est en ce trésor d’innocence
Qu’ont été formés tous les saints,
C’est en lui qu’ils ont pris naissance
Et consommé tous leurs desseins.
29-Ce Cœur est le trou de la pierre
Où l’on trouve une douce paix,
C’est le paradis de la terre
Où logent les hommes parfaits.
30-C’est en ce lit que se reposent
Les plus grands amis de Jésus,
C’est par ce Cœur qu’ils se disposent
A ses plus sublimes vertus.
31-O grand Cœur, ô profond abîme
De la profonde humilité !
O grand Cœur, ô trône sublime
De la parfaite charité !
32-O grand Cœur, miracle du monde
Qui contient tout en vérité,
Avec le ciel, la terre et l’onde,
Toute la sainte Trinité !
33-En louant ce Cœur adorable,
Je loue avec proportion
Le Cœur de sa Mère admirable,
Tant est si grande leur union.
34-Ce n’est que vous seul que j’adore,
Cœur de mon Dieu, Cœur glorieux ;
Mais, en vous adorant, j’honore
Le Cœur de la Reine des Cieux.
35-Chrétien, par le Cœur de Marie
On aime le Cœur de Jésus,
Puisque Jésus a pris la vie
Dans son Cœur et dans ses vertus.
36-Du sang de son Cœur tout de flamme
Le Cœur de Jésus est formé ;
Ils n’ont qu’un Cœur, il n’ont qu’une âme,
L’un et l’autre doit être aimé.
37-Âme, perdez-vous sans partage
Dans ces deux Cœurs miraculeux :
Et l’un et l’autre vous engage
A n’en voir qu’un seul dans les deux.
38-Chère âme, montez en cachette
Par ce Cœur tendre au Cœur très-haut :
Vous deviendrez bientôt parfaite
En aimant ce Cœur comme il faut.
II- LES EXCÈS AMOUREUX DU CŒUR DE JÉSUS
1-Pénétrons jusqu’au fond du temple,
Entrons dans ce Cœur merveilleux,
Afin d’aimer à son exemple,
Voyons ses excès amoureux.
2-Voyons dans le sein de Marie
Ce petit Cœur qui n’est que feu,
Qui, plein du Saint-Esprit, s’écrie :
«Amour, amour, amour de Dieu.
3-«Mon Cœur est prêt, mon Dieu, mon Père,
A faire votre volonté ;
Ici dans le sein de ma Mère
Je m’y soumets en vérité.
4-«Je vous adore et je vous aime,
Me voilà, disposez de moi,
Je place au milieu de moi-même
Et votre croix et votre loi.
5-«Vous me faites voir à cette heure
Qu’il faut que j’embrasse la croix,
Et qu’il faut même que j’y meure,
Je le veux, mon Dieu, c’est mon choix.
6-«Quoi, les hommes perdraient la vie ?
Mon amour ne peut le souffrir,
Je veux mourir, je meurs d’envie
Pour les empêcher de périr.
7-«Ma Mère, vous m’êtes très chère ;
Je vous comble de mes faveurs,
Afin que vous soyez la mère
Et le refuge des pécheurs.»
8-Ce Cœur dans l’amour qui le presse
Va trouver Jean son Précurseur,
Il remplit son Cœur d’allégresse,
De sa grâce et de sa douceur.
9-Il nous fait voir dès son enfance
Les excès de sa charité
Par les excès de sa souffrance
Et de sa grande pauvreté.
10-Dans son étable tout nous prêche
Que son Cœur est très amoureux,
Qu’il est si pauvre en cette crèche,
Qu’il semble en être malheureux.
11-L’amour fait que ce Cœur soupire,
Car il lui tarde de mourir,
Il court se faire circoncire
Pour donner son sang et souffrir.
12-Au temple, le voilà victime ;
Il calme Dieu dans son courroux,
Il lui rend un honneur sublime,
Il s’offre tout entier pour nous.
13-S’il fuit, la charité le presse,
Il nous cherche, il veut nous trouver,
Il cache sous cette faiblesse
L’ardeur qu’il a pour nous sauver.
14-Que ce Cœur est doux et traitable !
Il converse avec les enfants ;
Qu’il est affable et charitable,
Que ses attraits sont triomphants !
15-Pour nous obtenir la victoire,
Il se soumet à ses parents ;
Pour nous faire éclater en gloire,
Il se cache pendant trente ans.
16-Ce Cœur court où l’amour l’entraîne,
Il veut nous trouver à la fin,
Il est faible, il est hors d’haleine,
Il est fatigué du chemin.
17-Il s’assit près d’une fontaine,
Non pas afin de s’épargner,
Mais c’est pour la Samaritaine
Qu’il veut sauver, qu’il veut gagner.
18-Avec quelle adresse et sagesse
Ce Cœur plein de bénignité
Gagne-t-il cette pécheresse !
C’est un miracle en charité.
19-C’est par la douceur souveraine
De son Cœur si tendre et si doux
Qu’il convertit la Madeleine
Et qu’il la défend contre tous.
20-Admirons la douce manière
Avec laquelle sans rigueurs
Il sauve la femme adultère
Des mains de ses accusateurs.
21-Le voyez-vous qui s’humilie
Aux pieds du malheureux Judas,
Son Cœur lui dit, son Cœur lui crie :
« Mon ami, ne te damne pas ».
22-Il soupire, il verse des larmes,
Et Judas n’en est pas ému,
O Cœur tendre, ô Cœur plein de charmes,
Vraiment vous n’êtes point connu !
23-L’amour qui lui ravit la vie
Le fait survivre après sa mort,
Il se met dans l’Eucharistie.
O Cœur, que votre amour est fort !
24-Dans un jardin, il pleure, il crie,
Il combat contre lui pour nous,
Il est réduit à l’agonie,
Il est accablé sous nos coups.
25-Il ne pleure pas sur lui-même
Quoique son Sang coule à ruisseaux,
Comme ce Sacré-Cœur nous aime,
Il ne peut supporter nos maux.
26-Son Cœur dans ce combat terrible
Surmonte tout par un effort,
C’est pour nous seuls qu’il est sensible,
Il se lève, il court à la mort.
27-On le traîne à la boucherie,
Mais comme un agneau sans bêler ;
On le traite avec barbarie,
Mais sans se plaindre et sans parler.
28-Hélas ! on le prend, on le lie,
On l’accable de mille coups,
On le cloue, on le crucifie,
Son Cœur est toujours aussi doux.
29-Il compte pour rien sa souffrance
Ni tous les maux qu’il a reçus,
Son Cœur plein d’un amour immense
Dit : « Frappez, frappez encor plus.
30-« Je suis content que l’on m’assomme,
Que tout mon Sang soit répandu,
Pourvu que l’on pardonne à l’homme,
Pourvu qu’il ne soit pas perdu ».
31-Voyez comme ce Cœur ramasse
Son peu de force et de vigueur,
Ce n’est que pour obtenir grâce
Pour ses bourreaux et le pécheur.
32-Ce Cœur dit plus haut que sa bouche :
« O mon Père, pardonnez-leur,
Par là, comme leur mal me touche,
Vous diminuerez ma douleur ».
33-A la fin, ce Cœur perd la vie,
Ou plutôt il ne la perd pas,
Puisqu’encore il est plein d’envie
De souffrir après le trépas.
34-Son Père exauce sa prière,
Voilà qu’on perce son côté
Duquel il sort une rivière
D’eau, de Sang et de charité.
35-Enfin, la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert ;
Enfin, la cause est découverte
Pourquoi Jésus a tant souffert.
36-En le perçant on le soulage,
Car le feu dévorant ce Cœur,
La lance lui fait un passage
Pour se rendre au cœur du pécheur.
37-C’est par cette bouche sanglante
Qu’il dit, depuis plusieurs cent ans,
D’une voix mourante et vivante,
Des mots qu’à peine je comprends.
III-PAROLES DE JÉSUS-CHRIST QUI DÉCOUVRENT LES GRANDS BIENS DE LA DÉVOTION A SON SACRÉ-CŒUR
1-Allons, pécheurs, allons nous rendre
Auprès du Cœur de Jésus-Christ :
C’est par lui qu’il se fait entendre
Pour nous donner un cœur contrit.
2-"Mon Cœur sent une soif ardente,
Il dit : « J’ai soif » incessamment ;
Chez toi, chère âme pénitente,
Il cherche du soulagement.
3-Mêle mon Sang avec tes larmes
Puisque tu pleures ton péché ;
Ne crains point, j’ai mis bas les armes
Puisque ton cœur est si touché.
4-Pour redoubler ta pénitence
Entre en mon Cœur si pénitent,
Pour m’aimer d’un amour immense
Entre en mon Cœur qui t’aime tant.
5-Tu fais ma plus douce conquête
En t’affligeant comme tu fais :
Le ciel et mon Cœur en font fête,
C’est en tes pleurs que je me plais.
6-Quoique je t’aime et te pardonne,
Gémis pourtant incessamment,
Car c’est la fin que je couronne
Et non pas le commencement.
7-Mon Sacré-Cœur est ma mamelle,
Je te la donne pour sucer,
Pour te rendre fort et fidèle
A t’affliger sans te lasser.
8-Où fuis-tu, pécheur plein de crimes ?
Pourquoi t’éloignes-tu de moi ?
Tu vas tomber dans les abîmes,
Mon Cœur t’appelle ; approche-toi.
9-Eh quoi ! faut-il que tu m’offenses
Parce que je suis aussi bon ?
Si mon Cœur diffère vengeance,
C’est pour t’accorder le pardon.
10-Crie à ton Dieu : « Miséricorde ! »,
M’entends-tu ? Je suis ton Sauveur,
C’est par moi seul que Dieu l’accorde
Et qu’un pécheur trouve faveur.
11-C’est en mon Cœur qu’est l’indulgence,
Hors de lui rien n’est pardonné ;
C’est dans mon Cœur qu’est l’espérance,
Sans lui le pécheur est damné.
12-Si mon Cœur par sa douce flamme
Ne peut enfin gagner le tien,
O cruel, tu m’arraches l’âme,
Et ton cœur transperce le mien.
13-Mais mon Cœur contre sa nature
Criera la vengeance à jamais
Contre toi, vile créature,
Qui n’a pas voulu de ma paix.
14-Pour ton excès d’impénitence
Et mon excès de charité
J’aurai des excès de vengeance
Pendant toute l’éternité.
15-J’ouvre ainsi sur la fin du monde
Aux pécheurs mon Cœur plein d’ardeur ;
Mais tant s’en faut qu’on y réponde,
On n’a pour lui que des froideurs.
16-On foule aux pieds toutes mes peines,
Mon Sang, mon Cœur, ma charité,
Et, malgré le Sang de mes veines,
On m’accable d’iniquité.
17-Viens à mon Cœur, âme fidèle,
Veux-tu m’abandonner aussi ?
Viens boire à la source éternelle
Que rejette un cœur endurci.
18-Âme, as-tu besoin de lumière ?
Mon Cœur est un soleil divin
Où toute âme la plus grossière
Verra clair comme un chérubin.
19-C’est mon Cœur seul qui fortifie,
Il est puissant en ses attraits ;
C’est mon Cœur seul qui pacifie,
Il est le centre de la paix.
20-Vite à mon Cœur, loin des tumultes,
Il est la maison des parfaits :
Là, point de péchés, point d’insultes,
Le monde ignore ses secrets.
21-Repose, chère âme, repose
En mon Cœur, c’est un lit de fleurs :
Puisque mon Cœur est toute chose,
Ne te dissipe point ailleurs.
22-As-tu l’âme tiède et traînante ?
Ton cœur est-il tout fainéant ?
Mon Cœur fait une âme fervente
Et d’un nain il fait un géant.
23-Ton cœur est-il dans la tristesse
Par l’effort de l’esprit malin ?
Mon Cœur n’est plein que d’allégresse,
Il bannit des cœurs tout chagrin.
24-As-tu grand soif ? Viens-t’en donc boire
Dans la fontaine du Sauveur
Une liqueur toute de gloire,
Toute de flamme et de ferveur.
25-Veux-tu la divine sagesse
Qui fait un sage selon Dieu ?
Veux-tu cette divine ivresse ?
Mon Cœur est son trône de feu.
26-Veux-tu brûler bien à ton aise ?
Jette-toi vite dans mon Cœur,
C’est un feu, c’est une fournaise,
Ou plutôt c’est l’amour vainqueur.
27-Si tu désire[s] aimer Marie
Et d’un amour comme infini,
Aime par mon Cœur, je te prie,
Car mon Cœur au sien est uni.
28-Nos Cœurs n’étaient qu’une victime
Lorsqu’ils vivaient en ces bas lieux,
Tous deux, par un lien très intime,
Ne font qu’un même amour aux cieux.
29-Que tout aime et que tout adore
Mon Cœur par de divins transports :
J’ai promis, je promets encore
A ces dévots tous mes trésors.
30-Si vous vouliez, Princes de France,
Aimer mon Cœur victorieux,
Et la victoire et l’abondance
Suivraient vos armes en tous lieux.
31-En mon Cœur est toute victoire
Sur vos ennemis et les miens,
En mon Cœur est toute ma gloire,
Tous mes trésors et tous mes biens.
32-Ouvre ton cœur, âme très pure,
Ou plutôt entre dans le mien,
Abandonne la créature
Et possède en mon Cœur tout bien.
33-J’ai souffert mille et mille outrages
Pour être à toi présentement,
Répare-les par tes hommages,
Mon Cœur t’en supplie ardemment."
IV- LES PRATIQUES DE LA DÉVOTION AU CŒUR DE JÉSUS
1-A ce Cœur, pécheurs de la terre,
Pour éviter de grands malheurs !
Je vois la verge et le tonnerre
Qui va tomber sur les pécheurs.
2-Aimons ce Cœur, puisqu’il nous aime,
L’amour se paie par l’amour,
Mais aimons d’un amour extrême
Et purement et nuit et jour.
3-Le ciel l’adore et nous invite
A l’adorer en ce bas-lieu,
Adorons donc, il le mérite,
Puisqu’il est le grand Cœur de Dieu.
4-Et par amour, et par justice,
Il faut nous consacrer à lui,
Faisons, faisons ce sacrifice
Sans partage et dès aujourd’hui.
5-Chantons avec les chœurs des anges
Ce divin Cœur dans ses grandeurs,
Et prenons part à leurs louanges
Pour prendre part à leurs ardeurs.
6-Parlons de lui, prêchons sans crainte
Et ses grandeurs et ses appas,
Soupirons sans cesse avec plainte
De ce qu’on ne le connaît pas.
7-Rendons-lui très souvent visite
Pour tant de malheureux chrétiens.
Ce bon Cœur nous en sollicite,
Il veut nous combler de ses biens.
8-Avec un cœur pur et fidèle,
Un cœur plein de dévotion,
Goûtons sa douceur éternelle
Dans la très sainte Communion.
9-Allons faire fondre nos glaces
Dans ce Cœur du buisson ardent ;
Allons puiser toutes les grâces
Dans ce magasin abondant.
10-Soyons pleins de reconnaissance
Pour ces innombrables bienfaits ;
Ayons-en toujours la présence
Dans nos cœurs et nos cabinets.
11-Unissons-nous, je vous en prie,
Pour vaincre ensemble le démon,
En entrant dans la confrérie
Que l’Église érige en son nom.
12-Dans nos troubles, dans nos souffrances
Et dans nos plus sensibles coups,
Mettons en lui nos espérances,
C’est notre Cœur, il est à nous.
13-Pour que l’espérance soit vraie,
Il faut éviter le péché,
Et se tenir en cette plaie
Malgré tout saintement caché.
14-C’est notre modèle pour vivre,
Prenons ses mêmes sentiments,
Tâchons cœur à cœur de le suivre
Dans ses pas et ses mouvements.
15-Dans la disette et l’abondance,
Dans l’allégresse et dans l’ennui,
Dans ce qu’on fait et ce qu’on pense,
Unissons-nous sans cesse à lui.
16-Afin d’avoir un cœur qu’on nomme
Un cœur selon le Cœur de Dieu,
Afin de devenir un homme
Rempli de grâce et de tout feu.
17-La pratique la plus utile,
La plus glorieuse au Seigneur,
La plus conforme à l’Évangile,
Est de réparer son honneur.
18-Tâchez de réparer l’injure
Qu’on a faite à ce Cœur divin,
Malgré la chair et la nature,
Malgré le monde et le malin.
19-Tandis que mille âmes charnelles
Ne cherchent que leur propre bien,
Cherchons Jésus, âme fidèle,
Pour son honneur n’épargnons rien.
Intégralité des paroles (PDF) :
Français English
"Cantate" du Sacré-Cœur 2/2 (cantique de St L-M de Montfort)
Jésus vivant en Marie dans l'Incarnation (cantique de St L-M de Montfort)
Les outrages faits au Cœur de Jésus (cantique de St L-M de Montfort)
1- Adorons tous Jésus vivant
Dans le sein de Marie.
Voyons avec étonnement
La Grandeur raccourcie.
Adorons un Dieu fait enfant
Pour nous donner la vie.
2- Ce sein est un temple sacré
Où Dieu prend ses délices,
C’est un ciel toujours éclairé
Du Soleil de justice,
C’est notre refuge assuré
Où Dieu se rend propice.
3- C’est dans ce sein que nuit et jour
Il prend ses complaisances.
Marie aussi l’aime à son tour
De toutes ses puissances.
Ce n’est qu’un amoureux retour
De leur reconnaissance.
4- Oh ! que Jésus est libéral
À sa Mère très pure !
Il met dans son sein virginal
Sa grâce sans mesure.
Son Cœur est son trône royal
Et sa demeure sûre.
5- Tandis qu’il est tout attaché
À son Cœur sans partage,
Dans lequel le moindre péché
N’a fait aucun ravage,
Il y peint sans être empêché
Sa véritable image.
6- Leurs Cœurs unis très fortement
Par des liens très intimes,
S’offrent, tous deux, conjointement
Pour être deux victimes,
Pour arrêter le châtiment
Que méritent nos crimes.
7- Dans ce mystère, les élus
Ont reçus leur naissance.
Marie unie avec Jésus
Les ont pris par avance,
Pour avoir part à leurs vertus,
Leur gloire et leur puissance.
8- Que ce mystère est merveilleux !
Quels transports admirables !
Quels ravissements bienheureux
De ces deux Cœurs aimables !
Nous ne verrons que dans les cieux
Ces secrets ineffables.
9- Ils semblent tous deux confondus.
Que l’alliance est belle !
Marie est toute dans Jésus,
Son amant très fidèle,
Ou, pour mieux dire, elle n’est plus,
Mais Jésus seul en elle.
10- Allons tous, entre ces deux Cœurs,
Faire fondre nos glaces,
Participer à leurs ardeurs,
Leurs vertus et leurs grâces.
Allons, ils aiment les pécheurs,
Nous y trouverons place.
11- Ô Mère de l’amour divin,
Ô riche sanctuaire
Qui portez notre Souverain
Et notre Salutaire,
Faites venir en notre sein
Cet Agneau débonnaire.
12- Ô Jésus, notre cher Époux,
Notre Dieu, notre Frère,
Venez, venez naître dans nous
Par votre sainte Mère,
Afin que nous puissions par vous
Aller à votre Père.
13- Venez par votre humilité
Nous réduire à l’enfance.
Venez par votre sainteté
Nous rendre l’innocence.
Venez par votre charité
Régner sans résistance.
1-Écoutez ma plainte divine,
Amis du Cœur de mon Sauveur,
Si je vous ouvre ma poitrinae,
C’est pour en soulager mon cœur.
2-Parlez, mon cœur, parlez, mes larmes,
Soupirez, pleurez mille fois.
Que je sens de vives alarmes !
Je n’ai ni parole, ni voix.
3-Vous me demandez à cette heure
Pourquoi mon cœur est affligé,
Pourquoi je soupire et je pleure.
Ah ! c’est mon Jésus outragé !
4-Tous les idolâtres l’oublient,
Ils ignorent ce Roi des Cieux,
Et les Turcs et les Juifs le nient,
Jésus est blasphémé chez eux !
5-Combien d’infâmes hérétiques
Ont profané son Sacrement !
Oh ! que leur rage diabolique
Doit nous causer d’étonnement !
6-Tout le ciel et la terre ensemble
Ont pleuré ces indignités ;
Que mon cœur pleure et ma main tremble
En écrivant ces cruautés !
7-Qu’ils font une cruelle injure
A son testament paternel,
En ne le mettant qu’en figure
Au Saint-Sacrement de l’autel !
8-Oh ! quelle injure à ses paroles
En niant la réalité !
Ils font passer pour très frivoles
Ses oracles de vérité.
9-N’ayant plus la foi pour barrière,
Ils l’ont outragé mille fois !
Ils l’ont de rage et de colère
Tout de nouveau mis sur la Croix !
10-Les uns vont jeter les hosties
A des animaux furieux !
D’autres les jettent par parties
Et dans la boue et dans les lieux !
11-L’un, d’un canif, chose étonnante,
Perce ce Cœur tout amoureux !
L’autre le jette en l’eau bouillante !
L’autre le jette dans les feux !
12-Hélas ! combien par art magique
Ont livré l’Hostie au démon,
Ou bien par cet art diabolique
En ont fait un cruel poison !
13-Venons aux mauvais catholiques
Qui devraient par leur pitié
Le défendre des hérétiques :
Ils surpassent leur cruauté !
14-Nos églises abandonnées !
Notre Dieu sans adorateurs !
Des jours, que dis-je ? des années,
Sans qu’on adore ses grandeurs !
15-Si plusieurs viennent dans nos temples,
Ce n’est pas tant pour Jésus-Christ
Que par coutume ou par exemples :
Ils n’ont point Jésus dans l’esprit !
16-Souvent ce Maître et Roi de gloire
Est délaissé sur nos autels,
Sans que personne en ait mémoire,
Délaissé de tous les mortels !
17-Tandis que ce Sacré-Cœur pense
A nous combler de ses faveurs,
On n’a pour lui qu’indifférence !
On n’a pour lui que des rigueurs !
18-Contre ce Cœur, combien d’impies !
Combien d’infâmes actions !
Combien partout d’immodesties !
Combien de profanations !
19-Voyez ce malheureux qui jure
Et qui blasphème son saint nom !
Personne ne sent cette injure,
On en rit avec le démon.
20-Jamais on n’avait vu la terre
Si pleine d’ennemis de Dieu :
Partout le crime avec la guerre,
Jésus s’en est plaint depuis peu.
21-Mais personne ne s’en étonne,
Les plus grands crimes ne sont rien.
Plait-on Jésus ? Hélas ! personne !
Un chacun ne pense qu’au sien.
22-Si l’on l’épargnait dans l’église !...
Hélas ! non, c’est en son palais !
Sans qu’aucun soit dans la surprise,
Qu’on le perce de mille traits !
23-Regardez-y cette mondaine,
Cette idole de vanité,
Qui, par sa manière hautaine,
Dispute la Divinité !
24-Voyez-vous comme elle est parée,
Auprès d’un autel dédoré ?
Voyez comme elle est adorée !
Jésus n’est pas considéré !
25-Combien de rendez-vous infâmes
Dans l’église de notre Dieu !
Combien d’hommes, combien de femmes
Viennent se perdre en ce saint lieu !
26-Que de ris, que de causeries !
On y parle comme aux marchés.
Que de sortes d’effronteries !
Et Dieu souffre tous ces péchés.
27-La modestie est pratiquée,
Le respect et l’attention,
Par les Turcs même en leur mosquée :
Pour nous, quelle confusion !
28-Voyez l’église, pauvre, infâme,
Auprès de ce château pompeux ;
Tandis que Monsieur et Madame
Ont abondamment tout chez eux.
29-Hélas ! que de malheureux prêtres !
De loups sous la peau des agneaux !
De Judas ! de malheureux traîtres !
Plus cruels que tous les bourreaux !
30-Est-ce ainsi donc que l’homme offense
Le Cœur amoureux du Sauveur ?
Est-ce là sa reconnaissance ?
Quel outrage ! Quel crève-cœur !
31-Quelle cruauté ! cet impie
Exerce toutes ses fureurs
Dans l’église, où se réfugie
Jésus chassé de plusieurs cœurs !
32-Aurons-nous donc des cœurs de pierre
Sans prendre part à ses douleurs ?
Ah ! souffrons avec lui sur terre ;
Avec son Sang mêlons nos pleurs.
33-Il nous dit comme à ses apôtres :
« On m’abandonne, mes amis !
Voulez-vous me quitter vous autres,
Et vous joindre à mes ennemis ?
34-« Ah ! je souffrirais ces injures
De mes ennemis déclarés ;
Mais ceux que j’aime sans mesures
M’outrageraient ! amis, pleurez...
35-« Ah ! mon Cœur est à l’agonie,
On m’attaque dans ma maison !
On m’y trahit ! on m’y renie !
On change mon Sang en poison !
36-« Mon Cœur crie en son amertume,
Il est accablé du péché !
Aurez-vous tous des cœurs d’enclume ?
Aucun n’en sera-t-il touché ?
37-« Si vous m’abandonnez, fidèles,
Je suis abandonné de tous !
Irai-je chez les infidèles ?
Ils me connaissent moins que vous !
38-« Mon Cœur vous aime et vous désire,
C’est pour vous qu’il est transpercé !
Après votre cœur il soupire,
Eh quoi ! serai-je délaissé ? »
I- LES OUTRAGES FAITS AU CŒUR DE JÉSUS
1-Écoutez ma plainte divine,
Amis du Cœur de mon Sauveur,
Si je vous ouvre ma poitrine,
C’est pour en soulager mon cœur.
2-Parlez, mon cœur, parlez, mes larmes,
Soupirez, pleurez mille fois.
Que je sens de vives alarmes !
Je n’ai ni parole, ni voix.
3-Vous me demandez à cette heure
Pourquoi mon cœur est affligé,
Pourquoi je soupire et je pleure.
Ah ! c’est mon Jésus outragé !
4-Tous les idolâtres l’oublient,
Ils ignorent ce Roi des Cieux,
Et les Turcs et les Juifs le nient,
Jésus est blasphémé chez eux !
5-Combien d’infâmes hérétiques
Ont profané son Sacrement !
Oh ! que leur rage diabolique
Doit nous causer d’étonnement !
6-Tout le ciel et la terre ensemble
Ont pleuré ces indignités ;
Que mon cœur pleure et ma main tremble
En écrivant ces cruautés !
7-Qu’ils font une cruelle injure
A son testament paternel,
En ne le mettant qu’en figure
Au Saint-Sacrement de l’autel !
8-Oh ! quelle injure à ses paroles
En niant la réalité !
Ils font passer pour très frivoles
Ses oracles de vérité.
9-N’ayant plus la foi pour barrière,
Ils l’ont outragé mille fois !
Ils l’ont de rage et de colère
Tout de nouveau mis sur la Croix !
10-Les uns vont jeter les hosties
A des animaux furieux !
D’autres les jettent par parties
Et dans la boue et dans les lieux !
11-L’un, d’un canif, chose étonnante,
Perce ce Cœur tout amoureux !
L’autre le jette en l’eau bouillante !
L’autre le jette dans les feux !
12-Hélas ! combien par art magique
Ont livré l’Hostie au démon,
Ou bien par cet art diabolique
En ont fait un cruel poison !
13-Venons aux mauvais catholiques
Qui devraient par leur pitié
Le défendre des hérétiques :
Ils surpassent leur cruauté !
14-Nos églises abandonnées !
Notre Dieu sans adorateurs !
Des jours, que dis-je ? des années,
Sans qu’on adore ses grandeurs !
15-Si plusieurs viennent dans nos temples,
Ce n’est pas tant pour Jésus-Christ
Que par coutume ou par exemples :
Ils n’ont point Jésus dans l’esprit !
16-Souvent ce Maître et Roi de gloire
Est délaissé sur nos autels,
Sans que personne en ait mémoire,
Délaissé de tous les mortels !
17-Tandis que ce Sacré-Cœur pense
A nous combler de ses faveurs,
On n’a pour lui qu’indifférence !
On n’a pour lui que des rigueurs !
18-Contre ce Cœur, combien d’impies !
Combien d’infâmes actions !
Combien partout d’immodesties !
Combien de profanations !
19-Voyez ce malheureux qui jure
Et qui blasphème son saint nom !
Personne ne sent cette injure,
On en rit avec le démon.
20-Jamais on n’avait vu la terre
Si pleine d’ennemis de Dieu :
Partout le crime avec la guerre,
Jésus s’en est plaint depuis peu.
21-Mais personne ne s’en étonne,
Les plus grands crimes ne sont rien.
Plait-on Jésus ? Hélas ! personne !
Un chacun ne pense qu’au sien.
22-Si l’on l’épargnait dans l’église !...
Hélas ! non, c’est en son palais !
Sans qu’aucun soit dans la surprise,
Qu’on le perce de mille traits !
23-Regardez-y cette mondaine,
Cette idole de vanité,
Qui, par sa manière hautaine,
Dispute la Divinité !
24-Voyez-vous comme elle est parée,
Auprès d’un autel dédoré ?
Voyez comme elle est adorée !
Jésus n’est pas considéré !
25-Combien de rendez-vous infâmes
Dans l’église de notre Dieu !
Combien d’hommes, combien de femmes
Viennent se perdre en ce saint lieu !
26-Que de ris, que de causeries !
On y parle comme aux marchés.
Que de sortes d’effronteries !
Et Dieu souffre tous ces péchés.
27-La modestie est pratiquée,
Le respect et l’attention,
Par les Turcs même en leur mosquée :
Pour nous, quelle confusion !
28-Voyez l’église, pauvre, infâme,
Auprès de ce château pompeux ;
Tandis que Monsieur et Madame
Ont abondamment tout chez eux.
29-Hélas ! que de malheureux prêtres !
De loups sous la peau des agneaux !
De Judas ! de malheureux traîtres !
Plus cruels que tous les bourreaux !
30-Est-ce ainsi donc que l’homme offense
Le Cœur amoureux du Sauveur ?
Est-ce là sa reconnaissance ?
Quel outrage ! Quel crève-cœur !
31-Quelle cruauté ! cet impie
Exerce toutes ses fureurs
Dans l’église, où se réfugie
Jésus chassé de plusieurs cœurs !
32-Aurons-nous donc des cœurs de pierre
Sans prendre part à ses douleurs ?
Ah ! souffrons avec lui sur terre ;
Avec son Sang mêlons nos pleurs.
33-Il nous dit comme à ses apôtres :
« On m’abandonne, mes amis !
Voulez-vous me quitter vous autres,
Et vous joindre à mes ennemis ?
34-« Ah ! je souffrirais ces injures
De mes ennemis déclarés ;
Mais ceux que j’aime sans mesures
M’outrageraient ! amis, pleurez...
35-« Ah ! mon Cœur est à l’agonie,
On m’attaque dans ma maison !
On m’y trahit ! on m’y renie !
On change mon Sang en poison !
36-« Mon Cœur crie en son amertume,
Il est accablé du péché !
Aurez-vous tous des cœurs d’enclume ?
Aucun n’en sera-t-il touché ?
37-« Si vous m’abandonnez, fidèles,
Je suis abandonné de tous !
Irai-je chez les infidèles ?
Ils me connaissent moins que vous !
38-« Mon Cœur vous aime et vous désire,
C’est pour vous qu’il est transpercé !
Après votre cœur il soupire,
Eh quoi ! serai-je délaissé ? »
******************************
II- AMENDE HONORABLE AU CŒUR DE JÉSUS
1-O Cœur de Dieu ! Cœur adorable !
Cœur, objet de tous mes amours !
O Cœur infiniment aimable !
Qui m’aimez et m’aimez toujours !
2-Quoique très pauvre et misérable,
Quoique le plus grand des pécheurs,
Je fais une amende honorable
A votre Cœur, à vos grandeurs.
3-Pardon pour tous les infidèles,
Qui, quoiqu’ils soient tous faits pour vous,
Malgré vos bontés paternelles,
Vous attaquent, se damnent tous.
4-Pardon pour tous les schismatiques
Séparés de votre unité ;
Pardon pour tous les hérétiques,
Eux qui nient votre vérité.
5-Ah ! pardon de leurs barbaries,
Pardon de leurs indignités,
Pardon de toutes leurs furies
Et de toutes leurs cruautés.
6-Pardon, divin Cœur, on oublie
Votre Cœur au Saint-Sacrement ;
Pardon pour ce chrétien impie
Qui le profane incessamment.
7-Ah ! pardon de ces insolences,
De ces rendez-vous criminels ;
Pardon de tant d’irrévérences
Dont on souille vos saints autels.
8-On va percer votre Cœur même !
Ce que ne fait pas le démon ;
Pour ce parjure et ce blasphème,
Je vous en demande pardon.
9-Pardon pour tous les mauvais prêtres
Et tous vos ennemis cachés ;
Pardon pour mille et mille traîtres
Qui vous reçoivent en péchés.
10-Hélas ! on vous ôte la vie !
Malgré vous-même en plusieurs cœurs ;
Hélas ! l’on vous y crucifie !
Pleurez, mes yeux ; coulez, mes pleurs.
11-Pardon pour tant d’âmes si lâches,
Qui près des autels vont dormir ;
Qui par leur cœur souillé de taches,
Excitent le vôtre à vomir.
12-Miséricorde pour moi-même
De vous avoir tant approché
Avec une tiédeur extrême,
Avec un cœur plein de péché.
13-Pardonnez-moi ma négligence,
Et mon peu de préparation,
Et ma cruelle indifférence
Pour la très sainte Communion.
14-Pardon de mon ingratitude
Après tant de bienfaits reçus,
De mon peu de sollicitude
A vous suivre dans vos vertus.
15-O mon Jésus, miséricorde !
Pour tous les péchés que j’ai faits ;
Si votre Cœur ne me l’accorde,
Je suis perdu pour un jamais.
16-Peux-tu, mon cœur, être insensible
Au Cœur de Jésus méprisé ?
Non, non, il ne t’est pas possible,
C’est pour toi qu’il s’est épuisé !
17-Si le Cœur d’un Turc infidèle
T’avait aimé jusqu’à ce point,
Tu l’aimerais, ô cœur rebelle !
Pour ce Cœur, tu ne l’aimes point !
18-Cœur amoureux, je vous embrasse,
Je me donne à vous tout entier.
Il est juste que je le fasse,
Vous m’avez aimé le premier.
19-Hélas ! que n’ai-je autant de larmes
Que de gouttes d’eau dans la mer !
J’en vois tant qui portent les armes
Contre un Cœur qu’il faudrait aimer !
20-Que ne puis-je courir la terre
Pour m’écrier en tous les lieux :
Pécheurs, ne faites plus la guerre
Au Cœur de Jésus amoureux !
21-Que ne puis-je par mille hommages,
En me traînant la corde au cou,
Réparer ces sanglants outrages,
Quand j’en devrais passer pour fou !
22-O Cœur, que ne puis-je vous mettre
Dans tous les esprits et les cœurs,
Et que ne puis-je vous soumettre
Ceux des rois et des empereurs !
23-Qu’au moins, tous les vers de ces pages
Soient autant de prédicateurs,
Pour réparer tous vos outrages
Et donner grâce à leurs lecteurs !
24-Allez partout fondre les glaces !
Allez détruire les péchés !
Allez par toutes les grand-places !
Allez, sans demeurer cachés.
25-Faut-il que je ne puisse dire
Ce que je goûte et je ressens ?
Parlez, soulagez mon martyre,
Parlez, vous êtes tout-puissant.
26-Formez-vous par votre puissance
Quelques nouveaux prédicateurs,
Pour prêcher votre amour immense
Et pour publier vos grandeurs.
27-Par le Sacré-Cœur de Marie,
Honneur au vôtre, mon Jésus,
Écoutez ce Cœur qui vous prie
Et qui vous honore le plus.
28-O Sacré-Cœur, par ses mamelles,
Par son sein qui vous a porté,
Pardonnez à des infidèles
Les excès de leur cruauté.
29-Charmé de la flamme divine
Dont je vois votre Cœur si plein ;
C’en est fait, j’ouvre ma poitrine :
Divin Cœur, entrez dans mon sein.
30-Enfin, ma demande est hardie :
Chassez de moi mon cœur pécheur,
Et que je n’aie en cette vie
Point d’autre cœur que votre Cœur !
*******************************
III- AUX RELIGIEUSES DE LA VISITATION
1-O très saintes Religieuses,
Mes vers ne peuvent vous nommer
Tant je vous trouve bienheureuses
D’avoir ce grand Cœur pour l’aimer.
2-Il vous a prises pour partage,
Il a pris son palais chez vous,
Il est aussi votre héritage,
Ce qui n’est pas commun à tous.
3-Du haut de la Croix du Calvaire,
Par Marie, il est descendu
Jusqu’au cœur de votre saint Père,
C’est en lui qu’il s’est tout perdu.
4-Ce Père saint et charitable,
Après un docteur amoureux,
Vous a donné ce Cœur aimable
Afin de brûler de ses feux.
5-Si votre règle est si charmante,
François n’en est pas tant l’auteur,
Que la douceur humble, innocente,
Et sans orgueil et sans rigueur.
6-C’est pour vous une gloire immense
De ce que ce Cœur de l’Agneau
A chez vous comme pris naissance :
Votre maison est son berceau.
7-Si, chez vous, il a voulu naître,
C’est pour s’accroître et s’augmenter :
Vous devez le faire connaître,
Vous devez le faire éclater.
8-Il a chez vous pris son asile,
Chassé qu’il est de tant de cœurs ;
Il a chez vous son domicile :
Brûlez, brûlez de ses ardeurs.
9-Dieu vous a fait dépositaires
De ce trésor très excellent ;
C’est à vous, Révérendes Mères,
De faire croître ce talent.
10-Comme, Dieu merci, vous le faites,
Je ne vous menacerai point ;
Tâchez d’être encor plus parfaites
Et plus fidèles en ce point.
11-Entre trois cœurs, prenez vos places :
Jésus, Augustin et François ;
Mais que le premier, plein de grâces
Vous mette en un et non en trois.
12-Voici mes vers, que je présente
A vos cœurs tous réduits en un ;
Si cette offrande est excellente,
C’est parce qu’elle est en commun.
13-Si quelque cœur par sa malice
N’est pas dans la communauté,
Je n’offre point mon sacrifice
Pour ce monstre d’iniquité.
14-Que, s’il est sorti de son centre,
De ce Cœur plein de charité,
Que dès aussitôt, il y rentre
Par l’ouverture du côté.
15-Sans trop vous soucier de la rime,
Méditez bien mes petits vers ;
Comprenez-en le sens sublime
Et faites-en vos doux concerts.
16-Si ces vers sont très peu de chose,
Jetez-en la faute sur moi,
Mais que je ne sois pas la cause
Que vous y refusiez la foi.
17-Mais, si mes vers vous édifient,
Rendez-en la gloire au Très-Haut,
Faites partout qu’ils fructifient
Et suppléez à mon défaut.
18-Un prêtre a besoin de sagesse,
Qu’il entre dans vos oraisons :
Le Cœur de Jésus vous y presse,
Obtenez-lui ce don des dons.
Le dévot esclave de Jésus en Marie (cantique de St L-M de Montfort sur musique du R.P. Hermann)
Amende honorable au Cœur de Jésus (cantique de St L-M de Montfort)
Invocation à Marie (sur "Jésus que ma joie demeure" & "Les veilleurs" de Bach)
"Cantate" Ad Jesum per Mariam (sur des airs variés, St L-M de Montfort)
1-O Cœur de Dieu ! Cœur adorable !
Cœur, objet de tous mes amours !
O Cœur infiniment aimable !
Qui m’aimez et m’aimez toujours !
2-Quoique très pauvre et misérable,
Quoique le plus grand des pécheurs,
Je fais une amende honorable
A votre Cœur, à vos grandeurs.
3-Pardon pour tous les infidèles,
Qui, quoiqu’ils soient tous faits pour vous,
Malgré vos bontés paternelles,
Vous attaquent, se damnent tous.
4-Pardon pour tous les schismatiques
Séparés de votre unité ;
Pardon pour tous les hérétiques,
Eux qui nient votre vérité.
5-Ah ! pardon de leurs barbaries,
Pardon de leurs indignités,
Pardon de toutes leurs furies
Et de toutes leurs cruautés.
6-Pardon, divin Cœur, on oublie
Votre Cœur au Saint-Sacrement ;
Pardon pour ce chrétien impie
Qui le profane incessamment.
7-Ah ! pardon de ces insolences,
De ces rendez-vous criminels ;
Pardon de tant d’irrévérences
Dont on souille vos saints autels.
8-On va percer votre Cœur même !
Ce que ne fait pas le démon ;
Pour ce parjure et ce blasphème,
Je vous en demande pardon.
9-Pardon pour tous les mauvais prêtres
Et tous vos ennemis cachés ;
Pardon pour mille et mille traîtres
Qui vous reçoivent en péchés.
10-Hélas ! on vous ôte la vie !
Malgré vous-même en plusieurs cœurs ;
Hélas ! l’on vous y crucifie !
Pleurez, mes yeux ; coulez, mes pleurs.
11-Pardon pour tant d’âmes si lâches,
Qui près des autels vont dormir ;
Qui par leur cœur souillé de taches,
Excitent le vôtre à vomir.
12-Miséricorde pour moi-même
De vous avoir tant approché
Avec une tiédeur extrême,
Avec un cœur plein de péché.
13-Pardonnez-moi ma négligence,
Et mon peu de préparation,
Et ma cruelle indifférence
Pour la très sainte Communion.
14-Pardon de mon ingratitude
Après tant de bienfaits reçus,
De mon peu de sollicitude
A vous suivre dans vos vertus.
15-O mon Jésus, miséricorde !
Pour tous les péchés que j’ai faits ;
Si votre Cœur ne me l’accorde,
Je suis perdu pour un jamais.
16-Peux-tu, mon cœur, être insensible
Au Cœur de Jésus méprisé ?
Non, non, il ne t’est pas possible,
C’est pour toi qu’il s’est épuisé !
17-Si le Cœur d’un Turc infidèle
T’avait aimé jusqu’à ce point,
Tu l’aimerais, ô cœur rebelle !
Pour ce Cœur, tu ne l’aimes point !
18-Cœur amoureux, je vous embrasse,
Je me donne à vous tout entier.
Il est juste que je le fasse,
Vous m’avez aimé le premier.
19-Hélas ! que n’ai-je autant de larmes
Que de gouttes d’eau dans la mer !
J’en vois tant qui portent les armes
Contre un Cœur qu’il faudrait aimer !
20-Que ne puis-je courir la terre
Pour m’écrier en tous les lieux :
Pécheurs, ne faites plus la guerre
Au Cœur de Jésus amoureux !
21-Que ne puis-je par mille hommages,
En me traînant la corde au cou,
Réparer ces sanglants outrages,
Quand j’en devrais passer pour fou !
22-O Cœur, que ne puis-je vous mettre
Dans tous les esprits et les cœurs,
Et que ne puis-je vous soumettre
Ceux des rois et des empereurs !
23-Qu’au moins, tous les vers de ces pages
Soient autant de prédicateurs,
Pour réparer tous vos outrages
Et donner grâce à leurs lecteurs !
24-Allez partout fondre les glaces !
Allez détruire les péchés !
Allez par toutes les grand-places !
Allez, sans demeurer cachés.
25-Faut-il que je ne puisse dire
Ce que je goûte et je ressens ?
Parlez, soulagez mon martyre,
Parlez, vous êtes tout-puissant.
26-Formez-vous par votre puissance
Quelques nouveaux prédicateurs,
Pour prêcher votre amour immense
Et pour publier vos grandeurs.
27-Par le Sacré-Cœur de Marie,
Honneur au vôtre, mon Jésus,
Écoutez ce Cœur qui vous prie
Et qui vous honore le plus.
28-O Sacré-Cœur, par ses mamelles,
Par son sein qui vous a porté,
Pardonnez à des infidèles
Les excès de leur cruauté.
29-Charmé de la flamme divine
Dont je vois votre Cœur si plein ;
C’en est fait, j’ouvre ma poitrine :
Divin Cœur, entrez dans mon sein.
30-Enfin, ma demande est hardie :
Chassez de moi mon cœur pécheur,
Et que je n’aie en cette vie
Point d’autre cœur que votre Cœur !
"Cantate" À Jésus par Marie 1/2 (sur tous les tons, St L-M de Montfort)
"Cantate" du serviteur fidèle de Jésus en Marie (sur tous les tons)
Aux poètes du temps (cantique de St L-M de Montfort)
L'utilité des cantiques (cantique de St L-M de Montfort)
1-Ceci n’est pas pour vous charmer,
Vous qui ne pensez qu’à rimer,
Grands poètes, gens incommodes.
Je laisse à d’autres vos méthodes.
2-Je sais bien que vous n’approuvez
Que les vers qui sont relevés,
Que des phrases à double étage,
Qui font un fou plutôt qu’un sage.
3-Vous ferez dix tours et contours
Pour faire un vers tout à rebours,
Pour exprimer une sornette,
Un vain combat d’une amourette.
4-Je pourrais, pour mille raisons,
Vous mettre aux petites maisons.
Que dis-je ? elles sont toutes vôtres,
Les rimeurs y placent les autres.
5-Vos vers sont polis avec art
Et souvent ce n’est que du fard,
Votre esprit est à la torture,
Vos vers le sont aussi, j’en jure.
6-Vos grands vers ne sont pas communs,
Oui, mais ils sont bien importuns,
Vous courez l’un et l’autre pôle
Pour dire une pauvre parole.
7-Si vos vers étaient vraiment grands,
Ils seraient compris des enfants ;
Ils sont si hauts, ils sont si rares,
Qu’ils en sont devenus barbares.
8-Grands poètes, je vous entends :
Vous rejetez les pauvres gens,
Vos vers sont pour les grands génies,
Aussi pleins que vous de manies.
9-À moins que les esprits du temps
N’y trouvent leurs contentements,
Fussent-ils des vers très sublimes,
Vous, vous en faites de grands crimes.
10-À la mode, un prédicateur,
À la mode, un subtil rimeur ;
À moins qu’on ne soit à la mode,
On est sot ou bien incommode.
11-Votre sublime et relevé
Montre votre goût dépravé.
Pour tout paiement, pauvres malades,
Vous voulez des louanges fades.
12-Vous cherchez par mille détours
Que quelque homme fou de nos jours
Vous dise, mais sans qu’il le pense :
Oh ! les beaux vers, la bonne stance !
13-Pauvres gens, je me ris de vous,
Puisque vous rimez presque tous
Pour qu’on applaudisse à vos veines.
C’est acheter trop cher vos peines.
14-Oui, vos vers sont trop achetés,
N’étant pleins que de vanités,
Que de cent sortes d’amourettes,
Indignes des âmes parfaites.
15-Car, sous la rime et la raison,
Vous cachez un mortel poison,
Un piège cruel mais si tendre,
Qu’à peine peut-on s’en défendre.
16-Vos vers sont bons, sans contredit ;
Rien n’est si beau, ni si bien dit,
Rime riche, bonne cadence,
Oui, mais quelle infâme impudence !
17-Si la rime était riche en Dieu,
Je ne l’estimerais pas peu,
Mais pauvre en vertu, riche en crime,
J’en hais le sens le plus sublime.
18-Vous débitez la vanité
Comme une pure vérité,
Vous ferez passer une fable
Pour une histoire véritable.
19-On dit que tout vous est permis,
Tant on vous croit les ennemis
Des vérités les plus certaines,
Amis des vanités mondaines.
20-Comme les poètes païens
Vous prenez les maux pour des biens,
Je pourrais vous nommer profanes,
Ou, pour bien rimer, de francs ânes.
21-Ô très méchants imitateurs,
Vous croyez vos vers sans grandeurs
S’ils n’ont emprunté quelque grâce
De ceux de Virgile et d’Horace.
22-Vos vers prêchent-ils les vertus ?
Y voit-on le nom de Jésus ?
Point du tout, mais la flatterie,
L’impureté, l’idolâtrie.
23-Parlez-vous des prédestinés ?
Vous ne louez que des damnés,
Que des hommes tout sanguinaires,
Que des amoureux téméraires.
24-Méchants poètes des faux dieux,
Vous me traitez de scrupuleux,
Ou vous croyez que, par bêtise,
Maintenant je vous scandalise.
25-Allez, je n’ose vous nommer,
Non de peur de vous diffamer,
Mais de peur de souiller ces pages
De si funestes personnages.
26-Oui funestes, je ne mens pas,
Car peut-être êtes-vous là-bas ;
Quoiqu’il en soit, vos livres restent,
Ces subtils poisons nous empestent.
27-À peine trouve-t-on en eux
Rien qui ne soit pernicieux,
L’impureté la plus plaisante
Est chez eux la plus innocente.
28-Vos vers sont beaux, ils font grand bruit
Ce sont des vers luisants de nuit,
Le sage en méprise la pompe,
Tandis que l’homme fou s’y trompe.
29-Vos vers si finement conçus
Encensent Bacchus et Vénus,
Et partout ils battent la caisse
Pour enivrer de leur ivresse.
30-L’enfer est plein de gens perdus
Par vos livres si bien vendus,
On laisse là la sainte Bible,
C’est à vos vers qu’on est sensible.
31-Oh ! qu’ils en damnent tous les jours !
On ne peut arrêter leur cours,
Presque tout le monde les loue,
Sur les théâtres l’on les joue.
32-Oui, ce livre sage et mondain,
Que vous avez peut être en main,
A peut-être damné plus d’âmes
Qu’il ne contient de mots infâmes.
33-Vous me direz : « Je n’y vois rien
Qui ne soit bon, que ne soit bien. »
Ne vous y trompez pas, mon frère :
Leur poison tôt ou tard opère.
34-Leur brillant cache le poison,
Leur appas couvre l’hameçon ;
Parmi cent mots d’esprit, un tendre
Qui fait penser, tomber, se rendre.
35-Ne faites pas le Saint-Esprit
Auteur d’un si mauvais écrit,
Il est fait par l’esprit immonde
Pour séduire les gens du monde.
36-Si vous le gardez, le démon
Vous criera toujours qu’il est bon,
Qu’on ne pèche point à le lire,
Que Dieu ne défend pas de rire.
37-Jetez tous ces romans au feu,
Faites-le pour l’amour de Dieu,
Sans regarder la couverture,
L’impression ni la dorure.
38-Au feu ces contes insolents,
Au feu ces bons mots si galants,
Au feu ces tendres tragédies
Et ces infâmes comédies.
39-Voici mes vers et mes chansons :
S’ils ne sont pas beaux, ils sont bons,
S’ils ne flattent pas les oreilles,
Ils riment de grandes merveilles.
40-S’ils ne sont que pour les petits,
Ils n’en sont pas d’un moindre prix ;
Si ce sont des vers ordinaires,
Ils n’en sont pas moins salutaires.
41-Lisez-les donc, et les chantez,
Pesez-les et les méditez,
N’y cherchez point l’esprit sublime,
Mais la vérité que j’exprime.
42-Prédicateur, dans mes chansons,
Vous pouvez trouvez vos sermons,
J’en ai digéré la matière
Pour vous aider et pour vous plaire.
43-Voici des sujets d’oraison,
Je crois le dire avec raison,
Car souvent un vers, une rime
Font qu’une vérité s’imprime.
44-Chaque mot d’un vers doit porter
Pour qu’on le puisse méditer,
Pour le garder en sa mémoire,
Pour son bouquet et pour sa gloire.
45-Cœur affligé, chantez, chantez,
En chantant vous vous surmontez,
Le cantique est très efficace
Pour avoir la joie et la grâce.
46-Chantez, et de bouche et de cœur,
À haute voix, avec ardeur,
Pour bannir du cœur la tristesse
Et pour le remplir d’allégresse.
47-Prenez garde à la vanité,
Qui chante veut être écouté ;
Si votre voix est ravissante,
Que votre âme soit innocente.
48-Chantons donc tous, et comme il faut,
Chantons les grandeurs du Très-Haut,
En chantant détruisons le vice
Et faisons aimer la justice.
1-Chantons, ma chère âme, chantons,
Faisons retentir nos cantons
D'une très sainte mélodie,
Le ciel et tout nous y convie.
2-Notre grand Dieu toujours joyeux
Nous écoute du haut des Cieux,
Il aime beaucoup les cantiques,
Ce sont ses concerts angéliques.
3-Écoutons les anges chanter
Et chantons pour les imiter,
Ils sont anges par leurs louanges,
En chantant nous deviendrons anges.
4-Jour et nuit brûlant d'un saint feu
Ils chantent les grandeurs de Dieu,
Dieu même y prête les oreilles,
Chantons donc comme eux ses merveilles.
5-En chantant ils brûlent d'amour, Chantons, brûlons à notre tour,
En chantant ils soufflent leurs flammes, Chantons pour enflammer nos âmes.
6-Leurs airs font retentir les cieux,
Faisons un écho merveilleux.
Que tout chante et se réjouisse
Et que la terre au ciel s'unisse.
7-Chantons, mais chantons comme il faut Pour chanter dans les cieux plus haut, Chantons, âme prédestinée,
Chantons pour être couronnée.
8-Mon cantique est désapprouvé
Du mondain et du réprouvé.
Tant mieux! puisqu'il ne veut pas croire
Sur lui je chanterai victoire.
9-Dieu veut que ses bons serviteurs Chantent jour et nuit ses grandeurs.
Quand toute son Église chante,
Il triomphe à sa voix charmante.
10-Comme il est toujours bienheureux,
Il veut des serviteurs joyeux.
Le trouble le chasse d'une âme
Et la tristesse éteint la flamme.
11-Dieu fait chanter en tous les lieux
Le prêtre et le religieux,
Il leur fait chanter ses mystères
Les jours et les nuits même entières.
12-Il trouve un très parfait honneur
Dans leurs chants, s'ils partent du cœur
Il veut qu'au plus lugubre office
On lui fasse ce sacrifice.
13-Les saints chrétiens des premiers temps
S'animaient au bien par leurs chants.
En chantant de divins cantiques
Ils devenaient tout séraphiques.
14-Le Saint-Esprit les y portait.
Souvent saint Paul leur répétait :
"Soyez joyeux, chantez, fidèles,
Quelques chansons spirituelles."
15-Plusieurs fois les saints ont chanté, C'est un secret de sainteté.
Marie a fait un beau cantique.
Chantons en prenant sa pratique.
16-Chantons donc, mais avec ferveur ; Chantons, nous plairons au Seigneur ; Chantons, nous lui donnerons gloire ; Chantons, nous chanterons victoire.
17-Sachez qu'un cantique sacré
Rend notre esprit plus éclairé,
Chasse du cœur toute humeur noire
Et met Dieu dans notre mémoire.
18-Lorsque le cœur est abattu,
Le cantique porte vertu,
Chantez, malgré votre tristesse,
Et vous recevrez l'allégresse.
19-Le chant, ainsi qu'il est écrit,
Ouvre le cœur au Saint-Esprit,
Dieu descend dans un cœur qui chante
Et lui donne grâce abondante.
20-Le cantique charme nos maux
Et nous délasse en nos travaux ;
C'est en chantant qu'on se dispose
A travailler à d'autre chose.
21-Le chant est un secret divin
Pour chasser tout esprit malin,
Un saint cantique que l'on chante
Le fait s'enfuir lorsqu'il nous tente.
22-Le monde a mêlé le péché
Dans des airs qu'il a recherchés,
Sa musique est l'apprentissage
De son plus fin libertinage.
23-Chantons et réparons l'honneur
Que ses chansons font au Seigneur,
Par de nouveaux airs de justice
Détruisons ceux de sa malice.
24-Chante, ivrogne, en buvant ton vin ; Après avoir bu ce venin,
Va pleurer, va prendre avec rage
Le fiel des dragons pour breuvage.
25-Libertin, qu'il t'en coûtera
Pour ce vilain chant d'opéra !
Satan l'a fait par sa malice ;
En chantant tu lui rends service.
26-Avale, avale les poisons
De tes amoureuses chansons,
Un jour ces impures délices
Seront tes plus cruels supplices.
27-Le diable, par ce mot couvert,
Te fait rire, mais il te perd ;
Il souffle ton chant, il t'enflamme
D'un tendre plaisir, mais infâme.
28-Tu prends un poison infernal
Et dis que ce n'est pas un mal,
Cette parole à double entente
Cache et fait ta perte évidente.
29-Tu nous appelles scrupuleux
Et nous t'appelons malheureux,
Car à ta chanson si plaisante
Tout le ciel pleure et l'enfer chante.
30-Loin de moi, chantres de Bacchus,
Loin de moi, chantres de Vénus,
Loin de moi, fins suppôts du diable,
Dont le malheur est déplorable.
31-Tu chantes cet air empesté
Devant tous pour être écouté,
Tu leur en apprends la cadence
Et tu corromps leur innocence.
32-Damne-toi si tu veux, mondain,
Mais ne damne pas ton prochain ;
Il t'écoute, il apprend le crime,
Il le fait, il tombe en l'abîme.
33-Va, cloaque de saleté,
Vomir ailleurs l'impureté
Des chansons de tes amourettes
De tes paroles de fleurettes.
34-Amis de mon Dieu, tenons bon
Contre le monde et le démon,
Leur air est beau, leur voix est tendre,
Mais gardons-nous de les entendre.
35-Chantons en l'honneur de Jésus L'excellence de ses vertus,
Pour les mettre en notre mémoire
Et les pratiquer avec gloire.
36-Faisons retentir l'univers
De nos chansons et de nos vers,
Afin que Dieu s'y glorifie
Et le prochain s'en édifie.
Notre-Dame des Anges & Je mets ma confiance (sur le canon de Pachelbel)
Invocation du Saint-Esprit (cantique de St L-M de Montfort)
NOTRE-DAME DES ANGES
1- Couronnons la Reine des Anges,
Sur la terre comme aux cieux :
En tout temps, en tous lieux,
Faisons retentir ses louanges.
2- Dans ce jour, Dieu fait une fête
À la Reine de sa cour ;
Après Dieu, tour à tour,
Les Anges couronnent sa tête.
3- Dans les cieux, les Anges couronnent
Cette Reine de Sion.
Par imitation,
Que les hommes sur terre entonnent :
R./ Couronnons la Reine des Anges,
Faisons retentir ses louanges. (bis)
4- Après Dieu, son Règne est suprême
En cette sainte Cité :
La Sainte Trinité
Lui donne aujourd’hui le diadème.
5- Sa lumière est plus éclatante
Que celle des Chérubins :
Le feu des Séraphins
Souffle une flamme moins ardente.
6- Tout l’éclat du ciel l’environne :
Tous les Trônes glorieux
Et les vertus des cieux
Sont les fleurons de sa couronne.
7- Elle tient sous ses dépendances
Mille et mille bataillons
De Dominations,
De Principautés, de Puissances.
8- Elle est, plus que tous les Archanges,
Fidèle à son Créateur,
Plus zélée en son Cœur
Et plus pure que tous les Anges.
9- Tout le ciel en réjouissance
Retentit de ses grandeurs :
Les Anges à neuf chœurs
Célèbrent sa magnificence.
10- Elle éclate en ce beau mélange
Comme un soleil lumineux,
Chacun à qui mieux mieux
Lui dit louange sur louange.
11- Ô céleste, ô douce harmonie !
Ô Angélique concert !
Des cieux dans l’Univers,
Faites donc retentir Marie.
12- Puissions-nous, ô troupe charmante,
Répondre à vos chants si beaux,
Disant par mille échos :
Triomphe à cette Triomphante !
13- Gloire, amour, honneur et louange,
À cette Reine des Cieux !
En tout temps, en tous lieux,
Vive Notre-Dame des Anges !
1- Venez, Père des lumières,
Venez, Dieu de Charité,
Formez en moi mes prières,
Montrez-moi la vérité.
Faites descendre en mon âme
Un charbon de votre feu
Qui la pénètre de flamme
Et la remplisse de Dieu.
2-Venez, Esprit-Saint, qui faites
Les martyrs, les confesseurs,
Les apôtres, les prophètes,
Les grands héros, les grands cœurs.
C'est votre seule conduite
Que mon Sauveur a suivi ;
Afin donc que je l'imite,
Conduisez-moi comme lui.
3-Vous qui faites des miracles
Par des mortels impuissants,
Vous qui rendez des oracles
Par des pauvres ignorants,
Par la force de vos grâces
Fortifiez ma langueur,
Pour faire fondre mes glaces
Parlez au fond de mon cœur.
4-Éloignez-moi de la mode,
Ce chemin si fréquenté,
Ce fantôme si commode
Et si plein d'iniquité.
Enseignez-moi cette route,
Inconnue à presque tous,
Qui conduit sans aucun doute
Droit au ciel et jusqu'à vous.
5-De grâce, ouvrez mes oreilles
Aux paroles de la foi,
Pour pratiquer les merveilles
De votre divine loi,
Pour n'écouter que Dieu même
En chaque prédicateur,
Et pour crier anathème
Contre ce monde trompeur.
6-Parlez, ce sont vos paroles
Que je cherche nuit et jour.
Parlez, brisez les idoles
Qui combattent votre amour.
Parlez, pour chanter victoire
Contre tous mes ennemis.
Parlez, pour avoir la gloire
De nous les avoir soumis.
7-Parlez, Saint-Esprit, pour faire
Une fontaine en mon cœur,
Dont l'eau pure et salutaire
Sauve le plus grand pécheur,
Guérit le plus incurable
En lui dessillant les yeux,
Et pardonne au plus coupable
En rejaillissant aux cieux.
8-Pire que la Madeleine,
Que le Lazare au tombeau
Et que la Samaritaine,
Je vous demande cette eau ;
J'en veux boire, j'en demande,
J'en sais le don précieux ;
Plus cette faveur est grande,
Plus vous serez glorieux.
9-Soutenez mon impuissance,
Je suis un roseau vivant.
Arrêtez mon inconstance,
Je change plus que le vent.
Dissipez mon ignorance,
Je suis un aveugle-né.
Calmez ma concupiscence,
Autrement je suis damné.
10-Sans vous mon âme est déserte,
Elle est vide de tout bien,
Sans vous je cours à ma perte
Et je tombe pour un rien.
Je ne puis penser ni dire,
Ni faire aucun bien pour Dieu,
A moins que pour le produire
Vous ne m'aidiez en tout lieu.
11-Donnez-moi votre sagesse,
Ce goût de la vérité,
Cette charité qui presse
Sans forcer la volonté,
Cette grâce si féconde,
Cet attrait si ravissant,
Cette paix sainte et profonde
Et ce secours tout-puissant.
12-Si vous voulez que je pleure
Et que j'aie un cœur touché,
Faites-moi voir à cette heure
Les horreurs de mon péché.
Faites-moi bien vous connaître
Et puis je vous aimerai,
Convertissez-moi, grand Maître,
Et je me convertirai.
13-Vous ne voulez pas contraindre
Ma mauvaise volonté,
C'est pourquoi j'ai tout à craindre
De ma propre liberté.
Aux attraits de votre grâce
J'ai trop souvent résisté,
Je me rends, prenez la place
Avec toute autorité.
14-Grand Dieu, rendez-vous le Maître
De tout mon cœur pour aimer,
De mon esprit pour connaître,
De ma langue pour charmer,
De mes sens et mes puissances
Pour agir ou pour souffrir,
De mes biens, de mes souffrances
Et de tout pour vous servir.
15-Faites de mon cœur un temple,
De ma langue un instrument
Pour servir à tous d'exemple,
Pour parler éloquemment.
Par Jésus et par Marie,
Régnez en moi puissamment,
Afin que j'en glorifie
Dieu seul éternellement.
16-O Vierge sainte et fidèle,
Épouse du Saint-Esprit,
Changez mon cœur si rebelle
En un cœur humble et contrit.
Donnez-moi ce cœur docile
Fidèle à ses mouvements
Pour pratiquer l'Évangile
Et ses saints commandements.
Au Sacré-Cœur (cantique attribué à St L-M de Montfort)
L'enfer (cantique attribué à St L-M de Montfort)
1-Cœur adorable
De Jésus, mon divin Sauveur,
Si le Ciel nous est favorable,
Nous vous devons cette faveur,
Cœur adorable !
2-Vos excellences
Sont des Cieux l’objet ravissant ;
Dieu même y prend ses complaisances ;
Il forma, comme en s’épuisant,
Vos excellences.
3-Cœur ineffable,
Des trésors, le plus précieux ;
Des objets, le plus admirable
Qui soit sur terre et dans les cieux :
Cœur ineffable !
4-Nous devons croire,
Sans sonder vos traits glorieux :
Il faut la lumière de gloire
Pour les contempler dans les cieux.
Nous devons croire.
5-Trône de grâce,
Beau chef-d’œuvre du Tout-Puissant ;
Les chérubins voilent leur face
A votre aspect éblouissant,
Trône de grâce !
6-Cœur tout céleste,
Et cent fois plus pur que les cieux :
Mais dont l’amour se manifeste
Même au cœur le plus vicieux,
Cœur tout céleste !
7-Divin oracle
Des plus adorables desseins ;
Du Saint des saints le tabernacle,
Et le conseil de tous les saints,
Divin oracle !
8-O Cœur sublime !
Centre de toutes les vertus !
Mon cœur trop faiblement s’exprime
Sur tous vos divins attributs,
O Cœur sublime !
9-Je vous révère,
Siège de la Divinité,
Temple saint, sacré sanctuaire
De l’ineffable Trinité,
Je vous révère.
10-Noble victime
Des beaux feux du divin amour,
En eux, pour expier mon crime,
Vous vous immolez nuit et jour,
Noble victime !
11-Charité forte !
Zèle ardent ! Violent transport !
L’amour que ce grand Cœur me porte
L’immole encore après sa mort !...
Charité forte !
12-O soif ardente
D’un Cœur mourant pour mon salut !
O flamme vive, ardeur brûlante,
Qui, par ses traits, lui survécut !
O soif ardente !
13-Percé d’un glaive,
Ce Cœur forme un sanglant ruisseau ;
Par ce trait d’amour, il achève
De s’épuiser de Sang et d’eau.
Percé d’un glaive !
14-Plaie amoureuse
Du Cœur de mon divin Époux,
Que mon âme serait heureuse
De se pouvoir loger en vous !
Plaie amoureuse !
15-Sainte demeure !
Séjour heureux ! Repos charmant !
Soit que je vive ou que je meure,
Soyez mon unique élément,
Sainte demeure !
16-Belle ouverture,
Que je me cache tout en vous !
Que je goûte, en votre blessure,
Que de souffrir, rien n’est si doux !
Belle ouverture !
17-Douce retraite,
Où vivent les cœurs bienheureux,
Lorsqu’une charité parfaite
Les fait vivre en vous plus qu’en eux,
Douce retraite !
18-Croix adorable,
Plantée en cet auguste Cœur ;
Au pécheur soyez favorable,
Du juste augmentez la ferveur,
Croix adorable !
19-Épines saintes,
Dont ce Cœur est environné,
Que je ressente vos atteintes !
Que de vous je sois couronné,
Épines saintes !
20-O feux ! ô flammes !
Qui l’embrasez de vos ardeurs,
Pénétrez, enflammez nos âmes,
Brûlez et consumez nos cœurs,
O feux ! ô flammes !
21-Fournaise ardente,
Brasier sacré, feu consumant,
Votre ardeur douce et violente
Me cause un amoureux tourment,
Fournaise ardente !
22-Amour extrême
Du Cœur d’un Dieu pour des mortels !
Mais... amour, charité suprême
Au Sacrement de nos autels !
Amour extrême !
23-O Cœur propice,
A chaque instant sacrifié,
Pour calmer Dieu dans sa justice !
Regardez mon cœur en pitié,
O Cœur propice !
24-Quel incendie
Sait enflammer ce Roi des cœurs,
Lorsqu’il veut bien, divine Hostie,
Entrer dans le cœur des pécheurs !
Quel incendie !
25-Quelle tendresse !
Il porte si loin son amour,
Qu’il me permet et qu’il me presse
De le recevoir chaque jour :
Quelle tendresse !
26-Quelle merveille !
Quel excès de l’amour divin !
Fut-il jamais grâce pareille ?
Le Cœur d’un Dieu m’aime sans fin !
Quelle merveille !
27-Que je vous aime,
Divin Cœur de mon Bien-Aimé !
Pour vous ma tendresse est extrême,
Jamais je n’ai rien tant aimé
Que je vous aime !
28-Aimable abîme,
Où l’on se perd heureusement !
Lorsque votre amour nous anime,
Qu’on s’y noie agréablement,
Aimable abîme !
29-Grand oratoire,
Où Dieu n’a rien à refuser !
Consolant propitiatoire,
Où tout forfait peut s’expier !
Grand oratoire !
30-O doux asile !
Cœur tendre du plus cher Époux !
En vous aimant, qu’il est facile
De calmer le Ciel en courroux !
O doux asile !
31-Heureux refuge
Des plus misérables pécheurs !
Si c’est notre ami qui nous juge,
Comment redouter ses rigueurs ?
Heureux refuge !
32-Source féconde,
Qui contentez tous mes désirs ;
Faites connaître à tout le monde
Qu’on trouve en vous les vrais plaisirs,
Source féconde !
33-Riche assemblage
Des délices du Paradis ;
Tous ses biens sont votre apanage,
Et vos appas sont infinis,
Riche assemblage !
34-Trésor immense,
Que nul esprit ne peut priser,
Versez sur moi cette abondance
Qui jamais ne peut s’épuiser,
Trésor immense !
35-Manne charmante
Par toutes sortes de saveurs ;
Qu’en vous mon âme se contente,
Et s’embaume de vos douceurs,
Manne charmante !
36-Source de vie,
Et germe d’immortalité ;
Que votre amour me vivifie,
Dans le temps et l’éternité,
Source de vie !
37-O Cœur aimable !
Cœur généreux ! Cœur souverain !
Cœur obligeant ! Cœur secourable !
Cœur très humble, quoique divin.
O Cœur aimable !
38-Par vos doux charmes,
Soyez le plus grand des vainqueurs,
Nous ne redoutons pas vos armes ;
Soumettez, gagnez tous les cœurs
Par vos doux charmes !
39-Combien de grâces
Me présentez-vous chaque jour !
Combien de moyens efficaces,
Pour m’attirer à votre amour !
Combien de grâces !
40-De mille crimes
M’ayant absous ou préservé,
Penchant sur le bord des abîmes,
Mille fois vous m’avez sauvé
De mille crimes.
41-Qui vous engage
D’être pour moi si vigilant ?
Ce n’est que mon propre avantage,
Et votre amour trop bienveillant
Qui vous engage.
42-Je me dévoue
Et me consacre à votre amour.
Que mon cœur sans cesse vous loue,
Et s’unisse à vous nuit et jour !
Je me dévoue.
43-Pour vos louanges,
J’unis aux vœux de tous les cœurs
Les concerts des Saints et des Anges ;
Que sont ensemble tous ces chœurs
Pour vos louanges !
44-Quels sacrifices
Pourront payer tous vos bienfaits ?
Tous nos vœux, toutes nos justices,
Sans vous, n’ y suffiront jamais ;
Quels sacrifices ?
45-Je vous adore,
Cœur de mon Dieu, de mon Sauveur ;
Pour tous les cœurs, je vous implore,
Embrasez-les tous de ferveur.
Je vous adore.
46-Cœur charitable,
Si tendre pour tous les pécheurs ;
Je vous fais Amende honorable
De la dureté de nos cœurs :
Cœur charitable !
47-Pour tant d’offenses
Qui vous pénètrent de douleurs,
Pour tant d’excès, d’irrévérences,
Que n’ai-je des torrents de pleurs
Pour tant d’offenses !
48-Grand Dieu, je n’ose
Vous demander ce grand bonheur,
Qu’une heureuse métamorphose
Change mon cœur en votre Cœur.
Grand Dieu, je n’ose.
49-Cœur de Marie,
C’est de votre sang précieux
Que ce beau Cœur reçut la vie ;
Ranimez le mien par ses feux,
Cœur de Marie !
50-Par cette flèche
Qui perça vos Cœurs tour à tour,
Ouvrez en mon cœur une brèche,
Pour que j’expire en votre amour,
Par cette flèche.
DEMANDE :
1- Malheureuses créatures,
Que le Dieu de l'univers,
Par d’éternelles tortures
Punit au fond des enfers.
R.1/ Dites-nous, dites-nous,
Quels tourments endurez-vous ?
RÉPONSE :
2- Nos tourments sont trop horribles :
Pourriez-vous les écouter ?
Ils sont incompréhensibles ;
Dieu seul peut les raconter.
R.2/ Hélas ! hélas ! hélas !
Mortels, ne nous suivez pas.
3- Vains adorateurs du monde,
Où sont toutes ces grandeurs
Et la gloire que l’on fonde
Sur l'éclat des faux honneurs ?
4- Ah ! cette gloire est passée
Comme un songe de la nuit,
Qui, trompant notre pensée,
À notre réveil s'enfuit.
5- Méchants qui par avarice
Avez fait tort au prochain,
Qui, contre toute justice
Dérobiez à toute main.
6- Ah ! Dieu prend en main la cause
Du pauvre et de l’orphelin ;
Faut-il, pour si peu de chose,
Souffrir un tourment sans fin ?
7- Que vous reste-t-il, avares,
De cet argent, de cet or,
Et de tous ces meubles rares
Qui faisaient votre trésor ?
8- Une éternelle indigence
Est le déplorable fruit
Que notre avare opulence
Pour jamais nous a produit.
9- Racontez-nous, impudiques,
Les douleurs que vous sentez,
Pour vos infâmes pratiques
Et vos sales voluptés.
10- Ah ! pour des plaisirs infâmes,
Pour des plaisirs d'un moment,
Faut-il, au milieu des flammes,
Brûler éternellement !
11- Pauvres âmes condamnées
Au feu de l'éternité
Pour un péché de pensée
Que vous avez négligé.
12- Pour un agréable songe
Qui n'a duré qu'un moment,
Un ver éternel nous ronge
Et nous déchire au dedans.
13- Et vous, mondains, pour vos danses,
Pour vos divertissements,
Pour vos jeux et vos dépenses,
Et vos vains amusements.
14- Ah ! maudits soient nos délices,
Nos danses, festins et jeux,
Qui sont cause des supplices
Que nous souffrons en ces feux.
15- Vous qui, dans les compagnies,
Par vos discours médisants
Et vos noires calomnies,
Déchiriez les innocents.
16- Ô Dieu, que les médisances,
Dont on se fait tant d’honneur,
Causent d'extrêmes souffrances
Dans ce lieu rempli d'horreur !
17- Vous qui, même aux jours de fête,
Méprisant l'honneur divin,
Par un mouvement de bête,
Alliez vous remplir de vin.
18- Notre langue est arrosée
Du fiel amer des dragons ;
Notre bouche est embrasée
Des feux que nous respirons.
19- Cœurs irréconciliables,
Inflexibles ennemis,
Par vos haines implacables,
Où vous êtes-vous réduits ?
20- Ah ! malheureux que nous sommes !
Pour n'avoir pas pardonné,
Le juste vengeur des hommes
Nous a pour jamais damnés.
21- Vous qui, tout le jour, oiseuses,
Ne vous occupez à rien,
Âmes lâches, paresseuses
Qui n'avez fait aucun bien.
22- Oisiveté détestable,
Ô temps perdu pour jamais !
Que ta perte irréparable
Me coûte ici de regrets !
23- Enfants sans obéissance,
Sans respect et sans amour,
Qui traitiez sans déférence
Ceux dont vous tenez le jour.
24- Pour n'avoir pas voulu rendre
Nos respects à nos parents,
Vous ne sauriez bien comprendre
Combien nos tourments sont grands.
25- Vous, langues abominables,
Jureurs du saint nom de Dieu,
Blasphémateurs exécrables,
Qui vous tourmente en ce feu ?
26- Mille langues de vipères
Nous rongent incessamment :
C' est des langues téméraires
Le très juste châtiment.
27- Vous qui, par crainte ou par honte,
Cachiez à vos confesseurs
Des péchés dont tenait compte
Le Dieu qui sonde les cœurs.
28- Infortunés que nous sommes,
Nous éprouvons en ce lieu,
Qu’en vain l’on se cache aux hommes,
Quand on est connu de Dieu.
29- Répondez, pécheurs infâmes,
Qui, le crime au fond du cœur,
Osiez présenter vos âmes
À la Table du Seigneur.
30- Ô sainte et vivante Hostie !
Hélas ! par un triste sort,
Loin de nous donner la vie
Tu nous as donné la mort.
31- Dans ce gouffre épouvantable,
Dans ce séjour plein d'horreur,
Des tourments dont vous accable
Le courroux d' un Dieu vengeur,
R./ Dites-nous, dites-nous,
Quel est le plus grand de tous?
32- Le tourment le plus horrible
N’est pas le tourment du feu ;
Il en est un plus terrible :
C' est de ne voir jamais Dieu !
33- Allez donc, maudites âmes,
Esprits réprouvez de Dieu,
Allez brûler dans les flammes.
Adieu pour Jamais, adieu !
R./ Hélas ! hélas ! hélas !
Chrétiens, ne vous damnez pas !
34- « Pour jamais » est-il possible ?
« Jamais » , que ce terme est long !
Cette éternité terrible
Nous abat et nous confond.
R./ Hélas! hélas! hélas !
Chrétiens, ne vous damnez pas !
Les joies du Paradis (cantique de St L-M de Montfort)
Les bons enfants (cantique de St L-M de Montfort)
LES BONS ENFANTS
ou LES LEÇONS DE L’ENFANT-JÉSUS
LES ENFANTS:
1- Vous êtes notre Maître,
Enfant-Jésus !
Nous voulons vous connaître
En vos vertus !
Ah ! parlez-nous !
Un chacun vous écoute,
Enseignez-nous la route
Pour arriver à vous.
JÉSUS:
2-Vous voulez donc m'entendre,
Mes chers enfants ?
Je ne puis m'en défendre,
Oui, j'y consens.
Écoutez-moi,
Apprêtez vos oreilles,
Pour savoir les merveilles
De ma divine loi.
3-J'aime beaucoup votre âge,
Mes chers petits,
Je l'ai pris pour partage,
Dieu que je suis.
Je suis Enfant
Et j'aime aussi l'enfance,
Pourvu que l'innocence
En fasse l'ornement.
4-Honorez père et mère,
Sans les fâcher ;
Faites votre prière
Sans y manquer ;
Entr'aimez-vous,
Gardez-vous de médire,
De rien faire ou rien dire
Qui ne profite à tous.
5-Par jour, tâchez de dire
Le chapelet,
C'est moi qui vous l'inspire,
C'est très bien fait ;
Au moins allez
Tous les mois à confesse,
Entendez bien la messe
A mes jours commandés.
6-Soyez sages à l'église
Sans y causer :
Souffrez qu'on vous méprise,
Sans vous venger.
Ne dites rien
Quand on vous fait injure,
Souffrez tout sans murmure
Comme un enfant chrétien.
7-N'ayez point dans la bouche
De jurement :
Celui qui ment me touche
Sensiblement.
Soyez, enfants,
Chastes de corps et d'âme ;
Fuyez l'homme ou la femme
De sexe différent.
8-Il faut haïr le monde,
C'est un trompeur.
Il faut fuir, quoiqu'il gronde,
Cet enchanteur.
C'est m'honorer
Que d'honorer ma Mère,
C'est plaire à Dieu mon Père,
Enfin, c'est m'imiter.
9-La Croix est nécessaire,
Il faut souffrir ;
Ou monter au Calvaire,
Ou bien périr.
Si vous voulez
Avoir la récompense,
Faites-vous violence
Et vous mortifiez.
10-Publiez mes louanges
Et les chantez,
Honorez vos bons anges
Et les priez.
Sans vous lasser,
Vaquez à la prière.
Le diable est en colère,
Il veut vous dévorer.
11-N'allez point dans la rue
Pour y jouer,
Car le démon y tue,
C'est son quartier.
Fréquentez ceux
Dont la vie est réglée,
Employez la journée
Sans être paresseux.
12-Malgré votre nature,
Suivez ces lois,
Dieu que je suis, j'en jure :
Vous serez rois ;
Vous régnerez
Pour jamais dans ma gloire,
Vous serez couronnés,
En signe de victoire.
LES ENFANTS:
13-O Jésus, mille grâces
Pour vos leçons.
Nous marchons sur vos traces,
Nous vous suivons.
Mais sachant bien
Quelle est notre faiblesse,
La charité vous presse
D'être notre soutien.
DIEU SEUL
1-Lorsque je lève les yeux
Jusque dans ma Patrie,
Je me trouve malheureux
D’être dans cette vie.
Ôtez-moi de cet exil fâcheux,
Mon Dieu, je vous en prie.
2-Vos beautés, ô Paradis,
Sont toutes ravissantes,
Vos plaisirs sont sans ennuis,
Vos douceurs innocentes,
Vos beaux jours n’auront jamais de nuit,
Vos splendeurs sont charmantes.
3-On n’y ressent plus de maux,
D’ennuis ni de tristesse,
On jouit de ses travaux,
On nage en l’allégresse.
Les plaisirs y sont toujours nouveaux,
Quoiqu’on les ait sans cesse.
4-Qui comprendra ce que c’est
Que cette gloire immense,
Puisque c’est un grand effet
De la Toute-Puissance,
Où Dieu, par un merveilleux secret,
Se donne en récompense ?
5-O mon Dieu, quelles douceurs
D’avoir pour compagnie
Les martyrs, les confesseurs,
Et l’aimable Marie,
De les voir dans toutes leurs grandeurs
Sans leur porter envie !
6-Les saints y sont enivrés
D’une joie admirable,
D’un torrent de voluptés,
D’une paix ineffable,
En Dieu seul ils sont tous abîmés.
Abîme délectable !
7-On y voit Dieu clairement
Comme il est en lui-même.
On y loue incessamment
Ce Monarque suprême.
Saint, Saint, Saint notre Dieu tout-puissant.
Qu’on l’adore et qu’on l’aime.
8-O très aimable séjour,
O printemps agréable,
O règne du pur amour,
O lieu tout désirable !
Hors de vous je languis nuit et jour
Dans un corps misérable.
9-Que ne puis-je m’envoler ?
Ah ! que n’ai-je des ailes
Afin d’aller contempler
Ces beautés éternelles !
O mon Dieu, venez me délivrer
De mes langueurs mortelles.
10-Quoi ! voudrais-je pour jamais,
Pour une bagatelle,
Perdre ce séjour de paix,
Cette gloire éternelle ?
Non, mon Dieu, je prétends désormais
Vous être plus fidèle.
Notre-Dame de Toute-Consolation (cantique de St L-M de Montfort)
La grande leçon des enfants (cantique de St L-M de Montfort)
1-Chrétien, bénis le Seigneur,
Le Père des Lumières,
Qui te fait une faveur,
Et des plus singulières :
La Reine des cieux a mis
Chez toi-même son trône.
Elle y veut vaincre tes ennemis
Et te donner l’aumône.
2-Priez, pécheurs pénitents,
Votre Médiatrice.
Invoquez, petits enfants,
Votre Mère nourrice.
Honorez, bons serviteurs,
Votre aimable Maîtresse.
Allons tous recevoir ses faveurs,
Puisqu’elle nous en presse.
3-Toute consolation
Pour le corps et pour l’âme
Dans mon intercession,
Pourvu qu’on la réclame.
Je suis, dans les plus grands maux,
Un remède immanquable ;
Dans l’orage et parmi les travaux,
Un repos favorable.
4-Je suis l’appui tout-puissant
Du pauvre misérable,
Et le remède présent
Du malade incurable.
Je suis l’asile assuré,
Le salut et la vie
Du pécheur le plus désespéré,
Aussitôt qu’il me prie.
5-Implorez, gens affligés,
Ma bonté maternelle,
Et vous serez soulagés
Ici dans ma chapelle.
Priez-moi dans vos combats,
J’y donne la victoire.
Priez-moi quand vous seriez à bas,
J’en relève avec gloire.
6-Priez, pauvres gens, mangés
De tailles sans mesure,
Vous en serez déchargés
Sans nulle procédure.
Venez, pauvres laboureurs,
Vous aurez l’abondance.
Mais surtout, venez, pauvres pécheurs,
Vous aurez l’indulgence.
7-Craignez-vous que le démon
Ne vous ôte la grâce ?
Recourez à mon saint nom,
C’est moi qui le terrasse.
Quand vous seriez dans ses fers,
Vous aurez délivrance,
J’ai sur lui jusque dans les enfers
Une pleine puissance.
AUX VIERGES
8-Vierges sages, suivez-moi,
Suivez-moi dans le temple.
Venez recevoir la loi,
La loi de mon exemple.
C’est là que le Saint-Esprit
Parle aux vierges fidèles,
Pour former dans leur cœur Jésus-Christ
A l’ombre de ses ailes.
9-Fuyez la malignité
Et les charmes du monde,
Qui souillent la pureté
D’une vierge féconde.
Éloignez-vous des périls
Et des sources des crimes,
Pour goûter les douceurs de mon Fils
Et prendre ses maximes.
10-Vous êtes d’un très haut rang ?
N’ayez point de bassesse.
Votre Époux est tout de sang,
N’ayez point de faiblesse.
Mortifiez votre chair,
Vaquez à la prière,
Choisissez, ou le feu de l’enfer,
Ou le sang du Calvaire.
11-Courage, petit troupeau,
Votre Époux vous prépare
Un royaume tout nouveau,
Une gloire très rare,
Un glorieux vêtement,
Une belle auréole ;
Vous l’aurez, combattez vaillamment,
Comptez sur ma parole.
12-Vierges, je suis dans ce lieu
Votre parfait modèle,
Ma main vous y forme en Dieu
Et vous tient en tutelle,
Mon sein vous donne le jour,
C’est moi qui vous engendre
Et mon cœur vous y remplit d’amour,
De l’amour le plus tendre.
13-Quiconque veut être à moi
Et recevoir mes grâces
Doit me prendre pour sa loi
Et marcher sur mes traces,
Car m’aimer sans m’imiter
Et sans quitter ses crimes,
C’est périr, c’est se précipiter
Dans le fond des abîmes.
14-A la bonne heure, exaltez
Et dites mon Rosaire,
Prenez ma chaîne et portez
L’habit du Scapulaire.
Mais n’ayez point d’autre fin
Que d’imiter ma vie,
Autrement c’est un piège malin,
C’est une hypocrisie.
15-Pour n’être pas rebuté,
Pour avoir assistance,
Priez en humilité,
Avec persévérance.
Frappez, cherchez, demandez
Vos besoins nécessaires,
Tôt ou tard vous serez exaucés
Dans vos justes prières.
ORAISON
16-Hâtez-vous, Reine des Cieux,
De venir à notre aide,
Jetez sur nous vos doux yeux,
Donnez-nous du remède.
Vous en avez le pouvoir,
Vous êtes Souveraine,
Vous n’avez seulement qu’à vouloir
Pour nous ôter de peine.
17-Surtout, souvenez-vous bien,
O divine Marie,
Que vous ne refusez rien
A quiconque vous prie ;
Que toute l’antiquité
Ne nous dit autre chose.
Souffrez donc que sur votre bonté
Chacun de nous repose.
18-C’est moi qui forme les rois,
C’est moi qui les couronne,
C’est moi qui forme leurs lois,
C’est moi qui les ordonne.
Je fais que mes vrais dévots
Ont la grâce en partage,
Les trésors, les plaisirs, le repos,
La gloire en héritage.
19-O très chers prédestinés,
Publiez votre gloire !
Écriez-vous par milliers,
Écriez-vous : Victoire
A Notre-Dame des cœurs,
A votre auguste Reine !
Criez tous aujourd’hui mille honneurs
A la Reine des reines.
20-Quelle consolation
Dans nos plus grandes peines
D'avoir pour protection,
La plus grande des Reines !
Oh ! qu'heureux est notre sort !
D'avoir dans nos misères,
Pour notre aide et pour notre support,
La plus tendre des Mères.
LA GRANDE LEÇON DES ENFANTS
AUXQUELS IL FAUT ÊTRE SEMBLABLE
POUR ENTRER DANS LE CIEL
(cantique de St Louis-Marie Grignion de Montfort)
1-Quiconque veut être
Un roi tout-puissant,
Selon notre Maître,
Doit être un enfant.
Allons donc entendre
Un petit poupon ;
Allons donc apprendre
Sa douce leçon.
2-Jésus se repose
Dedans ce berceau.
Croyons toute chose,
Tirons le rideau.
Il y veut paraître
Comme enfant d'un mois,
Il y parle en maître,
Écoutons sa voix.
3-Voyez son visage
Rempli de douceur.
Voyez-vous l'image
De notre Sauveur ?
Sa petite enfance
Parle en se taisant,
Son air d'innocence
Prêche puissamment.
4-Il a tant de charmes,
Et si naturels,
Qu'il ravit les armes
Même aux plus cruels.
On ne peut qu'on aime
Son air enfantin ;
Il porte en lui-même
Son charme divin.
5-Qu'il est agréable
Dedans ses souris !
Il est tout aimable
Jusque dans ses cris.
Son berceau, ses langes,
Ses petits bibus
Forment les louanges
Du petit Jésus.
6-Il fait sans réplique
Tout ce qu'on lui dit.
Il croit sans critique
Et sans contredit.
Il nous parle en maître
En obéissant,
Nous montre à soumettre
Notre jugement.
7-Il est sans malice,
Sans déguisement,
Sans nul artifice,
Sans entêtement ;
Jamais il ne pense
Mal de son prochain,
Il est sans vengeance,
Il est sans venin.
8-Loin d'ici la vie
Du monde trompeur.
Cet Enfant qui crie
Pleure son malheur.
Méprisant sa gloire
Et sa vanité,
Il chante victoire
Quoiqu'emmailloté.
9-Ici point d'injures,
Jamais de débats,
Jamais de murmures,
Jamais de combats.
On ne trouve d'armes,
Parmi les petits,
Que de douces larmes,
Que de petits cris.
10-Écoutez, mondaines :
Voulez-vous les cieux ?
Quittez donc sans peine
Votre air orgueilleux.
Devenez, par grâce,
Comme cet Enfant,
Et vous aurez place
Dans le firmament.
DIEU SEUL.
Les plaintes des âmes du Purgatoire (cantique de St L-M de Montfort)
Le chapelet chanté intégralement (cantique de St L-M de Montfort)
La grande couronne de la Ste Vierge (cantique de St L-M de Montfort)
1-Mortels, écoutez-nous,
Écoutez-nous, chers frères,
Nous soupirons vers vous
Du fond de nos misères.
Hélas ! que nous souffrons !
Qui le pourrait comprendre ?
Nous pleurons, nous crions
Sans qu'on nous veuille entendre.
2-Nous sommes vos parents,
Vos pères et vos mères,
Chers amis, chers enfants,
Exaucez nos prières.
Si l'amour ou le sang
Ne vous rend insensibles,
Soulagez maintenant
Nos souffrances terribles.
3-Vous vous divertissez,
Vous vivez à votre aise,
Et vous nous délaissez
Dedans cette fournaise.
Vous mettez votre argent
En de folles dépenses,
En pouvant aisément
Soulager nos souffrances.
4-Et vous, Seigneur très doux,
Vous nous faites la guerre.
Ah ! quand cesserez-vous
De nous être contraire ?
Que dans votre bonté
Vous nous semblez aimable !
Que notre iniquité
Vous rend épouvantable !
5-Amis, ce Dieu vengeur
Forme notre supplice,
Nous sentons la rigueur
De toute sa justice.
Il est vrai, nous l'aimons
Comme notre bon Père,
Mais nous le ressentons
Comme un juge sévère.
6-Il nous fait entrevoir
Ses beautés souveraines,
Et c'est dans ce miroir
Qu'augmente notre peine ;
Car pour voir un moment
Ses beautés infinies,
Il faudrait justement
Consacrer mille vies.
7-Gardez-vous de pécher,
Et gardez-vous de croire
Que c'est bien peu d'aller
Brûler en Purgatoire !
Point de péché petit,
Point de faute légère,
Puisque Dieu le punit
Avec tant de colère.
8-Hélas ! un feu cuisant,
En dévorant notre âme,
La pénètre et la rend
Un charbon tout de flamme.
Mais ces feux sont très vifs,
Leur flamme est toute pure :
Vos feux les plus actifs
N'en sont que la peinture.
9-Ici, plus de moyen
De nous aider nous-mêmes,
Nous ne méritons rien
Dans nos peines extrêmes.
Mortels, si vous vouliez,
Il vous serait facile,
Le peu que vous feriez
Nous serait très utile.
10-Tirez-nous de ces feux,
Dieu même le désire,
Nous mettre dans les cieux,
C'est former son empire.
Vous le glorifierez
D'une gloire nouvelle,
Si vous nous procurez
Une gloire éternelle.
11-Si vous nous délivrez
Ou donnez assistance,
Vous nous éprouverez
Pleins de reconnaissance ;
Car, ayant eu par vous
Une entière victoire,
Nous nous emploierons tous
Pour vous mettre en la gloire.
12-Si des biens très petits,
Un verre d'eau qu'on donne,
Ont devant Dieu leur prix,
Leur gloire et leur couronne,
Quel grand prix, ô mon Dieu,
Recevra votre aumône,
Si, pour un lit de feu,
Vous nous donnez un trône !
13-Si vous n'écoutez pas
Notre juste demande,
Le Seigneur ici-bas
Fera qu'on vous le rende.
On vous mesurera
A la même mesure,
On vous délaissera
En ce lieu de torture.
14-Tirez-nous de prison
Par toutes vos justices,
Payez notre rançon
Par vos saints sacrifices.
Entendez-vous nos cris ?
Nous crions tous à l'aide,
Soyez-en attendris :
A l'aide ! à l'aide ! à l'aide !
PRIÈRE A JÉSUS ET MARIE
15-Seigneur, apaisez-vous
Sur ces pauvres victimes,
Vengez plutôt sur nous
La grandeur de leurs crimes.
Retirez-les des feux,
Placez-les dans la gloire,
Vous aurez en tous lieux
Une pleine victoire.
16-Priez pour nos parents,
Sainte Vierge Marie,
Ils sont vos chers enfants,
Soyez-en attendrie,
Montrez-leur maintenant
Que vous êtes leur Mère,
Calmez le Tout-Puissant
Dans sa juste colère.
1-O Vierge très fidèle,
Nous allons tous vous saluer
D’une façon nouvelle.
Pour vous louer,
Que nos louanges
Par nos saints Anges
Ne servent qu’à vous couronner !
CREDO
A-Je crois, comme la foi m’apprend,
En Dieu Créateur tout-puissant.
Je crois en Dieu le Père.
Je crois dans son Fils Jésus-Christ,
Vrai Dieu conçu du Saint-Esprit,
Né d’une Vierge Mère,
Mort sur la Croix pour notre amour,
Enseveli le même jour,
Puis il fut porter aux enfers
Pour donner la lumière.
B-Trois jours après, ce Dieu très fort
S’est ressuscité de la mort,
Remportant la victoire ;
Il est monté dedans le ciel
Auprès de son Père Éternel,
Il a la même gloire.
De là cet aimable Sauveur,
Viendra, comme un puissant vainqueur,
Juger les vivants et les morts.
C’est ce que je veux croire.
C-Je crois, de même, au Saint-Esprit,
L’Église que partout on dit
L’Église universelle.
Je crois la communion des biens
Entre les saints et les chrétiens,
Entre chaque fidèle,
A la rémission des péchés
Détestés et bien confessés,
A la résurrection des corps
A la vie éternelle.
PATER
2-Nous louons votre ouvrage,
Père éternel, Dieu tout-puissant,
Pour vous mieux rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
3-Je vous salue, Marie,
O Fille du Père éternel.
Regardez, je vous prie,
Un criminel,
Lequel vous donne
Une couronne
Avec l’Archange Gabriel.
2e AVE
4-Je vous salue, Marie,
Digne Mère du Fils de Dieu.
Que tout vous glorifie
En ce bas lieu.
O belle Aurore !
Croissez encore,
Afin que Jésus règne en peu.
3e AVE
5-Je vous salue, Marie,
Chère Épouse du Saint-Esprit.
De tous, soyez bénie
Sans contredit.
Sans plus attendre,
Faites descendre
En moi l’esprit de Jésus-Christ.
GLORIA PATRI
6-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
R.3a/Gloire à Jésus-Christ par sa Mère
Et sur la terre, et dans le ciel
A la droite de Dieu son Père,
Au Saint-Sacrement de l’autel.
R.3b/Honneur, amour, gloire et louange
Au Père, au Fils, au Saint-Esprit
Par tous les saints, par tous les anges,
A tout jamais par Jésus-Christ.
1ère DIZAINE
PATER
7-Nous louons votre ouvrage,
Verbe éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout par Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement !
1er AVE
8-Je vous salue, Marie,
Dans vos mystères glorieux !
Qu’un chacun les publie
A qui mieux mieux.
Ma foi s’augmente
Pour que je chante
D’un cœur bien fidèle et joyeux !
2e AVE
9-Je vous salue, Marie,
Pure en votre Conception !
Que ma bouche le crie
Jusqu’en Sion.
Je le veux croire,
A votre gloire,
Malgré le monde et le démon.
3e AVE
10-Je vous salue, Marie,
Dedans votre Nativité !
Vierge toute remplie
De sainteté.
Croissez, Aurore,
Pour faire éclore
Le Soleil de la Vérité.
4e AVE
11-Je vous salue, Marie,
Dans votre Présentation !
Comme une pure Hostie
De l’Abandon.
O Vierge et Mère,
Par ce mystère
Donnez-moi la dévotion.
5e AVE
12-Je vous salue, Marie,
Dans le temple où le Saint-Esprit
Vous a toute remplie
Sans aucun bruit !
Mère de grâce,
Faites-vous place
En mon cœur avec Jésus-Christ.
6e AVE
13-Je vous salue, Marie,
Dans votre Annonciation !
Vierge toute remplie
De l’onction
De la Sagesse
Qui vous caresse
Et qui vient en vous de Sion.
7e AVE
14-Je vous salue, Marie,
Dans votre Visitation !
Votre âme y magnifie
Dieu dans son nom.
Vierge fidèle
Et toute belle,
Donnez-moi le don d’oraison.
8e AVE
15-Je vous salue, Marie,
Dans la naissance du Sauveur !
Que tout chante et publie
Votre bonheur.
O Vierge et Mère,
Je vous révère,
Produisez Jésus en mon cœur.
9e AVE
16-Je vous salue, Marie,
Dans la Purification !
J’adore votre Hostie,
C’est un poupon.
Je le rends maître
De tout mon être,
Puisqu’il se fait ma caution.
10e AVE
17-Je vous salue, Marie,
Quand vous retrouvâtes Jésus !
Peut-être, mon amie,
Ne l’ai-je plus.
Que je le trouve,
Que je l’éprouve,
Dans la douceur de ses vertus.
GLORIA PATRI
18-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
2e DIZAINE
PATER
19-Nous louons votre ouvrage,
O Saint-Esprit, Dieu tout-puissant,
Nous vous rendons hommage
En le louant.
Tout par Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
20-Je vous salue, Marie,
Au pied de la Croix du Sauveur,
Où vous êtes l’Hostie
De bonne odeur.
O Mère amère !
Sur le Calvaire !
Donnez part à votre douleur !
2e AVE
21-Je vous salue, Marie,
Lorsque Jésus fut de chagrin
Réduit à l’agonie
Dans le jardin.
Hélas ! mon crime
Le fait victime
Par l’effort de l’amour divin.
3e AVE
22-Je vous salue, Marie,
Quand votre Fils fut flagellé.
Oh ! quelle boucherie
Fit mon péché !
Que Dieu m’accorde
Miséricorde,
Par son saint corps tout écorché.
4e AVE
23-Je vous salue, Marie,
Dans son cruel couronnement,
Vous fûtes attendrie
En le voyant.
Jésus me donne
Par sa couronne
Un cœur plus humble et plus fervent !
5e AVE
24-Je vous salue, Marie,
Lorsqu’on condamna mon Sauveur
A perdre en croix la vie
Comme un voleur !
Malheureux monde,
Quoique tu grondes,
Je te dis malheur sur malheur.
6e AVE
25-Je vous salue, Marie,
Quand Jésus tomba sous sa Croix :
Vous en fûtes saisie
Jusqu’aux abois.
Quelles tristesses,
Quelles tendresses
Vous eûtes tous deux à la fois !
7e AVE
26-Je vous salue, Marie,
Auprès de votre Fils mourant,
Éplorée et transie
En contemplant
L’ignominie,
La barbarie
De son cruel crucifiement.
8e AVE
27-Je vous salue, Marie,
Quand votre Fils ressuscita
Et par grâce infinie
Vous visita.
Quelle allégresse,
Chère Maîtresse,
En ce moment vous transporta !
9e AVE
28-Je vous salue, Marie,
Quand Jésus monta dans les Cieux,
Dans sa nouvelle vie,
Tout glorieux.
Par vous j’espère,
Ma chère Mère,
Monter au ciel pour être heureux.
10e AVE
29-Je vous salue, Marie,
La descente de votre Époux
Vous a toute remplie
Même pour nous ;
Par vos demandes,
Ses dons descendent.
Priez : rien n’est donné sans vous.
GLORIA PATRI
30-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
3e DIZAINE
PATER
31-Nous louons votre ouvrage,
Père éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
32-Je vous salue, Marie,
Dans vos saintes communions
Dans toute votre vie.
Vos actions
Sont un modèle
Pur et fidèle,
C’est sur vous que nous nous formons.
2e AVE
33-Je vous salue, Marie,
Morte par un transport d’amour !
O divin incendie
Du pur amour,
Brûlez mon âme
De votre flamme,
En tous lieux, la nuit et le jour.
3e AVE
34-Je vous salue, Marie,
Dans votre sainte Assomption !
Enlevée et ravie
Jusqu’en Sion.
O grande Reine
Et Souveraine !
A tous la bénédiction !
4e AVE
35-Je vous salue, Marie,
Placée et couronnée aux cieux !
Soyez aussi bénie
Dans ces bas lieux.
Donnez-nous grâce,
Donnez-nous place
Dans votre empire glorieux.
5e AVE
36-Je vous salue, Marie,
Vierge et Mère tout à la fois.
O merveille infinie
Du Roi des Rois !
Vierge féconde
Et sans seconde,
Rendez-moi soumis à vos lois.
6e AVE
37-Je vous salue, Marie,
Mère admirable du Sauveur,
Que tout chante et publie
Votre grandeur !
Vous donnez l’être
A votre Maître,
Vous formez votre Créateur.
7e AVE
38-Je vous salue, Marie,
Pleine de grâce et de beauté,
Vierge toute remplie
De sainteté.
Vierge fidèle,
Votre tutelle
Me préserve de tout péché.
8e AVE
39-Je vous salue, Marie,
Souveraine de l’univers.
Que tout vous glorifie
Jusqu’aux enfers !
Le Purgatoire
Vous donne gloire,
Vous pouvez en briser les fers.
9e AVE
40-Je vous salue, Marie,
Trésorière des dons divins.
Ouvrez-nous, je vous prie,
Vos saintes mains ;
Et que la grâce
Par elles passe
Jusqu’à nous, pour nous rendre saints !
10e AVE
41-Je vous salue, Marie,
Vous seule écrasez le démon.
Le malheureux en crie
Dans sa prison.
Brisez la tête
A cette bête,
Et nous armez de votre nom.
GLORIA PATRI
42-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
4e DIZAINE
PATER
43-Nous louons votre ouvrage,
Verbe éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1e AVE
44-Je vous salue, Marie,
Miroir de la Divinité,
Vierge toute remplie
De charité.
O Sainte Dame,
Que ma pauvre âme
Vous aime à toute éternité.
2e AVE
45-Je vous salue, Marie,
Aimable Mère des chrétiens !
Faites-nous, je vous prie,
Part de vos biens.
Nos maux s’empirent,
Tous vous désirent,
Oh ! Venez briser tous nos liens.
3e AVE
46-Je vous salue, Marie,
Chère avocate des pécheurs !
Prenez, je vous supplie,
Prenez nos cœurs.
En toute chose,
Plaidez la cause
De vos fidèles serviteurs.
4e AVE
47-Je vous salue, Marie,
Notre asile et ferme support,
Pendant toute la vie,
Jusqu’à la mort.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Faites-nous venir à bon port.
5e AVE
48-Je vous salue, Marie,
Le commun refuge de tous.
Vierge toute bénie,
Priez pour nous.
Soyez la Mère
Et la lumière
De ceux qui réclament vers vous.
6e AVE
49-Je vous salue, Marie,
Toute pleine d’humilité.
Donnez-m’en, je vous prie,
Par charité.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
J’en bénirai votre bonté.
7e AVE
50-Je vous salue, Marie,
Pleine de force et de ferveur.
Mettez-en, je vous prie,
Dedans mon cœur.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Retirez-moi de ma tiédeur.
8e AVE
51-Je vous salue, Marie,
Pleine de grâce et de beauté ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Par charité.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Usez de libéralité.
9e AVE
52-Je vous salue, Marie,
Pleine du don de l’oraison ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Quelque rayon.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Ne me refusez pas ce don.
10e AVE
53-Je vous salue, Marie,
Miroir de la Virginité,
Vierge très accomplie,
Ayez pitié.
Mains libérales
Et virginales,
Ornez-moi de la pureté.
GLORIA PATRI
54-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
5e DIZAINE
PATER
55-Nous louons votre ouvrage,
O Saint-Esprit, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
56-Je vous salue, Marie,
Pleines des dons du Saint-Esprit ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Sans contredit.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
A la gloire de Jésus-Christ.
2e AVE
57-Je vous salue, Marie,
Toute la Sagesse est en vous,
Vous en êtes remplie
Même pour nous.
Pour la Victoire
Et pour la gloire
De Jésus mort en croix pour tous.
3e AVE
58-Je vous salue, Marie,
Pleine de toutes les vertus,
Que vous soyez bénie
Avec Jésus.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Que mes ennemis soient vaincus.
4e AVE
59-Je vous salue, Marie,
Pleine de toutes les douceurs ;
Comblez-en, je vous prie,
Vos serviteurs.
Douce Maîtresse,
Grande Princesse,
Gagnez pour Jésus-Christ nos cœurs.
5e AVE
60-Je vous salue, Marie,
En votre riche pauvreté,
Et qu’un chacun s’écrie :
Quelle bonté !
Quelles richesses,
Quelles largesses
Et quelle libéralité !
6e AVE
61-Je vous salue, Marie,
Refuge assuré du pécheur,
Que Dieu même a remplie
De sa douceur.
Dieu notre Père
Est en colère,
Apaisez sa juste fureur.
7e AVE
62-Je vous salue, Marie,
Grand miracle du Dieu vivant,
O merveille inouïe
Du Tout-Puissant !
Que l’homme et l’ange
Donnent louange
A votre Ouvrier excellent.
8e AVE
63-Je vous salue, Marie,
Paradis de la Trinité
Dans sa gloire infinie.
O vérité
Bien surprenante,
Bien consolante !
Gloire à Dieu dans l’éternité.
9e AVE
64-Je vous salue, Marie,
Toute transformée en Jésus !
Jésus est votre vie,
Vous n’êtes plus.
O merveilleuse !
O bienheureuse !
Vos secrets nous sont inconnus.
10e AVE
65-Je vous salue, Marie,
Je vous offre mon pauvre cœur,
Je vous donne ma vie
Et mon honneur.
Souffrez, de grâce,
Que tout bien passe
Par vous à Dieu mon créateur.
GLORIA PATRI
66-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
TRANSPORT D’ALLÉGRESSE
67-Nos couronnes sont faites
De roses, d’œillets et de lis,
Et de mille fleurettes
Du Paradis ;
Ce sont nos anges
Qui les arrangent
Et n’y mêlent point de soucis.
68-Marie est couronnée,
Elle a dans sa main nos bouquets
Et sa tête est ornée
De chapelets.
Que tous lui donnent
De ces couronnes
Qui ne se flétriront jamais.
1-O Vierge très fidèle,
Nous allons tous vous saluer
D’une façon nouvelle.
Pour vous louer,
Que nos louanges
Par nos saints Anges
Ne servent qu’à vous couronner !
PATER
2-Nous louons votre ouvrage,
Père éternel, Dieu tout-puissant,
Pour vous mieux rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
3-Je vous salue, Marie,
O Fille du Père éternel.
Regardez, je vous prie,
Un criminel,
Lequel vous donne
Une couronne
Avec l’Archange Gabriel.
2e AVE
4-Je vous salue, Marie,
Digne Mère du Fils de Dieu.
Que tout vous glorifie
En ce bas lieu.
O belle Aurore !
Croissez encore,
Afin que Jésus règne en peu.
3e AVE
5-Je vous salue, Marie,
Chère Épouse du Saint-Esprit.
De tous, soyez bénie
Sans contredit.
Sans plus attendre,
Faites descendre
En moi l’esprit de Jésus-Christ.
GLORIA PATRI
6-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
1ère DIZAINE
PATER
7-Nous louons votre ouvrage,
Verbe éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout par Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement !
1er AVE
8-Je vous salue, Marie,
Dans vos mystères glorieux !
Qu’un chacun les publie
A qui mieux mieux.
Ma foi s’augmente
Pour que je chante
D’un cœur bien fidèle et joyeux !
2e AVE
9-Je vous salue, Marie,
Pure en votre Conception !
Que ma bouche le crie
Jusqu’en Sion.
Je le veux croire,
A votre gloire,
Malgré le monde et le démon.
3e AVE
10-Je vous salue, Marie,
Dedans votre Nativité !
Vierge toute remplie
De sainteté.
Croissez, Aurore,
Pour faire éclore
Le Soleil de la Vérité.
4e AVE
11-Je vous salue, Marie,
Dans votre Présentation !
Comme une pure Hostie
De l’Abandon.
O Vierge et Mère,
Par ce mystère
Donnez-moi la dévotion.
5e AVE
12-Je vous salue, Marie,
Dans le temple où le Saint-Esprit
Vous a toute remplie
Sans aucun bruit !
Mère de grâce,
Faites-vous place
En mon cœur avec Jésus-Christ.
6e AVE
13-Je vous salue, Marie,
Dans votre Annonciation !
Vierge toute remplie
De l’onction
De la Sagesse
Qui vous caresse
Et qui vient en vous de Sion.
7e AVE
14-Je vous salue, Marie,
Dans votre Visitation !
Votre âme y magnifie
Dieu dans son nom.
Vierge fidèle
Et toute belle,
Donnez-moi le don d’oraison.
8e AVE
15-Je vous salue, Marie,
Dans la naissance du Sauveur !
Que tout chante et publie
Votre bonheur.
O Vierge et Mère,
Je vous révère,
Produisez Jésus en mon cœur.
9e AVE
16-Je vous salue, Marie,
Dans la Purification !
J’adore votre Hostie,
C’est un poupon.
Je le rends maître
De tout mon être,
Puisqu’il se fait ma caution.
10e AVE
17-Je vous salue, Marie,
Quand vous retrouvâtes Jésus !
Peut-être, mon amie,
Ne l’ai-je plus.
Que je le trouve,
Que je l’éprouve,
Dans la douceur de ses vertus.
GLORIA PATRI
18-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
2e DIZAINE
PATER
19-Nous louons votre ouvrage,
O Saint-Esprit, Dieu tout-puissant,
Nous vous rendons hommage
En le louant.
Tout par Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
20-Je vous salue, Marie,
Au pied de la Croix du Sauveur,
Où vous êtes l’Hostie
De bonne odeur.
O Mère amère !
Sur le Calvaire !
Donnez part à votre douleur !
2e AVE
21-Je vous salue, Marie,
Lorsque Jésus fut de chagrin
Réduit à l’agonie
Dans le jardin.
Hélas ! mon crime
Le fait victime
Par l’effort de l’amour divin.
3e AVE
22-Je vous salue, Marie,
Quand votre Fils fut flagellé.
Oh ! quelle boucherie
Fit mon péché !
Que Dieu m’accorde
Miséricorde,
Par son saint corps tout écorché.
4e AVE
23-Je vous salue, Marie,
Dans son cruel couronnement,
Vous fûtes attendrie
En le voyant.
Jésus me donne
Par sa couronne
Un cœur plus humble et plus fervent !
5e AVE
24-Je vous salue, Marie,
Lorsqu’on condamna mon Sauveur
A perdre en croix la vie
Comme un voleur !
Malheureux monde,
Quoique tu grondes,
Je te dis malheur sur malheur.
6e AVE
25-Je vous salue, Marie,
Quand Jésus tomba sous sa Croix :
Vous en fûtes saisie
Jusqu’aux abois.
Quelles tristesses,
Quelles tendresses
Vous eûtes tous deux à la fois !
7e AVE
26-Je vous salue, Marie,
Auprès de votre Fils mourant,
Éplorée et transie
En contemplant
L’ignominie,
La barbarie
De son cruel crucifiement.
8e AVE
27-Je vous salue, Marie,
Quand votre Fils ressuscita
Et par grâce infinie
Vous visita.
Quelle allégresse,
Chère Maîtresse,
En ce moment vous transporta !
9e AVE
28-Je vous salue, Marie,
Quand Jésus monta dans les Cieux,
Dans sa nouvelle vie,
Tout glorieux.
Par vous j’espère,
Ma chère Mère,
Monter au ciel pour être heureux.
10e AVE
29-Je vous salue, Marie,
La descente de votre Époux
Vous a toute remplie
Même pour nous ;
Par vos demandes,
Ses dons descendent.
Priez : rien n’est donné sans vous.
GLORIA PATRI
30-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
3e DIZAINE
PATER
31-Nous louons votre ouvrage,
Père éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
32-Je vous salue, Marie,
Dans vos saintes communions
Dans toute votre vie.
Vos actions
Sont un modèle
Pur et fidèle,
C’est sur vous que nous nous formons.
2e AVE
33-Je vous salue, Marie,
Morte par un transport d’amour !
O divin incendie
Du pur amour,
Brûlez mon âme
De votre flamme,
En tous lieux, la nuit et le jour.
3e AVE
34-Je vous salue, Marie,
Dans votre sainte Assomption !
Enlevée et ravie
Jusqu’en Sion.
O grande Reine
Et Souveraine !
A tous la bénédiction !
4e AVE
35-Je vous salue, Marie,
Placée et couronnée aux cieux !
Soyez aussi bénie
Dans ces bas lieux.
Donnez-nous grâce,
Donnez-nous place
Dans votre empire glorieux.
5e AVE
36-Je vous salue, Marie,
Vierge et Mère tout à la fois.
O merveille infinie
Du Roi des Rois !
Vierge féconde
Et sans seconde,
Rendez-moi soumis à vos lois.
6e AVE
37-Je vous salue, Marie,
Mère admirable du Sauveur,
Que tout chante et publie
Votre grandeur !
Vous donnez l’être
A votre Maître,
Vous formez votre Créateur.
7e AVE
38-Je vous salue, Marie,
Pleine de grâce et de beauté,
Vierge toute remplie
De sainteté.
Vierge fidèle,
Votre tutelle
Me préserve de tout péché.
8e AVE
39-Je vous salue, Marie,
Souveraine de l’univers.
Que tout vous glorifie
Jusqu’aux enfers !
Le Purgatoire
Vous donne gloire,
Vous pouvez en briser les fers.
9e AVE
40-Je vous salue, Marie,
Trésorière des dons divins.
Ouvrez-nous, je vous prie,
Vos saintes mains ;
Et que la grâce
Par elles passe
Jusqu’à nous, pour nous rendre saints !
10e AVE
41-Je vous salue, Marie,
Vous seule écrasez le démon.
Le malheureux en crie
Dans sa prison.
Brisez la tête
A cette bête,
Et nous armez de votre nom.
GLORIA PATRI
42-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
4e DIZAINE
PATER
43-Nous louons votre ouvrage,
Verbe éternel, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie,
A tout jamais parfaitement.
1e AVE
44-Je vous salue, Marie,
Miroir de la Divinité,
Vierge toute remplie
De charité.
O Sainte Dame,
Que ma pauvre âme
Vous aime à toute éternité.
2e AVE
45-Je vous salue, Marie,
Aimable Mère des chrétiens !
Faites-nous, je vous prie,
Part de vos biens.
Nos maux s’empirent,
Tous vous désirent,
Oh ! Venez briser tous nos liens.
3e AVE
46-Je vous salue, Marie,
Chère avocate des pécheurs !
Prenez, je vous supplie,
Prenez nos cœurs.
En toute chose,
Plaidez la cause
De vos fidèles serviteurs.
4e AVE
47-Je vous salue, Marie,
Notre asile et ferme support,
Pendant toute la vie,
Jusqu’à la mort.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Faites-nous venir à bon port.
5e AVE
48-Je vous salue, Marie,
Le commun refuge de tous.
Vierge toute bénie,
Priez pour nous.
Soyez la Mère
Et la lumière
De ceux qui réclament vers vous.
6e AVE
49-Je vous salue, Marie,
Toute pleine d’humilité.
Donnez-m’en, je vous prie,
Par charité.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
J’en bénirai votre bonté.
7e AVE
50-Je vous salue, Marie,
Pleine de force et de ferveur.
Mettez-en, je vous prie,
Dedans mon cœur.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Retirez-moi de ma tiédeur.
8e AVE
51-Je vous salue, Marie,
Pleine de grâce et de beauté ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Par charité.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Usez de libéralité.
9e AVE
52-Je vous salue, Marie,
Pleine du don de l’oraison ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Quelque rayon.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Ne me refusez pas ce don.
10e AVE
53-Je vous salue, Marie,
Miroir de la Virginité,
Vierge très accomplie,
Ayez pitié.
Mains libérales
Et virginales,
Ornez-moi de la pureté.
GLORIA PATRI
54-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
5e DIZAINE
PATER
55-Nous louons votre ouvrage,
O Saint-Esprit, Dieu tout-puissant,
Pour mieux vous rendre hommage
En le louant.
Tout en Marie
Vous glorifie
A tout jamais parfaitement.
1er AVE
56-Je vous salue, Marie,
Pleines des dons du Saint-Esprit ;
Donnez-m’en, je vous prie,
Sans contredit.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
A la gloire de Jésus-Christ.
2e AVE
57-Je vous salue, Marie,
Toute la Sagesse est en vous,
Vous en êtes remplie
Même pour nous.
Pour la Victoire
Et pour la gloire
De Jésus mort en croix pour tous.
3e AVE
58-Je vous salue, Marie,
Pleine de toutes les vertus,
Que vous soyez bénie
Avec Jésus.
Chère Maîtresse,
Grande Princesse,
Que mes ennemis soient vaincus.
4e AVE
59-Je vous salue, Marie,
Pleine de toutes les douceurs ;
Comblez-en, je vous prie,
Vos serviteurs.
Douce Maîtresse,
Grande Princesse,
Gagnez pour Jésus-Christ nos cœurs.
5e AVE
60-Je vous salue, Marie,
En votre riche pauvreté,
Et qu’un chacun s’écrie :
Quelle bonté !
Quelles richesses,
Quelles largesses
Et quelle libéralité !
6e AVE
61-Je vous salue, Marie,
Refuge assuré du pécheur,
Que Dieu même a remplie
De sa douceur.
Dieu notre Père
Est en colère,
Apaisez sa juste fureur.
7e AVE
62-Je vous salue, Marie,
Grand miracle du Dieu vivant,
O merveille inouïe
Du Tout-Puissant !
Que l’homme et l’ange
Donnent louange
A votre Ouvrier excellent.
8e AVE
63-Je vous salue, Marie,
Paradis de la Trinité
Dans sa gloire infinie.
O vérité
Bien surprenante,
Bien consolante !
Gloire à Dieu dans l’éternité.
9e AVE
64-Je vous salue, Marie,
Toute transformée en Jésus !
Jésus est votre vie,
Vous n’êtes plus.
O merveilleuse !
O bienheureuse !
Vos secrets nous sont inconnus.
10e AVE
65-Je vous salue, Marie,
Je vous offre mon pauvre cœur,
Je vous donne ma vie
Et mon honneur.
Souffrez, de grâce,
Que tout bien passe
Par vous à Dieu mon créateur.
GLORIA PATRI
66-Honneur, gloire et louange
A la Très Sainte Trinité
Par tout homme et tout ange
En vérité,
Puisque Marie
La glorifie
Bien plus que tout l’être créé.
TRANSPORT D’ALLÉGRESSE
67-Nos couronnes sont faites
De roses, d’œillets et de lis,
Et de mille fleurettes
Du Paradis ;
Ce sont nos anges
Qui les arrangent
Et n’y mêlent point de soucis.
68-Marie est couronnée,
Elle a dans sa main nos bouquets
Et sa tête est ornée
De chapelets.
Que tous lui donnent
De ces couronnes
Qui ne se flétriront jamais.
Noël des Anges (cantique de St L-M de Montfort)
L'école du Saint-Sacrement (cantique de St L-M de Montfort)
1- Le Très-Haut, l’Incompréhensible
L’Éternel et le Tout-Puissant
Vient de naître maintenant.
Est-il possible ?
L’Éternel a un jour, le Verbe est en silence,
Le Tout-Puissant s’est fait enfant.
Reconnaissons,
Adorons, louons,
Louons, aimons
Et reconnaissons
Notre Dieu réduit à l’enfance.
2- Si ce bon Dieu naît pour les hommes
Et pour les rendre bienheureux,
Nous lui devons tout comme eux
Ce que nous sommes.
Allons mettre à ses pieds nos couronnes de gloire,
En lui disant d’un air joyeux :
Enfant très doux,
Nos biens sont à vous,
Régnez sur nous,
Nos biens sont à vous,
De vous seul vient notre victoire.
3- Ô séraphins, parmi vos flammes,
Chantons gloire à Dieu dans les cieux,
Grâce et paix dans ces bas lieux
Aux bonnes âmes.
Ô Fils du Tout-Puissant, ô Sagesse éternelle,
Que votre nom est glorieux !
Nous le louons,
Nous le bénissons,
Nous l’adorons,
Nous le glorifions,
Quoique dans une chair mortelle.
4- Ô bergers, ô troupe fidèle,
Mêlez vos concerts avec nous,
Dieu vient de naître pour tous :
Bonne nouvelle !
Laissez là vos agneaux, cherchez le véritable,
Cherchez-le bien, il est à vous :
Il vous attend
Quoiqu’il soit si grand,
Il vous attend,
Ce petit Enfant,
Sur du foin et dans une étable.
5- Que ce jour nous est honorable !
Un Dieu de toute majesté
S’est fait dans l’humanité
Notre semblable.
Allons donc l’adorer, allons le reconnaître,
Bénissons tous sa charité :
Faisons la cour
À ce Dieu d’amour,
Tous, tour à tour,
Faisons-lui la cour
Puisqu’il est notre commun Maître.
6- Ô pure et divine Marie,
Nous admirons votre bonheur
D’avoir à votre Sauveur
Donné la vie.
Pureté sans pareille, humilité profonde,
Vous avez charmé le Seigneur.
Cœur bien-aimé,
À nous s’est donné !
Cœur bien-aimé,
Il s’est incarné !
Publions ce miracle au monde.
1a-Oh ! que le Saint-Sacrement
Est une bonne école
Pour apprendre en peu de temps,
Sans art et sans parole,
La vraie science des vertus,
La divine Sagesse !
1b-Le docteur, c’est le très doux Jésus, (bis)
Il y prêche sans cesse. (bis)
2a-C’est un Maître sans pareil,
Il éclaire notre âme,
Et comme un divin soleil
Il l’échauffe et l’enflamme ;
2b-Dans ce mystère il se fait
Notre saint exemplaire,
Pratiquant jour et nuit en secret (bis)
Ce qu’il enseigne à faire. (bis)
3a-Lorsqu’il descend sur l’autel,
C’est par obéissance,
La voix d’un homme mortel
L’y met sans résistance.
3b-C’est là que son Sacré-Cœur
Brûle d’un très grand zèle,
Il y vient pour sauver le pécheur, (bis)
Il l’excite, il l’appelle. (bis)
4-L’amour de l’humilité
L’attire de la gloire,
Pour cacher sa majesté
Dans un pauvre ciboire ;
C’est là qu’il nous fait à tous
Sa leçon ordinaire :
« Apprenez que je suis humble et doux,
Un Agneau débonnaire. »
5-Quoique souvent le pécheur,
Par son immodestie,
Vienne insulter sa grandeur
Dedans l’Eucharistie,
On ne peut pas concevoir
Quelle est sa patience :
Son Saint Cœur souffre tout sans vouloir
En tirer la vengeance.
6-C’est là qu’il est en tout temps
Mort aux choses du monde,
Sans usage de ses sens,
Dans une paix profonde.
Son Cœur est plein de douceur,
C’est sa vertu très chère,
Supportant le pécheur sans aigreur,
Sans se mettre en colère.
7-Ce mystère est tout d’amour,
Ou plutôt l’amour même,
Jésus s’y tient nuit et jour,
Pour montrer qu’il nous aime.
Comme un très fidèle ami,
Sans cesse il nous y prie
De l’aimer, d’aller chercher en lui
La véritable vie.
8-Quel est son amour pour Dieu ?
Il n’a point de limite,
Puisqu’il l’aime dans ce lieu
Autant qu’il le mérite.
Enfin toutes les vertus
Ont pour leur source unique
Le Saint Cœur de l’aimable Jésus,
Lui seul les communique.
9-Chers amis, visitons tous
Ce monarque suprême,
Puisqu’il veut rester chez nous
Pour montrer qu’il nous aime.
Nous apprendrons des secrets
Pour avoir la victoire,
Des moyens de devenir parfaits
Et d’acquérir la gloire.
10-O Jésus, éclairez-nous,
O Lumière infinie !
On ne peut trouver qu’en vous
Les paroles de vie.
Formez en nous vos vertus
Et votre vive image,
Notre cœur ne résistera plus
A ce divin ouvrage.
Noël des enfants de Marie (cantique de St L-M de Montfort)
Les excès amoureux du Cœur de Jésus (cantique de St L-M de Montfort)
1- Chers enfants de Marie,
Bénissez le Seigneur
De ce qu’il l’a remplie
De grâce et de douceur.
Elle vient d’enfanter ce Seigneur adorable ;
Allons tous l’en féliciter,
Allons humblement visiter
Cette Mère admirable.
2- Ô Vierge merveilleuse,
Ô prodige étonnant,
Ô Mère bienheureuse,
Votre bonheur est grand ;
Le nôtre l’est aussi, vous nous donnez la vie,
Puisque vous brisez tous nos liens,
Vous nous comblez de mille biens.
Que vous soyez bénie !
3- Enfin les prophéties
De l’Ancien Testament
Se trouvent accomplies
Dans votre enfantement.
Le ciel reçoit par vous une gloire nouvelle,
Vous brisez la tête au démon,
Et vous obtenez le pardon
Au pécheur infidèle.
4- Vous seule avez pu faire,
Par un consentement,
Ce que toute la terre
Désirait ardemment.
Qu’on rende à votre foi honneur, gloire et louange !
Ce Sauveur ne nous est venu
Que parce que vous avez cru
La parole d’un ange.
5- Que vous êtes charmante
Dans votre pureté !
Que vous êtes puissante
Dans votre humilité !
Vous avez ravi Dieu, vous l’avez fait descendre :
Attiré par votre beauté,
Il a pris notre humanité,
Il n’a pu s’en défendre.
6- Par vous, puissante Reine,
Dieu vient dans ces bas lieux,
Et la nature humaine
S’élève jusqu’aux cieux.
Ô miracle étonnant ! Dieu devient notre frère,
Vous formez votre Créateur,
Vous enfantez votre Sauveur,
Et votre propre Père.
7- Ce Monarque suprême
S’est montré vraiment grand
En faisant de vous-même
Son chef-d’œuvre excellent.
Tout est mystère en vous, mais un très grand mystère :
Vous enfantez, mais sans douleur,
Vous engendrez, avec l’honneur
De rester vierge et mère.
8- Jésus aime l’étable
Mais surtout votre Cœur :
C’est son lit agréable,
C’est son palais d’honneur.
Il fait de votre sein son plus glorieux trône :
C’est là qu’il fait voir ses grandeurs,
C’est là qu’il pardonne aux pécheurs,
C’est là qu’il fait l’aumône !
9- Recevez les caresses
Que vous fait cet Enfant,
Recevez ses tendresses
Pour nos remerciements.
Heureux est votre sein, Vierge pure et fidèle,
D’avoir compris l’immensité,
D’avoir nourri, d’avoir porté
La Sagesse éternelle !
1- Pénétrons jusqu’au fond du temple,
Entrons dans ce Cœur merveilleux,
Afin d’aimer à son exemple,
Voyons ses excès amoureux.
2- Voyons dans le sein de Marie
Ce petit Cœur qui n’est que feu,
Qui, plein du Saint-Esprit, s’écrie :
«Amour, amour, amour de Dieu.
3- «Mon Cœur est prêt, mon Dieu, mon Père,
À faire votre Volonté ;
Ici dans le sein de ma Mère
Je m’y soumets en vérité.
4- «Je vous adore et je vous aime,
Me voilà, disposez de moi,
Je place au milieu de moi-même
Et votre croix et votre loi.
5- «Vous me faites voir à cette heure
Qu’il faut que j’embrasse la Croix,
Et qu’il faut même que j’y meure,
Je le veux, mon Dieu, c’est mon choix.
6- «Quoi, les hommes perdraient la vie ?
Mon amour ne peut le souffrir,
Je veux mourir, je meurs d’envie
Pour les empêcher de périr.
7- «Ma Mère, vous m’êtes très chère ;
Je vous comble de mes faveurs,
Afin que vous soyez la mère
Et le refuge des pécheurs.»
8- Ce Cœur dans l’amour qui le presse
Va trouver Jean son Précurseur,
Il remplit son Cœur d’allégresse,
De sa grâce et de sa douceur.
9- Il nous fait voir dès son enfance
Les excès de sa charité
Par les excès de sa souffrance
Et de sa grande pauvreté.
10- Dans son étable tout nous prêche
Que son Cœur est très amoureux,
Qu’il est si pauvre en cette crèche,
Qu’il semble en être malheureux.
11- L’amour fait que ce Cœur soupire,
Car il lui tarde de mourir,
Il court se faire circoncire
Pour donner son sang et souffrir.
12- Au temple, le voilà victime ;
Il calme Dieu dans son courroux,
Il lui rend un honneur sublime,
Il s’offre tout entier pour nous.
13- S’il fuit, la charité le presse,
Il nous cherche, il veut nous trouver,
Il cache sous cette faiblesse
L’ardeur qu’il a pour nous sauver.
14- Que ce Cœur est doux et traitable !
Il converse avec les enfants ;
Qu’il est affable et charitable,
Que ses attraits sont triomphants !
15- Pour nous obtenir la victoire,
Il se soumet à ses parents ;
Pour nous faire éclater en gloire,
Il se cache pendant trente ans.
16- Ce Cœur court où l’amour l’entraîne,
Il veut nous trouver à la fin,
Il est faible, il est hors d’haleine,
Il est fatigué du chemin.
17- Il s’assit près d’une fontaine,
Non pas afin de s’épargner,
Mais c’est pour la Samaritaine
Qu’il veut sauver, qu’il veut gagner.
18- Avec quelle adresse et sagesse
Ce Cœur plein de bénignité
Gagne-t-il cette pécheresse !
C’est un miracle en charité.
19- C’est par la douceur souveraine
De son Cœur si tendre et si doux
Qu’il convertit la Madeleine
Et qu’il la défend contre tous.
20- Admirons la douce manière
Avec laquelle sans rigueurs
Il sauve la femme adultère
Des mains de ses accusateurs.
21- Le voyez-vous qui s’humilie
Aux pieds du malheureux Judas,
Son Cœur lui dit, son Cœur lui crie :
« Mon ami, ne te damne pas ».
22- Il soupire, il verse des larmes,
Et Judas n’en est pas ému,
Ô Cœur tendre, ô Cœur plein de charmes,
Vraiment vous n’êtes point connu !
23- L’amour qui lui ravit la vie
Le fait survivre après sa mort,
Il se met dans l’Eucharistie.
Ô Cœur, que votre amour est fort !
24- Dans un jardin, il pleure, il crie,
Il combat contre lui pour nous,
Il est réduit à l’agonie,
Il est accablé sous nos coups.
25- Il ne pleure pas sur lui-même
Quoique son Sang coule à ruisseaux,
Comme ce Sacré-Cœur nous aime,
Il ne peut supporter nos maux.
26- Son Cœur dans ce combat terrible
Surmonte tout par un effort,
C’est pour nous seuls qu’il est sensible,
Il se lève, il court à la mort.
27- On le traîne à la boucherie,
Mais comme un agneau sans bêler ;
On le traite avec barbarie,
Mais sans se plaindre et sans parler.
28- Hélas ! on le prend, on le lie,
On l’accable de mille coups,
On le cloue, on le crucifie,
Son Cœur est toujours aussi doux.
29- Il compte pour rien sa souffrance
Ni tous les maux qu’il a reçus,
Son Cœur plein d’un amour immense
Dit : « Frappez, frappez encor plus.
30- « Je suis content que l’on m’assomme,
Que tout mon Sang soit répandu,
Pourvu que l’on pardonne à l’homme,
Pourvu qu’il ne soit pas perdu ».
31- Voyez comme ce Cœur ramasse
Son peu de force et de vigueur,
Ce n’est que pour obtenir grâce
Pour ses bourreaux et le pécheur.
32- Ce Cœur dit plus haut que sa bouche :
« Ô mon Père, pardonnez-leur,
Par là, comme leur mal me touche,
Vous diminuerez ma douleur ».
33- À la fin, ce Cœur perd la vie,
Ou plutôt il ne la perd pas,
Puisqu’encore il est plein d’envie
De souffrir après le trépas.
34- Son Père exauce sa prière,
Voilà qu’on perce son côté
Duquel il sort une rivière
D’eau, de Sang et de charité.
35- Enfin, la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert ;
Enfin, la cause est découverte
Pourquoi Jésus a tant souffert.
36- En le perçant on le soulage,
Car le feu dévorant ce Cœur,
La lance lui fait un passage
Pour se rendre au cœur du pécheur.
37- C’est par cette bouche sanglante
Qu’il dit, depuis plusieurs cent ans,
D’une voix mourante et vivante,
Des mots qu’à peine je comprends.
Notre-Dame des Dons (cantique de St L-M de Montfort)
Le pécheur converti par Marie (cantique de St L-M de Montfort)
1-Si quelqu’un veut être fidèle,
Qu’il vienne à la Mère des Dons.
Tout à son trône nous appelle
Aux cantons,
Afin que tout se renouvelle
Aux saisons.
2-Par son entremise, Dieu donne
Ses trésors et ses dons divins.
Sa miséricorde pardonne
Par ses mains,
Place dans le Ciel, et couronne
Tous les saints.
3-Marie possède, en son domaine,
La plénitude de tous biens,
Auprès d’elle, on a tout sans peine,
O chrétiens !
Elle est surabondamment pleine
Pour les siens.
4-Elle est la Mère de la grâce,
Elle est son canal merveilleux,
C’est par elle que tout bien passe
Dans ces lieux,
Que tout monte et que tout repasse
Dans les cieux.
5-On trouve en elle toutes choses :
Biens, plaisirs, honneur et santé,
Et pour Dieu seul elle en dispose
En bonté.
Sur ses soins l’univers repose,
Vérité.
6-Vigneron, veux-tu que ta vigne
Ait abondance de raisin,
Et qu’elle ait sans humeur maligne
Du bon vin ?
Marie a cette grâce insigne
Dans sa main.
7-Voulez-vous avoir l’abondance
Dans vos champs, pauvres laboureurs,
Et vous garder de l’impudence
Des voleurs ?
Sachez qu’elle a dans sa puissance
Ces faveurs.
8-Elle est votre douce espérance,
Gens affligés, gens malheureux.
Vous en recevrez l’assistance
Par vos vœux,
Ou bien le don de patience,
L’un des deux.
9-Pauvre pécheur, si tu l’abordes,
Tu recevras le plus grand don,
La grâce, la miséricorde
Et pardon.
Sache que le ciel ne l’accorde
Qu’en son nom.
10-Enfants, venez à ses mamelles
Sucer un lait plein de douceur ;
Venez vous reposer, fidèles,
Sur son Cœur.
Venez tous garder sous ses ailes
La ferveur.
11-Pour obtenir votre demande,
Donnez, et l’on vous donnera,
Et qu’un chacun donne en offrande
Ce qu’il a,
Si c’est son cœur, l’offre est bien grande,
Il aura.
12-Approchons-nous tous de Marie
Pour avoir part à ses bienfaits,
Pour trouver grâce en cette vie
Et la paix,
Et pour voir Dieu dans la Patrie
A jamais.
13-O Sainte Vierge, ô bonne Mère,
Faites-nous part de vos faveurs,
Soyez sensible à la misère
Des pécheurs,
En exauçant l’humble prière
De nos cœurs.
Le respect humain : sur le canon de Pachelbel
Noël des bergers (cantique de St L-M de Montfort)
LES BERGERS :
1- Bergers, d’où viennent ces concerts
Qui font retentir ces déserts ?
Amis, ce sont les chœurs des anges,
Un Dieu vient de naître pour nous,
C’est le sujet de leurs louanges.
Bergers, bergers, que tardez-vous ?
Vite, vite, cherchons-le tous.
2- Les anges nous ont avertis
Qu’il n’est pas né bien loin d’ici,
Et que c’est même en cette étable.
Naître dans une étable, un Roi,
Amis, cela n’est pas croyable.
Allons, pasteurs, et croyez-moi,
C’est là qu’il est, ayons la foi.
3- Portons à cet Enfant nouveau
Quelques fruits, ou bien un agneau,
En signe de reconnaissance,
Puisque c’est en notre faveur
Qu’il s’est réduit jusqu’à l’enfance.
Allons offrir à ce Sauveur
Ce que nous avons de meilleur.
4- Bonjour, cher Enfant attendu,
Pour nous, soyez le bienvenu.
Nous venons pour vous rendre hommage,
Nous ne sommes que des paysans,
Nous n’avons rien que de sauvage,
Supportez-nous en nos accents,
Et même en nos petits présents.
JÉSUS ENFANT :
5- Soyez les bienvenus, bergers,
Je vous appelle les premiers
Par les anges de ma lumière,
Car dans votre simplicité
Vous avez le don de me plaire.
Venez à moi par charité,
Approchez tous en sûreté.
LES BERGERS :
6- Seigneur, quel est votre dessein ?
N’êtes-vous pas Roi souverain ?
Pourquoi donc naître en une étable ?
Pour quel sujet avez-vous pris
Cet état pauvre et misérable ?
Cela surprend tous nos esprits,
Aucun de nous ne l’a compris.
JÉSUS ENFANT :
7- Bergers, il ne tenait qu’à moi
De naître, comme un puissant Roi,
Dans un palais riche et commode.
Mais j’ai choisi l’humilité
Afin de la mettre à la mode,
Mais j’ai choisi la pauvreté
Pour l’enrichir de sainteté.
LES BERGERS :
8- Ah ! nous pensions bien autrement !
Mais nous voulons dorénavant
Prendre, selon votre Sagesse,
Notre état bas pour un honneur,
Notre pauvreté pour richesse.
Bergers, bergers, quel grand bonheur
De ressembler au doux Sauveur !
9- Bergers, que cet Enfant est beau,
Qu’il fait bon près de son berceau !
Que n’y pouvons-nous toujours être !
Nous goûterions le saint plaisir
Que fait goûter son petit Maître,
Nous le verrions tous à loisir.
Ah ! contentons notre désir.
10- Chantons, chantons tous d’une voix :
Nous vous bénissons mille fois,
Ô très Sainte Vierge Marie,
Vous nous donnez la vie à tous
En nous donnant le fruit de vie.
Par charité, permettez-nous
De rester ici près de vous.
JÉSUS ENFANT :
11- Demeurez, bergers, demeurez
Près de moi tant que vous voudrez,
J’y prends un grand plaisir moi-même.
Donnez-moi vos cœurs seulement,
C’est là le grand présent que j’aime.
C’est m’honorer excellemment
Que de m’aimer très tendrement.
LES BERGERS :
12- Voilà nos cœurs, Enfant Jésus,
Mais des cœurs pauvres de vertus.
Enrichissez-les donc, de grâce,
Pour chanter ici tour à tour,
Puisque vous nous y donnez place :
Enfant Jésus, par votre amour
Régnez sur nous, et nuit et jour.
DIEU SEUL.
PREMIER CANTIQUE : SES MAUX
1-Grand Dieu, depuis que je vous sers
Et que je veux être fidèle,
L’homme et quasi tout l’univers
Me fait une guerre cruelle.
Hâtez-vous, prêtez-moi la main
Pour vaincre le respect humain.
2-Enfants des saints prédestinés,
Nous sommes combattus des hommes.
Mais n’en soyons pas enchaînés,
N’oublions pas ce que nous sommes.
Amis de Dieu, braves soldats,
Ne nous laissons pas mettre à bas.
3-Pauvre pécheur, tenu captif
Par des qu’en-dira-t-on frivoles,
Tâche d’être bien attentif
Et bien docile à mes paroles,
Puisque la seule vérité
Peut te donner la liberté.
4-Je ne puis définir ton nom,
Respect humain, maudite engeance,
O grand favori du démon
Pour décrier la pénitence,
O grand ennemi des vertus
Dont les plus forts sont abattus.
5-O le plus subtil des poisons
Pour nous faire avaler des crimes,
O le plus fin des hameçons
Pour nous plonger dans les abîmes,
O le plus traître des amis,
O le plus grand des ennemis.
6-Je ne puis exprimer les maux
Que fait ce respect pour les hommes.
Les plus savants, les plus dévots,
Et presque tous, tant que nous sommes,
Ressentons la malignité
De ce monstre d’iniquité.
7-O quelle injure au Créateur
De craindre plus sa créature,
De respecter moins sa grandeur
Qu’un ver de terre qui murmure,
Et de préférer un vrai rien
A ce seul et souverain bien !
8-Quel outrage à sa majesté
Que de lui préférer un songe !
Quel outrage à sa vérité
Que de croire ainsi le mensonge,
Que de se faire un bras de chair
D’un homme et d’un mot dit en l’air !
9-Quelle injure à sa charité !
Est-ce là la reconnaissance
Qu’on devrait rendre à sa bonté
Pour les biens de sa Providence ?
Et ce bon Père est délaissé,
Cet ami fidèle est chassé.
10-Voilà ce que tu fais, pécheur,
Lorsque par quelque crainte humaine
Tu désobéis au Seigneur
Ou tu ne le sers qu’avec peine,
Qu’avec partage et lâcheté,
Sans ferveur et sans fermeté.
11-Je servirais bien Dieu, dis-tu,
Mais je crains monsieur ou madame ;
J’embrasserais bien la vertu,
Mais j’appréhende qu’on me blâme ;
Seigneur, je serais votre ami
Sans le monde, votre ennemi.
12-Malgré votre bras tout-puissant,
Je crains l’homme qui me menace ;
Malgré votre amour ravissant,
Je n’ai pour vous qu’un cœur de glace,
Mais je consens à vous servir
Quand l’homme y voudra consentir.
13-Je vous servirai, mon Jésus,
J’irai partout à votre suite,
Pourvu qu’on ne me traite plus
De dévot ou bien d’hypocrite ;
Si je suis approuvé de tous,
Je veux de bon cœur être à vous.
14-Mondain, voilà de grands mépris
D’une majesté souveraine ;
Voilà pourtant ce que tu dis
Quand le respect humain t’entraîne
A transgresser sa sainte loi,
A renoncer même à ta foi.
15-Si Dieu, ni la religion,
Ne te touche, ni ne t’éclaire,
Fais du moins quelque attention
A ton malheur, à ta misère.
Tu perds, ô malheureux mondain,
Tout bien par un respect humain.
16-Adieu tant d’exhortations,
Adieu tant de vérités crues,
Adieu tant d’inspirations,
Adieu tant de grâces reçues,
Adieu tant d’absolutions,
Et de saintes communions.
17-Tant de bons mouvements suivis,
Tant de victoires remportées,
De si grands mérites acquis,
De si lourdes croix bien portées,
Pour un petit mot entendu
Et pour un rien tout est perdu !
18-On montait à pas de géant
A la vertu la plus sublime.
Pour ne pas déplaire au néant,
Hélas! on tombe dans le crime,
Ou l’on tombe insensiblement
Dans le plus grand relâchement.
19-Souvent, après avoir vécu
Très saintement dans la jeunesse,
On est par ce piège vaincu,
Plein de mérite et de vieillesse ;
Ainsi l’on perd en un moment
Ce qui coûtait infiniment.
20-Hélas ! si l’on se fût moqué
Du monde et de sa raillerie,
Hélas ! si l’on eût pratiqué
La vertu, quoiqu’on la décrie,
Dieu, plein de libéralité,
Eût comblé de sa sainteté.
21-Dieu cherche la fidélité,
A toute chose il la préfère,
Il accorde à sa fermeté
Ce qu’il refuse à l’ordinaire.
Ce n’est qu’aux dévots éprouvés
Qu’il fait des dons très élevés.
22-« A qui vaincra, dit le Seigneur,
A qui me restera fidèle
Je communique ma douceur,
Ma grâce et ma gloire éternelle.
Loin de moi tout esprit mondain,
Que je ne vois qu’avec dédain. »
23-Quelle gloire, au grand jugement,
Aux vainqueurs du diable et du monde,
Quand Dieu fera voir clairement
Que leur victoire est sans seconde,
Qu’ils ont comme ses bons soldats
Malgré tout marché sur ses pas !
24-Quels justes plaisirs auront-ils
De se voir en main la victoire
Malgré le monde et les périls,
Malgré tout ce qu’on a pu croire,
De voir condamner aux enfers
Tous les mondains de l’univers !
25-De les entendre soupirer :
« Hélas ! malheureux que nous sommes
De n’avoir su persévérer
Malgré les critiques des hommes,
D’avoir suivi la vanité
Sous prétexte de vérité !
26-« Nous voyons trop tard aujourd’hui
Notre prudence criminelle,
Puisqu’elle ne nous a servi
Que pour notre perte éternelle.
Oh ! respect humain malheureux,
C’est toi qui nous mets en ces feux. »
27-Chacun criera sur son malheur :
Le fils d’avoir suivi son père,
Le frère d’avoir cru sa sœur,
La fille d’avoir cru sa mère,
Et tous d’avoir suivi l’erreur
Au lieu de Jésus leur Sauveur.
28-Un jour, ils verront tout surpris
Ces hommes dévots et les sages
Qu’ils n’avaient vu qu’avec mépris.
Pour lors ils crieront pleins de rage :
« Quoi ! voilà ceux que nous raillions,
Voilà ceux que nous méprisions ?
29-« Quoi ! ceux dont la vie autrefois
Nous paraissait une folie
Sont enfants de Dieu, sont des rois
Ornés d’une gloire infinie ?
Malheureux, à quoi pensions-nous
D’avoir pris des sages pour fous ? »
30-Dans l’enfer, que de malheureux
Voyant les vérités entières
Voudraient bien, s’il dépendait d’eux,
Donner aux vivants des lumières,
Et leur crier : « Ne croyez pas
Ce que nous croyions ici bas !
31-« Hélas ! l’homme nous a séduits
Par ces maximes condamnables,
Et nous avons tous pris la nuit
Pour des lumières véritables,
Nous avons pris pour des raisons
Ce qui n’était que des poisons. »
32-Si tu ne vois, homme insensé,
Combien ce piège est fin et traître,
A la mort tu seras forcé,
Mais trop tard, de le reconnaître.
Ces gens que tu respectes tant
Périront tous en cet instant.
SECOND CANTIQUE : SES CHIMÈRES
33-A-t-on sujet de regarder
Une idée, un rien, un atome ?
A-t-on sujet d’appréhender
Une chimère, un vain fantôme ?
Car tels sont les respects humains,
Tels sont les jugements mondains.
34-Tout homme est injuste et menteur,
Mais en sa plus juste balance,
Notre seul juge est le Seigneur,
Malgré l’homme et son impudence ;
Méprisons donc ce qui n’est rien,
Qui ne nous fait ni mal, ni bien.
35-Quoi donc ! en sommes-nous meilleurs
Lorsque tout le monde nous loue ?
Quoi donc ! sommes-nous plus pécheurs
Si chacun nous couvre de boue ?
Qu’on dise de nous bien ou mal,
Et l’un et l’autre est bien égal.
36-Mettons qu’on parle mal de vous :
Ce sont des paroles volantes
Qui ne peuvent nuire qu’aux fous
Mais non pas aux âmes prudentes,
Qui, ne plaignant que leur auteur,
S’en font un véritable honneur.
37-L’un nous dit et l’autre nous fait
Quelque injustice ou quelque injure ;
Oui, mais c’est Dieu qui le permet,
C’est contre lui que l’on murmure ;
Cet homme n’est que l’instrument
Dont Dieu se sert en ce moment.
38-Le Seigneur qui vient nous sauver
Permet cette injustice noire,
Voulant par là nous éprouver
Et rendre dignes de la gloire,
Mais le démon n’y vient tenter
Que pour vous impatienter.
39-En souffrant, on a le dessus,
Notre prochain s’en édifie,
Le démon en reste confus
Et Dieu même s’en glorifie,
Les coléreux sont apaisés
Et les moqueurs sont méprisés.
40-Faisant toujours votre devoir,
Ne donnant point de juste prise,
Ne faites pas semblant de voir
Qu’on se moque et qu’on vous méprise ;
C’est le secret des grands esprits
De mépriser tous les mépris.
41-L’homme sage en tout donne appel
Au tribunal de Dieu, son juge ;
Laissant juger l’homme charnel
Il prend Dieu seul pour son refuge ;
Toute sa gloire est au-dedans,
Malgré les plus grands médisants.
42-Au contraire, une âme de chair
Toute mondaine et toute basse
S’offense d’un mot dit en l’air,
D’un regard et d’une grimace ;
Laisse là le bien commencé,
Pour n’en être pas méprisé.
43-Le fou n’a pas sa gloire au cœur,
Mais chez le monde et dans sa bouche ;
Si l’on lui ravit cet honneur,
C’est ce coup fatal qui le touche ;
Il n’a pas d’autre attention
Qu’au pense-t-on et qu’au dit-on.
44-Homme sage, ne craignez point
Les persécutions du monde ;
La sagesse gît en ce point,
Le christianisme s’y fonde ;
Un bon chrétien, en vérité,
Est un chrétien persécuté.
45-Nous n’avons point d’anciens bourreaux
Pour nous tirer le sang des veines,
Mais nous en avons de nouveaux,
Ce sont les personnes mondaines
Dont les dents, pires que les mains,
Nous donnent des coups inhumains.
46-Le monde, en nous faisant du mal,
Croit nous abattre et nous détruire,
Mais ses coups n’ont rien de fatal,
Pourvu qu’on ne fasse qu’en rire ;
On est martyr de charité
Quand on le souffre avec gaieté.
47-L’un parle contre notre honneur,
La calomnie est employée ;
L’autre se fait notre censeur,
Il rit à gorge déployée ;
Mais cet honneur qu’on croit ôter
En souffrant ne fait qu’augmenter.
48-On ne peut ôter au chrétien
Un honneur qu’il a dans soi-même ;
L’honneur du monde n’étant rien,
Qu’importe d’en être anathème ?
Juste, c’est un honneur pour vous
Que d’être moqué par des fous.
49-Celui-là ravit notre bien
Par une injuste procédure,
Celui-ci nous ôte un soutien,
Notre habit, notre nourriture.
Quel mal ? C’est un bien temporel
Qu’on change en un bien éternel.
50-L’or et l’argent sont des biens faux,
Puisque le monde en fait estime,
Puisqu’ils produisent mille maux,
Qui conduisent tous dans le crime ;
Est-ce un mal que la pauvreté
Dont le ciel même est acheté ?
51-Cet envieux prend notre emploi
Par ruse et par un coup de traître,
Cet orgueilleux nous fait la loi
Et partout veut trancher de maître ;
Quel mal ? Le plus grand parmi vous
Sera le serviteur de tous.
52-Dieu dit : « Si le monde vous hait,
Réjouissez-vous de sa haine,
Car vous n’êtes point son sujet,
Car votre âme n’est point mondaine ;
Car vous en recevrez aux cieux
Un prix de gloire merveilleux. »
53-Ainsi le monde a maltraité
Tous les saints qui sont dans la gloire,
Réduits à la mendicité,
Souvent bannis de la mémoire ;
Et chassés de tout l’univers,
Ils s’enfuyaient dans les déserts.
54-On parlait mal de leurs vertus,
On les traitait d’hypocrisie ;
Ils étaient partout combattus
Par des secrètes jalousies ;
On prenait mal ce qu’ils disaient,
Ce qu’ils pensaient, ce qu’ils faisaient.
55-Mais ne voyons que Jésus-Christ,
Puisqu’il est notre grand modèle :
Que nous apprend le Saint-Esprit
De cette Sagesse éternelle ?
Les mondains l’ont nommé pécheur,
Ivrogne, sorcier, imposteur.
56-« Je veux qu’on vous donne un soufflet,
Qu’on vous frappe et qu’on vous tourmente,
Quoique à tort, sans avoir rien fait.
L’injure est vraiment très criante,
Mais vous gagnez infiniment,
Si vous souffrez patiemment.
57-« Si quelqu’un veut vous égorger,
N’en craignez pas tant sa furie
Qu’un Dieu qui seul peut se venger
Dans ce monde et dans l’autre vie,
Perdre l’âme et la condamner,
Tuer le corps et le damner. »
58-Le chrétien comme son Sauveur,
Le disciple comme son Maître,
L’esclave comme son Seigneur
Doit souffrir ainsi de ce traître ;
Le monde a toujours en tout lieu
Battu les serviteurs de Dieu.
TROISIÈME CANTIQUE : SA HONTE
59-Si le respect humain produit
Une crainte si chimérique,
C’est aussi de lui que s’ensuit
Une honte diabolique.
Dès lors qu’on est combattu,
On a honte de la vertu.
60-Avoir honte de servir Dieu ?
Servir Dieu, ce Maître adorable,
N’est-ce pas régner en tout lieu ?
Est-il rien de plus honorable ?
O respect humain malheureux,
C’est toi qui me parais honteux.
61-Quoi ! pour plaire à quelque étourdi,
Avoir honte de son Dieu même ;
Quoi ! pour le monde être hardi
Jusqu’à montrer à tous qu’on l’aime !
Tandis qu’on craint jusqu’au seul nom
De dévot ou dévotion.
62-Si vous avez honte aujourd’hui
De Jésus et de son service,
Vous vous déclarerez pour lui
Dans le grand jour de sa justice,
Mais il aura dans ce grand jour
Honte de vous-même à son tour.
63-Par honte ou crainte de quelqu’un
Vous faites le bien en cachette,
Vous vivez selon le commun
En fuyant la route parfaite,
Vous fuyez le nom de dévot
Comme d’un fou, comme d’un sot.
64-Vous verrez un jour, mais trop tard,
Que ces hontes sont criminelles,
Quand vous n’aurez aucune part
Avec Jésus ni ses fidèles,
Et quand il vous renoncera
Et pour jamais vous maudira.
65-Peut-on avoir honte d’aimer
La vertu, laquelle est si belle,
Qu’on ne peut assez estimer,
Dont la naissance est éternelle
Et qui ravit tout l’univers,
Depuis les cieux jusqu’aux enfers ?
66-En tous les temps, en tous les lieux,
La vertu seule est estimable,
La terre et l’eau, l’air et les cieux
Déclarent qu’elle est tout aimable ;
Et toi, misérable mondain,
Tu la verrais avec dédain !
67-Elle est ce trésor infini
Et cette pierre précieuse
Dont l’éclat n’est jamais terni
Quand une âme en est amoureuse ;
Le Seigneur ne jette les yeux
Que sur ceux qui l’ont avec eux.
68-L’ange par ce bien souverain
A son Créateur a su plaire,
Marie en avait le Cœur plein
Et Dieu l’a prise pour sa Mère,
C’est par la vertu que les saints
Ont consommé tous leurs desseins.
69-La vertu les a protégés
Contre leurs plus grands adversaires,
La vertu les a soulagés
Dans leurs douleurs les plus amères ;
Elle les a prédestinés,
Elle les a tous couronnés.
70-Malgré tout, les plus grands pécheurs,
Quoique très souvent ils critiquent,
Prisent la vertu dans leurs cœurs
Et même ceux qui la pratiquent,
Quoique par ses difficultés
Ils en soient souvent rebutés.
71-Les méchants consultent les bons,
C’est en eux qu’ils ont confiance
Pour vaincre leurs tentations,
Pour découvrir leur conscience ;
Ils trouvent dans leur entretien
La force, la joie et tout bien.
72-Les plus barbares des païens
Ont cru qu’elle était l’origine
Et la source de tous les biens,
Qu’elle était même si divine
Qu’ils ont mis au nombre des dieux
Ceux qu’ils croyaient l’avoir chez eux.
73-La vertu seule est d’un crédit
Et d’une force insurmontable ;
Tout lui cède, sans contredit,
Grand et petit, juste et coupable ;
Après quoi, malheureux chrétien,
Vous aurez honte de ce bien ?
74-La raison, la grâce et la foi
Montrent quelle est son excellence,
Qu’elle doit faire à tous la loi
Et tout réduire en sa puissance,
Que tous ses amis sont heureux
Et ses ennemis malheureux.
75-Les démons même et les damnés
Enragent d’en être incapables ;
Ils voudraient bien en être ornés
Pour n’être pas si misérables ;
Leurs tourments et leur désespoir
Est de ne la pouvoir avoir.
76-L’esprit malin est si jaloux
D’en voir une âme revêtue
Qu’il frappe et redouble ses coups
Jusqu’à ce qu’elle l’ait perdue.
Ce vieux serpent n’est envieux
Que contre les gens vertueux.
77-Amis du grand Dieu que je sers,
Pratiquons la tête levée,
Malgré le monde et les enfers,
La vertu la plus relevée,
Sans honte et sans crainte de rien,
Comme doit faire un vrai chrétien.
78-Qu’attendez-vous de ce mortel
Pour tant de lâches complaisances,
Pour ce respect si criminel,
Pour ces funestes déférences ?
Qu’il vous en estime plus ?
Vous vous trompez, c’est un abus.
79-Vous voyant si faible et changeant,
Si facile à faire le crime,
Pour quelque mot désobligeant
Il perdra pour vous toute estime ;
S’il vous loue à l’extérieur,
Ce n’est pas du fond de son cœur.
80-Si vous faites ce qui lui plait
De crainte de sa raillerie,
Il vous louera par intérêt,
Par politique ou flatterie ;
En cachette il rira de vous,
Vous voyant plus faible que tous.
81-Il se dira dans son esprit :
Je croyais cet homme un apôtre,
Un serviteur de Jésus-Christ,
Mais il est homme comme un autre,
Le respect humain l’a changé,
L’a fait tomber, l’a dérangé.
82-C’est notre ami, c’est notre sang,
C’est une âme noble et divine,
C’est un homme du premier rang ;
Mais si le monde le domine,
N’importe ! un sage en a pitié,
Malgré le sang et l’amitié.
83-Si personne ne vous reprend
Sur cette maudite pratique,
C’est l’intérêt qui le défend,
La prudence ou la politique.
Un mal deviendra-t-il un bien,
Parce qu’aucun n’en dira rien ?
84-C’est être fou de s’appuyer
Sur l’homme, ce roseau fragile,
De prendre pour son bouclier
Un morceau de boue et d’argile,
Qui nous trompe le plus souvent
Et qui tourne comme le vent.
85-C’est être fou de rechercher
L’amitié de ce ver de terre,
Lequel ne peut pas empêcher
Que Dieu ne vous fasse la guerre,
Pour vous ôter tout l’univers
Et vous plonger dans les enfers.
86-Quand vous avez fait le péché
Par honneur à la créature,
Quand vous aurez été taché,
Rendra-t-elle votre âme pure ?
Cet homme vous absoudra-t-il ?
Vous tirera-t-il du péril ?
87-Quand la mort vous attaquera,
Vous aidera-t-il en quelque chose ?
Quand le Seigneur vous jugera,
Viendra-t-il plaider votre cause ?
Pour lors vous sentirez, mondain,
Le malheur du respect humain !
88-Espérez-vous pouvoir trouver
La part pour plaire à tout le monde ?
A Jésus même, et se sauver
Sans que ni l’un ni l’autre en gronde ?
C’est un secret très inconnu,
Ceux qui l’ont voulu ne l’ont pu.
89-On ne peut pas, Jésus l’a dit,
Plaire au monde et plaire à Dieu même ;
L’un et l’autre se contredit,
D’un deux il faut être anathème.
Le monde est-il votre ennemi ?
Le Seigneur est donc votre ami.
90-Mauvais chrétien, prends ton parti ;
Tu fais une horrible alliance,
Tu n’es qu’un monstre travesti
Sous un beau nom de pénitence ;
Si Jésus-Christ est ton Seigneur,
Renonce à ce monde trompeur.
QUATRIÈME CANTIQUE : SES CRITIQUES
91-Tous les saints ont été battus
Et des mépris et des murmures.
Jusqu’à leurs plus rares vertus
Ont enduré mille censures.
Je dis plus : les plus grands pécheurs
Ne sont point exempts de censeurs.
92-Prétendez-vous par ces respects
Que personne ne vous méprise,
Que le monde vous laisse en paix
Et que personne ne vous nuise ?
Vous vous trompez très lourdement,
Vous êtes dans l’aveuglement.
93-Les orgueilleux vous décrieront,
Les envieux feront la rage,
Les savants vous critiqueront
Et vous serez repris du sage.
Tâcher de plaire à tous les fous,
C’est être le plus fou de tous.
94-Depuis votre conversion,
J’admire vos délicatesses.
Pour cacher la dévotion,
Vous usez de mille finesses,
Vous déguisez à tout instant
Les marques d’un vrai pénitent.
95-Hé quoi ! vous faisiez le péché
Malgré tout ce qu’on pouvait dire,
Quoique quelqu’un en fût fâché ;
Quoique vous donnassiez à rire,
Vous étiez tout ouvertement
Dans les plus grands dérèglements.
96-Vous aurez honte maintenant
De Dieu même et de son service ;
Ce changement est surprenant
Et plein d’erreur et d’injustice.
Hardi pour tout iniquité,
Honteux pour toute sainteté.
97-Quand il s’agit du temporel,
Vous ne craignez point la censure ;
S’agit-il du bien éternel,
Vous craigniez le moindre murmure ;
Vous fuyez comme un franc poltron
Au seul mot du qu’en-dira-t-on.
98-Mais je veux que le monde entier
Approuve en tout votre conduite.
Gagneriez-vous à ce métier ?
Seriez-vous heureux dans la suite :
« Que sert de gagner l’univers,
En se perdant dans les enfers ? »
99-Que je crains pour un pénitent
Dont l’estime est universelle,
Et que le monde flatte autant
Qu’une personne criminelle !
Je crois que sa conversion
Est une pure illusion.
100-Sachez que le monde et la chair
Attaquent l’âme convertie,
Que le démon et tout l’enfer
Se met souvent de la partie
Afin de la faire laisser
Son Dieu qu’elle vient d’embrasser.
101-Vous faites tout ce qu’il vous plaît
Et personne ne vous éprouve :
Oh ! que ce signe me déplaît !
Je crains que Dieu ne vous réprouve ;
Ses vrais amis sont maltraités,
Calomniés, persécutés.
102-Puisque les mondains sont pour vous
Et que vous êtes de leur suite,
Puisqu’ils vous favorisent tous,
C’est que vous suivez leur conduite ;
Mais si vous étiez converti,
Contre vous ils prendraient parti.
103-Loin de nous, pénitents trompeurs,
Gens complaisants et politiques,
Et qui vous attirez les cœurs
De peur d’en souffrir les critiques,
Et qui, malgré le Saint-Esprit,
Joignez le monde à Jésus-Christ.
104-Pour vous, pénitents généreux
Qui servez mon Dieu sans partage,
Fuyez les mondains malheureux,
Foulez aux pieds leur vain langage ;
Bravez l’enfer et, sur le lieu
Et dès aujourd’hui, servez Dieu.
105-Écoutez Jésus avec foi
Et sans craindre qu’on vous maudisse :
Qui regarde derrière soi
N’est pas digne de son service ;
Il veut que tous ses serviteurs
Bravent le monde et ses terreurs.
106-Quand tous vous tourneraient le dos
Et vous combattraient sur la terre,
Vous ne devez craindre ces maux,
Si Dieu ne vous fait pas la guerre ;
Car si le Seigneur est pour vous,
Nous aurons victoire sur tous.
107-Pratiquez le bien hardiment,
Mais pour Dieu seul et pour lui plaire,
Sans appréhender lâchement
Ce qu’on peut penser, dire ou faire,
Afin d’être la bonne odeur
De Jésus-Christ, votre Sauveur.
108-Parmi tant de qu’en-dira-t-on,
Choisissez bien, âme fidèle,
Non ceux du monde et du démon :
Laissez-les pour les infidèles,
Mais ceux des gens de piété
Et des Rois de l’Éternité.
109-Que dira le juste ici-bas ?
Que dira le saint de la gloire ?
Que diront ces braves soldats
Qui tiennent en main la victoire ?
Que dira Dieu, mon Créateur ?
Que dira Jésus, mon Sauveur ?
110-Si je ne fais un tel effort
De peur de devenir coupable,
Qu’en dira-je au temps de la mort ?
Qu’en dira mon Juge équitable ?
Qu’en dira-t-on au jugement ?
Ah ! le qu’en-dira-t-on charmant !
111-Ne vous laissez pas captiver,
Encore un coup, je vous en prie,
Car enfin il faut se sauver,
Quoi qu’on en gronde et qu’on en crie.
Pour Dieu, rendez-vous tout à tous,
Mais du péché défendez-vous.
112-C’est le moyen de réparer
Les scandales de tous vos frères,
De bien vivre et persévérer
A suivre les pas de vos pères,
Pour régner à jamais comme eux
Avec le Seigneur dans les Cieux.
CINQUIÈME CANTIQUE : SES CAUSES
113-Qui cause ce respect humain,
Sinon l’orgueil ou bien l’envie,
Le faste ou l’intérêt mondain,
L’attache aux plaisirs de la vie ?
L’amour du monde dans un cœur
En est le principal auteur.
114-On fait entrer en ce poison
Une promesse, une menace,
Une apparence de raison,
Une critique, une grimace,
Une injure, un vain sobriquet,
Une action qu’on contrefait.
115-Si l’homme n’est pas abattu
Avec toutes ces batteries,
On vient attaquer sa vertu
Des plus piquantes railleries,
Des outrages les plus sanglants
Et des coups les plus accablants.
116-Ce poison partout répandu
A mis toute la terre en flammes,
Il s’est presque partout rendu
Le maître des plus saintes âmes :
Le religieux le plus saint,
Avec le prêtre, en est atteint.
117-Ah ! que c’est un subtil poison
Et qu’il est aisé qu’on le boive !
Dans une apparente raison,
On le prend sans qu’on s’aperçoive.
De l’oreille il va jusqu’au cœur
Et terrasse enfin le pécheur.
118-Serai-je aussi vaincu, Seigneur ?
En ma faveur prenez les armes
Pour vaincre le monde trompeur,
Son respect humain et ses charmes.
Pour vous servir, plus que jamais,
Voici ce que je vous promets :
119-Je veux agir tout simplement,
Selon vous, Divine Sagesse,
Sans art et sans déguisement,
Sans politique et sans finesse,
Sans aucun mépris du prochain,
Mais aussi sans respect humain.
120-Je veux faire profession
D’être dévot, mais véritable ;
D’acquérir la perfection
Autant que j’en serai capable,
Et d’aller à la sainteté
Sans regarder d’aucun côté.
121-Pour cela, sur les pas des saints,
Je veux suivre l’avis d’un sage,
Afin qu’il me prête les mains
A servir mon Dieu sans partage,
Sans aucune indiscrétion
Et sans aucune illusion.
122-Je veux me faire tout à tous
Sans nulle lâche complaisance,
Pour tâcher de les gagner tous
A Jésus par la pénitence,
Tout à tous, sans aucun péché,
Sans que le bien soit empêché.
123-Si le bien est indifférent
Et que quelqu’un s’en scandalise,
Pour lors, comme un homme prudent,
Je m’en abstiendrai sans remise,
De peur que je ne fasse tort
A ceux pour qui Jésus est mort.
124-Je soutiendrai, mais puissamment,
L’homme faible près de sa chute,
Je le reprendrai doucement,
Sans crainte qu’on m’en persécute ;
Mais pour rompre l’iniquité,
J’aurai toute la fermeté.
125-Loin de moi ces vains compliments
Qu’a trouvés la sagesse humaine,
Et tous ces grands raffinements
Qui font aujourd’hui tant de peine,
Qu’on étudie avec grand bruit,
Mais dont on ne tire aucun fruit.
126-Loin de moi ces gens si polis
Avec leurs belles révérences,
Leurs airs galants et si jolis,
Leurs contorsions, leurs cadences.
J’aime beaucoup l’honnêteté,
Mais non pas la mondanité.
127-Loin de moi ces mauvais soldats
Qui craignent quelque mot qui vole,
Et qui mettent les armes bas
Pour quelque petite parole,
Et qui sont tout tremblants de peur
Au moindre fantôme trompeur.
128-Je méprise tout ce qu’on dit
Et tous les mondains axiomes
Comme un langage tout maudit,
Ou du moins comme des fantômes,
Qui semblent d’abord des raisons,
Quoiqu’au fond ce soient des poisons.
129-Le monde parle puissamment
Afin d’inspirer ses maximes.
Il se sert très subtilement
Des vertus, même pour les crimes ;
Il a mille détours secrets,
Pour nous prendre dans ses lacets.
SIXIÈME CANTIQUE : AXIOMES DU MONDE
130-Vous convertir ? tout beau, tout beau,
Un bon esprit jamais ne change ;
Ce changement est trop nouveau,
Tout le monde le trouve étrange.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
131-C’est un scrupule de dévot,
Tout cela n’est qu’un feu de paille ;
Voulez-vous passer pour bigot,
Et que tout le monde vous raille ?
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
132-Ce confesseur est scrupuleux,
Il damne tout le monde en chaire ;
On vous traite d’un cerveau creux
Et d’un homme extraordinaire.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
133-Dieu ne demande pas de vous
Tel bien ou telle pénitence,
L’orgueil se cache là-dessous,
L’amour-propre et la suffisance.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
134-Mon Dieu, quelle dévotion !
Mon Dieu, quelle bigoterie !
Vous êtes dans l’illusion,
Si vous saviez comme l’on crie !
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
135-Laissez là la méditation,
C’est une chose dangereuse,
Sujette à la tentation,
Où l’âme devient paresseuse.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
136-A quoi bon tant de chapelets ?
Travaillez, va plutôt, mon frère ;
Vous devriez vous contenter
De votre prière ordinaire.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
137-Fuyez la singularité :
Les bonnes vertus sont secrètes.
Gare à vous, à la vanité,
Vous montrez trop ce que vous faites.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
138-Vous avez beaucoup de talent,
Tâchez de hanter le beau monde,
Ayez l’air civil et galant,
Afin que personne ne gronde.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
139-Par vos habits, par vos façons,
Vous apprenez à tous à rire ;
On fera sur vous des chansons,
Mais je veux pas tout vous dire.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
140-Si vous voulez baisser les yeux
Et vivre ainsi comme un sauvage,
Il faudrait vous faire chartreux,
Ou vous mettre en un ermitage.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
141-Je suis votre ami, croyez -moi,
Faites donc comme un tel ou telle,
Ne vous faites pas une loi
D’une petite bagatelle.
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
142-Ce n’est pas moi seul qui le dis :
C’est telle et tel, c’est votre père.
Eh quoi ! sont-ils des étourdis,
Ignorent-ils comme il faut faire ?
Gare à ce mensonge couvert,
Il nous sourit, mais il nous perd.
143-Le monde imposteur en dit tant
Pour autoriser ses coutumes,
Qu’on pourrait suffisamment
L’exprimer en plusieurs volumes,
Pour réfuter bien à loisir
Ses mensonges faits à plaisir.
144-O maudit respect pour la chair,
Maudite engeance de vipère,
Maudit rejeton de l’enfer,
Maudite source de misère,
O destructeur de bons desseins,
O grand persécuteur des saints !
145-Je te prends pour mon ennemi,
Et je te déclare anathème.
Je prends Dieu seul pour mon ami,
Publiquement, malgré toi-même,
Sans craindre ce que tu diras,
Ni même ce que tu feras.
146-Je veux partout, pour imiter
L’exemple que Jésus me donne,
Faire le bien sans désister,
Sans voir, ni sans craindre personne,
Afin d’avoir le nom divin
D’un homme sans respect humain.
PRIÈRE
147-A mon secours, Reine des Cieux,
A mon secours, Vierge très sainte,
Contre le monde malheureux,
Son respect humain et sa crainte,
Pour les vaincre avec votre Fils,
Malgré tous les plus grands périls.
148-O grand Dieu, prêtez-moi la main,
Mais votre main toute-puissante,
Pour vaincre le respect humain,
Cette bête si ravissante.
J’espère en vous, mon cher Jésus,
Je ne serai jamais confus.
149-Vraiment je serai bienheureux,
Si, pour vous suivre en cette vie,
Je suis contredit en tous lieux
Par la calomnie et l’envie ;
Si, malgré le qu’en-dira-t-on
Et malgré l’enfer, je tiens bon.
150-Ah ! que je ne sois pas trompé
Par ce délicat sortilège,
Que je ne sois point attrapé
Par cet humain et ce fin piège,
Mais qu’à l’ombre de votre Croix
Je meure fidèle à vos lois.
151-Haï du monde et méprisé,
Contraire aux maximes mondaines,
Pauvre, souffrant et délaissé,
Tout chargé de croix et de peines,
Mais soutenu de votre bras
Pour ne jamais tomber à bas.
152-Si quelqu’un est bien converti,
Qu’il me croie et prenne les armes,
Qu’il se range de mon parti
Contre le monde et ses alarmes,
Pour suivre un Dieu victorieux
Sur le Calvaire et dans les Cieux.
Noël des enfants (cantique de St L-M de Montfort)
Les perfections divines (cantique de St L-M de Montfort)
LES ENFANTS :
1- Enfants l’ont m’a dit
Qu’un Dieu vient de naître.
Qui m’aime me suit
Vers ce petit Maître :
Allons vitement,
Allons promptement.
2- Allons, chers enfants,
Pour baiser ses langes,
Par nos bégaiements
Formons ses louanges.
Disons-lui bonjour,
Faisons-lui la cour.
3- Petit Roi des cieux,
Tout vous rend hommage,
Recevez les vœux
De notre bas âge.
Nous vous saluons,
Nous vous bénissons.
4- Qu’est-ce qui vous met
Dedans cette étable ?
Qu’est-ce qui vous fait
Pauvre et misérable ?
Nous vous prions tous
De venir chez nous.
5- Nous vous logerons
Avec votre Mère,
Nous vous servirons
En toute manière.
Vous y serez bien,
Sans manquer de rien.
JÉSUS ENFANT :
6- Tout Dieu que je suis,
J’aime l’indigence,
J’aime le mépris,
J’aime la souffrance.
Je suis bien ici,
Car je l’ai choisi.
7- Mes petits amis,
Votre bienveillance
Recevra son prix
Et sa récompense.
Si je suis enfant,
Je suis tout-puissant.
8- Vous voyez ici
Dans moi votre enfance.
Que je voie aussi,
Dans vous, l’innocence,
La simplicité
Et la charité.
9- Parez votre cœur,
C’est là ma demeure,
C’est où ma grandeur
Se plaît à toute heure,
C’est là le présent
Que j’aime ardemment.
LES ENFANTS :
10- Prenez, Roi des cieux,
Nos cœurs pleins d’enfance,
Et régnez sur eux
Par votre puissance.
Ce que nous avons,
Nous vous le donnons.
11- Enfants, qu’il fait bon
Être en cette étable !
Ô petit poupon,
Que vous êtes aimable !
Ô petit Agneau,
Que vous êtes beau !
12- Ô Jésus, tenez
Nos cœurs et nos âmes,
Vous les remplirez
De vos saintes flammes.
Car nous vous donnons
Ce que nous avons.
13- Avant de partir,
Notre aimable Frère,
Daignez nous bénir
Avec votre Mère.
Ô Jésus, à Dieu !
Ô Marie, à Dieu !
14- Non, je ne veux plus
Que l’on me caresse :
J’ai trouvé Jésus
Tout plein de tendresse.
Oh ! qu’il est bénin !
Oh ! qu’il est divin !
I- LES PERFECTIONS DE DIEU
1- Bénissons sa clémence,
Publions sa douceur,
Adorons sa grandeur,
Exaltons sa puissance.
R./ Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits ;
Exaltons à jamais
Le Seigneur dans ses hauts faits ;
Adorons à jamais
Le Seigneur dans ce qu’il est ;
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses beaux faits.
2- Il est bon par nature,
Il est doux sans rigueur,
Il est beau sans laideur,
Il est grand sans mesure.
3- Il n'a point son semblable.
S'il pardonne ou punit,
S'il forme ou s'il détruit,
En tout il est aimable.
4- Il est saint en lui-même,
Juste en ses châtiments,
Bénin en ses présents,
Doux à celui qui l'aime.
5- Il est par sa puissance
Présent en tous les lieux,
Et la terre et les cieux
Sont pleins de sa présence.
6- Sa colère est extrême
Quand il est irrité,
Mais il n'est que bonté
Et qu'amour en lui-même.
7- Son être est plus sublime
Que tous les cieux ne sont,
Plus vaste et plus profond
Que la mer et l'abîme.
8- Que sa gloire est immense !
Les plus hauts séraphins,
Tous les cieux et les saints
Tremblent en sa présence.
9- Oh ! qu'il est adorable !
Qu'il est indépendant !
Qu'il est saint, qu'il est grand,
Mais qu'il est ineffable !
10- Oh ! qu'il est un grand Maître !
Il a toujours été
De toute éternité,
Il ne cessera d'être.
II- LES LOUANGES DE DIEU DANS SES ŒUVRES
11- Il a d'une parole
Tout tiré du néant :
Les cieux, le firmament,
Et l'un et l'autre pôle.
R./ Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits ;
Exaltons à jamais
Le Seigneur dans ses hauts faits ;
Adorons à jamais
Le Seigneur dans ce qu’il est ;
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses beaux faits.
12- Par lui seul tout subsiste ;
Tout lui devient soumis,
Jusqu'à ses ennemis,
Et rien ne lui résiste.
13- Sa douce Providence
Règle tout fortement,
Conduit tout sagement,
Sans qu'aucun autre y pense.
14- Il produit et dispose
Tout jusqu'au moucheron
Et , sans confusion,
Il connaît chaque chose.
15- Ce grand Dieu fait les villes,
Il peuple l'air d'oiseaux,
La terre d'animaux ;
Il fait jusqu'aux reptiles.
16- Son bras forme la foudre
Et le tonnerre en l'air,
La tempête sur mer
Et sur terre la poudre.
17- Il prend autant de peine
A faire un petit ver
Qu'à produire en la mer
Une grande baleine.
18- Il soutient tous les hommes
Et tout le firmament,
Aussi facilement
Que les moindres atomes.
19- Sans accepter personne,
Il cherche à pardonner,
Il n'aime qu'à donner,
Il est content s'il donne.
20- Il donne en abondance,
Mais c'est sans s'appauvrir ;
Il diffère à punir,
Mais c'est sans impuissance.
21- Comme un coup de tonnerre,
Ce Dieu, juste et vengeur,
Écrase l'empereur
Ainsi qu'un ver de terre.
22- Cette Majesté sainte,
Devant qui me voilà
Et qui me jugera,
Me fait trembler de crainte.
23- Il cherche en la poussière
Le pauvre et l'innocent,
Pour le rendre puissant
Et l'orner de lumière.
24- Il montre au ciel sa gloire,
Sur terre sa douceur,
En enfer sa rigueur,
Et partout sa victoire.
III- LES LOUANGES DE DIEU POUR SES BIENFAITS
25- Bénissez-le, saints Anges,
Louez sa majesté,
Rendez à sa bonté
Mille et mille louanges.
R./ Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits ;
Exaltons à jamais
Le Seigneur dans ses hauts faits ;
Adorons à jamais
Le Seigneur dans ce qu’il est ;
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses beaux faits.
26- Oh ! que c'est un bon Père !
Qu'il a grand soin de nous !
Il nous supporte tous
Malgré notre misère.
27- Comme un Pasteur fidèle,
Il a, non sans travail,
Reconduit au Bercail
Une brebis rebelle.
28- Il a brisé ma chaîne
Comme un puissant vainqueur,
Et comme un doux Sauveur
Il m'a mis hors de peine.
29- Il a guéri mon âme
Comme un bon médecin,
Comme un maître bénin
Il m'a rendu le calme.
30- Il a pris pour son temple
Et mon corps et mon cœur,
C'est là que sa grandeur
Nuit et jour se contemple.
31- Que tout loue en ma place
Un Dieu si plein d'amour,
Qui me fait chaque jour
Quelque nouvelle grâce !
32- Il est mon très cher Père,
Il prend grand soin de moi,
Il me tient près de soi,
Il m'aide en ma misère.
33- Sa bonté me supporte,
Sa lumière m'instruit,
Sa beauté me ravit,
Son amour me transporte.
34- Sa douceur me caresse,
Sa grâce me guérit,
Sa force m'affermit,
Sa charité me presse.
35- Dieu seul est ma tendresse,
Dieu seul est mon soutien,
Dieu seul est tout mon bien,
Ma vie et ma richesse.
Notre-Dame des Ombres (cantique de St L-M de Montfort)
Les jeux de hasard (cantique de St L-M de Montfort)
1-Le jeu, de soi, n’est pas un mal,
Il ne contient rien de fatal,
C’est bien tout le contraire :
C’est une récréation
Sans effort ni contention,
C’est un juste relâchement
Pour travailler plus fortement
Quand il est nécessaire.
2-Dieu n’a pas défendu le jeu
Quand il est fait en temps et lieu,
Sans choquer sa Sagesse ;
Pour se délasser doucement,
Pour se réjouir saintement,
Pour récréer notre prochain,
Pour chasser de soi le chagrin,
Le trouble et la tristesse.
3-Des saints, quoique très sérieux,
Ont joué quelquefois des jeux,
Comme on lit dans l’histoire ;
Leur charité les inventait,
Le Saint-Esprit les y portait,
C’était des jeux très innocents,
Charitables compatissants,
Pleins de grâce et de gloire.
4-Voici les qualités du jeu
Pour être glorieux à Dieu,
Pour être salutaire :
Évitez les jeux de hasard,
Car l’âme s’y perd tôt ou tard,
Les jeux d’esprit sont les meilleurs ;
Dieu les aime en ses serviteurs,
Ceux qui jouent pour lui plaire.
5-Le jeu ne doit pas être ardent,
Mais modéré, doux et prudent,
Dans un temps convenable,
Sans dispute, plein de douceur,
Sans injustice, plein d’honneur,
Modeste sans captivité,
Sans intérêt d’iniquité,
Honnête et charitable.
6-Au lieu des cartes et des dés,
Prenez les dames, les échecs
Ou des jeux de la sorte ;
N’y jouez pas à tous moments,
Mais en certains lieux, certains temps,
Avec quelque ami du bon Dieu.
Pour lors, on vous permet le jeu
Et même on vous y porte.
7-Mais combien de jeux défendus !
Combien de gens s’y sont perdus
Sans en voir la malice !
Les jeux du hasard sont trouvés
Par le diable et les réprouvés,
Pour perdre le temps précieux
Donné pour acquérir les cieux
En faisant la justice.
8-O temps, ô don du Saint-Esprit,
O prix du sang de Jésus-Christ,
O temps d’un prix immense !
Joueur de cartes et de dés,
Quand tu mourras, mille regrets
D’avoir ainsi perdu ton temps
En tes jeux et vains passe-temps,
Sans faire pénitence.
9-Si les damnés dans les enfers
Avaient une heure que tu perds,
Suivraient-ils ta folie ?
On les verrait pleurer, crier,
Jeûner et se mortifier.
Ah ! que feraient-ils s’ils l’avaient ?
Tu l’as, fais donc ce qu’ils feraient,
Le reste de ta vie.
10-Un joueur est toujours troublé,
Inquiet, changeant, déréglé,
De même que sa chance ;
Il perd, par son esprit de gain,
La charité pour le prochain,
Il ne cherche qu’à l’attraper,
Qu’à le surprendre et le tromper,
Sans aucune indulgence.
11-Que de péchés fait un joueur,
Des mains, de la bouche et du cœur,
Sans presque qu’il y pense !
Des blasphèmes, des jurements,
Des cris et des emportements,
Mille mensonges déguisés,
Mille larcins fins et rusés,
La haine et la vengeance.
12-Un joueur passe dans son jeu,
Il n’est plus pour soi ni pour Dieu,
C’est le jeu qui l’entraîne.
Dans le jeu sont tous ses transports,
Toute son âme et tout son corps,
C’est pour lui seul qu’il est actif,
C’est de lui seul qu’il est captif,
C’est sa cruelle chaîne.
13-On croit au jeu gagner du bien,
Mais tant s’en faut : on perd le sien,
C’est ce que l’on éprouve.
L’argent gagné par un joueur,
N’étant point béni du Seigneur,
Tôt ou tard fait mauvaise fin,
Les saints l’appellent un larcin,
Mais le plus fin qu’on trouve.
14-Un joueur ami du brelan
Est un fin voleur de Satan,
Mais voleur véritable
Qui vole ses pauvres enfants,
Sa femme et ses pauvres parents ;
Croyant que son bien est à lui,
Il meurt avec le bien d’autrui,
O malheur déplorable !
15-Il est pour Dieu plein de froideur,
Plein de paresse et de tiédeur
Pour le bien de son âme ;
La messe dure trop longtemps,
Il s’éloigne des sacrements ;
Méchant, endurci, paresseux,
Il roule, il va de jeux en jeux
Et des jeux dans les flammes.
16-Les joueurs sont des boute-feux,
Des fainéants, des scandaleux
En toute république ;
Ils montrent toute iniquité
En enseignant l’oisiveté.
Ces jeux publics et les brelans
Font périr quantité de gens,
C’est la perte publique.
17-Les rois ont défendu les jeux
Sous des châtiments rigoureux,
Comme une fine peste.
Les Conciles par leurs canons,
Les saints Pères par leurs raisons
Lancent anathèmes contre eux.
Malgré tout, le monde en tous lieux
Met le poison funeste.
18-Monde trompeur, retire-toi,
Tu ne me feras pas la loi
Par tes jeux diaboliques.
Avec toi jamais, nulle part.
Malheur à tes jeux de hasard !
Malheur même à tous tes joueurs !
Afin d’éviter leurs malheurs,
J’évite leurs pratiques.
1-C’est par Marie
Que le Ciel veut nous charmer ;
Pour être heureux il faut l’aimer,
Tout nous convie
A l’aimer en cette vie.
R./Qu’il est doux, qu’il est doux !
A son ombre cachons-nous.
2-C’est sous ses ailes
Qu’à l’ombre de sa bonté
Les pécheurs sont en sûreté,
Les plus rebelles
Deviennent les plus fidèles.
3-Que tout espère
Sous l’ombre de son saint Nom,
Caché sous sa protection !
A sa prière,
Dieu calme enfin sa colère.
4-Que tout admire
L’éclat de sa sainteté
Sous l’ombre de l’humilité.
Qui pourra dire
Ce secret de son empire ?
5-Quel grand mystère !
Car l’ombre du Saint-Esprit
En elle forma Jésus-Christ,
La fit sa Mère,
Sans en devenir le père.
6-Sa foi brillante
Dans son obscur merveilleux
Surpasse les astres des cieux.
Tout le Ciel chante
Oh ! que son ombre est puissante.
7-Quoique plus noire
Que les tentes de Cédar,
Tous les pavillons d’un César
Ont moins de gloire
Que n’a cette Tour d’ivoire.
8-Cette ombre sainte
Fait plus trembler les démons
Que mille et mille bataillons ;
L’enfer en crainte
N’en peut supporter l’atteinte.
9-C’est auprès d’elle
Qu’on repose en ses travaux,
Qu’on est à l’abri de tous maux,
Que le fidèle
Goûte une joie immortelle.
10-Toute espérance
Sous l’ombre de son manteau !
Jamais l’enfer, le feu, ni l’eau,
Jamais puissance
Dans ce fort ne nous offense.
11-Tout doit se rendre
A ce refuge assuré,
Jusqu’au pécheur désespéré.
Rien de si tendre :
Allons-y donc sans attendre.
12-Dans ce bocage,
Dans ces retraites de paix,
Dans les ombres de ces forêts,
Quel avantage !
Quel silence et quel langage !
13-Quelle tendresse,
Quel doux rafraîchissement,
Quel repos, quel plaisir charmant !
Quelle allégresse
Auprès de cette Princesse !
14-Dans le silence,
Dans l’ombre et l’obscurité,
Marie a caché sa beauté.
Le Ciel ne pense
Qu’à la mettre en évidence.
15-Divine Mère,
Régnez au milieu de moi
Dans les ombres de votre foi,
Pour croire et faire
La volonté de mon Père.
16-Pleine de grâce
Par l’ombre du Saint-Esprit,
Formez en mon cœur Jésus-Christ.
Fondez mes glaces
Afin de suivre vos traces.
17-Ma confiance
Est en vous, Reine des cieux,
Pour, à votre ombre, vivre heureux,
Dans l’espérance
D’avoir Dieu pour récompense.
La Flagellation (cantique de St L-M de Montfort)
Le Purgatoire (cantique attribué à St L-M de Montfort)
1-Écoutez les voix lamentables
Et les soupirs des trépassés,
Qui, se voyant si délaissés,
Jettent des cris si pitoyables :
R.1/Parents, amis, secourez-nous,
Hélas! nous brûlons, hâtez-vous.
2-J’entends, hélas ! ces pauvres âmes,
J’entends leurs soupirs et leurs pleurs.
J’entends les plaintes, les clameurs
Qu’elles font au milieu des flammes.
3-O Dieu d’amour, ô notre Père !
O centre unique de nos cœurs !
Ah ! quand verrons-nous vos splendeurs !
Ah ! que votre absence est amère !
4-Écoutez, chrétiens charitables.
Vos enfants, parents et amis ;
Ne soyez pas sourds à nos cris,
Écoutez nos voix lamentables.
5-C’est moi-même, hélas ! votre père,
Qui vous aimais tant autrefois :
Enfants, reconnaissez la voix
De votre misérable mère.
6-Ah ! vous vivez dans l’abondance,
D’un bien que je vous ai laissé ;
Je m’en suis trop embarrassé,
Prenez part à ma pénitence.
7-Faut-il que les jeux et la danse
Fassent votre occupation,
Sans penser à l’affliction
Des auteurs de votre naissance ?
8-Pensez que vous êtes mon père,
Vous dit ailleurs ce pauvre enfant,
Ayez pitié de votre sang,
Soulagez-moi dans ma misère.
9-Soulagez-moi dans ma souffrance.
Vous dit ce frère ou cette sœur :
Étant cause de ma douleur,
Prenez part à ma délivrance.
10-Ah ! que nos douleurs sont cuisantes !
Ah ! que nos feux sont dévorants !
Nos chers voisins, nos chers parents,
Écoutez nos plaintes pressantes.
11-Je suis ce compagnon fidèle
Qui vous aimait tant autrefois :
Ami, reconnaissez la voix
De cet ami qui vous appelle.
12-Moi qui n’ai ni père, ni mère,
Mort sans parents et sans amis,
Vers qui porterai-je mes cris ?
Qui prendra part à ma misère ?
R.2/Chers inconnus, secourez-nous,
Hélas ! nous brûlons, hâtez-vous.
13-Hélas ! j’ai beau crier à l’aide,
Personne ne vient au secours ;
A qui donc aurai-je recours ?
Nul ami pour moi n’intercède.
14-Vous couchez sur la douce plume,
Ayant tous vos contentements ;
Et nous, au milieu des tourments,
Et dans une mer d’amertume.
15-Voyez nos maux, voyez nos peines.
Soulagez-nous dans ces prisons :
Vos jeûnes et vos oraisons
Peuvent briser toutes nos chaînes.
16-Chrétiens, si, dans le purgatoire,
Vous venez éteindre nos feux,
Lorsqu’au Ciel nous serons heureux,
Nous procurerons votre gloire.
17-Faites, Seigneur, que les fidèles,
Qui sont morts dans la charité,
Aillent dans la félicité
Goûter les douceurs éternelles ;
Dernier R./Par nos vœux et par leur douleur,
Laissez-vous attendrir le Cœur.
1-Allons tous dans le Prétoire,
Le cœur touché de douleur,
Contempler le Roi de gloire
Maltraité comme un voleur.
2-Quatre bourreaux pleins de rage,
Comme des loups ravissants,
Lui tirent avec outrage
Tous ses pauvres vêtements.
3-Cette insolente canaille,
Ayant dépouillé Jésus,
S’en divertit et s’en raille
Pour le rendre plus confus.
4-On le garrotte, on le lie
Contre un infâme poteau.
On lui dit par moquerie :
Le voyez-vous ? Qu’il est beau !
5-L’un a des cordes nouées,
L’autre a des chaînes de fer,
Et tous ont les mains armées
Comme des démons d’enfer.
6-O chose très étonnante !
Cette troupe de soldats
Sur cette chair innocente
Décharge à grands tours de bras.
7-Ils le couvrent de blessures
Et le déchirent de coups,
On ne voit que meurtrissures,
Que cicatrices, que trous.
8-Il n’en peut plus, ce bon Maître,
Son Sang coule par ruisseaux !
Et ses os se font paraître,
Sa chair tombant par lambeaux.
9-Hélas ! il est de faiblesse
Tombé dans son propre Sang,
Et cependant on ne cesse
De battre cet innocent.
10-O bourreaux impitoyables,
Arrêtez votre courroux ;
C’est nous qui sommes coupables,
Frappez donc plutôt sur nous.
11-Considérez qu’il endure
Cet effroyable tourment
Sans qu’il s’en plaigne ou murmure,
Tant son amour est ardent.
12-O Souveraine Clémence,
Voyez Jésus, votre Fils !
Arrêtez votre vengeance,
Ou que nous soyons punis.
13-Les bourreaux, de défaillance,
Ne peuvent plus le frapper,
Mais par son amour immense
Il n’est pas las d’endurer.
14-Pécheurs, ce sont nos offenses
Et nos sensualités
Qui causent tant de souffrances
A cet objet de pitié.
15-Viens-t’en, pécheur impudique,
Considérer la douleur
Que tu causes au Fils unique
Du Souverain Créateur.
16-Viens dans le Sang de ses veines
Rencontrer ta guérison,
Et n’augmente pas ses peines
En suivant ta passion.
17-Faisons, faisons pénitence,
Pleurons ces maux nuit et jour,
Usons de reconnaissance,
Rendant amour pour amour.
18-Ô Sauveur tout débonnaire,
Par ce corps meurtri de coups,
Apaisez votre colère
Et nous pardonnez à tous !
Les vanités du monde (cantique de St L-M de Montfort)
La Communion (2 cantiques attribués à St L-M de Montfort)
1-Vanité dans les biens du monde,
Vanité des vanités !
C’est sur vos vérités,
O mon Dieu, que mon cœur se fonde.
R./Vanité des vanités,
Tout n’est que vanité !
2-Qu’est-ce que toute créature ?
Ce n’est, comme il est écrit,
Qu’affliction d’esprit,
Qu’un vain fantôme plein d’ordure.
3-Vanité, que l’homme et sa vie !
La chair n’est qu’un peu de foin
Dont on n’a pas besoin.
Pourquoi donc en avoir envie ?
4-Ses plaisirs sont un tas d’ordure,
Ses biens, un peu de métal,
Son repos, un travail,
Sa gloire, une fumée impure.
5-Loin de moi, ces hommes de terre,
Ces hommes d’or et d’argent
Que ce métal changeant
Met dans le trouble et dans la guerre.
6-Loin de moi, gens de bonne chère,
Qui n’aimez que vos plaisirs,
Qui suivez vos désirs,
Qui n’aimez qu’à rire et qu’à plaire.
7-Loin de nous, ces filles mondaines,
Ces idoles de beauté,
Qui par leur vanité
Enchantent plus que les sirènes.
8-C’est trop peu qu’un bien périssable,
Qu’un bien caduc et mortel ;
Pour mon cœur immortel,
Il veut un bien qui soit durable.
9-C’est vous seul, bonté souveraine,
Qui pouvez remplir mon cœur ;
Vous êtes son bonheur,
Sans vous il est toujours en peine.
10-Fussiez-vous avec avantage
Un Alexandre, un Samson,
Crésus et Salomon,
Le cœur demande davantage.
11-Que le monde entier se transporte
Dans mon cœur pour le remplir ;
Ce cœur, dans son désir,
Dira toujours : apporte, apporte.
LES DÉSIRS DE LA SAINTE COMMUNION
1-Voici votre brebis, Pasteur incomparable,
Qui languit à vos pieds, envers vous trop coupable.
R./ Venez, mon Dieu, venez, mon doux Sauveur,
Venez régner au centre de mon cœur. (bis)
2-Recevez votre enfant, ô Père débonnaire !
Voyez couler ses pleurs, écoutez sa prière.
3-Sans cesse je gémis, sans cesse je soupire ;
Je suis tout hors de moi, soulagez mon martyre.
4-Pour terminer mes maux, ô bonté tout aimable !
Permettez-moi d’aller à votre sainte Table.
5-O victime d’amour ! ô salutaire Hostie !
O pain délicieux, vous seul donnez la vie.
6-Pour vous donner à nous, divin Sauveur des hommes,
Consultez vos bontés, et non ce que nous sommes.
7-Oui, c’est Jésus lui-même, et non pas sa figure,
Qui dans ce Sacrement se donne en nourriture.
8-Je suis tout embrasé de sa divine flamme,
Jésus-Christ vit en moi, c’est l’âme de mon âme.
9-Seigneur, pour vos bienfaits, tout à vous je me donne :
Cœur, esprit, biens, talents et toute ma personne.
10-Vous êtes pour les bons une manne céleste ;
Votre chair au pécheur est un poison funeste.
******************************
APRÈS LA COMMUNION
1- Ah ! que je goûte de douceur,
Quand Jésus repose en mon cœur !
Des ennemis de mon bonheur
Je ne crains plus les armes.
Quand Jésus repose en mon cœur,
Que mon sort a de charmes !
2- Je sens renaître mon ardeur,
Quand Jésus repose en mon cœur.
En vain du monde séducteur,
La beauté se présente :
Quand Jésus repose en mon cœur,
Ce seul objet m’enchante.
3- Je foule aux pieds le faux honneur,
Quand Jésus repose en mon cœur.
Des fiers monarques, la grandeur
Lui cède la victoire.
Quand Jésus repose en mon cœur,
J’en fais toute ma gloire.
4- Puis-je goûter un bien trompeur,
Quand Jésus repose en mon cœur ?
La grâce de ce doux Sauveur
Me met dans l’abondance :
Quand Jésus repose en mon cœur,
Ma richesse est immense.
5- Je suis content dans ma douleur,
Quand Jésus repose en mon cœur ;
Des croix j’embrasse la rigueur,
Comme un joug tout aimable :
Quand Jésus repose en mon cœur,
Ma joie est ineffable.
N-D du Bel-Amour (sur le canon de Pachelbel, cantique de St L-M de Montfort)
Notre-Dame de Toute-Patience (cantique de St L-M de Montfort)
1-A mon secours,
O douce et divine Marie,
A mon secours !
Je souffre et gémis tous les jours.
A mes maux soyez attendrie,
Délivrez-m’en, je vous en prie.
A mon secours !
2-Secourez-moi,
Vous êtes pleine de clémence,
Secourez-moi !
Tout est soumis à votre loi,
Donnez-moi donc quelque assistance
Ou bien le don de patience.
Secourez-moi !
3-Parlez, parlez,
Vous pouvez tout, puissante Reine,
Parlez, parlez !
Je suis guéri si vous voulez,
D’un seul mot vous romprez ma chaîne
Et vous ferez cesser ma peine.
Parlez, parlez !
4-Par charité,
Soulagez-moi dans ma misère.
Par charité,
La patience ou la santé.
C’est en vous seule que j’espère,
Montrez que vous êtes ma Mère.
Par charité !
5-N’êtes-vous plus
Le remède des incurables ?
N’êtes-vous plus
La santé des pauvres perclus,
Le grand refuge des coupables,
L’unique appui des misérables ?
N’êtes-vous plus ?
6-Frappez, frappez,
L’ennemi me presse et me tente,
Frappez, frappez,
Écrasez, foulez à vos pieds.
Sous votre main toute-puissante,
Tout l’enfer prendra l’épouvante.
Frappez, frappez !
7-Quoi ! sous vos yeux
Je mourrais dans mon indigence ?
Quoi ! sous vos yeux
Je périrais, Reine des cieux ?
Non, non, j’ai mis mon espérance
En votre nom plein d’abondance.
Quoi ! sous vos yeux ?
1-J’ai la Mère du Bel-Amour
Présente à mon cœur nuit et jour ;
Marie enflamme
Toute mon âme ;
Mais d’une flamme
De charité,
Par sa grande bonté,
Par sa rare beauté :
Mon cœur en est tout transporté !
2-Reine des cœurs, Reine des Cieux,
Que votre règne est merveilleux !
O ma Maîtresse !
Votre tendresse
Nourrit, sans cesse,
Mon pauvre cœur
De grâce et de douceur ;
Entretient sa ferveur.
Ou le supporte, en sa langueur.
3-Si le monde la connaissait,
Tout le monde réclamerait
Son assistance,
Son abondance,
Et sa clémence ;
Chacun aurait
Ce qu’il désirerait :
Son cœur accorderait
Plus qu’on ne lui demanderait.
4-Elle est un asile assuré
Pour le pécheur désespéré.
L’âme affligée.
Qui l’a trouvée,
Est consolée
Dans sa douleur.
A la faute, au malheur,
Dieu donne, en sa faveur,
A pleines mains, grâce et bonheur.
5-Me confiant en son appui,
Je vis sans crainte et sans ennui.
C’est ma fidèle,
Ma toute belle.
Sous sa tutelle,
Je ne crains rien.
Elle est tout mon soutien.
Et mon meilleur moyen
D’arriver au souverain bien.
6-Par elle, j’approche de Dieu ;
Moi, Jésus, Marie au milieu.
Quelles richesses !
Quelles caresses !
Quelles tendresses !
Quelle douceur !
Quelle grande faveur
D’être auprès de son Cœur !
Ah ! quand j’y suis... c’est mon bonheur !
7-Je me repose sur son sein,
Et j’espère tout de sa main.
Là sont mes armes,
Dans les alarmes ;
Là sont mes charmes,
Pour apaiser
Dieu prêt à m’écraser,
Et pour le disposer
A m’écouter, à m’exaucer.
8-Je ne crains jamais de rebut,
L’interposant pour mon salut.
C’est ma demande ;
C’est mon offrande ;
Mais qu’on m’entende,
Car je dis plus :
C’est mon tout, en Jésus ;
Puis-je craindre un refus,
En le priant, par ses vertus ?
9-Oh ! quelle consolation
D’être sous sa protection !
Vierge Marie,
Soyez bénie !
Qu’on vous publie,
A qui mieux mieux,
En tous temps, en tous lieux,
Sur terre comme aux cieux !
Mais vous, rendez-nous tous heureux.
10-Hélas ! que n’ai-je mille cœurs
A consacrer à vos ardeurs !
Soyez louée
Et révérée !
Soyez aimée
De tous les saints,
Des plus hauts Séraphins,
Pour tous les dons divins
Dont Je suis comblé par vos mains !
11-Je n’ai point de digne retour
Pour reconnaître votre amour ;
Mais qu’en ma place,
Chacun le fasse !
Mère de grâce,
Je vous promets
De ne cesser jamais
D’exalter vos bienfaits
Et de votre amour les excès.
"Dieu soit béni !" (sur le canon de Pachelbel, cantique de St L-M de Montfort)
Tryptique contre le monde (3 cantiques de St L-M de Montfort)
Ant./Dieu fait tout ou le permet,
C’est pourquoi tout me satisfait. (bis)
1-Voici mon mot ordinaire :
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Quoi qu’il m’arrive sur terre,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
2- Je gagne ou je perds ma cause,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Je travaille ou je repose,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
3-J’ai tout perdu, sans ressource,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
On m’arrête dans ma course,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
4-Un ami m’est infidèle,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Un serviteur m’est rebelle,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
5-Je perds mon père ou ma mère,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Je perds ma sœur ou mon frère,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
6-On me blâme ou l’on m’accuse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
On me donne, ou me refuse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
7-On m’outrage, on me caresse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
On me guérit, me délaisse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
8-Un chacun me fait la guerre,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Personne ne m’est contraire,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
9-Dans le calme ou dans l’orage,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Dans la perte ou l’avantage,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
10-Le froid, le chaud, la gelée,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
La bonne ou mauvaise année,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
11-Bonne ou mauvaise fortune,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
On me sert, on m’importune,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
12-On m’élève sur le trône,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
On me réduit à l’aumône,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
13-Je suis l’esclave ou le maître,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
S’il faut vaincre ou me soumettre,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
14-On me suit, on me surpasse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Je perds ou gagne la place,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
15-On chante sur moi victoire,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Je suis couronné de gloire,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
16-Je passe pour être habile,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Je suis partout inutile,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
17-Tout va bien, tout se renverse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Tout me nuit, tout me traverse,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
18-Le Ciel promet ou menace,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
Dieu fait justice ou fait grâce,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
19-Un tel est insupportable,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
C’est un homme très affable,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
20-La santé, la maladie,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
L’exil, la mort ou la vie,
Dieu soit béni ! Dieu soit béni !
21-Terre et mer, villes, campagnes,
Bénissez Dieu ! bénissez Dieu !
Vallons, collines, montagnes,
Bénissez Dieu ! bénissez Dieu !
22-En tout temps, bon ou mauvais,
Dieu soit béni à tout jamais !
Le péché seul me déplaît,
Je le déteste à tout jamais.
I- L’UTILITÉ DES CANTIQUES
1-Chantons, ma chère âme, chantons,
Faisons retentir nos cantons
D'une très sainte mélodie,
Le ciel et tout nous y convie.
2-Notre grand Dieu toujours joyeux
Nous écoute du haut des Cieux,
Il aime beaucoup les cantiques,
Ce sont ses concerts angéliques.
3-Écoutons les anges chanter
Et chantons pour les imiter,
Ils sont anges par leurs louanges,
En chantant nous deviendrons anges.
4-Jour et nuit brûlant d'un saint feu
Ils chantent les grandeurs de Dieu,
Dieu même y prête les oreilles,
Chantons donc comme eux ses merveilles.
5-En chantant ils brûlent d'amour, Chantons, brûlons à notre tour,
En chantant ils soufflent leurs flammes, Chantons pour enflammer nos âmes.
6-Leurs airs font retentir les cieux,
Faisons un écho merveilleux.
Que tout chante et se réjouisse
Et que la terre au ciel s'unisse.
7-Chantons, mais chantons comme il faut Pour chanter dans les cieux plus haut, Chantons, âme prédestinée,
Chantons pour être couronnée.
8-Mon cantique est désapprouvé
Du mondain et du réprouvé.
Tant mieux! puisqu'il ne veut pas croire
Sur lui je chanterai victoire.
9-Dieu veut que ses bons serviteurs
Chantent jour et nuit ses grandeurs.
Quand toute son Église chante,
Il triomphe à sa voix charmante.
10-Comme il est toujours bienheureux,
Il veut des serviteurs joyeux.
Le trouble le chasse d'une âme
Et la tristesse éteint la flamme.
11-Dieu fait chanter en tous les lieux
Le prêtre et le religieux,
Il leur fait chanter ses mystères
Les jours et les nuits même entières.
12-Il trouve un très parfait honneur
Dans leurs chants, s'ils partent du cœur
Il veut qu'au plus lugubre office
On lui fasse ce sacrifice.
13-Les saints chrétiens des premiers temps
S'animaient au bien par leurs chants.
En chantant de divins cantiques
Ils devenaient tout séraphiques.
14-Le Saint-Esprit les y portait.
Souvent saint Paul leur répétait :
"Soyez joyeux, chantez, fidèles,
Quelques chansons spirituelles."
15-Plusieurs fois les saints ont chanté,
C'est un secret de sainteté.
Marie a fait un beau cantique.
Chantons en prenant sa pratique.
16-Chantons donc, mais avec ferveur ;
Chantons, nous plairons au Seigneur ;
Chantons, nous lui donnerons gloire ;
Chantons, nous chanterons victoire.
17-Sachez qu'un cantique sacré
Rend notre esprit plus éclairé,
Chasse du cœur toute humeur noire
Et met Dieu dans notre mémoire.
18-Lorsque le cœur est abattu,
Le cantique porte vertu,
Chantez, malgré votre tristesse,
Et vous recevrez l'allégresse.
19-Le chant, ainsi qu'il est écrit,
Ouvre le cœur au Saint-Esprit,
Dieu descend dans un cœur qui chante
Et lui donne grâce abondante.
20-Le cantique charme nos maux
Et nous délasse en nos travaux ;
C'est en chantant qu'on se dispose
A travailler à d'autre chose.
21-Le chant est un secret divin
Pour chasser tout esprit malin,
Un saint cantique que l'on chante
Le fait s'enfuir lorsqu'il nous tente.
22-Le monde a mêlé le péché
Dans des airs qu'il a recherchés,
Sa musique est l'apprentissage
De son plus fin libertinage.
23-Chantons et réparons l'honneur
Que ses chansons font au Seigneur,
Par de nouveaux airs de justice
Détruisons ceux de sa malice.
24-Chante, ivrogne, en buvant ton vin ;
Après avoir bu ce venin,
Va pleurer, va prendre avec rage
Le fiel des dragons pour breuvage.
25-Libertin, qu'il t'en coûtera
Pour ce vilain chant d'opéra !
Satan l'a fait par sa malice ;
En chantant tu lui rends service.
26-Avale, avale les poisons
De tes amoureuses chansons,
Un jour ces impures délices
Seront tes plus cruels supplices.
27-Le diable, par ce mot couvert,
Te fait rire, mais il te perd ;
Il souffle ton chant, il t'enflamme
D'un tendre plaisir, mais infâme.
28-Tu prends un poison infernal
Et dis que ce n'est pas un mal,
Cette parole à double entente
Cache et fait ta perte évidente.
29-Tu nous appelles scrupuleux
Et nous t'appelons malheureux,
Car à ta chanson si plaisante
Tout le ciel pleure et l'enfer chante.
30-Loin de moi, chantres de Bacchus,
Loin de moi, chantres de Vénus,
Loin de moi, fins suppôts du diable,
Dont le malheur est déplorable.
31-Tu chantes cet air empesté
Devant tous pour être écouté,
Tu leur en apprends la cadence
Et tu corromps leur innocence.
32-Damne-toi si tu veux, mondain,
Mais ne damne pas ton prochain ;
Il t'écoute, il apprend le crime,
Il le fait, il tombe en l'abîme.
33-Va, cloaque de saleté,
Vomir ailleurs l'impureté
Des chansons de tes amourettes
De tes paroles de fleurettes.
34-Amis de mon Dieu, tenons bon
Contre le monde et le démon,
Leur air est beau, leur voix est tendre,
Mais gardons-nous de les entendre.
35-Chantons en l'honneur de Jésus
L'excellence de ses vertus,
Pour les mettre en notre mémoire
Et les pratiquer avec gloire.
36-Faisons retentir l'univers
De nos chansons et de nos vers,
Afin que Dieu s'y glorifie
Et le prochain s'en édifie.
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II- AUX POÈTES DU TEMPS
1-Ceci n’est pas pour vous charmer,
Vous qui ne pensez qu’à rimer,
Grands poètes, gens incommodes.
Je laisse à d’autres vos méthodes.
2-Je sais bien que vous n’approuvez
Que les vers qui sont relevés,
Que des phrases à double étage,
Qui font un fou plutôt qu’un sage.
3-Vous ferez dix tours et contours
Pour faire un vers tout à rebours,
Pour exprimer une sornette,
Un vain combat d’une amourette.
4-Je pourrais, pour mille raisons,
Vous mettre aux petites maisons.
Que dis-je ? elles sont toutes vôtres,
Les rimeurs y placent les autres.
5-Vos vers sont polis avec art
Et souvent ce n’est que du fard,
Votre esprit est à la torture,
Vos vers le sont aussi, j’en jure.
6-Vos grands vers ne sont pas communs,
Oui, mais ils sont bien importuns,
Vous courez l’un et l’autre pôle
Pour dire une pauvre parole.
7-Si vos vers étaient vraiment grands,
Ils seraient compris des enfants ;
Ils sont si hauts, ils sont si rares,
Qu’ils en sont devenus barbares.
8-Grands poètes, je vous entends :
Vous rejetez les pauvres gens,
Vos vers sont pour les grands génies,
Aussi pleins que vous de manies.
9-À moins que les esprits du temps
N’y trouvent leurs contentements,
Fussent-ils des vers très sublimes,
Vous, vous en faites de grands crimes.
10-À la mode, un prédicateur,
À la mode, un subtil rimeur ;
À moins qu’on ne soit à la mode,
On est sot ou bien incommode.
11-Votre sublime et relevé
Montre votre goût dépravé.
Pour tout paiement, pauvres malades,
Vous voulez des louanges fades.
12-Vous cherchez par mille détours
Que quelque homme fou de nos jours
Vous dise, mais sans qu’il le pense :
Oh ! les beaux vers, la bonne stance !
13-Pauvres gens, je me ris de vous,
Puisque vous rimez presque tous
Pour qu’on applaudisse à vos veines.
C’est acheter trop cher vos peines.
14-Oui, vos vers sont trop achetés,
N’étant pleins que de vanités,
Que de cent sortes d’amourettes,
Indignes des âmes parfaites.
15-Car, sous la rime et la raison,
Vous cachez un mortel poison,
Un piège cruel mais si tendre,
Qu’à peine peut-on s’en défendre.
16-Vos vers sont bons, sans contredit ;
Rien n’est si beau, ni si bien dit,
Rime riche, bonne cadence,
Oui, mais quelle infâme impudence !
17-Si la rime était riche en Dieu,
Je ne l’estimerais pas peu,
Mais pauvre en vertu, riche en crime,
J’en hais le sens le plus sublime.
18-Vous débitez la vanité
Comme une pure vérité,
Vous ferez passer une fable
Pour une histoire véritable.
19-On dit que tout vous est permis,
Tant on vous croit les ennemis
Des vérités les plus certaines,
Amis des vanités mondaines.
20-Comme les poètes païens
Vous prenez les maux pour des biens,
Je pourrais vous nommer profanes,
Ou, pour bien rimer, de francs ânes.
21-Ô très méchants imitateurs,
Vous croyez vos vers sans grandeurs
S’ils n’ont emprunté quelque grâce
De ceux de Virgile et d’Horace.
22-Vos vers prêchent-ils les vertus ?
Y voit-on le nom de Jésus ?
Point du tout, mais la flatterie,
L’impureté, l’idolâtrie.
23-Parlez-vous des prédestinés ?
Vous ne louez que des damnés,
Que des hommes tout sanguinaires,
Que des amoureux téméraires.
24-Méchants poètes des faux dieux,
Vous me traitez de scrupuleux,
Ou vous croyez que, par bêtise,
Maintenant je vous scandalise.
25-Allez, je n’ose vous nommer,
Non de peur de vous diffamer,
Mais de peur de souiller ces pages
De si funestes personnages.
26-Oui funestes, je ne mens pas,
Car peut-être êtes-vous là-bas ;
Quoiqu’il en soit, vos livres restent,
Ces subtils poisons nous empestent.
27-À peine trouve-t-on en eux
Rien qui ne soit pernicieux,
L’impureté la plus plaisante
Est chez eux la plus innocente.
28-Vos vers sont beaux, ils font grand bruit
Ce sont des vers luisants de nuit,
Le sage en méprise la pompe,
Tandis que l’homme fou s’y trompe.
29-Vos vers si finement conçus
Encensent Bacchus et Vénus,
Et partout ils battent la caisse
Pour enivrer de leur ivresse.
30-L’enfer est plein de gens perdus
Par vos livres si bien vendus,
On laisse là la sainte Bible,
C’est à vos vers qu’on est sensible.
31-Oh ! qu’ils en damnent tous les jours !
On ne peut arrêter leur cours,
Presque tout le monde les loue,
Sur les théâtres l’on les joue.
32-Oui, ce livre sage et mondain,
Que vous avez peut être en main,
A peut-être damné plus d’âmes
Qu’il ne contient de mots infâmes.
33-Vous me direz : « Je n’y vois rien
Qui ne soit bon, que ne soit bien. »
Ne vous y trompez pas, mon frère :
Leur poison tôt ou tard opère.
34-Leur brillant cache le poison,
Leur appas couvre l’hameçon ;
Parmi cent mots d’esprit, un tendre
Qui fait penser, tomber, se rendre.
35-Ne faites pas le Saint-Esprit
Auteur d’un si mauvais écrit,
Il est fait par l’esprit immonde
Pour séduire les gens du monde.
36-Si vous le gardez, le démon
Vous criera toujours qu’il est bon,
Qu’on ne pèche point à le lire,
Que Dieu ne défend pas de rire.
37-Jetez tous ces romans au feu,
Faites-le pour l’amour de Dieu,
Sans regarder la couverture,
L’impression ni la dorure.
38-Au feu ces contes insolents,
Au feu ces bons mots si galants,
Au feu ces tendres tragédies
Et ces infâmes comédies.
39-Voici mes vers et mes chansons :
S’ils ne sont pas beaux, ils sont bons,
S’ils ne flattent pas les oreilles,
Ils riment de grandes merveilles.
40-S’ils ne sont que pour les petits,
Ils n’en sont pas d’un moindre prix ;
Si ce sont des vers ordinaires,
Ils n’en sont pas moins salutaires.
41-Lisez-les donc, et les chantez,
Pesez-les et les méditez,
N’y cherchez point l’esprit sublime,
Mais la vérité que j’exprime.
42-Prédicateur, dans mes chansons,
Vous pouvez trouvez vos sermons,
J’en ai digéré la matière
Pour vous aider et pour vous plaire.
43-Voici des sujets d’oraison,
Je crois le dire avec raison,
Car souvent un vers, une rime
Font qu’une vérité s’imprime.
44-Chaque mot d’un vers doit porter
Pour qu’on le puisse méditer,
Pour le garder en sa mémoire,
Pour son bouquet et pour sa gloire.
45-Cœur affligé, chantez, chantez,
En chantant vous vous surmontez,
Le cantique est très efficace
Pour avoir la joie et la grâce.
46-Chantez, et de bouche et de cœur,
À haute voix, avec ardeur,
Pour bannir du cœur la tristesse
Et pour le remplir d’allégresse.
47-Prenez garde à la vanité,
Qui chante veut être écouté ;
Si votre voix est ravissante,
Que votre âme soit innocente.
48-Chantons donc tous, et comme il faut,
Chantons les grandeurs du Très-Haut,
En chantant détruisons le vice
Et faisons aimer la justice.
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LES MALHEURS DU MONDE
1-Grand Dieu, donnez-nous du secours,
Armez-vous de votre tonnerre,
Le monde nous fait tous les jours
Partout une cruelle guerre.
C’est l’ennemi le plus malin
Parce qu’il est le plus humain.
2-Amis de Dieu, braves soldats,
Unissons-nous, prenons les armes,
Ne nous laissons pas mettre à bas,
Combattons le monde et ses charmes.
Puisque Dieu même est avec nous,
Nous le vaincrons, combattons tous.
3-Armons-nous de la vérité
Contre les amis du mensonge,
Faisons-leur voir par charité
Que tous leurs biens ne sont qu’un songe,
Armons-nous d’une vive foi,
Nous leur ferons à tous la loi.
4-Mais pour être vraiment vainqueurs,
Et pour avoir tout l’avantage,
Vidons nos esprits et nos cœurs
Des faux préjugés du bas âge.
Vomissons ce cruel venin,
Ou bien nous combattrons en vain.
5-Qu’est-ce que ce monde trompeur ?
C’est l’assemblée universelle
Des pécheurs qui font au Sauveur
Une guerre horrible et cruelle,
Quelquefois tout ouvertement,
Mais plus souvent secrètement.
6-Il est nommé du Saint-Esprit
La chaire de la pestilence,
Le chemin large où l’on périt
Sans qu’on le croie ou qu’on y pense,
La synagogue de Satan
Et le règne de ce tyran.
7-La grande église des malins,
L’infâme et grande Babylone,
Où les démons en souverains
Sont finement sur le trône,
Où tous les biens sont empêchés,
Où l’on enseigne tous péchés.
8-Le monde est Satan travesti
Afin de se rendre agréable,
C’est son armée et son parti
Pour être un prince formidable,
Pour enrôler tout l’univers
A le suivre dans les enfers.
9-O Dieu, qu’il enrôle de gens
Dans ce parti tout diabolique !
Mille petits, dix mille grands,
Le paysan, le politique,
Des demi-dévots, des savants,
Des libertins, de bons vivants.
10-Leur père maître est le démon,
Qui les anime et les entraîne ;
Ils n’offensent Dieu qu’en son nom,
Et quoiqu’ils croient l’avoir en haine,
Il en est le prince et le roi,
En cachette il leur fait la loi.
11-Le monde attaqua Jésus-Christ
Tout le temps qu’il vécut sur terre ;
Il est tous les jours Antéchrist,
Tous les jours il lui fait la guerre ;
Tous les jours il le contredit
Dans ce qu’il fait et ce qu’il dit.
12-Il détruit ou bien contrefait
Ses sentiments et ses maximes ;
Ce que Dieu fait, il le défait
Afin d’autoriser ses crimes.
Il contrefait ses sacrements
Et ses divins commandements.
13-Tous les serviteurs du Seigneur
Sont combattus par sa malice ;
Il leur fait tort, il leur fait peur,
Il les flatte, il leur rend service ;
Il leur compte mille raisons
Afin qu’ils boivent ses poisons.
14-Il fait de leur dévotion
Le sujet de sa raillerie,
Il l’appelle une illusion
Ou bien une bigoterie ;
Il condamne leurs actions,
Il prend mal leurs intentions.
15-Pour détruire leur sainteté
Il se sert de mille malices ;
Pour les tourner de son côté,
Il invente mille injustices.
Mon Dieu, qu’il en a supplanté
Par ses pièges d’iniquité !
16-Il couvre, mais très finement,
Le péché de la vertu même,
Pour le faire entrer doucement
Il flatte, il proteste qu’il aime.
Par ses sourires, ce trompeur
Enfonce un poignard dans le cœur.
17-Le monde est le grand boute-feux
Et le grand instrument des diables
Pour autoriser en tous lieux
Les crimes les plus détestables.
Les mondains nomment scrupuleux
Tous ceux qui ne font pas comme eux.
18-Il sème l’orgueil chez les grands,
La mollesse et la suffisance,
L’ignorance chez les paysans,
L’ivrognerie et médisance ;
L’envie et les divisions
Jusque dans la religion.
19-L’injustice dans les palais,
Dans les lieux publics, les scandales ;
Dans les lits et les lieux secrets,
Les impuretés les plus sales ;
Dans l’église et dans les lieux saints,
L’insolence des libertins.
20-La mollesse et l’oisiveté
Et le luxe parmi les dames,
Le babil et la vanité
Parmi presque toutes les femmes,
L’avarice chez les marchands
Et l’orgueil parmi les savants.
21-Dans les soldats, les jurements,
Les blasphèmes, les violences.
Partout mille dérèglements,
Les jeux, les bals, les insolences.
De ces péchés tout est rempli,
Le sage même en est sali.
22-Que dis-je, hélas ! je dis trop peu,
Homme et garçon et fille et femme
Sont brûlés presque tous du feu
De sa concupiscence infâme.
Il met partout la vanité,
Presque partout l’impureté.
23-Le monde étant sur son déclin,
Il n’est que crime et qu’injustice,
Il n’a jamais été si fin,
Ni si pénétré de malice ;
Qui sait pécher plus en secret
Il passe pour le plus discret.
24-Le monde est dans l’aveuglement
Et le malheureux se croit sage,
Il est dans l’endurcissement :
Quiconque le reprend, l’outrage...
Hélas ! il ne voit ni n’entend,
C’est ce qui rend son mal très grand.
25-Ne prend-il pas le mal pour bien,
L’utile pour le dommageable,
Pour un bonheur, ce qui n’est rien,
Et pour faux, un bien véritable,
Tant ses erreurs l’ont aveuglé,
Tant ses péchés l’ont déréglé.
26-Il ne sait point la vanité
Des biens que la terre présente,
Il ignore la cruauté
De l’esprit malin qui le tente,
Comme il ne voit que par ses sens,
Il juge mal des biens présents.
27-Il craint un fantôme trompeur ;
Si Dieu menace, il est sans crainte,
Il est sans loi, sans foi, sans peur
Devant cette Majesté sainte ;
Il ne craint point ses jugements
Ni ses terribles châtiments.
28-Ses jugements sont renversés :
Il croit que les fous sont des sages ;
Que les sages sont insensés,
Des bigots, de sots personnages,
Et comme il croit très clairement,
Il décide tout hardiment.
29-Cet aveugle est fier et hardi,
Il ne veut pas qu’on le reprenne
Quoiqu’il soit un grand étourdi.
A le reprendre, on perd sa peine.
Il est, ainsi qu’il est écrit,
Incapable du Saint-Esprit.
30-Chose étonnante, il ne peut pas
Recevoir aucune lumière ;
Il restera jusqu’au trépas,
Ainsi que le diable son père,
Impie, orgueilleux, scandaleux,
Aveugle, endurci, malheureux.
31-Oui malheur au monde, a dit Dieu,
Parce qu’il cause du scandale ;
Il vomit sans cesse en tout lieu
Contre tous sa rage infernale,
Tout homme en est scandalisé,
Le sage comme l’insensé.
32-Dans les métiers et les emplois,
Qu’on voit d’appâts épouvantables
Dont le monde s’est fait des lois
Pour damner plusieurs misérables !
Mais ses scandales sont si fins
Qu’il trompe même les plus saints.
33-Sous l’appât il met l’hameçon
Qui perd l’âme sans qu’elle y pense,
Il mêle en son vin le poison
Qui forme la concupiscence ;
Sous un seul mot dit en riant,
Il cache un poison très criant.
34-Il couvrira l’impureté
D’une fine plaisanterie,
Le luxe de la vanité,
De propreté, de modestie ;
L’avarice et l’orgueil du cœur
D’un bon ménage et point d’honneur...
35-Il fait tirer l’arc aux pécheurs
Contre les âmes innocentes ;
Pour percer leurs yeux et leurs cœurs
En mille façons différentes :
Il forme des pièges malins
De leurs yeux, leur bouche et leurs mains.
36-Il a tant d’adresse à tromper,
L’amorce est si belle et si tendre,
Qu’à peine peut-on l’échapper,
Qu’à peine peut-on s’en défendre :
Heureux celui qui s’est enfui
Dans un désert bien loin d’ici.
37-Il promet à ses sectateurs
Honneurs, plaisirs, biens périssables
Qui sont au fond des biens trompeurs,
Qui ne font que des misérables.
O vanité des vanités !
La plus grande des vérités.
38-Qu’est-ce que tout l’or et l’argent
Et les richesses qu’on appelle ?
Un morceau de terre changeant
Dont la surface paraît belle,
Un morceau de terre doré,
Un métal un peu plus lustré.
39-L’argent est un bien passager,
Il veut toujours changer de maître ;
Quand on l’empêche de changer
Il devient le plus cruel traître,
Quand il est longtemps conservé
Il est un poison réservé.
40-Quelques dépouilles d’animaux,
Des morceaux de boue et de plâtre,
Quelques bois coupés en morceaux,
Une terre blanche et jaunâtre,
Voilà les plus grands biens des fous
Et qui les damnent presque tous.
41-On les perd par mille accidents,
Un voleur les pille ou les mange,
Une rouille se met dedans ;
Que leur changement est étrange !
Il ne durent qu’un seul moment
Pour les perdre éternellement.
42-Voyez-vous ce riche Crésus
Que son argent rend honorable ?
Il perdra bientôt ses écus,
Il mourra comme un misérable.
Qu’emportera-t-il de son bien ?
Hélas ! un linceul ; hélas ! Rien.
43-Tous ces biens ont je ne sais quoi
De pernicieux et funeste ;
Ils cachent un poison chez soi,
Qui nous souille et qui nous empeste,
C’est ce que la foi nous apprend,
C’est ce que le sage comprend.
44-Ces biens passés de main en main
Ont damné l’impie et l’avare,
Ont contracté tant de venin
Qu’à peine un sage s’en sépare.
Ce qui fait que la vérité
Les nomme : dieu d’iniquité.
45-Dès lors qu’on veut les acquérir,
Dès lors on pèche, on est coupable,
Puisque, quand on veut s’enrichir,
On est pris au piège du diable.
Si c’est un mal de les vouloir,
Que sera-ce de les avoir ?
46-Ces biens sont la poix et la glu
Pour lier et perdre les âmes,
Leur pouvoir est comme absolu
Pour les précipiter aux flammes,
A peine peut-on les toucher
Sans s’y coller, sans y pécher.
47-La plus grande difficulté,
Et la plus grande que je sache,
Est d’acquérir la sainteté
En les possédant sans attache ;
C’est un effort miraculeux,
C’est un prodige merveilleux.
48-A-t-on du bien en quantité ?
Vit-on dans l’aise et l’abondance ?
Adieu la foi, la charité,
La pénitence et l’espérance.
C’est ce qu’on voit communément,
Mais je ne comprends pas comment.
49-On voit mille gens aujourd’hui
Qui font du bien mauvais usage,
Et qui gardent le bien d’autrui
Sans réparer aucun dommage.
Que de voleurs fins et rusés
Que le monde a canonisés !
50-Je ne dis mot aux usuriers
Qui sont si communs dans le monde,
Aux partisans, aux gros fermiers
Qui volent sur la terre et l’onde ;
Ils ont trop de biens mal acquis
Pour profiter de mes avis.
51-Mais quoiqu’on les ait justement,
Ce sont des épines piquantes,
Qui piquent, mais secrètement,
Les âmes les plus innocentes.
Que de travaux à les trouver,
Que de soins à les conserver !
52-L’argent est la divinité
Auquel le monde sacrifie
Son temps, son repos, sa santé,
Et tous les biens de l’autre vie,
Sans se soucier du prochain,
Ni même de son souverain.
53-Parlez-lui de gagner du bien,
Il vole, il s’expose, il s’engage ;
Mais de Dieu, ne lui dites rien,
Car il n’entend pas ce langage ;
Son cœur a passé dans son or,
C’est son seul dieu, c’est son trésor.
54-Plus un homme a de revenus,
Et plus les démons l’ensorcellent ;
Pus il a de soins superflus
Qui le piquent, qui le bourrellent ;
Son bien est son cruel tyran
Et plus cruel que n’est Satan.
55-Quand on les perd, quelles douleurs !
L’âme d’un riche en est navrée,
Mais quand il meurt, quelles fureurs !
Sa pauvre âme en est déchirée ;
Quel désespoir et quel effort
D’un malheureux riche à la mort !
56-Oh ! quels terribles jugements
Dieu fait de leur mauvais usage !
Mais dans l’enfer quels châtiments,
Quel désespoir et quelle rage !
Après cela comme les fous,
Avec ces faux biens, damnez-vous.
57-Voilà quelle est la vanité
Des biens que le monde présente,
Qu’il cherche avec avidité
Sans qu’aucun jamais le contente,
Mais ses plaisirs sont aussi faux
Et lui causent autant de maux.
58-Les plus grands plaisirs sont trompeurs,
Ce sont des plaisirs en image
Qui ne contentent point les cœurs ;
Qui les affament davantage,
Qui font ressentir à la fin
Le remords, l’ennui, le chagrin.
59-Il n’a que des plaisirs charnels,
Ce sont des charognes puantes
Qui font des hommes criminels,
Qui rendent les âmes méchantes,
Qui flattent les sens au dehors
Et qui souillent l’âme et le corps.
60-Le pécheur mondain danse et rit
Sur le bord de son précipice,
Devant un Dieu qui le maudit
Et qui s’arme dans sa justice ;
Il foule aux pieds Jésus en croix,
Il méprise ses saintes lois.
61-Il invente pour son malheur
Mille plaisirs et mille modes,
Tabac et poudre de senteur,
Mille raffinements commodes ;
Il ne pense qu’à se garder
De ce qui peut l’incommoder.
62-Il ne s’occupe qu’à penser
A son corps pour le satisfaire ;
Boire et manger, rire et danser
Semble être son unique affaire ;
Tandis qu’il engraisse sa chair,
Il plonge son âme en enfer.
63-Le monde est toujours orgueilleux,
Dans le temps même qu’il s’abaisse ;
Il veut faire éclater aux yeux
Sa modestie et son adresse,
Il est ravi qu’on puisse voir
Ses talents, ses biens, son pouvoir.
64-Il couvre et cache ses défauts
Pour faire montre de sa gloire ;
Il abaisse tous ses égaux
Pour s’en faire partout accroire ;
Il ne veut hanter que les grands,
Il méprise les pauvres gens.
65-On connaît l’orgueil d’un mondain,
Sa gloire vaine et chimérique,
A son air, ses habits, son train,
Lorsqu’il marche, lorsqu’il s’explique,
Il ne respire que grandeur,
Qu’orgueil, que faste et que hauteur.
66-Ce n’est qu’à son corps défendant
Qu’il obéit et qu’il s’abaisse.
A commander il est ardent,
Il croit en avoir la sagesse,
Il affecte la primauté
En tout, jusqu’en l’humilité.
67-Mais, qu’est-ce que tout cet honneur ?
C’est un sommeil, une chimère,
Une fumée, une vapeur,
Un vent, une écume légère,
Un éclat brillant et pompeux
Qui trompe les cœurs et les yeux.
68-C’est le plus fin des hameçons
Que le démon lui puisse tendre,
C’est le plus subtil des poisons
Qu’il donne presque à tous pour prendre.
Satan tombé par son orgueil
Jette le monde au même écueil.
69-Dieu cache au monde ses secrets,
Il lui résiste en sa Sagesse,
Il lui prépare pour jamais
La flamme la plus vengeresse.
Autant qu’il s’est glorifié,
Autant il sera châtié.
70-Que ce maudit monde est trompé !
Il perd tout le temps de la vie,
Ou bien, il est tout occupé
A faire quelques niaiseries ;
S’il n’est pas dans l’oisiveté,
Il s’occupe à l’iniquité.
71-Il est toujours dans les dehors
Sans tourner vers Dieu sa pensée,
Il est tout occupé du corps
Et sa pauvre âme est délaissée,
Il méprise le vrai bonheur
Et s’occupe d’un bien trompeur.
72-Oh ! grand aveugle, oh ! l’imposteur :
Au ciel il préfère la terre,
La créature au Créateur,
A la paix de son Dieu, la guerre,
Le mensonge à la vérité,
Et le temps à l’éternité.
73-On l’entend parler nuit et jour
De la gazette et des nouvelles,
Et de l’armée et de la cour,
Et de mille autres bagatelles,
D’argent, de repas, d’ornements,
De jeu, d’habits, de passe-temps.
74-Il n’est qu’esprit, il n’est qu’ardeur
Pour les affaires temporelles,
Mais que bêtise et que tiédeur
Dans les affaires éternelles.
Quand il joue, il aime à veiller ;
Quand il prie, il faut l’éveiller.
75-Il passe sa vie et son temps
Non à l’unique nécessaire,
Mais à de vains amusements,
A mal faire ou bien à rien faire,
A regarder et babiller,
A visiter et s’habiller.
76-Il est tout endurci du cœur,
Il ne reconnaît pas son crime,
Il ne sent point sa puanteur
Ni le lourd fardeau qui l’opprime ;
Il ne croit pas qu’il ait en soi
Le démon pour père et pour roi.
77-Sans craindre enfer, ni jugement,
Ni Dieu, ni diable, ni vengeance,
Ce maudit pèche hardiment
En riant avec insolence ;
En péchant, il chante ses vers,
Il fait du crime ses concerts.
78-Il dit qu’il a l’esprit trop fort
Pour gémir, pour verser des larmes,
Pour craindre l’enfer ou la mort
Et pour en sentir les alarmes ;
Le bon Dieu, dit-il, est si bon,
A la mort, j’aurai le pardon.
79-Tout insensible aux vérités
Qui font trembler les bonnes âmes,
De vanités en vanités,
De péchés en péchés infâmes,
Il meurt sans appréhension,
Il tombe en la damnation.
80-Il est dur envers le prochain
Lorsqu’il le voit dans la misère,
Il parle au pauvre avec dédain,
S’il lui donne, c’est par colère ;
Il aura du pain pour son chien,
Mais, pour son frère, il n’aura rien.
81-Il est tout plein de dureté
Pour les âmes du purgatoire :
A leurs dépens avec gaieté
On le voit manger, rire et boire.
Il paiera d’un De profundis
Ses pauvres parents étourdis.
82-Il trouve en leurs legs de l’excès,
Il les diminue ou diffère,
Ou par soi-même ou par procès,
Il plaide son père ou sa mère.
O pauvres parents trépassés,
Vos enfants vous ont délaissés !
83-Il fait son plaisir du péché ;
Qu’on offense Dieu, qu’on l’outrage,
Son cœur n’en est pas plus touché,
S’il n’en souffre quelque dommage ;
Il a son intérêt à cœur,
Mais non pas celui du Seigneur.
84-Quoique le monde soit maudit
Et condamné du Sauveur même,
On le voit qui se divertit
Au milieu de son anathème,
Tant il a l’esprit aveuglé,
Tant il a le cœur déréglé.
85-C’est le démon secrètement
Qui le démène et qui l’entraîne,
Qui le lie invisiblement,
Qui le tient captif à la chaîne
Pour opérer l’iniquité
Selon sa seule volonté.
86-Il crie à tous : la paix, la paix,
Mais il n’en a pas pour un double,
Il a mille remords secrets.
Sa plus grande joie est un trouble,
Il est une orageuse mer
Qui ne se peut jamais calmer.
87-Quoiqu’il fasse pour étouffer
Le remords de sa syndérèse,
Il ne peut pas en triompher,
Il ne peut pas vivre à son aise ;
Quoiqu’au dehors il soit joyeux,
Au dedans, il est malheureux.
88-Quoi que fasse cet imposteur
Pour jouir d’une paix parfaite,
Ses péchés passés lui font peur,
Le temps à venir l’inquiète,
Sans qu’il puisse être un seul instant
Vraiment heureux, vraiment content.
89-Dans la vie il ne peut avoir
Que quelque plaisir en figure,
Mais à sa mort quel désespoir,
Quelle rage, quelle écorchure,
Oh ! quels troubles, et quels tourments,
Après la mort, quels châtiments !
90-On lui donne pour ses plaisirs,
Pour ses honneurs et ses richesses,
Mille maux, mille déplaisirs
Et mille peines vengeresses ;
Pour un moment de vanité,
Malheur à toute éternité.
91-Voilà le monde et ses malheurs.
Peut-on aimer ce misérable ?
Peut-on suivre ses sectateurs
Dans leur malheur si déplorable ?
Crions donc tous : malheur, malheur,
Malheur à ce monde trompeur.
92-Voilà plusieurs pièges malins
Dont il prend en secret les âmes,
Pour les attirer à ses fins
Et les précipiter aux flammes ;
Pour nous garantir de ses traits,
Méprisons ses malins attraits.
En l'honneur de St Joseph (cantique de St L-M de Montfort)
Regina Cœli (extrait d'un cantique de St L-M de Montfort)
1-Très grande Reine des cieux,
Que votre Cœur amoureux
Ne soit plus dans la tristesse,
Qu’il tressaille d’allégresse :
Jésus est ressuscité,
O très douce vérité !
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
2-Nos péchés sont effacés,
Les démons sont terrassés,
Jésus revêtu de gloire
A sur eux tous la victoire ;
Ces orgueilleux sont à bas,
Ils n’en relèveront pas.
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
3-Il a fermé les enfers,
Tiré nos pères des fers,
Ouvert la gloire éternelle,
Fait la paix universelle ;
Enfin Jésus est vainqueur
Pour le salut du pécheur.
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
4-O Mère du bel amour,
Tressaillez d’aise en ce jour !
Que les anges, que les hommes
Et nous tous tels que nous sommes,
Répondent tous tour à tour
En solennisant ce jour :
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
5-O digne Mère de Dieu
Que tous vous louent en tous lieux !
O Vierge très glorieuse,
O mille fois bienheureuse,
D’avoir vous-même porté
Ce grand Roi de majesté.
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
6-Obtenez-nous de Jésus
Part à toutes ses vertus,
Part à sa nouvelle vie,
Afin qu’un chacun publie
Dans toute l’éternité :
Jésus est ressuscité !
Chantons tous : Alleluia !
Et puis : Ave Maria !
Alleluia !
Cantique d'un enfant de Marie (St L-M de Montfort)
L'excellence de la Charité (cantique de St L-M de Montfort)
1- Divine Marie,
Vierge très accomplie,
Divine Marie,
J’aime votre beauté,
Car elle enflamme,
Ô sainte Dame,
Toute mon âme
De charité :
Mon cœur en est tout transporté.
2- Ô ma bonne Mère,
Je vous aime et révère,
Ô ma bonne Mère,
Je vous rends tout honneur.
Ô ma Maîtresse,
Votre tendresse
Nourrit sans cesse
Mon pauvre cœur
De sa grâce et de sa douceur.
3- Que ne puis-je dire,
Partout où je désire,
Que ne puis-je dire :
Ô mortels, implorez
Sans défiance
Son assistance
Et sa clémence,
Car vous aurez
Tout ce que vous demanderez !
4- C’est un doux asile,
Très sûr et très facile,
C’est un doux asile
Où chacun vient sans peur.
L’âme affligée
Qui l’a trouvée
Est consolée,
Et le pécheur
Reçoit par elle sa faveur.
5- Venez tous entendre
Combien elle m’est tendre,
Venez tous entendre :
C’est mon aide et soutien,
C’est ma fidèle,
Ma toute belle ;
Sous sa tutelle
Je ne crains rien.
En elle, je trouve tout bien.
6- C’est par elle-même
Que j’adore et que j’aime.
C’est par elle-même
Que je parle au Seigneur.
Quelles richesses,
Quelles caresses,
Quelles tendresses
A son saint Cœur !
Oh ! quand j’y suis, c’est mon bonheur.
7- Un humble silence
Rempli de confiance,
Un humble silence
Sur son sein amoureux
Met Dieu mon Père
Hors de colère.
Cette prière
Perce les cieux
Et m’obtient tout ce que je veux.
8- C’est mon oratoire
Où je prie avec gloire,
C’est mon oratoire
Où je suis sans refus.
C’est ma demande,
C’est mon offrande ;
Mais qu’on m’entende,
Car je dis plus :
C’est mon cher tout envers Jésus.
9- Ô ma protectrice,
Ma Mère et ma nourrice,
Ô ma protectrice,
Je n’ai point de retour ;
Mais qu’en ma place
Chacun le fasse.
Faites, de grâce,
Que votre amour
Règne en tous les cœurs nuit et jour.
10- Soyez donc bénie,
Que tout vous glorifie,
Soyez donc bénie
Sur terre comme aux cieux.
Soyez louée,
Soyez aimée
Et respectée
En ces bas lieux,
Et nous rendez tous bienheureux.
1- Je suis une vertu royale
Ou plutôt la divinité,
La première théologale
Qu’on appelle la charité.
2- C’est moi seule qui fais qu’on aime
Dieu par sur tout très purement,
Et son prochain comme soi-même
Pour l’amour de Dieu seulement.
3- Je suis difficile à comprendre,
Je suis de toute éternité :
Le Seigneur en son Cœur m’engendre,
J’ai sur lui toute autorité.
4- J’ai seule vaincu, mais sans guerre,
Ce redoutable Roi des cieux,
Je l’ai fait homme sur la terre
Pour y sauver des malheureux.
5- Parmi les vertus je suis reine,
Elles ne marchent qu’après moi.
J’ai tous les biens en mon domaine,
Dieu même obéit à ma loi.
6- La loi reçoit de moi la vie,
Et c’est à moi qu’elle aboutit.
Sans moi nul ne se sanctifie,
Sans moi toute vertu languit.
7- Je rends la vertu toute aisée,
J’en suis l’aiguillon amoureux :
Par une vigueur toute embrasée,
Le plus grand poids s’envole aux cieux.
8- C’est moi qui fais, à l’homme sage,
Tout abandonner, tout souffrir,
Tout entreprendre avec courage
Et mettre sa joie à mourir.
9- C’est moi qui, par mes puissants charmes
Change l’amertume en douceur,
Et fais tomber des mains les armes
Au plus redoutable vainqueur.
10- Je fais monter l’âme fidèle
Jusqu’à Dieu dans un char de feu,
J’épouse Dieu même avec elle
Et la transforme toute en Dieu.
11- Je suis le propre caractère
Qui distingue tous les élus,
Je suis la gloire et la lumière
Et le lien de leurs vertus.
12- Sans moi, l’or n’est que de l’argile,
Et la vertu même est péché,
Mais tout est grand, tout est utile,
Aussitôt qu’il m’est attaché.
13- C’est moi qui distingue et mesure
Le point d’honneur des bienheureux ;
Une charité grande et pure
Porte une âme au plus haut des cieux.
14- Aimez ce Dieu qui veut qu’on l’aime,
C’est son plus grand commandement,
Aimez, ou soyez anathème
Et maudit éternellement !
15- Dieu vous aime, il est véritable,
Aimez-le donc à votre tour :
Il est tout bon et tout aimable,
Donnez-lui donc tout votre amour !
16- Pour aimer, faut-il être habile,
Sain ou riche, fort ou puissant ?
A-t-on un cœur ? Il est facile.
L’amour est doux et ravissant !
17- Quiconque aime fait des merveilles
Et fera tout ce qu’il voudra ;
Sans grands travaux, sans longues veille
Malgré tout il se sauvera.
18- Sans moi la vie est inutile,
On est sans grâce et sans vertu,
En vain on croit dans l’Évangile,
Le plus grand cœur est abattu.
19- La grâce et toute la nature,
La terre, l’eau, l’air et le feu,
Enfin toute la créature
Crie à l’amour, l’amour de Dieu !
20- Mais l’amour-propre me déguise
Par de fines subtilités.
Agréez donc que je vous dise
Mes véritables qualités.
21- Je ne suis jamais fainéante :
Si je repose, c’est en Dieu ;
Mon humeur est entreprenante,
Je suis active comme un feu.
22- Je suis la guerrière invincible,
Je suis forte comme la mort ;
Rien de si fort, de si pénible,
Que je ne vainque avec effort.
23- Je rends toute charge légère,
J’aplanis le chemin du ciel ;
Je rends la croix la plus amère
Plus douce qu’un rayon de miel.
24- Par une industrie innocente,
J’attire un cœur comme l’aimant ;
J’en fais une hostie excellente,
Au Cœur de Dieu dans un moment.
25- Il n’est rien qui me soit semblable,
Sans moi, tout n’est que vanité ;
Tout passe, mais je suis durable
Comme Dieu dans l’éternité.
26- Je suis sans borne et sans limite,
Sans fin et sans commencement,
Puisqu’aimer Dieu comme Il mérite,
C’est de l’aimer infiniment.
27- Pure comme l’or et plus pure,
J’aime Dieu seul sans intérêt,
Sans égard à la créature,
Hors de Lui seul rien ne me plait.
28- Je suis dans ma propre nature
L’accomplissement de la loi ;
Mais dès lors qu’on lui fait injure,
On est séduit, ce n’est plus moi.
29- Ces cinq chose me font la guerre :
La chair, la propre volonté,
L’amour du monde et de la terre,
La paresse et l’iniquité.
30- L’amour-propre étant tout contraire
Au saint feu de l’amour divin,
Il faut tout souffrir et tout faire
Pour chasser ce subtil venin.
31- Pour brûler de ma pure flamme,
Pour goûter ma sainte onction,
Il faut haïr jusqu’à son âme
Par la mortification.
32- On éteint mon feu salutaire
Par les eaux du péché véniel ;
Qui n’en fait point de volontaire
Parvient au pur amour du ciel.
33- Où me trouver en plénitude,
Sinon au Très Saint Sacrement ?
J’y suis caché en solitude,
C’est mon véritable élément.
34- Heureux celui qui communie,
Le cœur humble, fidèle et pur,
Sans tiédeur, sans hypocrisie ;
Il aura ma flamme : il est pur !
35- Voulez-vous que je vous anime ?
Appliquez-vous à l’oraison ;
Vous y deviendrez ma victime
Et moi, votre perfection.
36- Fuyez loin du monde en retraite
Pour y prier Dieu dans la paix ;
C’est où les saints ont en cachette
Goûté mes feux, reçu mes traits.
37- En vers tous soyez charitables,
Aimez jusqu’à vos ennemis ;
Sans cet amour bien véritable,
De m’avoir il n’est pas permis.
38- Le secret est d’aimer Marie
Pour aimer Jésus nuit et jour :
Elle est la Mère et l’incendie
Du bel et du parfait amour.
39- Parler de Dieu dans sa manière,
Souffrir pour lui, garder sa loi,
Aimer la Croix et la prière,
Sont des signes certains de moi.
40- « Mille fois mon cœur vous désire,
Amour divin, venez à moi :
Être sans vous, c’est un martyre !
Venez donc me donner la loi.
41- « Voilà mon corps, voilà mon âme :
Tout à vous, ô Reine des cieux,
Allumez partout votre flamme,
Sacrifiez tout à vos feux.
42- « N’épargnez point la créature
Pour faire place au Créateur !
Rendez-le malgré ma nature,
Le Maître et le Roi de mon cœur.
43- « Pardon, ô charité divine,
De mes refus, de mes froideurs.
C’en est fait, j’ouvre ma poitrine
À vos attraits, à vos ardeurs.
44- « Par les entrailles de Marie,
Par les mérites de Jésus,
Venez chez moi, je vous en prie :
Je ne vous résisterai plus !
45- « Divin Jésus, amour suprême,
C’est vous seul que j’aime ici-bas ;
Je vous aime et dis anathème
À ceux qui ne vous aiment pas.
46- « Oui, mon cher amour, je vous aime,
Non par crainte du châtiment,
Ni pour la récompense même,
Mais pour vous seul uniquement.
47- « Mon cher Époux, je vous embrasse.
Je me donne à vous tout entier,
Il est juste que je le fasse,
Vous m’embrassâtes le premier. »
DIEU SEUL
Cantique pour Notre-Dame (St L-M de Montfort)
En l'honneur du St Nom de Marie (cantique de St L-M de Montfort)
1- Pour le beau Nom
De l’aimable Marie,
J’aurai toute ma vie
De la dévotion.
Ô Nom charmant
Qui remplissez mon cœur
D’un grand contentement,
J’ai savouré
Votre grande douceur,
J’en suis tout embaumé.
2- Je ne puis pas
Raconter ni comprendre
Combien ce Nom est tendre
Et quels sont ses appas.
Ce Nom sacré
Est dans les plus grands maux
Un remède assuré.
On trouve en lui,
Au milieu des travaux,
De l’aide et de l’appui.
3- Ce Nom divin
Donne au mélancolique
Une joie angélique
En chassant son chagrin.
Est-on tenté ?
Qu’on invoque ce Nom,
On est en sûreté.
On trouve en lui
La consolation
Lorsqu’on est dans l’ennui.
4- Le démon prend
Une honteuse fuite,
Avec toute sa suite,
Aussitôt qu’il l’entend.
Si l’on a peur,
Ce saint Nom raffermit
Et nous donne du cœur.
On ne craint rien
Au milieu de la nuit
Lorsqu’on l’invoque bien.
5- Enfin il est
Tout à tous sans réserve,
Il protège, il conserve,
Il instruit, il repaît.
Inclinons-nous,
Si nous le prononçons
Montrons l’exemple à tous.
Oh ! quel bonheur,
Si partout nous l’avons
Bien gravé dans le cœur !
1- Si quelqu’un prétend du ciel obtenir tout sans peine,
Qu’à Marie en premier lieu
Il vienne pour trouver Dieu,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
2- Dieu, par Marie, est calmé, tout pécheur s’en souvienne !
Qu’il vienne le cœur contrit
Par Marie à Jésus-Christ,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
3- Quelque grand pécheur veut-il rompre à jamais sa chaîne ?
Marie en a le pouvoir.
Qu’il y vienne donc pour voir,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
4- Qui veut le cœur d’un David ou d’une Madeleine ?
Qu’il vienne obtenir ce cœur
De la Mère du Sauveur,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
5- Quelqu’un veut-il surmonter le monde qui l’entraîne ?
Qu’à Marie incessamment
Il s’attache fortement,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
6- Qui veut braver tout l’enfer et mépriser sa haine,
Vienne à Marie en tout temps
Pour s’armer très puissamment,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
7- Que tout pécheur endurci, que toute âme chrétienne
Vienne présenter ses vœux
À Marie, Reine des Cieux,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
8- Quelqu’un veut-il les vertus ? Marie en est la Reine :
Qu’il vienne comme les Saints
Les recevoir par ses mains,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
9- Qui veut brûler de l’amour, sans scrupule et sans gêne
Qu’il vienne à Marie, en Dieu
Toute pleine de ce feu,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
10- Qui veut des fruits, des raisins ou des blés dans la plaine,
Qu’il implore en sûreté
Sa maternelle bonté,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
11- Qui veut guérir de tous maux, que chacun le retienne,
Qu’à Marie il ait recours,
Il en aura du secours,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
12- Qui veut être en Paradis ? La Sainte Vierge y mène.
Qu’il vienne par ce chemin
À cette dernière fin,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
13- Elle a vaincu notre Dieu, ce Monarque invincible.
Par elle il est descendu :
C’est elle qui l’a rendu
Visible, visible, visible.
14- Si notre Juge est gagné, s’il est Sauveur du monde,
C’est par sa virginité,
C’est par son humilité
Profonde, profonde, profonde.
15- Hélas ! nous étions perdus sans cette bonne Mère.
Elle a prié Dieu pour nous,
Elle a calmé son courroux
Sévère, sévère, sévère.
16- Elle a chassé le démon, cette cruelle bête,
Elle l’a mis dans les fers
Pour écraser aux enfers
Sa tête, sa tête, sa tête.
17- Et le monde et le démon avec toute leur suite,
Au nom de Jésus son Fils,
Au nom de Marie, ont pris
La fuite, la fuite, la fuite.
18- Tout, sans elle, était noyé dans les eaux du déluge.
Elle nous a délivrés,
Se faisant notre assuré
Refuge, refuge, refuge.
19- Elle a vaincu Lucifer, enchaîné l’enfer même,
Ôté le péché du cœur,
Ouvert la porte au bonheur
Suprême, suprême, suprême.
20- Dieu nous a comblés de biens, gardons-en la mémoire.
Gloire au Seigneur en tous lieux,
Victoire à Marie aux cieux !
Victoire !victoire ! victoire !
21- Elle a donné par son Fils
Et la grâce et la gloire,
La vie aux morts, l’ouïe aux sourds
Et au pauvre tout secours :
Victoire !victoire ! victoire !
22- Chantons tous d’un air joyeux
À la Reine de gloire,
En tous les temps et les lieux,
Sur la terre et dans les cieux :
Victoire ! victoire ! victoire !
Cantique à Notre-Dame (St L-M de Montfort)
Le luxe (cantique de St L-M de Montfort)
1-Voici le plus fin des pièges
Que le démon ait tendu,
Le plus grand des sortilèges,
Presque partout répandu.
2-Voici la vaine parade
Et la sotte vanité
D’un cerveau creux et malade
Et qui se croit en santé.
3-C’est le luxe en ses parures,
En ses habits, ses repas,
En cent autres créatures
Dont on se sert ici-bas.
4-Le luxe est ce qui surpasse
Un entretien modéré
Dont l’homme sage se passe
Et dont le fou s’est paré.
5-Toute la sainte Écriture
Blâme ce dérèglement
Et le Saint-Esprit assure
Qu’il en fera châtiment :
6-Qu’il changera ces délices,
Ces draps fins, ces ornements
En de très rudes cilices,
En de très cruels tourments.
7-Babylone s’est perdue
Dans la pourpre et le fin lin,
Toute infâme en est vêtue
Et fera la même fin.
8-Par cette délicatesse
Le mauvais riche périt ;
Il fut par cette mollesse
Condamné du Saint-Esprit.
9-En différentes manières
Tous les saints ont combattu
Cette engeance de vipères,
Ce poison de la vertu.
10-Le luxe est la frénésie
Des gens les plus orgueilleux,
C’est la vraie apostasie
Du baptême et de ses vœux.
11-Dans le luxe on ne peut être
Vrai disciple du Sauveur,
On renonce à ce bon Maître
Pauvre en biens, humble de Cœur.
12-Un chrétien sans ses épines
N’est qu’un membre délicat ;
Sans ses armures divines
Il n’est qu’un lâche soldat.
13-Dans le luxe et l’abondance,
Dans les habits éclatants,
Fantôme de pénitence,
Fantôme de pénitents !
14-Le corps devient une idole
Dès lors qu’il est trop flatté ;
En son ornement frivole,
Un encens de vanité.
15-Faire de sa chair pourrie
Son idole et son encens,
Quelle horrible idolâtrie,
Quelle injure au Tout-Puissant !
16-Cette idole abominable
Vient souvent dans les lieux saints
Pour y faire un trône au diable,
Pour accomplir ses desseins.
17-Madame entre : place, place
A son train, à son coussin !
Chacun se range, elle passe
Et tous regardent son train !
18-Voilà l’idole parée
Près d’un autel dédoré,
De tous elle est adorée,
Dieu n’est pas considéré.
19-Tout le monde la regarde,
Le dos au Saint-Sacrement,
Elle-même se mignarde,
Et s’agence incessamment.
20-Cette mondaine insolente
A secoué toutes les lois,
Jusque sur sa chair puante
Elle profane la Croix.
21-Cette abominable impie
Dispute la gloire à Dieu,
Et par son immodestie
Déshonore son saint lieu.
22-Le luxe est un badinage
Dont les enfants sont trompés,
Un ridicule assemblage
De plusieurs morceaux coupés.
23-Tout étant double en malice
Dans ce misérable temps,
Tout est double en artifice
Jusque dans les vêtements.
24-On coupe, on taille, on mélange,
On falsifie, on détruit :
Tous les jours la mode change
Et nous trompe à petit bruit.
25-Une beauté naturelle
A de plus doux agréments
Que n’en a l’artificielle
Avec tous ses ornements.
26-Une propreté modeste
Renferme un charme divin,
Et n’a point cet air funeste
D’un artifice mondain.
27-Préférer le corps à l’âme,
Le temps à l’éternité,
C’est ce que le luxe infâme
Fait par sa malignité.
28-Le luxe a pour sa devise
Le plus fin de tous les maux,
Puisque c’est lui qui déguise
Tous les maux et les défauts.
29-C’est la marque naturelle
D’un pauvre cerveau tout creux,
D’une âme superficielle
Et d’un esprit orgueilleux.
30-Le luxe est des âmes lâches
Qui n’ont rien de vigoureux,
Des âmes pleines d’attaches
Rampantes dans ces bas lieux.
31-Il rend l’âme misérable,
Oisive et froide en tout lieu,
Indigne et même incapable
De grandes choses pour Dieu.
32-Le luxe rend un fidèle
Captif du respect humain,
Captif de la bagatelle,
Captif de l’esprit malin.
33-Il détruit la tempérance
Qui modère les plaisirs,
Il inspire l’abondance
Des plaisirs et des désirs.
34-Le luxe avec ses délices
Chasse la sobriété
Et détruit les sacrifices
De la sainte austérité.
35-Dans ces temps pleins de misères,
De luxe et de vanité,
On ne voit plus de nos pères
La sainte frugalité.
36-Ils avaient l’âme remplie
D’honneur, de simplicité,
D’une sainte économie,
D’une humble médiocrité.
37-Par un secret admirable
Ils joignaient l’utile au beau,
Le solide à l’agréable
Et la gloire à leur tombeau.
38-Leur conduite était unie,
Simple sans déguisement,
Charitable, sans envie,
Ferme, sans entêtement.
39-Sous leurs serges et leurs bures,
Ils cachaient plus de grandeur
Que nous tous sous les parures
De tout ce monde trompeur.
40-Mon Dieu, quelle différence
Entre nos anciens et nous !
Ils n’étaient qu’intelligence,
Nous sommes presque tous fous.
41-Leur unique nécessaire
Était d’être vertueux,
Nous ne recherchons qu’à plaire
A ce monde malheureux.
42-Ils traitaient de babioles
Et de vains amusements
Tant d’équipages frivoles,
Tant de sots raffinements.
43-Leurs parures, leurs richesses
Étaient les vertus du cœur,
Leurs plaisirs et leurs tendresses
Étaient l’amour du Seigneur.
44-Ils regardaient en gens sages
Ces ornements recherchés
Comme de purs badinages
Et des sources de péchés.
45-Un chacun vivait tranquille
Et content en son état,
Suivant le saint Évangile
Et sans luxe et sans débat.
46-Avons-nous leurs caractères ?
Ah ! nous les abandonnons.
Nous n’avons plus leurs manières,
Nous n’avons d’eux que les noms.
47-Maintenant mille chimères,
Mille petits biens trompeurs,
Mille soins non nécessaires,
Font les objets de nos cœurs.
48-Le luxe s’est rendu maître
D’un nombre infini de fous ;
Un vain désir de paraître
Les anime et conduit tous.
49-Le luxe a confondu l’homme,
L’artisan fait le marchand,
Le bourgeois, le gentilhomme,
Et le marquis, l’intendant.
50-Un autre en magnificence
Égale un prince du sang ;
Peu par une humble prudence
Sont maintenant dans leur rang.
51-On doit donner à la femme
D’un partisan, d’un commis,
Le beau titre de "madame"
Pour être de ses amis.
52-Les moindres femmes se donnent
Des airs de distinction,
Se parent et se couronnent
Avec toute ambition.
53-Elles entassent sur elles
L’or, l’argent et les draps fins,
La soie et riches dentelles,
Les velours et les satins.
54-Selon leur mode bizarre
Et leur cortège orgueilleux,
Rien ne leur semble assez rare,
Assez riche et précieux.
55-Ces mondaines malheureuses
Avec leur soie et fin lin
Sont presque toutes voleuses,
Mais leur larcin est bien fin.
56-Elles feront cent emplettes
Pour se parer à l’envi(e),
Au lieu de payer leurs dettes
Et rendre le bien d’autrui.
57-Pour leurs habits ridicules,
A la mode et d’un haut prix,
Elles volent sans scrupule
Leurs enfants et leurs maris.
58-Leurs désirs, leur soif ardente
D’avoir de nouveaux atours,
A mis leur pudeur en vente
Avec leurs folles amours.
59-Leur luxe et leur arrogance
Ne dit jamais : « C’est assez »,
Mais Dieu tirera vengeance
De ces biens mal dépensés.
60-Quelle injure et quel outrage
Font-elles au Créateur,
En réformant son ouvrage
Par leur appareil trompeur !
61-Elle gâtent la nature
En la voulant déguiser,
Ce n’est plus qu’une imposture,
Qu’un piège à scandaliser.
62-O luxe toujours infâme,
Tu souilles la pureté,
Tu brûles le corps et l’âme
Du feu de l’impureté.
63-O marque très évidente
D’une femme sans pudeur !
O la livrée éclatante
D’une orgueilleuse laideur !
64-O le grand piège des diables
Et leur poison amoureux,
Pour faire des cœurs coupables
En les prenant par les yeux !
65-Voilà leur secrète mine
Pour renverser le plus fort,
Voilà leur grande machine
Pour donner à tous la mort.
66-Ils dressent leur batterie
Sur ce visage fardé,
Pour en donner de l’envie
Lorsqu’il sera regardé.
67-Ils ont mis avec finesse
Leur trône en leurs vanités,
Ils ont leur bureau d’adresse
En toutes leurs nudités.
68-De cette gorge trop nue
Ils lancent des traits brûlants
Qui vont au cœur par la vue,
Et font périr mille gens.
69-Pour inspirer davantage
Le poison de leurs amours,
Ils font briller le visage,
Ils donnent l’astre aux atours.
70-Ils parleront par leur bouche,
Ils brilleront dans leurs yeux,
Afin que leur éclat touche
Et fasse des amoureux.
71-Ce luxe s’est fait passage
Dans les habits de ce temps,
Dans les repas, l’équipage,
Les meubles, les ornements.
72-Les damoiselles vêtues
De leurs habits d’arlequins
Se promènent dans les rues
Sur leurs petits brodequins.
73-Madame paraît enflée
D’un lourd et large manteau ;
Elle en gémit, accablée
Sous la mode du fardeau.
74-Voyez donc leurs queues traînantes,
Leurs beaux linges transparents,
Leurs étoffes différentes
A trois ou bien quatre rangs ;
75-Leurs écharpes composées
De morceaux tout rapportés,
Par artifice plissées
Avec cent diversités ;
76-Leur coiffure à triple étage,
Leurs beaux colliers enrichis,
Leur orgueilleux étalage,
Leurs cheveux noirs tout blanchis :
77-Leurs amadis, leurs guipures,
Leurs franges d’or, leurs galons
Et leurs autres garnitures
Dont on ignore les noms.
78-Oh ! quel tas de niaiseries,
D’affiquets et de bibus !
Tous les jours ces rêveries
S’accroissent de plus en plus.
79-Des filles de Babylone
Les hommes sont amoureux,
Chacun a son amazone
Pour se rendre malheureux.
80-Ils imitent ces sucrées
Dans le luxe des habits,
Dans leurs perruques poudrées,
Dans leurs étoffes de prix.
81-Leur habit change de mode
Plus souvent que tous les mois,
Et, quoiqu’il soit incommode,
Ils doivent subir ses lois.
82-Monsieur l’abbé, je vous laisse
Vous déguiser, vous poudrer,
En voyant votre mollesse
L’Église devrait pleurer.
83-Votre soutane pompeuse,
Votre rabat bien tiré,
Fait de la bonne faiseuse,
Votre chapeau si lustré ;
84-Votre ceinture volante,
Vos beaux souliers si mignons,
Votre manière galante :
Mais en vain nous vous peignons.
85-Le luxe s’est rendu maître
De presque tous les festins,
Et l’on n’y voit plus paraître
Qu’assaisonnements mondains.
86-L’orgueil et l’intempérance,
Le plaisir, la volupté
En ont chassé l’innocence
Avec la frugalité.
87-Ces magnifiques services,
Ces vaisselles de vermeil,
Ces ragoûts, ces artifices
Du plaisir et de l’orgueil ;
88-Cette inutile abondance
De mets et vins délicats,
Cette excessive dépense
Qu’on fait pour un seul repas ;
89-Enfin, mille excès de table
Que le luxe a recherchés,
Rendent l’état misérable
Et causent mille péchés.
90-Oh ! que de vains équipages,
Que de chevaux, que de chiens,
Que de laquais comme pages !
Oh ! que de pertes de biens !
91-Le luxe est sur le pinacle
Chez les gens de qualité,
Ce serait un grand miracle
D’y voir la frugalité.
92-Les maisons des grands sont pleines
D’ameublements précieux,
De jaspes, de porcelaines
Et de meubles curieux ;
93-De rares architectures,
De vastes appartements,
De bijoux, de miniatures,
De mille raffinements ;
94-De nouvelles hautes lices,
De nouveaux lits suspendus,
Mille nouveaux artifices,
Ou plutôt nouveaux abus.
95-Le luxe tout diabolique
S’est introduit en tous lieux,
Et l’on vante sa pratique
Pour n’être pas scrupuleux.
96-Presque aucun ne suit les traces
Que doit suivre un vrai chrétien,
On est chrétien par grimace,
Mais au fond on est païen.
97-Le luxe chante victoire
Sur l’humble simplicité,
Et le monde a mis sa gloire
Dans l’art et la vanité.
98-D’où vient ce mal ordinaire ?
C’est qu’on veut être estimé,
C’est qu’on désire de plaire,
C’est que l’on veut être aimé.
99-Paraît-on en compagnie,
Les beaux habits, le grand train ;
Est-on seul, la modestie
Succède à cet air mondain.
100-C’est qu’on veut vivre à la mode
Et suivre le train commun,
De peur d’être un incommode
Ou de déplaire à quelqu’un.
101-Souvent l’envie orgueilleuse
D’en voir un autre mieux mis
Est la source malheureuse
Du luxe dans les habits.
102-Le démon fait qu’on s’empresse,
Sans ombre de propreté,
A cette délicatesse,
A cet air trop affecté.
103-Il fait qu’on boit sans scrupule
De ce poison préparé,
Et qu’on mord sans qu’on recule
A cet hameçon doré.
104-Mais si pour plaire à vous-même,
Comme on fait communément,
Pour qu’on vous voie et vous aime,
Vous prenez cet ornement,
105-Dès lors vous êtes coupable,
Indigne des sacrements,
Esclave et suppôt du diable,
Digne de tous ses tourments.
106-Le luxe vous ensorcelle,
Vous n’y voyez point de mal,
Mais à votre mort cruelle
Vous le connaîtrez fatal !
107-Malgré toutes vos folies
Et vos plaisirs du dehors,
Vos âmes ne sont remplies
Que de chagrins et remords.
108-Mettez-vous crêtes sur crêtes
Et ne vous abaissez pas :
Bientôt, orgueilleuses têtes,
Oui vous tomberez là-bas.
109-Là vous serez payées
De vos fards, de vos atours,
Des heures mal employées
Dans vos jeux et vos amours.
110-Femmes braves, filles belles,
Que vos charmes sont cruels !
Que vos beautés infidèles
Font périr de criminels !
111-Oui vous paierez pour ces âmes
Que vous avez fait pécher,
Que vos pratiques infâmes
Ont hélas fait trébucher.
112-Tant que je serai sur terre,
Idoles de vanité,
Je vous déclare la guerre,
Armé de la vérité.
113-Toi qui ne veux pas me croire
En lisant ces petits vers,
J’attends sur toi la victoire
Quand tu seras aux enfers.
114-Retranchez, âme bien née,
Tout ce qui ne sert de rien ;
Efforcez-vous d’être ornée
Du seul et souverain bien.
115-Fuyez le monde en sa gloire
Et rentrez en votre cœur ;
Que ce soit votre oratoire,
Votre joie et votre honneur.
116-Fuyez le luxe funeste,
Mais gardez la propreté
Et soyez humble et modeste
Sans avoir rien d’affecté.
117-Faites de votre famille
Votre devoir principal,
Formez-la sur l’Évangile
Et n’y souffrez point le mal.
118-Donnez-lui toujours l’exemple
De toutes sortes de bien,
Afin qu’elle vous contemple
Comme son miroir chrétien.
DIEU SEUL.
1- Si quelqu’un prétend du ciel obtenir tout sans peine,
Qu’à Marie en premier lieu
Il vienne pour trouver Dieu,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
2- Dieu, par Marie, est calmé, tout pécheur s’en souvienne !
Qu’il vienne le cœur contrit
Par Marie à Jésus-Christ,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
3- Quelque grand pécheur veut-il rompre à jamais sa chaîne ?
Marie en a le pouvoir.
Qu’il y vienne donc pour voir,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
4- Qui veut le cœur d’un David ou d’une Madeleine ?
Qu’il vienne obtenir ce cœur
De la Mère du Sauveur,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
5- Quelqu’un veut-il surmonter le monde qui l’entraîne ?
Qu’à Marie incessamment
Il s’attache fortement,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
6- Qui veut braver tout l’enfer et mépriser sa haine,
Vienne à Marie en tout temps
Pour s’armer très puissamment,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
7- Que tout pécheur endurci, que toute âme chrétienne
Vienne présenter ses vœux
À Marie, Reine des Cieux,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
8- Quelqu’un veut-il les vertus ? Marie en est la Reine :
Qu’il vienne comme les Saints
Les recevoir par ses mains,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
9- Qui veut brûler de l’amour, sans scrupule et sans gêne
Qu’il vienne à Marie, en Dieu
Toute pleine de ce feu,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
10- Qui veut des fruits, des raisins ou des blés dans la plaine,
Qu’il implore en sûreté
Sa maternelle bonté,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
11- Qui veut guérir de tous maux, que chacun le retienne,
Qu’à Marie il ait recours,
Il en aura du secours,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
12- Qui veut être en Paradis ? La Sainte Vierge y mène.
Qu’il vienne par ce chemin
À cette dernière fin,
Qu’il vienne, qu'il vienne, qu'il vienne !
13- Elle a vaincu notre Dieu, ce Monarque invincible.
Par elle il est descendu :
C’est elle qui l’a rendu
Visible, visible, visible.
14- Si notre Juge est gagné, s’il est Sauveur du monde,
C’est par sa virginité,
C’est par son humilité
Profonde, profonde, profonde.
15- Hélas ! nous étions perdus sans cette bonne Mère.
Elle a prié Dieu pour nous,
Elle a calmé son courroux
Sévère, sévère, sévère.
16- Elle a chassé le démon, cette cruelle bête,
Elle l’a mis dans les fers
Pour écraser aux enfers
Sa tête, sa tête, sa tête.
17- Et le monde et le démon avec toute leur suite,
Au nom de Jésus son Fils,
Au nom de Marie, ont pris
La fuite, la fuite, la fuite.
18- Tout, sans elle, était noyé dans les eaux du déluge.
Elle nous a délivrés,
Se faisant notre assuré
Refuge, refuge, refuge.
19- Elle a vaincu Lucifer, enchaîné l’enfer même,
Ôté le péché du cœur,
Ouvert la porte au bonheur
Suprême, suprême, suprême.
20- Dieu nous a comblés de biens, gardons-en la mémoire.
Gloire au Seigneur en tous lieux,
Victoire à Marie aux cieux !
Victoire !victoire ! victoire !
21- Elle a donné par son Fils
Et la grâce et la gloire,
La vie aux morts, l’ouïe aux sourds
Et au pauvre tout secours :
Victoire !victoire ! victoire !
22- Chantons tous d’un air joyeux
À la Reine de gloire,
En tous les temps et les lieux,
Sur la terre et dans les cieux :
Victoire ! victoire ! victoire !
La danse & le bal, la comédie & les spectacles (St L-M de Montfort)
La petite Couronne de la Ste Vierge (cantique de St L-M de Montfort)
I- LA DANSE ET LE BAL
1-On veut me perdre, Seigneur,
Par le piège de la danse ;
Coupez ce piège trompeur
Qu’on tend à mon innocence.
Les mondains dansent malgré vous,
O Seigneur, secourez-nous.
2-Voici l’encens de Vénus
Et son école agréable,
Voici le jeu de Bacchus,
Voici le cercle du diable,
Voici sa belle invention
Pour notre perdition.
3-Oui, Satan est l’inventeur
De la danse malheureuse,
Il est le premier auteur
De cette peste joyeuse,
Pour damner bien joyeusement
Et comme insensiblement.
4-A la danse il est le roi,
C’est là qu’on lui fait hommage,
C’est là qu’il donne la loi
D’un joyeux libertinage ;
Il a pris séance en ce lieu,
Il a son trône au milieu.
5-C’est lui qui met tout en train
En ce maudit exercice,
Il y glisse son venin
Et sa flamme et sa malice ;
C’est de lui que vient le désir
Et le funeste plaisir.
6-Il anime les danseurs
A danser, chanter et rire ;
C’est là qu’il gagne leurs cœurs
Et leurs corps à son empire ;
Il en fait tous les mouvements,
Les pas et les tournoiements.
7-Il se glisse dans la voix
Pour chanter de bonne grâce,
Il anime le hautbois
Pour chanter sans qu’il se lasse ;
Il y fait tous les agréments
Et les sons des instruments.
8-Il se glisse dans le corps
Des danseurs et des danseuses
Pour leur donner des transports
De ses flammes amoureuses ;
Il conduit les pieds et les yeux
De ces pauvres malheureux.
9-Leur corps est tout déréglé,
Leur esprit est sans lumière,
Leur cœur est ensorcelé :
C’est ce que le diable opère,
Leur faisant nommer scrupuleux
Ceux qui ne font pas comme eux.
10-Le démon chez les païens
A ce tribut ordinaire,
Il n’en cherche pas les biens,
Mais qu’ils dansent pour lui plaire ;
On tient que Satan leur promet
Pour danser quelque bienfait.
11-Les sorciers dans les sabbats
Ont, dit-on, cette pratique :
Ils font après leurs repas
Une danse diabolique.
C’est l’encens, le culte fatal
De cet esprit infernal.
12-Presque tous les réprouvés
Croient que la danse est permise ;
Mais ceux qui seront sauvés,
Les vrais enfants de l’Église,
L’ont tous en exécration,
En abomination.
13-En parlant en général,
La danse est indifférente,
De soi ce n’est pas un mal,
Elle peut être innocente,
Car David dansa de ferveur
Devant l’arche du Seigneur.
14-Mais pour danser sans pécher,
Il faut tant de circonstances,
Qu’on ne peut pas s’empêcher
D’offenser Dieu dans les danses.
C’est un mal ordinairement,
C’est un grand dérèglement.
15-La façon, le temps, la fin
Et la personne qui danse
Y jette tant de venin
Qu’on y perd son innocence,
Le malheur suit tous les danseurs
Et même leurs spectateurs.
16-Comment vient-on au malheur
De ce fin libertinage ?
Avec poudre de senteur,
Avec fard sur le visage,
Avec des fines nudités,
Le luxe et les vanités.
17-Hélas ! Comment danse-t-on ?
La manière en est infâme,
Tout inspire le poison
D’une très impure flamme :
Ces regards si doux et perçants,
Ces mouvements si pressants.
18-Les pas sont si mesurés,
Les cadences sont si belles,
Les acteurs si bien parés
Et les chansons si nouvelles !
Qui pourrait s’empêcher d’aimer,
De brûler et d’enflammer ?
19-Que dire de ces baisers
Qu’on donne pour la clôture,
De ces cruels messagers
D’une flamme toute impure ?
Sont-ils pas les sceaux du démon
Qu’on n’imprime qu’en son nom ?
20-On sait bien par quels motifs
On danse pour l’ordinaire,
Ils sont cachés, mais lascifs :
On veut aimer, on veut plaire,
Émouvoir ou bien être ému,
Ou voir, ou bien être vu.
21-On danse avec des chansons
Toutes pleines d’amourettes,
On se prend aux hameçons
De ces infâmes sornettes ;
Puis ont dit, quand on a dansé :
« Dieu n’en est point offensé. »
22-On danse aux jours défendus,
Et plus qu’aux jours ordinaires,
Et c’est en ces temps perdus
Que Satan fait ses affaires ;
Et l’on fait du jour du Seigneur
La fête du tentateur.
23-Hélas ! on compte pour rien
Le temps qu’on perd à la danse,
Quoiqu’il soit le plus grand bien,
Quoiqu’il soit d’un prix immense ;
Temps si court, temps si précieux,
Donné pour gagner les cieux.
24-Si la danse en un païen
Est toujours très condamnable,
Que sera-ce en un chrétien ?
Oh ! le crime abominable !
Apostat qui renonce au vœu
Qu’il avait fait à son Dieu.
25-N’avait-il pas renoncé
A toute pompe du diable ?
La danse a toujours passé
Pour la plus considérable.
En dansant, il fait au Seigneur
Un sensible déshonneur.
26-Danseur, masque de chrétien,
Jésus-Christ n’est pas ton maître.
Mais Satan t’a pris pour sien,
Comme un apostat, un traître.
Va, suppôt du malin esprit,
Opprobre de Jésus-Christ.
27-Un criminel en dansant
Va mourir à la potence ;
Dans un danger si pressant
Un soldat qui rit et danse :
O folie, ô malheur cruel
D’un danseur tout criminel !
28-O grand fou, qui danse au bord
D’un éternel précipice,
Sans appréhender la mort
Ni Dieu même en sa justice !
Ah ! Satan l’a tout aveuglé,
Il tuera ce bœuf vilé.
29-Les danseurs, dans leurs transports
De bras, de pieds et de tête,
Et le reste de leur corps,
Sont moins sages que les bêtes.
Les chevaux sont bien moins fougueux
Et bien plus paisibles qu’eux.
30-L’un et l’autre Testament
Condamnent toutes les danses
Et menacent hautement
Des plus terribles vengeances
Les danseurs et les bateleurs,
Leurs fauteurs et spectateurs.
31-Dieu maudit tous leurs atours,
Leurs parfums et leurs cadences,
Leurs peines pleines d’amours,
Leurs gestes pleins d’imprudence ;
Il défend de les imiter,
De les voir et fréquenter.
32-La danse est même un tyran,
Le plus fin qui soit peut-être ;
Elle a fait mourir saint Jean,
Précurseur de notre Maître.
O grand Dieu, qu’elle a fait de morts
Et dans l’âme et dans le corps !
33-Les saints Pères, les docteurs,
Les canons, l’Église même
Ont condamné les danseurs,
Les ont frappés d’anathème,
Aussi bien que les bateleurs,
Les comédiens, les farceurs.
34-Les hommes sont aveuglés
Par la danse, dit un Père,
Les enfants sont déréglés,
Ils méprisent père et mère,
Les femmes y perdent l’honneur
Et la grâce du Seigneur.
35-Les danses font transgresser
Toutes les lois de l’Église,
Elles font aussi briser
Toute la loi de Moïse ;
Un danseur a perdu la foi
Et ne garde plus de loi.
36-Quand on danse en quelque lieu,
Le ciel pleure de tristesse,
Par cette offense de Dieu
L’enfer est dans l’allégresse ;
Tandis que le saint en gémit,
Le pécheur impie en rit.
37-Dieu punit fort fréquemment
Les danseurs, de morts subites,
Vomissant en un moment
Leurs âmes déjà maudites.
Tout d’un coup des bals et des jeux
Ils descendent dans les feux.
38-Va-t’en, monde et tes amis,
Quoi que je vienne de dire,
Dire à tous qu’il est permis
Et de danser et de rire ;
Loin de moi, monde scandaleux,
Adieu, monde malheureux.
II- LA COMÉDIE ET LES SPECTACLES
39-Mais que dirons-nous du bal
Et des maux, des comédies,
De ce trésor infernal
De toutes les infamies ?
C’est là que le cœur le plus dur
S’attendrit pour être impur.
40-C’est le trésor du péché,
Pour y savoir la méthode
De le faire si caché,
Qu’il en devient à la mode,
Et qu’il soit finement vêtu
Des habits de la vertu.
41-Diabolique invention,
Malheureuse comédie.
Oh ! cruelle illusion !
Oh ! infernal incendie,
Où l’on fait toute impiété
Avec joie, avec gaieté !
42-Lieu d’opéra, lieu maudit
Où l’air, la voix et le geste
Opèrent sans contredit
Le poison le plus funeste.
« Les beaux airs ! », dit-on, « les beaux vers ! »
Oh ! sirènes des enfers !
43-O source des plus grands maux,
Fournaise de Babylone,
Où des prestiges nouveaux
Ont mis Satan sur le trône !
O le plus fin des hameçons !
O le plus doux des poisons !
44-Se mettre un masque trompeur,
Défigurer son visage,
Blâmer ainsi son auteur
Et réformer son ouvrage,
C’est porter le sceau du démon
Et se vêtir de son nom.
45-Ce masque de réprouvé
Qui semble au diable son père,
Paraît pour être approuvé :
Non, c’est Satan qui veut plaire.
Ce maudit ainsi travesti
Appelle à prendre parti.
46-Écoutez Satan parler
Par cet acteur qui déclame,
C’est par lui qu’il sait brûler
Le corps aussi bien que l’âme,
Fin serpent glissé sous les fleurs
Et les plus vives couleurs.
47-Le plus parfait des acteurs,
Qui fait mieux son personnage,
Est le plus fin des menteurs
Qui cache le mieux sa rage,
En glissant finement au cœur
Le poison le plus trompeur.
48-Chacun admire à danser
Cette malheureuse femme ;
Elle va tout embraser
De son amoureuse flamme,
Son poison paraît le plus doux, E
C’est le plus cruel de tous.
49-Les yeux riants et joyeux
De cette belle danseuse,
Son air tendre et doucereux
Et sa voix harmonieuse
Portent coup et lancent des traits
Qu’on ne rejette jamais.
50-Les gestes, les mouvements
Que fait cette baladine
Sont de vrais enchantements
D’une malice très fine ;
Ses yeux, son chant et ses contours
Prêchent ses folles amours.
51-On la voit, on réfléchit,
Le démon vient, il anime,
On sent, le cœur se fléchit,
On tombe enfin dans le crime,
Alors on dit que dans le bal
On ne fait jamais de mal.
52-Dans l’enfer, que de milliers
De danseurs et de danseuses
Qui brûlent dans ces brasiers
Et ces flammes rigoureuses !
Malgré tout, dansez, étourdis,
Sans croire ce que je dis.
AUX PÈRES ET MÈRES
53-Malgré tous ces grands périls
Et ces péchés de la danse,
Va, père, apprendre à ton fils
Cette funeste cadence,
Et lui dis, s’il est scrupuleux,
Qu’il le faut, que tu le veux.
54-Mère, ne m’écoutez pas,
Faites danser votre fille.
Dressez son corps et ses pas :
Qu’en dirait-on dans la ville ?
Ce bel art, cette honnêteté
Convient à sa qualité.
55-Sans cela, point de galants,
Elle sera délaissée ;
Sans cela, les jeunes gens
En feront tous leur risée.
Il le faut pour la marier,
Ou bien se faire crier.
56-Menez-la vous-même au bal
Afin de savoir le monde,
La danse n’est pas un mal
Quoique le scrupuleux gronde,
On ne voit rien qui soit méchant
Dans la danse et dans le chant :
57- « Fuyez ces gens scrupuleux,
Ne prenez pas leur méthode,
N’ayez pas un air fâcheux,
Dansez, soyez à la mode,
Je le veux, il faut m’obéir,
Quel mal à se réjouir ? »
58-La fille d’un artisan
A l’air grossier et champêtre.
« Fi ! n’ayez point l’air paisan,
Allez danser chez un maître
Pour acquérir un air civil,
Bien honnête et bien gentil. »
59- « Le confesseur où je vais,
Qui sait fort bien que je danse,
N’y trouve rien de mauvais,
Ne m’en a point fait défense. »
C’est ainsi, malheureux parents,
Que vous damnez vos enfants.
AUX BALADINS ET COMÉDIENS
60-Baladins et comédiens,
Pires que les sorciers même,
Pires que les magiciens
Qui cachent leur stratagème,
Scandaleux, hommes tous perdus,
Voleurs les plus étendus.
61-Oui, malheureux, vous volez
Finement les républiques
Et vous les ensorcelez
De vos infâmes pratiques ;
Fins voleurs qui trompez les fous,
On devrait vous pendre tous.
62-Grands maîtres de tous péchés,
Pire que les infidèles,
Membres pourris, retranchés
De l’Église et des fidèles,
Gens maudits et excommuniés,
Malheur à vous qui riez.
63-Oh ! grands ennemis de Dieu,
Oh ! l’engeance de vipère,
Qui mettez partout le feu,
Le mensonge et la misère,
Vous pillez par votre art si fin
Et la veuve et l’orphelin.
64-Commissaires de Satan,
Ennemis de l’Évangile,
Pour gagner, allez-vous-en
Paraître de ville en ville,
Mais sans peur des gens scrupuleux
On vous appuie en tous lieux.
65-Vous serez les bienvenus
Par toute la Babylone,
Et les mieux entretenus,
Malgré le curé qui prône,
Vous aurez, grands prédicateurs,
Un grand nombre d’auditeurs.
66-Aux sermons, les pauvres gens,
Les dévots, les pauvres femmes,
Mais chez vous, gens apparents,
Grands messieurs et grandes dames,
Quoique vous soyez les plus fous
Vous serez suivis de tous.
67-Et quoique excommuniés
Par l’Église et les gens sages,
Buvez, dansez et riez
En jouant vos personnages,
En disant : « Le Seigneur est bon,
Nous en aurons le pardon. »
68-Mais à condition pourtant
Que, la mesure étant pleine,
Vous irez en un instant
De la danse dans la peine,
Pour brûler éternellement
Et pleurer amèrement.
AUX PRÊTRES
69-Chiens aboyants du Seigneur,
Saints prêtres remplis de zèle,
Faisons de bouche et de cœur
La guerre au monde rebelle,
Aux danseurs et aux comédiens,
Pires que tous les païens.
70-Ces aveuglés nous prendront
Pour des fous visionnaires,
Et peut-être nous diront :
« Mêlez vous de vos affaires ! »
Tenons bon, aboyons toujours,
Dieu nous donnera secours.
71-Si nous n’avons pas le pouvoir
D’ôter les péchés du monde,
Il est de notre devoir
D’aboyer, quoiqu’il en gronde ;
Puis après, s’il ne nous croit pas,
D’en gémir jusqu’au trépas.
72-Si nous n’empêchons ces jeux,
Spectacles ou comédies,
Dieu nous punira comme eux
Et plus qu’eux dans l’autre vie,
Il faudra répondre pour tous
Et porter tout son courroux.
DIEU SEUL.
1- Chantons tous d’un air joyeux
Un cantique harmonieux
À la divine Marie,
Qui nous a donné la vie.
Chantons tous à qui mieux mieux,
Imitons les bienheureux.
2- Étant tous ses serviteurs,
Rendons-lui tous mille honneurs.
Qu’un chacun de nous lui donne
Une brillante couronne,
Mettons du moins notre fleur
À sa couronne d’honneur.
3- C’est le chef-d’œuvre excellent
De la main du Tout-Puissant.
Qu’un chacun de nous lui donne
Une brillante couronne,
Mettons du moins notre fleur
À sa couronne d’honneur.
4- Quand on lui rend quelque honneur,
Il retourne à son auteur.
Qu’un chacun de nous lui donne
Une brillante couronne,
Mettons du moins notre fleur
À sa couronne d’honneur.
5- Parmi les Saints, après Dieu,
Marie a le premier lieu.
Ô la charmante Maîtresse !
Ô la puissante Princesse !
Parmi les Saints, après Dieu,
Elle tient le premier lieu.
6- Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
7- Vierge dans l’enfantement,
Vierge après l’enfantement.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
8- Jamais le moindre péché
N’a souillé sa pureté.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
9- C’est l’image des vertus
Et des grandeurs de Jésus.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
10- Elle est la Reine des Cieux
Et l’honneur de ces bas lieux.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
11- La grâce et les dons divins
Se donnent tous par ses mains.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
12- Elle apaise en un instant
Le courroux du Tout-Puissant.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
13- Elle écrase le démon :
Tout l’enfer tremble à son nom.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
14- C’est le refuge assuré
Du pécheur désespéré.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
15- C’est la Mère des chrétiens,
Qui les comble de tous biens.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
16- Elle est pleine de douceur
Pour gagner, pour Dieu, les cœurs.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
17- C’est l’asile des vivants,
C’est le support des mourants.
Appelons-la bienheureuse
Et mille fois bienheureuse ;
Elle a formé son Sauveur,
Son Père et son Créateur.
18- C’est la Mère de Jésus,
On n’en peut pas dire plus.
Voilà la gloire des gloires,
La victoire des victoires.
C’est la Mère de Jésus,
On n’en peut pas dire plus.
19- Gloire au Père, au Saint-Esprit,
Et la même à Jésus-Christ,
À Dieu seul rendons hommage,
Marie est son grand ouvrage.
Gloire au Père, au Saint-Esprit,
Et la même à Jésus-Christ.
20- Au ciel, sur terre, en tous lieux :
Marie est Mère de Dieu,
La couronne des couronnes !
Que tous les mortels entonnent :
Gloire au Père, au Saint-Esprit,
Et la même à Jésus-Christ.
"Ô merveille infinie !" (cantique attribué à St L-M de Montfort)
Les misères de cette vie et la confiance en Dieu (St L-M de Montfort)
1- Ô merveille infinie !
Dieu, le Verbe éternel,
Descendu sur l’Autel,
En qualité d’Hostie !
O miracle d’amour,
Sans aucun digne retour !
2- Dieu, par miséricorde,
Daigne s’anéantir,
Pour ne pas éblouir
Le pécheur qui l’aborde.
Adorons humblement
Un Dieu dans l’abaissement.
3- Jésus est Sacrifice
Et Sacrificateur ;
Agneau dont la douceur
Nous est toujours propice.
O miracle d’amour,
Sans aucun digne retour !
4- Cet Agneau débonnaire,
Mort autrefois pour tous,
S’immole encor pour nous,
Ici comme au Calvaire.
O miracle d’amour,
Sans aucun digne retour !
5- Voilà ce puissant Maître,
De qui seul tout dépend,
Soumis et dépendant,
Entre les mains du prêtre.
Adorons humblement
Un Dieu dans l’abaissement.
6- Oh ! quelle obéissance !
Oh ! quelle humilité !
Oh ! quelle charité !
Quelle condescendance !
O miracle d’amour,
Sans aucun digne retour !
7- D’un zèle tout sublime,
Adorons humblement
Dans le Saint-Sacrement
Cette auguste Victime ;
Adorons mille fois
Jésus-Christ le Roi des rois.
8- Soyez notre exemplaire,
Adorable Jésus,
Par toutes vos vertus,
Dans ce profond mystère ;
Loué soit à jamais
L’abrégé de vos bienfaits.
Le Magnificat (cantique de St L-M de Montfort puis version française)
Renouvellement des promesses du baptême (sur le canon de Pachelbel)
1- Mon âme magnifie
Mon Souverain Seigneur,
Et mon Dieu la remplie
De grâce et de douceur ;
Car, après bien du temps qu’on gémit en attente,
Sa souveraine Majesté
A regardé l’humilité
Du Cœur de sa servante.
2- Les hommes, dans la suite,
D’un accord merveilleux
Me publieront bénite
Dans la terre et les cieux,
Car le puissant Seigneur a fait dedans moi-même
Un prodige très surprenant :
Que son Nom est saint et puissant !
Qu’on l’adore et qu’on l’aime !
3- Il fait voir sa clémence
À quiconque le craint,
Il lui sert de défense,
Lui-même le soutient ;
Mais qui ne craindra pas sa puissance irritée ?
Son bras très juste et rigoureux
Renverse tous les orgueilleux
De cœur et de pensée.
4- Comme un coup de tonnerre,
Ce Dieu juste et vengeur,
A renversé par terre
Le prince et l’empereur.
Il a mis le petit au sommet de la gloire,
Enrichi le pauvre innocent,
Appauvri le riche insolent :
Ô Dieu ! quelle victoire !
5- Comme à nos anciens pères,
Dieu s’était engagé
De tirer de misère
Tout son peuple affligé.
Ce qu’il avait promis enfin il nous l’accorde,
Il prend un soin tout paternel
De son serviteur Israël :
Quelle miséricorde !
6- Qu’on adore et bénisse
Notre seul et vrai Dieu !
Que tout en retentisse
Et qu’on chante en tout lieu :
Gloire au Père éternel, gloire au Verbe adorable !
La même gloire au Saint-Esprit,
Qui par son amour les unit
D’un lien très ineffable.
************************
Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante, car voilà que désormais je serai appelée bienheureuse dans la succession de tous les siècles, parce que celui qui est Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, et son Nom est saint, et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ; il a déployé la force de son bras, il a dissipé ceux qui s’élevaient d’orgueil dans les pensées de leur cœur ; il a renversé les grands de leur trône, et il a élevé les petits ; il a rempli de biens ceux qui étaient affamés, et il a renvoyé les mains vides ceux qui étaient riches ; il a pris en sa protection Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde selon qu’il avait promis à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour toujours. Amen
1-Mon Dieu, je vous aime ardemment
Pour l’amour de vous-même ;
J’espère en vous très fermement,
Et j’y crois tout de même.
Pardon, mon Dieu, car j’ai péché,
Pardon de mon offense ;
Pour votre amour, j’en suis fâché,
Et j’en fais pénitence.
2-Que de bienfaits jusqu’à ce jour !
Je vous en remercie ;
Je me consacre à votre amour,
Tout le temps de ma vie.
Donnez la bénédiction
A ce que je vais faire :
Que tout soit en votre saint Nom,
Que tout soit pour vous plaire.
3-Mon Patron, mon Ange Gardien,
Aidez-moi, je vous prie ;
Soyez mon aide et mon soutien,
Sainte Vierge Marie :
Priez pour moi votre cher Fils,
Apaisez sa colère ;
Gardez-moi de mes ennemis,
Soyez ma bonne Mère.
4-Je renouvelle tout de bon
Les vœux de mon Baptême ;
Contre le monde et le démon,
Je prononce anathème.
Je me donne à vous, mon Jésus,
Par votre sainte Mère,
Afin, par vous, d’être reçu
Auprès de votre Père.
5-Seigneur, accordez au pécheur
La grâce et l’indulgence ;
Donnez au juste la ferveur
Et la persévérance.
Soulagez vos pauvres enfants
Qui sont en purgatoire ;
Gardez-nous de tous accidents,
Placez-nous dans la gloire.
"Oh ! l'auguste Sacrement" (cantique montfortain)
La charité du prochain (sur plusieurs airs, St L-M de Montfort)
1- Je ne veux plus chanter en vain,
Car en chantant mon cœur s’explique
Et la charité du prochain
Ouvrant mon cœur fait ce cantique :
Vive la sainte charité,
Dont je sens mon cœur transporté !
2- Par elle on aime tendrement
Son prochain tout comme soi-même,
Pour l’amour de Dieu seulement,
Parce qu’il commande qu’on l’aime,
Sans prendre égard à ses défauts,
Sans avoir horreur de ses maux.
3- Le Très-Haut veut absolument
Que l’homme aime l’homme son frère :
C’est son plus grand commandement
Et de Créateur et de Père.
Il en punit les transgresseurs
Avec les dernières rigueurs.
4- Sa seule autorité suffit,
Il suffit qu’il parle et commande ;
Malheur à qui désobéit,
Car la vengeance en sera grande.
Dieu s’en déclare l’ennemi,
Fût-il d’ailleurs son grand ami.
5- « Tout homme est, dit ce grand Seigneur,
Mon beau portrait, ma vive image ;
On me touche au vif jusqu’au Cœur
Autant de fois que l’on l’outrage.
Je vengerai ce déshonneur
Dans le grand jour de ma fureur ! »
6- La charité renferme en soi
La sainteté la plus parfaite,
L’accomplissement de la loi :
Sans elle aucune loi n’est faite.
C’est le seul lien des vertus,
Sans lequel elles ne sont plus.
7- C’est elle qui, par sa beauté
Et sa pureté lumineuse,
Couvre et détruit l’iniquité
La plus grande et la plus nombreuse.
Un cœur est plein de pureté
Dès qu’elle y règne en vérité.
8- « Ayez un grand amour mutuel
L’un pour l’autre », nous dit saint Pierre.
C’est là le point essentiel,
Il n’est rien si grand sur la terre.
L’amour est la grande perfection
De toute la religion.
9- La marque du prédestiné
Est la charité pour son frère.
C’est Jésus qui nous a donné
Cet infaillible caractère,
Pour distinguer ses serviteurs,
Parmi les faux adorateurs.
10- « Voici mon grand commandement,
Nous dit à tous Jésus-Christ même,
Que vous vous aimiez tendrement
Et de même que je vous aime.
Il est nouveau dans sa douceur,
Il est ancien dans sa grandeur. »
11- Mais comment nous a-t-il aimés ?
Sans intérêt et sans mesure,
Jusqu’à mourir tout consumé
De la charité la plus pure.
Jésus est tout de feu pour nous,
Et nous tout de glace envers tous !
12- Voyez l’amour, voyez l’ardeur
Des premiers chrétiens de l’Église :
Ils n’avaient qu’une âme et qu’un cœur,
L’amour seul était leur devise.
Tout prêts de mourir pour quelqu’un,
Ils mettaient leur bien en commun.
13- Saint Jean ne prêchait que l’amour
Dans ses entretiens ordinaires,
Il disait cent fois dans un jour :
« Entr’aimez-vous, mes très chers frères,
Mes petits enfants, aimez-vous,
Mes enfants, entr’aimez-vous tous. »
14- Voici la réponse qu’il fit
Aux ignorants de ce mystère :
« La seule charité suffit,
Il en faut parler sans se taire.
C’est le précepte du Seigneur
Qui suffit pour notre bonheur. »
15- Les saints étaient brûlants d’amour
Et de charité pour leurs frères,
Ils leur donnaient et nuit et jour
Quelques secours dans leurs misères.
L’exemple d’un Dieu mort pour nous
Les rendaient de cœur tout à tous.
16- Comment n’aimer pas le prochain?
C’est un vif portrait de Dieu même,
C’est un chef-d’oeuvre de sa main,
C’est un ami que son Cœur aime,
C’est le frère de Jésus-Christ,
C’est le temple du Saint-Esprit.
17- C’est le fils du Père éternel
Par une divine alliance,
C’est l’héritier universel
De son royaume et gloire immense,
Qui régnera bientôt aux cieux
Comme un roi grand et glorieux.
18- L’homme est tout empourpré du Sang
De Jésus-Christ, mon très cher Maître :
S’il n’a pas dans mon cœur son rang,
Je suis Judas, encor plus traître.
Un chrétien peut-il faire tort
À ceux pour qui Dieu même est mort ?
19- Aime ton frère, bon chrétien,
Sans quoi tu te damnes sans doute.
Encor passe pour un païen
Qui ne sait pas le prix qu’il coûte.
Peux-tu savoir quel est son prix
Et n’en avoir que du mépris ?
20- Que dis-je le païen sans foi
A plus d’amitié naturelle :
En ce point il te fait la loi,
En ce point il est plus fidèle.
Vois les Turcs dans leur charité :
Sois confus de ta dureté !
21- Mon cœur commence à s’enflammer :
Que mon prochain me semble aimable !
Ah ! c’en est fait, je veux l’aimer,
Il est trop juste et raisonnable.
Rien n’est si doux, rien n’est si pur !
Rien n’est si grand, rien n’est si sûr !
22- Mais gare à vous, cet or sacré
Est contrefait des hypocrites.
Leur or brille et semble épuré :
Dans le fond, il est sans mérites,
Ils le nomment la charité ;
Devant Dieu, c’est charnalité.
23- Si vous n’aidez votre prochain
Que par principe et par nature,
Hélas ! vous travaillez en vain
Et votre aumône est tout impure.
La charité va droit à Dieu,
C’est un feu qui monte en son lieu.
24- L’aimer parce qu’il est parent,
Civil, complaisant, agréable,
Parce qu’il est riche ou savant,
Noble, puissant ou respectable :
Voilà l’amitié d’un païen
Et non pas celle d’un chrétien !
25- Aimez le prochain saintement
Pour la vertu, non pour le crime,
Car l’aimer criminellement
C’est s’offrir au diable en victime.
Loin de vous tout amour charnel !
C’est un feu tendre, mais mortel.
26- Aimez du cœur et de la main
Et non seulement de la bouche.
Versez l’aumône dans son sein.
Que ce qui le touche, vous touche !
Toute amitié de compliment
Est un ridicule ornement.
27- Que votre amour s’étende à tous :
N’ayez de froideur pour personne.
C’est mon ennemi, dites-vous ;
N’importe, il le faut, Dieu l’ordonne.
Fuyez la singularité,
Car elle rompt la charité.
28- L’amour est doux et patient
Et plein de support pour son frère,
Il est docile et complaisant,
Exempt de trouble et de colère.
Supportez-le dans ses défauts,
Dieu vous charge de ses fardeaux.
29- Vous devez aimer vos amis,
Rien n’est si facile en pratique.
Mais aimez tous vos ennemis :
C’est l’acte le plus héroïque
Qu’il vous faire absolument
Ou vous perdre éternellement.
30- Il faut aimer du fond du cœur
Un ennemi qui veut vous nuire :
C’est le précepte du Seigneur.
Il faut s’y soumettre et souscrire,
Sous peine de péché mortel
Et d’un repentir éternel.
31- Dieu donne à tous, même aux pécheurs,
Sa douce pluie et sa lumière :
Aimons donc nos persécuteurs
Afin d’imiter ce bon Père,
Qui, par son immense bonté,
Surmonte toute iniquité.
32- Sans cet amour, sans ce pardon,
Dieu n’accepte aucun sacrifice !
On serait martyr du démon
Au milieu du plus grand supplice ;
Ni l’aumône de tout son bien,
Sans ce pardon, ne sert de rien.
33- Un homme dans l’inimitié
Demande à Dieu dans sa prière
Qu’il le regarde sans pitié
Et qu’il rallume sa colère :
Il ne dit jamais son Pater
Qu’il ne se condamne à l’enfer.
34- L’inimitié tourne en poison
Toutes les sources de la vie,
Les sacrements et l’oraison.
Tout est un sacrilège impie !
Et le vindicatif de cœur
Se perd malgré tout confesseur.
35- La plus merveilleuse action,
Si la charité ne s’y trouve,
Est une pure illusion,
Et Dieu la rejette et réprouve :
Elle a les dehors de bonté
Et n’est au fond qu’iniquité !
36- Il n’appartient qu’à des héros
De ne tirer jamais vengeance,
De souffrir pour Dieu tous les maux
Dans la paix et dans le silence.
Quand on se venge et l’on s’aigrit,
On marque son petit esprit.
37- Les saints n’ont-ils pas pardonné,
N’ont-ils pas remis toute injure ?
C’est pourquoi Dieu leur a donné
Ses biens sans nombre et sans mesure.
Dieu n’est que libéralité
Envers un cœur de charité.
38- L’homme qui pardonne le mal
Est plus qu’un homme, il se surpasse.
Cette victoire est sans égal
Dans la nature et dans la grâce,
C’est un vainqueur si glorieux
Qu’il n’est connu que dans les cieux.
39- Pardonnez puisque le Seigneur
Par pure bonté vous pardonne :
Il est pour vous tout de douceur
Et vous n’en auriez pour personne !
Dites-moi : serez-vous sauvé
Si Dieu vous prend au pied levé ?
40- Jésus pardonne à ses bourreaux,
Il prie en leur faveur son Père.
Vous fait-on bien autant de maux,
Autant de sujets de colère ?
Un Dieu mourant pardonne à tous :
Pécheur, calmez votre courroux !
41- Quelle rage de mépriser
Un Dieu qui pardonne et qui prie,
Qui tend les bras pour embrasser
Ceux qui lui font perdre la vie !
Vindicatif, va te venger
Et dans l’enfer va te plonger !
42- Méprise la Croix et Jésus,
Avec les bourreaux frappe et crie
Pour venger tes affronts reçus.
Chicane, mal parle, injurie,
Arrache ici-bas dents pour dents
Pour brûler dans des feux ardents !
43- Bon courage, il faut pardonner
Quoique tout frissonne et murmure.
Il ne faut pas s’en étonner,
L’acte est contraire à la nature,
Mais ce pardon si généreux
Ravira tous les bienheureux.
44- Surmontez le qu’en dira-t-on,
Arrêtez votre chair qui gronde,
Et montez par sur la raison
À la victoire sans seconde :
Pardonnez à vos ennemis,
Aimez-les comme vos amis.
45- Les bons ici-bas vous loueront,
Les anges chanteront victoire,
Les saint avec Dieu s’écrieront :
Cet homme est digne de la gloire
Puisqu’il imite son Sauveur
En pardonnant de tout son cœur.
46- Sans tarder, allez promptement
Voir cette personne contraire
Et lui demander humblement
Pardon, mais pardon sincère,
Et n’en craignez pas un rebut
Puisque Dieu seul est votre but.
47- Dût-on rebuter vos pardons,
Vous ne pouvez vous en défendre,
Car ils deviendront des charbons
Pour le gagner ou mettre en cendre.
On gagne plus par un pardon
Que par la force et la raison.
48-Mais pardonnez sincèrement
Sans garder aucune amertume,
Du fond du cœur entièrement,
Sans froid qui glace et qui consume,
Avec un visage serein,
Ouvrant le cœur avec la main.
49- Pardonnez sans condition,
Parlez-lui, rendez-lui visite,
Servez-le dans l’occasion ;
Ce pardon n’est point hypocrite,
En vous gardant d’un certain « mais »
Qui damne une âme pour jamais.
50- Tâchez donc de trouver moyen
De rendre à cet homme service ;
Pour le mal, faites-lui du bien,
Dieu parle, il faut qu’on obéisse.
Un pardon de pur compliment
Est un mauvais pardon qui ment.
51- Oubliez tout le passé
Aussitôt que la paix est faite.
Souvent un accord est cassé
Par une mémoire indiscrète,
Ne pensant plus à l’avenir
Qu’à s’entr’aimer et soutenir.
52- Demandez pardon le premier,
N’attendez pas qu’on vous devance,
Car qui pardonne le dernier
N’a presque point de récompense,
Et si vous n’avez aucun tort,
C’est le plus héroïque effort.
53- Vous êtes tout de charité
En mon endroit, Seigneur mon Père,
Et je suis tout de dureté
Envers mon prochain et mon frère.
Pardon, je connais mon péché,
Et j’en suis vivement touché.
54- Pour mon prochain je veux garder
Mes biens et mon corps et mon âme :
Mes biens afin de l’en aider,
Mon cœur pour brûler de sa flamme,
Mes yeux pour m’en laisser charmer,
Tout ce que je suis pour l’aimer.
55- Seigneur, n’ayant point de retour
Digne de votre amour extrême,
Faites que j’aille nuit et jour
Crier partout que l’on vous aime,
Et pour sauver par quelque effort
Celui pour qui vous êtes mort.
56- L’âne tombe dans un fossé
On le relève avec adresse.
Mon frère est tombé, fracassé,
Et je le verrais sans tristesse.
Mon Dieu, je veux le relever,
Envoyez-moi pour le sauver !
57- Donnez à mon cœur toute ardeur,
À mon esprit toute lumière,
À mon corps même la vigueur
Pour l’aider en toute manière,
Pour l’élever de ces bas lieux
Jusque dans le plus haut des cieux.
DIEU SEUL.
1- Oh ! l'auguste Sacrement
Où Dieu nous sert d'aliment !
J'y crois présent Jésus-Christ,
Puisque lui-même l'a dit.
R.1/ Oui, sous l'humble hostie,
J'adore Dieu, vrai Pain de vie ;
Oui, sous l'humble hostie,
J'adore Dieu, vrai Pain de vie.
2- Aux prêtres donnant sa loi,
Il dit : «Faites comme moi ;
C'est mon Corps livré pour vous,
C'est mon Sang, buvez-en tous.»
R.2/ Ô Jésus, venez à moi
Dans l'Eucharistie !
Je vous ai donné ma foi,
Mon cœur et ma vie.
3- Dans la consécration,
Le prêtre parle en son Nom :
Aussitôt et chaque fois
Jésus se rend à sa voix.
4- Ainsi, sans quitter le Ciel,
Il réside sur l'autel :
Il fait ici son séjour
Pour contenter son amour.
5- Le pain, le vin n'y sont plus :
C'est le vrai Corps de Jésus ;
Son Corps tient le lieu du pain,
Son Sang tient le lieu du vin.
6- Il en reste la couleur,
La forme, le goût, l'odeur ;
Mais sous ces faibles dehors,
On a son Sang et son Corps.
7- Ne demandons pas comment,
Soumettons-nous seulement ;
Si nos sens peuvent errer,
La foi doit nous rassurer.
8- Également on reçoit,
Sous quelque espèce qu'il soit,
Avec sa divinité,
Toute son humanité.
9- Qui le prend indignement,
Mange et boit son jugement ;
C'est le crime de Judas,
Le plus noir des attentats.
10- Qui lui prépare son cœur,
Trouve en lui le vrai bonheur ;
S'unissant à Jésus-Christ,
Il devient un même esprit.
11- Jésus est le Roi des rois ;
Adorons-le sur la Croix,
Adorons-le dans le Ciel,
Adorons-le sur l'Autel.
12- Adorons, louons, aimons
Le Seigneur dans tous ses dons.
Surtout n'oublions jamais
L'abrégé de ses bienfaits.
Les excès amoureux du Cœur de Jésus
La Foi & l'Espérance (sur plusieurs airs, cantiques de St L-M de Montfort)
Les lumières de la Foi (cantique de St L-M de Montfort)
1- Pénétrons jusqu’au fond du temple,
Entrons dans ce Cœur merveilleux,
Afin d’aimer à son exemple,
Voyons ses excès amoureux.
2- Voyons dans le sein de Marie
Ce petit Cœur qui n’est que feu,
Qui, plein du Saint-Esprit, s’écrie :
«Amour, amour, amour de Dieu.
3- «Mon Cœur est prêt, mon Dieu, mon Père,
À faire votre Volonté ;
Ici dans le sein de ma Mère
Je m’y soumets en vérité.
4- «Je vous adore et je vous aime,
Me voilà, disposez de moi,
Je place au milieu de moi-même
Et votre croix et votre loi.
5- «Vous me faites voir à cette heure
Qu’il faut que j’embrasse la Croix,
Et qu’il faut même que j’y meure,
Je le veux, mon Dieu, c’est mon choix.
6- «Quoi, les hommes perdraient la vie ?
Mon amour ne peut le souffrir,
Je veux mourir, je meurs d’envie
Pour les empêcher de périr.
7- «Ma Mère, vous m’êtes très chère ;
Je vous comble de mes faveurs,
Afin que vous soyez la mère
Et le refuge des pécheurs.»
8- Ce Cœur dans l’amour qui le presse
Va trouver Jean son Précurseur,
Il remplit son Cœur d’allégresse,
De sa grâce et de sa douceur.
9- Il nous fait voir dès son enfance
Les excès de sa charité
Par les excès de sa souffrance
Et de sa grande pauvreté.
10- Dans son étable tout nous prêche
Que son Cœur est très amoureux,
Qu’il est si pauvre en cette crèche,
Qu’il semble en être malheureux.
11- L’amour fait que ce Cœur soupire,
Car il lui tarde de mourir,
Il court se faire circoncire
Pour donner son sang et souffrir.
12- Au temple, le voilà victime ;
Il calme Dieu dans son courroux,
Il lui rend un honneur sublime,
Il s’offre tout entier pour nous.
13- S’il fuit, la charité le presse,
Il nous cherche, il veut nous trouver,
Il cache sous cette faiblesse
L’ardeur qu’il a pour nous sauver.
14- Que ce Cœur est doux et traitable !
Il converse avec les enfants ;
Qu’il est affable et charitable,
Que ses attraits sont triomphants !
15- Pour nous obtenir la victoire,
Il se soumet à ses parents ;
Pour nous faire éclater en gloire,
Il se cache pendant trente ans.
16- Ce Cœur court où l’amour l’entraîne,
Il veut nous trouver à la fin,
Il est faible, il est hors d’haleine,
Il est fatigué du chemin.
17- Il s’assit près d’une fontaine,
Non pas afin de s’épargner,
Mais c’est pour la Samaritaine
Qu’il veut sauver, qu’il veut gagner.
18- Avec quelle adresse et sagesse
Ce Cœur plein de bénignité
Gagne-t-il cette pécheresse !
C’est un miracle en charité.
19- C’est par la douceur souveraine
De son Cœur si tendre et si doux
Qu’il convertit la Madeleine
Et qu’il la défend contre tous.
20- Admirons la douce manière
Avec laquelle sans rigueurs
Il sauve la femme adultère
Des mains de ses accusateurs.
21- Le voyez-vous qui s’humilie
Aux pieds du malheureux Judas,
Son Cœur lui dit, son Cœur lui crie :
« Mon ami, ne te damne pas ».
22- Il soupire, il verse des larmes,
Et Judas n’en est pas ému,
Ô Cœur tendre, ô Cœur plein de charmes,
Vraiment vous n’êtes point connu !
23- L’amour qui lui ravit la vie
Le fait survivre après sa mort,
Il se met dans l’Eucharistie.
Ô Cœur, que votre amour est fort !
24- Dans un jardin, il pleure, il crie,
Il combat contre lui pour nous,
Il est réduit à l’agonie,
Il est accablé sous nos coups.
25- Il ne pleure pas sur lui-même
Quoique son Sang coule à ruisseaux,
Comme ce Sacré-Cœur nous aime,
Il ne peut supporter nos maux.
26- Son Cœur dans ce combat terrible
Surmonte tout par un effort,
C’est pour nous seuls qu’il est sensible,
Il se lève, il court à la mort.
27- On le traîne à la boucherie,
Mais comme un agneau sans bêler ;
On le traite avec barbarie,
Mais sans se plaindre et sans parler.
28- Hélas ! on le prend, on le lie,
On l’accable de mille coups,
On le cloue, on le crucifie,
Son Cœur est toujours aussi doux.
29- Il compte pour rien sa souffrance
Ni tous les maux qu’il a reçus,
Son Cœur plein d’un amour immense
Dit : « Frappez, frappez encor plus.
30- « Je suis content que l’on m’assomme,
Que tout mon Sang soit répandu,
Pourvu que l’on pardonne à l’homme,
Pourvu qu’il ne soit pas perdu ».
31- Voyez comme ce Cœur ramasse
Son peu de force et de vigueur,
Ce n’est que pour obtenir grâce
Pour ses bourreaux et le pécheur.
32- Ce Cœur dit plus haut que sa bouche :
« Ô mon Père, pardonnez-leur,
Par là, comme leur mal me touche,
Vous diminuerez ma douleur ».
33- À la fin, ce Cœur perd la vie,
Ou plutôt il ne la perd pas,
Puisqu’encore il est plein d’envie
De souffrir après le trépas.
34- Son Père exauce sa prière,
Voilà qu’on perce son côté
Duquel il sort une rivière
D’eau, de Sang et de charité.
35- Enfin, la fournaise est ouverte,
Enfin, ce grand Cœur est ouvert ;
Enfin, la cause est découverte
Pourquoi Jésus a tant souffert.
36- En le perçant on le soulage,
Car le feu dévorant ce Cœur,
La lance lui fait un passage
Pour se rendre au cœur du pécheur.
37- C’est par cette bouche sanglante
Qu’il dit, depuis plusieurs cent ans,
D’une voix mourante et vivante,
Des mots qu’à peine je comprends.
LES LUMIÈRES DE LE FOI
1- Je suis une lumière pure
Qui fait tout croire sûrement,
Dès lors que c'est Dieu qui l'assure
Et l'Église conjointement.
2- Je suis toute surnaturelle,
On ne m'apprend point par les sens ;
Je suis obscure, mais très belle,
Toute ma gloire est au-dedans.
3- Je suis la base inébranlable
De ce qu'on espère ici-bas,
Je suis l'argument admirable
De tout ce que l'on ne voit pas.
4- Je suis cette lampe luisante
Qui brille en un lieu ténébreux,
Je suis cette colonne ardente
Qui dans la nuit conduit aux cieux.
5- Je suis vraiment très nécessaire,
On ne voit Dieu que par la foi :
Aucun sans foi ne lui peut plaire,
Quand ce serait le plus grand roi.
6- Les sens font la bête charnelle,
La raison fait l'homme de bien ;
Mais moi je fais l'homme fidèle,
L'homme de Dieu, le bon chrétien.
6- Je suis la lumière de vie
Qui conduit à la vérité ;
Il faut ou que je sois suivie
Ou qu'on reste en l'obscurité.
7- C'est moi qui fais chanter victoire
À de pauvres petits enfants,
C'est moi qui mérite la gloire
À tous les fidèles croyants.
8- C'est moi qui frappe et qui terrasse
Le démon, ce prince orgueilleux ;
C'est moi qui lui résiste en face,
C'est moi qui le plonge en ses feux.
10- Je suis la victoire du monde,
Lequel a tant d'autorité.
Il faut que sur moi l'on se fonde
Pour en voir la malignité.
11- Je captive et je mortifie
La chair et ses désirs charnels,
En lui montrant dans l'autre vie
Les douceurs des biens éternels.
12- Je rends l'homme pur sans malice
Dans le corps, l'esprit et le cœur,
Et puis j'en fais un sacrifice
Agréable aux yeux du Seigneur.
13- Je rends l'âme souple à la grâce
Et la chair soumise à l'esprit,
Et je fais voir que ce qui passe
Trompe, souille, damne et périt.
14- Je tue et je détruis les vices
Par ma divine pureté.
Sur les vertus et les justices
J'ai droit et pleine autorité.
15- Je suis en Dieu toute-puissante,
J'obtiens de lui ce que je veux ;
Par ma force une âme innocente
Fait des prodiges merveilleux.
16- J'ai fait tous ces grands personnages
Qui commandaient aux éléments,
J’ai fait tous les plus grands ouvrages
De tous les lieux, de tous les temps.
17- Samuel forma le tonnerre,
Élie a mis l'air tout en feu,
Moïse entrouvrit mer et terre
Par la foi qu'ils avaient en Dieu.
18- L'un tire de l'eau d'une pierre,
Un autre arrête le soleil,
Tous ont la victoire sans guerre :
Ma force n'a rien de pareil.
19- C’est moi qui donnais l'allégresse
Aux apôtres persécutés,
Qui les faisais courir sans cesse
Malgré toutes difficultés.
20- Au milieu des plus grands supplices
Je taisais rire les martyrs,
Je leur donnais plus de délices
Que leur cœur n'avait de désirs.
21- Je leur faisais voir la couronne,
Les biens et les plaisirs des cieux,
Et que le Seigneur ne les donne
Qu'aux fidèles victorieux.
22- La Sainte Vierge n'est louée
Que pour sa foi dans le Seigneur.
C’est la foi qui l'a consacrée
La Mère de son Créateur.
23- Écoute, écoute, créature :
Dieu même s'est servi de moi
Dans la grâce et dans la nature.
J'étais son bras, j'étais sa loi.
24- Il demandait pour l'ordinaire :
« Vous serez guéri, croyez-vous ?
Sans la foi je ne veux rien faire,
Selon la foi je fais à tous. »
25- Je fais voir à l'âme fidèle
En un moment tout l'univers,
La mort et la vie éternelle,
Le ciel, la terre et les enfers.
26- Je suis la clef qui donne entrée
Aux mystères de Jésus-Christ,
Aux merveilles de l'empyrée,
Aux grands secrets du Saint-Esprit.
27- Je suis cette divine armure
Dont les vrais chrétiens sont armés,
Desquels, comme Dieu nous assure,
On éteint les traits enflammés.
28- Je suis le trésor ineffable
Du bon pauvre dans ces bas lieux.
Je suis l'avare misérable :
Nous nous détruisons tous les deux.
29- Je fais bien plus, qu'on le médite !
C'est moi qui fais les bienheureux,
Je fais sur terre leur mérite
Et leur degré de gloire aux cieux.
30- Je suis, dans l'Église visible,
Ferme appui de la vérité,
Très sainte, infaillible, invincible
Malgré tout l'enfer irrité.
31- Mon Église est l'universelle,
Soumise en tout à Jésus-Christ ;
Il n'est point de salut hors d'elle,
Et qui lui résiste périt.
32- Je déteste tout hérétique,
Le juif, le turc et le païen,
L'apostat et le schismatique !
Le seul catholique est mon bien.
33- Voici des motifs, qu'on appelle
Motifs de crédibilité,
Afin qu'on me soit plus fidèle
Comme à la pure vérité.
34- Mes vérités sont très croyables :
Par les saintes prédictions,
Par les miracles innombrables,
Par les belles conversions,
35- Par l'accord de tous les mystères,
Par la pureté de la loi,
Par les merveilleuses manières
Dont le monde a reçu la foi,
36- Par la fermeté de l'Église
Par les chocs de ses ennemis.
Croyez donc d'une foi soumise,
Et tous les biens vous sont promis.
37- Recherchez-moi dans l'Évangile :
Je suis cachée en tous ses mots.
Il faut un cœur humble et docile
Pour m'y découvrir en repos.
38- Apprenez quelle est ma pratique
Pour m'avoir dans ma pureté :
Croyez tout ; c'est être hérétique
De nier une vérité.
39- Croyez les vérités pratiques
Et celles qui ne le sont point.
Hélas! combien de catholiques
Sont hérétiques en ce point !
40- La foi simple est très belle et bonne,
D'un grand mérite et d'un grand prix :
Je ne veux pas que l'on raisonne
Sur les vérités que je dis.
41- Il faut croire avec grand courage,
Malgré la chair, malgré les sens,
Malgré le démon et sa rage,
Malgré le monde et ses tyrans.
42- Soit qu'on menace ou qu'on caresse,
Soit même qu'on en vienne aux mains,
Professez la foi sans faiblesse
Devant les plus grands libertins.
43- Je suis un cadavre sans âme
Quand je suis dans l'oisiveté ;
Je suis vive comme la flamme,
Mais je meurs sans la charité.
44- Gardez-vous d'une foi stérile
Qui croit tout et qui ne fait rien,
Mais vivez selon l'Évangile,
Croyez-le tout, faites-le bien.
45- Gardez-vous d'une tromperie
Qui croit de moment en moment.
On croit l'Évangile en partie,
On le fait imparfaitement.
46- Parmi des millions d'infidèles
Perdus par l'infidélité,
Rendez des grâces immortelles
D'avoir connu la vérité.
47- Fuyez les nouvelles doctrines
Et les hérétiques nouveaux :
Ils sèment des erreurs bien fines
Qui causent partout de grands maux.
48- Ne donnez pas créance aux fables,
Aux histoires sans fondement ;
Pour les histoires véritables,
Croyez-les, mais pieusement.
49- Contentez-vous de ma lumière,
Ne cherchez point les visions,
Et de l'Église votre Mère
Embrassez les décisions.
50- Croyez Jésus dans son Vicaire,
Dans tout ce qui touche à la foi,
Et prenez ce qu'il dit en chaire
Comme un oracle et sûre loi.
51- Le propre esprit est diabolique,
Défiez-vous de son éclat :
C'est lui qui forme l'hérétique,
Le schismatique et l'apostat.
52- Vous me rendrez beaucoup de gloire,
Si vous enseignez aux petits
Tout ce qu'ils doivent faire et croire
Pour acquérir le Paradis.
53- Faites souvent cette prière :
« Augmentez-moi la foi, Seigneur,
Afin qu'elle aille tout entière
De mon esprit jusqu'à mon cœur.
54- « Donnez-moi la foi simple et pure
Qui croit tout sans voir ni sentir,
Malgré les sens et la nature
En leur donnant le démentir.
55- « Priez pour moi, Vierge fidèle,
Augmentez ma foi seulement,
Afin qu'à la vie éternelle
Je vous voie en Dieu clairement.
56- « Je crois d'une foi très soumise
De tout mon cœur, sans contredit,
Tout ce que croit la sainte Église,
Parce que c'est Dieu qui l'a dit.
57- « Je crois ce que dit le Saint-Père,
Malgré les fins suppôts d'enfer,
Il est mon chef et ma lumière :
Je ne vois goutte, il voit très clair.
58- « Seigneur, en tout, je veux vous croire,
Mais augmentez toujours ma foi,
Afin que je voie en la gloire
Plus clairement ce que je crois.
59- « Faites gronder le doux tonnerre
De votre Évangile en tous lieux,
Que la foi par toute la terre
Rende votre Nom glorieux. »
DIEU SEUL.
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LA FERMETÉ DE L’ESPÉRANCE
1- Je suis la vertu d’Espérance,
Qui fait qu’on attend du Seigneur
La grâce et puis sa récompense
Par les mérites du Sauveur.
2- Je suis cette ancre ferme et stable
Qui fixe l’instabilité,
Cette colonne inébranlable
Qui soutient toute sainteté.
3- Je tire toutes mes richesses
D’un Dieu tout plein de vérité,
Fidèle à toutes ses promesses,
Dans le temps et l’éternité.
4- Voici ce qui me rend bien grande :
Dieu veut que l’homme espère en lui ;
Il crie, il répète, il demande :
« Mortel, mets en moi ton appui. »
5- « Je t’aime comme mon ouvrage,
Je suis ton Dieu, je suis ton Roi ;
Espère en moi : voilà l’hommage
Que tu ne dois rendre qu’à moi.
6- « Je ne veux pas que tu périsses,
Je suis ton ami, je suis bon,
Je veux que tu te convertisses
Et qu demandes pardon. »
7- Chrétien, Dieu même est votre Père :
Espérez en sa charité.
Est un grand fou, qui désespère
De sa paternelle bonté.
8- Jésus est votre ami fidèle,
Votre Sauveur et votre Époux.
« C’est moi, dit-il, je vous appelle,
Ne craignez rien, confiez-vous. »
9- Marie est votre bonne Mère
Et le refuge du pécheur :
Espérez tout de sa prière,
Attendez tout de sa faveur.
10- Tant de bienfaits inénarrables
Dont Dieu vous comble tous les jours
Sont des motifs incontestables
Pour espérer en son secours.
11- L’espoir peut-il être frivole
Dans ce que Dieu même a promis ?
Il est fidèle à sa parole,
Il est le meilleur des amis.
12- Quiconque a mis sa confiance
En Dieu, n’a point été confus,
Dieu même a mis surabondance,
L’homme a toujours reçu de plus.
13- Je rends une âme inébranlable
Comme une tour, comme un rocher :
L’ennemi le plus redoutable
Ne peut pas la faire broncher.
14- On jette l’ancre dans l’orage
Afin de ne pas submerger ;
Je suis l’ancre de l’homme sage
Au milieu du plus grand danger.
15- Avec moi tout devient facile :
On est content, on est joyeux,
On est un aigle, on est agile,
On a des ailes pour les cieux.
16- Par moi l’homme change sa force
En la force du Tout-Puissant ;
Avec lui-même il fait divorce,
Et puis il devient agissant.
17- Tous les martyrs, à ma présence,
Riaient dans leurs maux les plus grands ;
Je leur montrais leur récompense,
Ils surmontaient tous les tyrans.
18- Je ne recherche que la grâce
Et les biens de l’éternité,
Et je méprise ce qui passe
Comme une pure vanité.
19- « Maudit est l’homme, dit Dieu même,
Qui met son appui dans la chair » ;
Dans sa vie il est anathème,
À sa mort il tombe en enfer.
20- C’est une folie imprudente
Que de s’appuyer sur les eaux.
La créature est inconstante
Comme les eaux et les roseaux.
21- L’homme n’est de nulle durée :
C’est un vent qu’on ne peut garder,
C’est une écume bien parée.
On est bien fou de s’y fonder !
22- Tout trompe ici-bas le pauvre homme,
Souvent lui-même est un trompeur.
C’est un imposteur, un fantôme,
S’il n’espère dans le Seigneur.
23- Si Dieu n’est pas de la partie
Pour consoler un affligé,
En vain sur l’homme l’on s’appuie,
On n’en peut être soulagé.
24- Je m’appuie en Dieu sans partage
Et non sur des appuis humains,
Mais, si l’homme m’aide et soulage,
Je ne fais qu’emprunter ses mains.
25- Ne fondez rien sur vos misères :
Chez vous rien n’est fort, rien n’est grand !
Mais sur le Père des lumières
De qui tout don parfait descend.
26- Espérez tout de sa clémence,
Le temporel et l’éternel,
Puisqu’il prend par sa Providence
Un soin de vous tout paternel.
27- Rien ne lui fait plus grande injure
Que de désespérer de lui ;
Car, comme il est bon par nature,
Quand il pardonne, il est ravi.
28- Faites votre salut en crainte,
Sans tomber dans le désespoir ;
Joignez-y l’espérance sainte,
Mais sans trop vous en prévaloir.
29- Sans tarder, renoncez au monde
Trompeur, inconstant et malin,
Et que votre espoir ne se fonde
Qu’en Dieu qui vous tient en sa main.
30- Pour avoir cette confiance
Et cet appui dans le Seigneur,
Conservez bien votre innocence,
Ayez la pureté de cœur.
31- Dites : « Dieu même est mon bon Père,
Et je lui crie : Abba Pater.
Marie est ma très douce Mère,
Je n’irai jamais en enfer. »
32- Quand, par faiblesse ou par malice,
Vous péchez, vous tombez à bas,
Priez Dieu qu’il vous soit propice,
Et ne vous désespérez pas.
33- Embrassez sa miséricorde,
Noyez dans son Sang vos péchés.
Il est toujours bon, il accorde
Toute indulgence aux cœurs touchés.
34- Imitez la Vierge fidèle,
Occupez-vous à la servir,
Mettez-votre espérance en elle,
Et vous ne pouvez pas périr.
35- « Seigneur, pour certain, ma malice
Est moindre que votre bonté.
J’espère en vous, avec justice,
Sans crainte d’être rebuté.
36- « J’espère en vous comme mes pères,
Et vous m’exaucerez comme eux.
Si j’ai de plus grandes misères,
Vous en serez plus glorieux.
37- « Quand vous auriez en main la foudre
Prête à m’écraser sous ses coups,
Je ne pourrais pas me résoudre
À ne pas espérer en vous.
38- « J’espère en vous contre espérance,
Quand j’en devrais perdre le jour,
Si vous ne m’en faites défense ;
Mais non, je connais votre amour.
39- « Ma confiance est toute entière :
Pardon si c’est témérité,
Faites-moi tout comme j’espère
En votre douce charité.
40- « J’espère ici-bas votre grâce,
Les biens de l’âme et ceux du corps.
J’espère vous voir face à face
Et jouir de tous vos trésors.
41- « Et par Jésus, et par Marie,
En vous, Seigneur, j’espère en paix.
J’espérerai toute ma vie
Et je ne périrai jamais. »
DIEU SEUL.
L'amour du prochain (sur la canon de Pachelbel)
La conversion (sur le canon de Pachelbel, cantique de St L-M de Montfort)
1- Voici l’heure,
Où, sans demeure,
Il faut changer,
Il faut se corriger.
2- Temps de grâce
Pour peu qu’on fasse,
Temps de faveur
Pour le plus grand pécheur.
3- Ô Carême,
Second Baptême,
Temps de faveur
Pour le plus grand pécheur.
4- Dieu nous cherche
Et nous recherche :
Ce grand amour
Demande un prompt retour.
5- Dieu nous presse :
Plus de paresse,
Plus de langueur,
Il faut de la ferveur.
6- Qu’on s’empresse :
Vite, à confesse ;
Plus on attend,
Et plus mal on se rend.
7- Sans remise,
Vite à l’église :
Dans ce saint lieu,
Qu’on vienne écouter Dieu.
8- Viens, mon frère,
À la lumière :
Sors promptement
De ton aveuglement.
9- Dieu te crie,
Âme endurcie :
« Sors du tombeau
Et prends un cœur nouveau. »
10- Sa voix forte
Crie à la porte
De tous les cœurs :
« Amendez-vous, pécheurs ! »
11- Que l’impie
Change de vie :
Un Dieu tout bon
L’assure du pardon.
12- Qu’il gémisse,
Qu’il s’attendrisse,
Pour le péché
Dont il s’était taché.
13- Homme, femme,
Sauve ton âme ;
Pensons-y bien,
Le reste n’est rien.
14- Homme sage,
Sers sans partage
Ton Créateur :
C’est là tout ton bonheur.
15- La victoire,
Le bien, la gloire
Et le plaisir,
Sont à le bien servir.
16- Cette affaire
Est nécessaire :
Il ne faut pas
Prétexter d’embarras.
17- Oh ! que d’âmes
Vont dans les flammes !
Un chacun rit,
Pendant que tout périt.
18- Ô folie !
Ô tromperie !
Perdre le Ciel
Pour un bien temporel !
19- Que d’orages !
Que de naufrages !
Faisons effort
Pour arriver au port.
20- Sur nos ailes,
Âmes fidèles,
Volez aux Cieux
Dans ces temps bienheureux.
21- Pour victimes
Des plus grands crimes,
Offrez des cœurs
Pénétrés de douleurs.
22- L’Indulgence,
La Pénitence
Vont s’allier
Pour vous justifier.
23- Qu’il est rare
Qu’on se prépare !
Que la ferveur
Réponde à la faveur.
24- Pour le faire,
Le saint Rosaire
Est un conseil
Qui n’a point de pareil.
1-Entr’aimez-vous, Jésus l’ordonne,
C’est son précepte souverain :
Que chacun aime son prochain,
Ne haïssez jamais personne,
Si vous voulez entrer un jour
Dans l’heureux règne de l’Amour.
2-Dans les premiers temps de l’Église,
Quel amour parmi les chrétiens !
Ils mettaient en commun leurs biens ;
Aimons-nous, c’était leur devise :
Ils n’étaient tous en Jésus-Christ
Qu’un cœur, qu’une âme et qu’un esprit.
3-Entre eux l’amour était extrême
Et ne pouvait aller plus loin ;
Puisque, s’il eût été besoin,
Au jugement d’un païen même,
L’un pour l’autre eût voulu mourir,
Prêts en tout à se secourir.
4-Cet exemple qu’il nous faut suivre,
Si fort négligé de nos jours,
Ne reprendra-t-il point son cours ?
Afin de le faire revivre,
Changeons nos mœurs, suivons leurs pas,
Nous entr’aimant jusqu’au trépas.
5-Aimer seulement de parole,
Se bornant à de vains discours,
Quand on peut donner du secours,
C’est une charité frivole :
L’amour sincère est effectif,
Et non purement affectif.
6-Ne nous souffrons point d’autre dette
Que celle de la Charité,
Qui fixe dans l’éternité,
Dans le temps n’est jamais complète ;
N’en différons plus le paiement,
Il enrichit infiniment.
7-Ce que vous craignez qu’on vous fasse,
Ne le faites pas à autrui ;
Mais au contraire faites-lui
Ce qu’il devrait à votre place.
C’est ce que veut la Charité,
C’est la règle de l’équité.
8-En peu de mots, pour beaucoup dire,
Avec la Charité tout sert,
Sans la Charité tout se perd ;
Quoi de plus fort pour nous induire
A mettre en pratique par choix
Une vertu d’un si grand poids ?
9-Grand Dieu, Charité par essence,
Source des plus vives ardeurs,
Daignez en pénétrer nos cœurs ;
Et si notre amour est immense,
Votre esprit règnera dans nous,
Et nous règnerons avec vous.
Le mondain désabusé (sur le canon de Pachelbel, St L-M de Montfort)
Dégoût du monde (sur le canon de Pachelbel, St L-M de Montfort)
1- En secret le Seigneur m'appelle
Et me dit : « Donne-moi ton cœur. »
Ô mon Dieu, vous voilà vainqueur,
Je vous serai toujours fidèle ;
Ô mon Dieu, vous voilà vainqueur,
Le monde n'est qu'un perfide, un trompeur.
2- Tout finit, tout nous abandonne,
Les plaisirs s’en vont et les jeux.
Vous, Seigneur, n’êtes pas comme eux :
Prenez mon cœur, je vous le donne.
Vous, Seigneur, n’êtes pas comme eux.
Pour vous seront désormais tous mes vœux.
3- Malheureux qui veut plaire aux hommes !
On n’a pas toujours leur faveur.
Mais pour être amis du Sauveur,
Dès que nous voulons, nous le sommes ;
Mais pour être amis du Sauveur,
En un moment on obtient ce bonheur.
4- L’amitié n’est plus qu’un langage,
C’est en vain qu’on en fait serment.
Je ne vois que déguisement,
Que des gens qui font personnage ;
Je ne vois que déguisement :
On dit qu’on aime et l’on hait très souvent.
5- Tout est plein de ruse et d’adresse,
La mode est de nuire avec art.
Tel pour vous a beaucoup d’égard,
Il vous sourit, il vous caresse ;
Tel pour vous a beaucoup d’égard,
Qui doucement enfonce le poignard.
6- Ah ! Seigneur, dans votre service,
On n’a point de fâcheux retours,
On ne craint aucuns mauvais tours
De la brigue ou de l’artifice,
On ne craint aucuns mauvais tours,
On voit couler tranquillement ses jours.
7- Vous fixez notre inquiétude :
Vous pouvez seul nous contenter.
Votre joug est doux à porter,
Celui du monde est bien plus rude ;
Votre joug est doux à porter,
À peu de frais le ciel peut s’acheter.
8- Le monde nous promet merveilles,
L’abord n’est qu’éclat, que beauté.
Mais après qu’il nous a flatté,
Quel est le fruit de tant de veilles ?
Mais après qu’il nous a flatté,
On voit trop tard qu’il n’est que vanité.
9- Le monde n’est jamais paisible :
Cette mer ne peut se calmer.
Ah ! j’ai pu m’en laisser charmer,
Et pour Dieu seul être insensible !
Ah ! j’ai pu m’en laisser charmer,
Et j’ai vécu, Seigneur, sans vous aimer !
10- Ancienne, mais toujours nouvelle,
Ancienne et nouvelle Beauté,
Je vous ai longtemps résisté,
J’étais un ingrat, un rebelle ;
Je vous ai longtemps résisté,
Enfin, mon Dieu, vous l’avez emporté.
11- Que sans Dieu l’on est misérable !
Rien sans lui ne nous parait doux,
Mais sitôt qu’il est avec nous,
La peine même est agréable ;
Mais sitôt qu’il est avec nous,
D’un mauvais sort on ne craint plus les coups.
12- Loin du monde en quelque retraite,
Que l’on goûte une heureuse paix !
Que mon cœur sent de doux attraits
Pour une vie aussi parfaite !
Que mon cœur sent de doux attraits
Pour vous y suivre et servir désormais !
1- Monde trompeur,
Je reconnais ta flatterie ;
Monde trompeur,
En vain tu veux charmer mon cœur.
Jésus seul est la douce vie,
Que tes charmes m’avaient ravie,
Monde trompeur.
2- Retire-toi,
J’entends le Seigneur qui m’appelle ;
Retire-toi,
Je ne veux suivre que sa loi :
Si je lui fus toujours rebelle,
Je lui serai toujours fidèle ;
Retire-toi !
3- Jusqu’à la mort,
Je te déclarerai la guerre ;
Jusqu’à la mort,
Le Seigneur sera mon support ;
Je suis son fils, il est mon Père,
Sa charité fait que j’espère
Jusqu’à la mort.
4- Ô vains objets
Dont mon âme fut amusée !
Ô vains objets !
Vous ne la séduirez jamais ;
Elle est enfin désabusée,
Vous l'avez mal récompensée,
Ô vains objets !
5- Oh ! quel bonheur !
Mon Dieu vient de se faire entendre ;
Oh ! quel bonheur !
Il m’ a dit : « Je choisis ton cœur ;
Il est à moi, je veux le prendre. »
Ah ! que cette parole est tendre !
Oh ! quel bonheur !
6- Quelle bonté !
Le Seigneur cherche un infidèle ;
Quelle bonté !
Je rougis de ma dureté.
Serai-je donc toujours rebelle ?
Non, j’entends sa voix qui m’appelle.
Quelle bonté !
7- Sans plus changer,
Je me consacre et m’abandonne,
Sans plus changer,
À Dieu seul, sans me partager :
Je prends les mépris pour couronne,
C’est tout ce que j’ambitionne,
Sans plus changer.
8- Oh ! qu’il est doux
D’avoir Dieu seul pour son partage !
Oh ! qu’il est doux,
Mon Seigneur, de n’aimer que vous !
Quelle gloire et quel avantage :
Le ciel devient notre héritage.
Oh ! qu’il est doux !
9- Qu’on est heureux,
Quand Dieu seul fait notre richesse !
Qu’on est heureux !
Seul il sait combler tous nos vœux :
On l’aime, on le bénit sans cesse ;
Il remplit le cœur de tendresse.
Qu’on est heureux!
10- Si vous saviez,
Aveugles amateurs du monde,
Si vous saviez,
Si, pour un moment, vous goûtiez
La douceur et la paix profonde
D’un cœur qui sur son Dieu se fonde.
Si vous saviez.
11- Ah ! qu’il est doux,
Quand on aime un Dieu qui nous aime ;
Ah ! qu’il est doux
De sentir qu’il est tout à nous,
De posséder un bien suprême,
Et d’être en paix avec soi-même !
Ah ! qu’il est doux !
Les cris des pauvres (cantique de St L-M de Montfort)
La force de la patience (cantique de St L-M de Montfort)
"Cantate" de la Patience (cantiques sur des airs variés de St L-M de Montfort)
1- Riches, réveillez-vous
À nos cris pitoyables ;
Hélas ! secourez-nous,
Nous sommes misérables,
Nous sommes tous chrétiens,
Nous sommes tous vos frères :
Aidez-nous de vos biens,
Exaucez nos prières.
2- Dieu ne vous a fait grands
Que pour être nos pères,
Dieu vous a fait puissants
Pour aider nos misères.
Vous vous divertissez
Toujours dans l’abondance,
Et vous nous délaissez
Toujours dans l’indigence.
3- Vous êtes bien vêtus,
Vous couchez sur la plume,
Nous sommes presque nus
Et la faim nous consume.
Et chacun vous bénit,
Vous honore et vous prise,
Un chacun nous maudit,
Nous maltraite et méprise.
4- On ne nous donne rien
Ou bien on nous rebute,
On croit faire un grand bien
Quand on nous persécute,
On nous chasse, on nous prend,
On nous met à la chaîne,
Et même on nous défend
De marquer notre peine.
5- L’homme riche nous dit :
« Je n’ai double ni maille ! »
Et le grand nous maudit,
Nous traitant de canaille.
« Ah! les francs fainéants !
Ah ! la mauvaise race ! »
Nous disent bien des gens
Avec la populace.
6- Grand Dieu, secourez-nous
Dans l’état où nous sommes.
Quoi ! nous oublierez-vous,
Ainsi que font les hommes ?
Regardez-nous des cieux,
Vous êtes notre Père,
Daignez jeter les yeux
Jusqu’à notre poussière.
DIEU :
7- « Ô chers pauvres de cœur,
J’entends vos justes plaintes,
Je sens votre douleur,
J’ai les mêmes atteintes ;
Patientez un peu,
Vous verrez ma colère,
Je suis grand, je suis Dieu,
Mais je suis votre Père.
8- « Vous êtes mes aînés,
Mes amis véritables,
Mes chers prédestinés,
Mes temples agréables.
Tout le mal qu’on vous fait
On le fait à moi-même.
Quand on vous satisfait
On témoigne qu’on m’aime. »
LES PAUVRES :
9- Ô riches, qu’il fait bon
Nous faire quelque aumône :
Pour un coin de maison
Recevoir un beau trône,
Pour quelques vieux habits
Une riche couronne,
Et tout le paradis
Pour un peu d’eau qu’on donne.
10- Faites-nous quelque bien,
Ne nous soyez pas chiches,
Ce sera le moyen
De devenir bien riches.
Le Seigneur a promis
Un centuple admirable
À ceux qui sont amis
Du pauvre misérable.
11- L’aumône gagne Dieu,
Elle le rend propice ;
L’aumône éteint le feu
De toute sa justice ;
Elle donne au pécheur
Une juste espérance
D’avoir de son Sauveur
Un poids de gloire immense.
Le Purgatoire en 2 parties (cantique de St L-M de Montfort)
Le voilà, le Roi des Anges (cantique attribué à St L-M de Montfort)
1- Le voilà, le Roi des Anges,
Le voilà devant nos yeux ;
Rendons-lui mille louanges,
Sur la terre comme aux Cieux.
2- Mortels, l’auriez-vous pu croire,
Que sur un trône d’amour,
Parmi vous le Roi de gloire
Voulût faire son séjour !
3- Celui qu’adorent les Anges,
Et qui fait trembler les Cieux,
Daigne écouter nos louanges,
Daigne ici combler nos vœux.
4- Plus il rabaisse sa gloire,
Plus il montre son amour ;
Plus un fidèle doit croire,
Plus un cœur doit de retour.
5- Le Ciel descend sur la terre,
Avec l’homme un Dieu s’unit ;
Quand nous lui faisons la guerre,
Est-ce ainsi qu’il nous punit ?
6- Vive Jésus dans mon âme !
Vive Jésus dans mon cœur !
Jésus est toute ma flamme,
Jésus est tout mon bonheur.
PAROLES du CANTIQUE ici :
http://montfortajpm.blogspot.fr/2015/11/mois-des-ames-du-purgatoire-22-le.html
Le parfait et zélé missionnaire (cantique de St L-M de Montfort)
La conversion (cantique attribué à St L-M de Montfort)
RÉSOLUTIONS ET PRIÈRES D’UN PARFAIT ET ZÉLÉ MISSIONNAIRE
1-C’en est fait, je cours par le monde,
J’ai pris une humeur vagabonde
Pour sauver mon pauvre prochain.
Quoi ! je verrais l’âme de mon cher frère
Périr partout par le péché
Sans que mon cœur en fût touché ?
Non, non, Seigneur (bis), elle est trop chère.
2-Je verrais cette âme si belle
Tomber dans la mort éternelle
Sans qu’aucun en eût chagrin ?
Quoi ! je verrais le Sang d’un Dieu qui l’aime
Inutilement répandu
Et son prix pour jamais perdu ?
J’aimerais mieux (bis) être anathème.
3-Ah ! Seigneur, chacun vous outrage
Dans l’homme, votre belle image ;
Sans parler, je le souffrirais ?
Vos ennemis ravissent votre gloire,
Et je serais de leur côté ?
Plutôt la mort, en vérité,
A moi, Seigneur (bis), j’aurai victoire !
4-O grand Dieu, donnez-moi vos armes
Pour vaincre le monde et ses charmes
Et ce qui s’oppose à vos lois.
Mettez, mettez pour convertir les âmes
En mon âme la sainteté,
En mon esprit la vérité,
Et dans mon cœur (bis), vos pures flammes.
5-Donnez-moi le don de sagesse
Et cette charité qui presse
Et qui fait un homme divin.
Faites, grand Dieu, de ma bouche un tonnerre
Pour détruire l’iniquité,
Afin que votre volonté
Soit faite au ciel (bis) et sur la terre.
6-C’est à vous, Seigneur, que je vise ;
Vous êtes seul mon entreprise,
A vous seul sans respect humain.
Je foule aux pieds le monde et sa figure ;
Si mon zèle plait à vos yeux,
Je me trouverai bienheureux
De devenir (bis) sa balayure.
7-On parcourt pour un grain de sable
La mer et la terre habitable
Avec des travaux infinis.
Pour vous, mon Dieu, je n’aurais aucun zèle ?
Pour gagner le Sang de mon Dieu
Je n’en remuerais pas du lieu ?
Oh ! quel mépris (bis) d’un infidèle !
8-Qu’un cheval tombe sous sa charge,
On est sensible, on le décharge,
Mais pour l’âme on n’a que mépris.
Elle est tombée, elle dort dans le crime,
On ne la relèvera pas.
Va-t’en, pauvre âme, où tu pourras,
Meurs en péché (bis), tombe dans l’abîme.
9-Ah ! partout le démon qui tente,
Partout la moisson abondante
Et très peu d’ouvriers de Dieu ;
Prions, prions le père de famille
D’abattre l’orgueil du démon
Et d’envoyer dans sa moisson
Des ouvriers (bis) de l’Évangile.
10-Le soldat bat partout la caisse,
A s’armer un chacun s’empresse,
L’on fait des régiments en peu.
Mais pour défendre un Dieu que l’on offense,
Lève-t-on quelque régiment,
Fait-on quelque saint armement ?
Hélas ! hélas ! (bis) aucun n’y pense.
11-Faux dévot, âme si charnelle,
Repose avec l’homme infidèle,
Dors en paix, tu n’es point blessé.
Rien ne te nuit, aucun ne t’endommage ;
Ne t’embarrasse point d’autrui.
S’il se damne, tant pis pour lui.
Cruel repos (bis), cruel outrage !
12-Je ne puis reposer une heure
Ni garder la même demeure
En voyant Jésus offensé.
Hélas ! partout chacun lui fait la guerre.
Le péché règne en tous les lieux,
Les âmes tombent dans les feux.
Je veux gronder (bis) comme un tonnerre.
13-O mon Dieu, pour votre Évangile,
Je veux souffrir de ville en ville
Mille affronts, mille et mille maux.
Si par ma vie et le sang de mes veines
Je ne détruis qu’un seul péché,
Si je ne fais qu’un cœur touché,
Vous payez trop (bis) toutes mes peines.
14-Quand je ne sauverais personne,
Je ne perdrais pas la couronne
Préparée à mes seuls travaux.
Car ce n’est pas le fruit qu’on récompense,
Mais la semence qu’on répand,
Mais le travail que l’on y prend.
Le prix convient (bis) à la souffrance.
15-O mon Dieu, quoique je vous aime,
J’appréhende tout de moi-même :
Soutenez mon infirmité.
Quand je serais saint comme les apôtres,
Quand j’aurais gagné l’univers,
Je puis tomber dans les enfers,
Voulant sauver (bis) l’âme des autres.
16-Rendez-moi toujours bien fidèle
Dans les pratiques de mon zèle
Aux devoirs de la sainteté ;
Que nuit et jour ma source rejaillisse,
Mais cependant sans m’appauvrir ;
Que je prêche pour convertir,
Mais qu’en prêchant (bis), je me remplisse.
17-Loin de moi ces zélés austères,
Pleins de rigueurs et de colère,
Prétextes de la charité.
Peu de vinaigre avec quantité d’huile
Gagne les esprits et les cœurs,
Convertit les plus grands pécheurs,
Comme l’on voit (bis) dans l’Évangile.
18-O mon Dieu, votre seule grâce
Pour m’aider, afin que je fasse
Par sur tout votre volonté.
Malgré l’enfer, malgré la chair et l’homme,
Je veux vous faire aimer, Seigneur,
Et si ma mort vous fait honneur,
Je suis content (bis) que l’on m’assomme.
19-Que partout j’aie un air modeste,
Un zèle agréable et céleste,
Mais sans fard et sans vanité,
Sans m’appuyer d’aucune flatterie ;
Que je me fasse tout à tous
Avec un cœur ouvert et doux,
Sans rebuter (bis) le pire impie.
20-Je m’attache à l’obéissance,
Elle est mon unique prudence
Pour prêcher avec sûreté,
Car je connais par mon expérience
Que c’est un mal qu’un zèle ardent,
Lorsqu’il n’est pas humble et prudent
Selon les lois (bis) de la science.
21-Loin de moi, pasteurs mercenaires,
Pasteurs, mais grands hommes d’affaires
Qui prêchez, mais par intérêt ;
Pour moi, je suis un Dieu pauvre sur terre,
Sans posséder aucun argent
Et sans craindre aussi le sergent,
Sans essuyer (bis) aucune guerre.
22-Quoique je ne plante ni sème,
Je suis plus riche que vous-même.
Croyez-moi, Messieurs, s’il vous plait ;
Car il est vrai que ma prudence est fine,
J’ai pris les riches pour fermiers,
J’ai ce qu’il faut de leurs deniers
Et j’ai chez eux (bis) cave et cuisine.
23-Ce n’est pas que je vous méprise,
Si vous n’avez pas pour devise
Ce parfait et grand dénuement ;
Mais apprenez que, par votre avarice,
Vous gagnez peu dans vos travaux,
Vous vous causez de très grands maux,
Et souvent c’est (bis) une injustice.
24-Combien de prêtres inutiles
Dont les grands talents sont stériles
Faute de ce détachement ?
Ils prêchent bien, on ne peut pas mieux dire,
Mais aucun pécheur n’est touché,
Après qu’ils ont si bien prêché ;
Quels fruits ont-ils ? (bis) On les admire.
25-On ne voit plus parmi nous autres
De ces véritables apôtres
Qu’on voyait briller autrefois.
C’est qu’il n’est plus des pauvres volontaires ;
On cherche un établissement,
On veut, quoique indirectement,
Un peu d’argent (bis) pour ses affaires.
26-Cet argent est une eau bourbeuse
Qui souille une âme généreuse
Et la fait ramper sous ses lois ;
Ce métal a je ne sais quoi d’infâme
Dont le pur zèle est tout taché ;
Quoiqu’il en semble détaché,
Il refroidit (bis) sa pure flamme.
27-Point d’argent : cette lourde masse
Et me captive et me terrasse ;
Plus j’en ai, plus je suis rampant,
Mais moins j’en ai, plus mon âme est légère.
Il me rend lourd comme un chameau,
Sans lui, je suis comme un oiseau,
Je vole au ciel (bis) dans la lumière.
28-Mon Jésus, je veux être sage,
Je ne veux que vous pour partage,
Pour mon bien et tout mon valant.
Mon Dieu, vous seul et le salut des âmes,
Sans récompense d’un denier ;
Je suis bien riche en mon métier,
Si mon cœur est (bis) riche en vos flammes.
29-Donnez-moi, Seigneur, je vous prie,
Un zèle tout plein d’industrie ;
Montrez-moi toute vérité ;
Embrasez-moi d’une flamme nouvelle,
Enseignez-moi quelque secret
Qui rende l’homme plus parfait,
Plus circonspect (bis) et plus fidèle.
30-Gardez-moi d’un grand précipice :
Du scrupule dans la justice,
De l’esprit de la nouveauté,
Soit dans ma foi, mon zèle ou ma conduite ;
Gardez-moi de l’illusion,
De la fausse dévotion,
Pour ne marcher (bis) qu’à votre suite.
31-Je suis prêt, ô Jésus mon Maître,
De prêcher partout, de paraître,
Soutenu de votre vertu,
Faites de moi votre missionnaire ;
Quand je n’aurais de revenus
Que des affronts et des rebuts,
J’en suis content (bis), cher exemplaire.
32-O Marie, ô ma bonne Mère,
Servez-moi d’une armée entière,
Hâtez-vous, je suis combattu :
Que ma parole augmente et fructifie,
Que je rompe l’iniquité
Et que je croisse en sainteté,
Et que mon Dieu (bis) s’en glorifie.
DIEU SEUL.
1- Voici l’heure,
Où, sans demeure,
Il faut changer,
Il faut se corriger.
R./ Vite, vite, préparons-nous :
Plus de péchés, Dieu veut nous sauver tous.
2- Temps de grâce
Pour peu qu’on fasse,
Temps de faveur
Pour le plus grand pécheur.
3- Ô Carême,
Second Baptême,
Temps de faveur
Pour le plus grand pécheur.
4- Dieu nous cherche
Et nous recherche :
Ce grand amour
Demande un prompt retour.
5- Dieu nous presse :
Plus de paresse,
Plus de langueur,
Il faut de la ferveur.
6- Qu’on s’empresse :
Vite, à confesse ;
Plus on attend,
Et plus mal on se rend.
7- Sans remise,
Vite à l’église :
Dans ce saint lieu,
Qu’on vienne écouter Dieu.
8- Viens, mon frère,
À la lumière :
Sors promptement
De ton aveuglement.
9- Dieu te crie,
Âme endurcie :
« Sors du tombeau
Et prends un cœur nouveau. »
10- Sa voix forte
Crie à la porte
De tous les cœurs :
« Amendez-vous, pécheurs ! »
11- Que l’impie
Change de vie :
Un Dieu tout bon
L’assure du pardon.
12- Qu’il gémisse,
Qu’il s’attendrisse,
Pour le péché
Dont il s’était taché.
13- Homme, femme,
Sauve ton âme ;
Pensons-y bien,
Le reste n’est rien.
14- Homme sage,
Sers sans partage
Ton Créateur :
C’est là tout ton bonheur.
15- La victoire,
Le bien, la gloire
Et le plaisir,
Sont à le bien servir.
16- Cette affaire
Est nécessaire :
Il ne faut pas
Prétexter d’embarras.
17- Oh ! que d’âmes
Vont dans les flammes !
Un chacun rit,
Pendant que tout périt.
18- Ô folie !
Ô tromperie !
Perdre le Ciel
Pour un bien temporel !
19- Que d’orages !
Que de naufrages !
Faisons effort
Pour arriver au port.
20- Sur nos ailes,
Âmes fidèles,
Volez aux Cieux
Dans ces temps bienheureux.
21- Pour victimes
Des plus grands crimes,
Offrez des cœurs
Pénétrés de douleurs.
22- L’Indulgence,
La Pénitence
Vont s’allier
Pour vous justifier.
23- Qu’il est rare
Qu’on se prépare !
Que la ferveur
Réponde à la faveur.
24- Pour le faire,
Le saint Rosaire
Est un conseil
Qui n’a point de pareil.
Le réveil-matin de la mission (cantique de St L-M de Montfort)
Explication du Rosaire (cantique de St L-M de Montfort)
1- Veut-on faire un choix excellent
Des plus saintes Prières,
Et méditer en même temps
Les principaux mystères ?
Le Rosaire en est un précis :
Ces deux trésors y sont compris,
Trésors inépuisables,
Puisque le ciel en est le prix,
Ils sont inestimables.
2- Le Rosaire est donc un moyen,
Et des plus efficaces
Pour trouver le souverain bien
Et la source des grâces ;
On y médite les vertus,
Lesquelles conviennent le plus
Selon chaque mystère :
On les demande par Jésus
Et par sa sainte Mère.
3- Il renferme trois chapelets,
Qui font quinze dizaines :
On trouve ici quinze couplets,
Pour les offrir sans peines,
C’est par cinq mystères joyeux
Et cinq mystères douloureux
Qu’on fait quinze demandes,
Y joignant les cinq glorieux :
Les quinze ont quinze offrandes.
4- Toute notre religion
Consiste en ces mystères,
Mais c’est la méditation
Qui les rend salutaires :
On les honore en général,
Ensuite les quinze en détail,
Méditant leurs merveilles ;
Chaque mystère est un canal
De grâces non pareilles.
5- En joignant le cœur à la voix,
L’esprit à la parole,
On le commence par la Croix
En disant le Symbole,
Puis un Pater et trois Ave
Pour adorer la Trinité
Dont Marie est le Temple,
Le Rosaire ainsi récité,
On y prie et contemple.
SUR LA CROIX
6- Adorons dans la Trinité
Un Dieu seul par essence,
Trois personnes dans l’Unité,
D’une même substance.
Croyons en Dieu très fermement,
Espérons en Dieu sûrement ;
Car, c’est notre bon Père,
Aimons Dieu souverainement,
C’est le seul nécessaire.
L’ANNONCIATION
7- Un Ange du Ciel descendit
Et salua Marie :
Elle conçut du Saint-Esprit
Jésus, le fruit de vie :
Un Dieu prend notre humanité,
L’unit à sa Divinité,
Une Vierge est féconde :
Admirons tous l’humilité
D’un Dieu qui vient au monde.
LA VISITATION
8- La Vierge, enceinte du Sauveur,
Alla, non sans mystère,
Sanctifier son Précurseur
Dans le sein de Sa Mère :
Pratiquons donc la charité
Et les devoirs d’humanité
À l’égard de nos frères,
Inspirons-leur la sainteté,
Soulageons leurs misères !
LA NATIVITÉ
9- Celui que Dieu même produit
Dans son sein adorable,
Est né d’une Vierge, à minuit,
Dans une pauvre étable :
Ce pauvre lieu nous fait horreur.
Mais écoutons-y le Sauveur
Qui parle en son silence :
Bienheureux les pauvres de cœur,
Leur trésor est immense.
LA PURIFICATION
10- Jésus s’offre au Temple pour nous,
Par les mains de Marie,
Pour calmer Dieu dans son courroux,
Par une double hostie :
Il faut, pour observer la Loi,
Sacrifier tout à la Foi,
Remplir toute justice,
Craindre et purifier en soi
Jusqu’à l’ombre du vice.
LE RECOUVREMENT DE JÉSUS
11- Elle trouve au Temple son Fils,
Après trois jours d’absence,
Parmi les docteurs tout surpris
De sa haute science :
Cherchons donc toujours le Sauveur
Comme Marie avec ferveur.
Pour le trouver sans cesse,
Cherchons avec la même ardeur,
La divine Sagesse.
L’AGONIE DE JÉSUS-CHRIST
12- Jésus, triste jusqu’à la mort,
Au Jardin des Olives,
Sua du Sang par un effort
Des douleurs les plus vives ;
Pleurons sur nous-mêmes aujourd’hui,
Veillons et prions comme lui :
Mêlons nos pleurs aux siennes :
Nos péchés l’accablent d’ennui,
N’augmentons pas ses peines.
LA FLAGELLATION
13- Son Sang s’écoule à gros ruisseaux
Pendant qu’on le flagelle,
Sa chair s’en va toute en lambeaux,
Oh ! la douleur cruelle !
Apprenons à mortifier,
À punir et crucifier
Notre chair si rebelle,
Pour la soumettre et conserver
Sans tache criminelle.
LE COURONNEMENT D’ÉPINES
14- La Couronne du Roi des cieux
Est d’épines piquantes,
On lui fait, en bandant ses yeux,
Mille insultes sanglantes :
Ne rougissons point de la Croix,
Souffrons comme le Roi des rois,
Qu’on nous raille ou nous gronde ;
Soyons bien soumis à ses lois,
Et méprisons le monde.
LE PORTEMENT DE CROIX
15- Jésus-Christ portant une Croix,
Dessus sa chair sanglante
Se trouve accablé de son poids
Tant elle était pesante :
Ne l’accablons pas de nouveau
En ajoutant à son fardeau
Quelque nouvelle offense,
Mais imitons ce doux Agneau,
Sa douce patience.
LE CRUCIFIEMENT
16- Jésus, abandonné de tous
Sous les yeux de sa Mère,
Est enfin mort d’amour pour nous
Sur la Croix du Calvaire.
Nos péchés seuls l’ont fait souffrir,
Nos péchés seuls l’ont fait mourir :
Versons, versons des larmes.
Portons la Croix sans déplaisir :
Elle n’est pas sans charmes.
LA RÉSURRECTION
17- Trois jours après, ce Dieu très fort
Ressuscite avec gloire,
Ayant, sur l’enfer et la mort,
Une pleine victoire :
Ressuscitons avec Jésus,
Faisons vivre en nous les vertus
Et mourons à tout vice ;
Dorénavant, ne péchons plus ;
Que tous se convertissent.
L’ASCENSION
18- Jésus-Christ monte en Paradis
Pour préparer nos places.
Ce Royaume nous est acquis,
Si nous suivons ses traces :
Désirons le Ciel ardemment,
Soupirons à chaque moment
Après notre patrie,
Et méprisons chrétiennement
Les biens de cette vie.
LA PENTECÔTE
19- Jésus remplit du Saint-Esprit
Marie et les Apôtres :
Par eux ensuite il en remplit
Le cœur de plusieurs autres :
Prions ce Dieu de vérité,
De lumière et de sainteté
Qu’il éclaire notre âme,
Prions ce Dieu de charité
Qu’il l’anime et l’enflamme.
L’ASSOMPTION
20- Marie est morte par amour,
Elle est ressuscitée,
Puis élevée au même jour
Jusqu’au Ciel empyrée :
Pour mourir très heureusement
Et monter au Ciel sûrement,
Faisons-le par Marie,
Et la servons dévotement
En imitant sa vie.
LE COURONNEMENT DE LA VIERGE
21- Marie est couronnée aux Cieux
Comme une Souveraine,
Elle veut être en ces bas lieux
Sensible à notre peine :
Demandons par elle à son Fils,
Cette Couronne qu’il promit
À la persévérance
Et la gloire du Paradis
Pour notre récompense.
R./ Mère de Dieu, vous êtes notre Mère :
Donnez-nous votre bénédiction,
Supportez-nous malgré notre misère
Et nous gardez du monde et du démon.
******************************
PROMESSES QUE NOTRE-DAME FIT AU BIENHEUREUX ALAIN DE LA ROCHE EN 1464 RELATIVEMENT A LA DÉVOTION AU TRÈS SAINT ROSAIRE
« 1- A tous ceux qui réciteront dévotement mon Rosaire, je promets ma protection toute spéciale et de très grandes grâces.
2- Celui qui persévérera dans la récitation de mon Rosaire recevra quelques grâces signalées.
3- Le Rosaire sera une armure très puissante contre l’enfer ; il détruira les vices, délivrera du péché, dissipera les hérésies.
4- Le Rosaire fera fleurir les vertus et les bonnes œuvres et obtiendra aux âmes les miséricordes divines les plus abondantes ; il substituera dans les coeurs
l’amour de Dieu à l’amour du monde, les élevant au désir des biens célestes et éternels. Que d’âmes se sanctifieront par ce moyen !
5- Celui qui se confie en moi par le Rosaire, ne périra pas.
6- Celui qui récitera pieusement mon Rosaire en considérant ses mystères, ne sera pas accablé par le malheur : pécheur, il se convertira ; juste, il croîtra en
grâce et deviendra digne de la Vie éternelle.
7- Les vrais dévots de mon Rosaire seront aidés à leur mort par les secours du Ciel.
8- Ceux qui récitent mon Rosaire trouveront pendant leur vie et à leur mort, la lumière de Dieu, la plénitude de ses grâces et ils participeront aux mérites des
Bienheureux.
9- Je délivrerai très promptement du Purgatoire les âmes dévotes à mon Rosaire.
10- Les véritables enfants de mon Rosaire jouiront d’une grande gloire dans le Ciel.
11- Ce que vous demanderez par mon Rosaire, vous l’obtiendrez.
12- Ceux qui propageront mon Rosaire seront secourus par moi dans toutes leurs nécessités.
13- J’ai obtenu de mon Fils que tous les confrères du Rosaire aient pour frères, en la vie et à la mort, les Saints du Ciel.
14- Ceux qui récitent fidèlement mon Rosaire sont tous mes fils bien-aimés, les frères et soeurs de Jésus-Christ.
15- La dévotion à mon Rosaire est un grand signe de prédestination. »
L’AIGUILLON DE LA FERVEUR
ou LE RÉVEIL-MATIN DE LA MISSION
1-Mon cher parent, mon cher voisin
Levons-nous tous de grand matin,
Dieu nous appelle à son festin ;
Cherchons la grâce,
Et qu’il neige et qu’il glace,
Cherchons la grâce et l’amour divin.
2-Malgré le feu, malgré le fer,
Malgré le froid, malgré l’hiver,
Malgré les plaintes de la chair,
Cherchons la grâce,
Et qu’il vente et qu’il glace,
Cherchons la grâce, et malgré l’enfer.
3-Tout le ménage y contredit,
Le démon crie et la chair dit :
« Restez au feu, restez au lit. »
Cherchons la grâce,
Et qu’il gèle et qu’il glace,
Cherchons la grâce de Jésus-Christ.
4-Laissons Marthe en son embarras,
Laissons au lit les délicats,
Marchons, le Ciel compte nos pas,
Cherchons la grâce,
Et qu’il mouille et qu’il glace,
Cherchons la grâce, braves soldats.
5-Laisse tes travaux, laboureur,
Termine tes procès, plaideur,
Renonce à tes péchés, pécheur.
Cherchons la grâce,
Et qu’il mouille et qu’il glace,
Cherchez ma grâce, dit le Seigneur.
6-Demandez, dit Dieu, vous aurez,
Cherchez et vous rencontrerez,
Frappez et puis vous entrerez.
Cherchez ma grâce,
Et qu’il neige et qu’il glace,
Cherchez ma grâce, et vous trouverez.
7-Laisse un peu ton bois, charpentier,
Quitte un peu ton fer, serrurier,
Remets ton ouvrage, ouvrier.
Cherchons la grâce,
Et qu’il tonne et qu’il glace,
Cherchons la grâce, point de quartier.
8-Allons, allons, grands et petits,
Et ne soyons point engourdis.
Nous cherchons des biens infinis.
Cherchons la grâce,
Et qu’il pleuve et qu’il glace,
Cherchons la grâce et le Paradis.
9-C’est le Ciel qu’il faut marchander,
C’est le port qu’il faut aborder,
C’est le bien qu’il faut demander.
Cherchez la grâce,
Et qu’il gèle et qu’il glace,
Cherchons la grâce et sans retarder.
10-Afin d’arriver à ce port,
Combattons bien, travaillons fort,
Voguons, ramons avec effort.
Cherchons la grâce,
Et qu’il vente et qu’il glace,
Cherchons la grâce jusqu’à la mort.
11-Remuez-vous tous, gens paresseux,
Malgré l’éloignement des lieux,
Cherchons la grâce à qui mieux-mieux,
Cherchons la grâce,
Et qu’il neige et qu’il glace,
Cherchons la grâce, achetons les Cieux.
12-Réveillez-vous, gens endormis.
Cherchons, malgré nos ennemis,
Le pardon des péchés commis.
Cherchons la grâce,
Et qu’il mouille et qu’il glace,
Cherchons la grâce, mes chers amis.
13-Allons écouter le Sauveur
Qui parle en un prédicateur,
Afin de toucher notre cœur.
Cherchons la grâce,
Et qui parle et qui passe,
Cherchons la grâce et le vrai bonheur.
14-Allons gagner la mission,
Pour obtenir rémission,
Malgré le monde et le démon.
Cherchons la grâce,
Et qui parle et qui passe,
Cherchons la grâce, allons au sermon.
15-Si nous souffrons pour aller là,
Le Paradis vaut bien cela ;
Animons-nous à qui l’aura.
Cherchons la grâce,
Et qui parle et qui passe,
Cherchons la grâce, Dieu nous paiera.
16-Cherchons donc le Ciel fortement,
Cherchons sa gloire uniquement,
Montant au Ciel, au firmament,
A la Couronne,
Et qu’il vente et qu’il tonne,
A la Couronne éternellement.
À notre bon Ange (cantique montfortain)
Marie au pied de la Croix (Cantique de St L-M de Montfort)
En l'honneur du bon Ange Gardien (cantique de St L-M de Montfort)
Au St Ange Gardien & à St Pie V (cantiques de St L-M de Montfort)
En l'honneur de St Pie V (cantique de St L-M de Montfort)
Désespoir du pécheur & Soupirs des damnés (St L-M de Montfort)
LE DÉSESPOIR DU PÉCHEUR À LA MORT
1- Quoi donc ! faut-il que je meure
Et que je quitte mes biens ?
Ô cruelle et maudite heure
Qui m’ôte ce que je tiens !
2- Ô mort amère et terrible
Qui me sépare de tout,
À mes cris rends-toi sensible
Et suspends un peu ton coup.
3- Ah ! je suis pris dans les pièges
Que Satan m’avait cachés,
Je sens tous mes sacrilèges,
J’aperçois tous mes péchés.
4- Que de grâces méprisées !
Que de conseils rejetés !
Que d’heures mal employées !
Que de dons foulés aux pieds !
5- Mon Jésus, miséricorde
À ce malheureux pécheur ;
Mère de miséricorde,
Priez pour moi mon Sauveur.
JÉSUS :
6- Tu t’es moqué, misérable,
Des appels de mon amour :
Il est juste et raisonnable
Que je me moque à mon tour.
7- Je me ris de tes alarmes
Et de ton faux repentir,
Je me moque de tes larmes :
Il faut mourir et périr.
MARIE :
8- Il fallait pendant la vie
Me prier et t’amender :
C’est trop tard que tu me pries,
Car je ne veux plus t’aider.
LE MOURANT :
9- Malheur sur moi ! Plus de Père :
Il est mon juge irrité.
Malheur sur moi ! Plus de Mère :
De tous, je suis rebuté.
10- Mes ennemis m’environnent,
Mon corps s’affaiblit toujours,
Et je ne trouve personne
Qui me donne du secours.
11- Hélas ! faut-il que je meure
Pour être à jamais damné ?
Malheureuse et maudite heure
À laquelle je suis né !
12- Je vois trop tard, monde impie,
Ton funeste aveuglement ;
Je connais ta tromperie,
Mais hélas ! Il n’est plus temps !
13- Adieu, maudite carcasse,
Adieu, pâture des vers,
Je vais t’attendre en ta place
Qui t’attend dans les enfers.
14- Ah ! si je t’avais matée,
La mort serait mon plaisir.
Mais, hélas ! je t’ai flattée,
C’est mon cruel repentir.
15- Je te vois, malheureux diable,
Qui m’attends près de mon lit.
Emporte-moi, détestable,
Car c’est toi qui m’as séduit.
16- On m’écorche, on me déchire,
Puisque je meurs malgré moi.
Hélas ! faut-il que j’expire
Dans mes péchés que je vois ?
17- Je meurs dans l’impénitence
Pour avoir, jusqu’au trépas,
Différé ma pénitence.
Pécheur, ne m’imite pas !
18- Celui-là seul est le sage
Qui s’est préparé longtemps
À ce terrible passage.
Rends-toi juge à mes dépens !
19- Vis mieux que moi, je t’en prie,
Pour avoir un meilleur sort.
Telle que sera ta vie,
Telle aussi sera ta mort !
DIEU SEUL.
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LES SOUPIRS DES DAMNÉS
1- Malheureuse âme damnée,
Qui t’a mise dans ces feux ?
Qui t’a mise, infortunée,
Dans ces cachots ténébreux ?
LE DAMNÉ :
2- Ah ! c’est ma pure malice
Qui m’a plongée en ce feu,
Où j’éprouve la justice
Et la vengeance de Dieu !
3- Ma perte est universelle :
Dieu perdu, tout est perdu !
Dieu perdu, perte cruelle !
Ce mot n’est point entendu.
4- Ah ! que je suis misérable !
Car je ne puis aimer Dieu.
Oh! malheur insupportable
Qu’on ne comprend qu’en ce lieu !
5- Je n’ai plus Dieu pour mon Père !
Il est mon juge irrité,
Qui dans toute sa colère
Punit mon iniquité.
6- Comme je suis tout contraire
À ce Dieu saint et puissant,
Il me rend guerre pour guerre
Et m’accable à chaque instant.
7- J’ai, pour une bagatelle,
Pour un plaisir d’un moment,
Perdu la vie éternelle :
J’en enrage incessamment !
8- Hélas ! ma vie est passée.
Oh ! souvenir très cruel !
Je sens mon âme rongée
D’un repentir immortel.
9- Je gémis sans pénitence,
Je brûle sans consumer,
Je souffre sans espérance,
Je me repens sans aimer.
10- Je ne respire que flamme
Tant au dehors qu’au dedans,
Le feu pénètre mon âme :
Je suis un charbon ardent.
11- Dans tout ce qui m’environne
Je trouve un nouveau tourment ;
Je souffre sans qu’on me donne
Le moindre soulagement.
12- Tous les démons me tourmentent :
Les démons sont mes bourreaux !
Ces cruels tyrans inventent
Des tourments toujours nouveaux !
13- Le désespoir et la rage
Et les grincements de dents
Sont mon unique langage
Au milieu de mes tourments !
14- Je me déchire et me mange !
Je me dépite et maudis !
Car mon malheur est étrange,
Car mes maux sont infinis !
15- Une peine qui m’accable,
C’est la longue éternité.
Oh ! « Jamais » épouvantable !
Oh ! Terrible vérité !
16- Pour jamais avec les diables,
Les damnés et les serpents,
Dans des feux insupportables
Et dans des cachots puants !
17- Pour jamais cette demeure !
Pour jamais être damné !
Malheureuse et maudite heure
À laquelle je suis né !
18- Rage, désespoir, blasphème,
Puisqu’il faut toujours souffrir,
Puisqu’il faut rester de même
Sans jamais pouvoir mourir !
19- Je t’attends, ô maudit frère,
Qui m’as fait offenser Dieu !
Viens, je te ferai la guerre
À tout jamais en ce lieu !
LEÇON :
20- Homme mortel, fais-toi sage,
Et le fais à ses dépens :
Si tu n’entends son langage,
Tu souffriras son tourment !
RÉPONSE :
21- Oh ! quel malheur, quel langage !
J’en frémis, j’en suis touché,
Oui, je veux me rendre sage,
En évitant le péché.
DIEU SEUL.
Les noces chrétiennes (cantique de St L-M de Montfort)
1-Qu'on chante et qu'on résonne
Qu'aux Noces de Cana
Le Seigneur en personne
Autrefois assista.
En cette sainte pompe,
Prions-le de venir,
A son de trompe, trompe,
Afin de nous bénir.
2-Belle et divine chère !
Bienheureux mariés,
Où Jésus et sa Mère
Étaient des conviés !
A cette sainte pompe,
Convions-les tous les deux,
A son de trompe, trompe,
Pour devenir heureux.
3-Leur sainte compagnie
N'y souffrait aucun mal.
Là, point d'immodestie,
De danse ni de bal.
Chassons de cette pompe
Les plaisirs de Bacchus
A son de trompe, trompe,
Et les jeux de Vénus.
4-En leur sainte présence,
Quelle sobriété !
Quelle chaste innocence !
Quelle sainte gaieté !
A cette sainte pompe
Convions ces vertus,
A son de trompe, trompe,
Pour y garder Jésus.
5-Là, Marie, attentive,
Aux besoins du festin,
Dit d'une foi très vive :
« Mon cher Fils, plus de vin ! »
Crions en cette pompe
Et crions tous les jours
A son de trompe, trompe :
« Marie, à mon secours ! »
6-O miracle ! ô merveille !
De l'eau changée en vin !
Depuis, jamais bouteille
N'en eut de si divin.
Miracle en cette pompe !
Nous demandons, Seigneur,
A son de trompe, trompe,
De changer notre cœur.
7-Adieu, noces charnelles
Des Turcs et des païens !
Que les nôtres soient telles
Que celles des anciens !
Leurs vœux en cette pompe,
Leur repas innocent,
A son de trompe, trompe,
Y rendaient Dieu présent.
8-Loin d'ici la malice
Du monde et de Satan !
Chacun s'y réjouisse
En fils du Dieu vivant.
Dieu règne en cette pompe !
Le crime en soit exclu !
A son de trompe, trompe,
Le Seigneur, et rien plus.
9-Grand Dieu, par votre grâce,
De deux n'en faites qu'un.
Que l'une et l'autre fasse
Son salut en commun.
Joignez nos cœurs en pompe,
D'un si puissant lien,
A son de trompe, trompe,
Qu'on ne nous trouble en rien.
10-Dans notre mariage
Donnez-nous des enfants ;
Gardez-nous du naufrage
Et de tous accidents.
Tout crie en cette pompe,
Avec les deux époux :
A son de trompe, trompe,
Seigneur, bénissez-nous.
DIEU SEUL.
Les mille Ave Maria ou Le dévot intérieur (St L-M de Montfort)
Explication du Rosaire/Chapelet psalmodié/Méthode montfortaine
Explication du Rosaire : 1. Excellence des prières qui le composent
1- Que le monde
Et l’enfer gronde,
Gloire en tous lieux
A la Reine des Cieux.
R./ Vite, vite,
Saluons-la
En lui disant mille Ave Maria.
Vite, vite,
Priez pour nous
Et calmez Dieu dans son juste courroux.
2- Qu’on publie
Partout Marie
Dans sa beauté
Et dans sa charité.
3- Veut-on croire ?
C’est l’oratoire
Tout plein de feu
Où je brûle pour Dieu.
4- C’est ma Mère,
C’est ma lumière
Qui me nourrit,
Qui m’éclaire et conduit.
5- Qu’elle est belle !
Qu’elle est fidèle !
C’est mon séjour,
C’est mon repos d’amour.
6- C’est ma gloire,
C’est ma victoire ;
Par son saint nom
J’écrase le démon.
7- Sous son aile
Et sa tutelle,
Je ne crains rien
Et je trouve tout bien.
8- C’est par elle
Que j’en rappelle
A la bonté
Du Seigneur irrité.
9- Tout par elle
Et rien sans elle :
C’est mon secret
Pour devenir parfait.
10- C’est ma flamme,
C’est ma chère âme,
C’est mon honneur,
C’est mon tout, c’est mon cœur.
11- Davantage
J’ai son image
Gravée en moi
Pour me montrer le Roi.
12- Bonnes femmes,
Fidèles âmes,
Prédestinés,
C’est vous qui me croirez.
13- O Marie,
Toute remplie
De sainteté,
De grâce et de beauté.
14- Vierge aimable,
Mère admirable,
On ne peut pas
Exprimer vos appâts.
15- O Servante
Toute-puissante,
Pour tout pouvoir
Vous n’avez qu’à vouloir.
16- Que tout sonne,
Que tout entonne :
Marie a lieu
La première après Dieu.
17- Dieu la laisse
Seule maîtresse
De tout son bien,
Sans en excepter rien.
18- Sa prudence
Donne et dispense
Tous ses trésors,
Malgré les esprits forts.
19- Elle est née
Immaculée,
Jamais péché
N’a terni sa beauté.
20- Je m’étonne
Qu’on en raisonne ;
Dieu l’a bien pu,
Je soutiens qu’il l’a dû.
21- C’est la Reine,
La Souveraine
De l’univers,
Du ciel et des enfers.
22- Sa parole
N’est point frivole,
Ce qu’elle dit
Est fait sans contredit.
23- L’impossible
Devient possible,
Tout est aisé
Quand Marie a parlé.
24- Elle est riche
Sans être chiche.
Oh ! quel bonheur
D’être son serviteur !
25- Par la grâce,
Elle surpasse
Les bienheureux
De la terre et des cieux.
26- A ses charmes
Tout se désarme :
Pécheurs changés,
Les démons écrasés.
27- Qui l’imite
Est de sa suite :
Tous ses amis
Sont amis de son Fils.
28- On n’accorde
Miséricorde
Qu’à qui la suit,
La prie et la bénit.
29- Point d’outrages,
Point de naufrages,
Point de malheurs
Pour ses bons serviteurs.
30- Anathème
A qui ne l’aime,
Maudits seront
Qui la négligeront.
31- Vierge Mère,
Je vous révère,
Je vous bénis
Avec votre cher Fils.
32- Je vous aime
Plus que moi-même,
Plus que mon cœur,
Après Dieu mon Sauveur.
Dernier R./ Vite, vite,
Prenez mon cœur
Et le donnez à Jésus mon Sauveur.
Vite, vite,
Prions-la tous
De calmer Dieu dans son juste courroux.
Explication du Rosaire : 2. Les 5 Mystères Joyeux
EXPLICATION DU ROSAIRE
1- Veut-on faire un choix excellent
Des plus saintes Prières,
Et méditer en même temps
Les principaux mystères ?
Le Rosaire en est un précis :
Ces deux trésors y sont compris,
Trésors inépuisables ;
Puisque le ciel en est le prix,
Ils sont inestimables.
2- Le Rosaire est donc un moyen,
Et des plus efficaces
Pour trouver le souverain bien
Et la source des grâces ;
On y médite les vertus,
Lesquelles conviennent le plus
Selon chaque mystère :
On les demande par Jésus
Et par sa sainte Mère.
3- Il renferme trois chapelets,
Qui font quinze dizaines :
On trouve ici quinze couplets,
Pour les offrir sans peines.
C’est par cinq mystères joyeux
Et cinq mystères douloureux
Qu’on fait quinze demandes,
Y joignant les cinq glorieux :
Les quinze ont quinze offrandes.
4- Toute notre religion
Consiste en ces mystères,
Mais c’est la méditation
Qui les rend salutaires :
On les honore en général,
Ensuite les quinze en détail,
Méditant leurs merveilles ;
Chaque mystère est un canal
De grâces non pareilles.
5- En joignant le cœur à la voix,
L’esprit à la parole,
On le commence par la Croix
En disant le Symbole,
Puis un Pater et trois Ave
Pour adorer la Trinité
Dont Marie est le Temple :
Le Rosaire ainsi récité,
On y prie et contemple.
SUR LA CROIX
6- Adorons dans la Trinité
Un Dieu seul par essence,
Trois personnes dans l’Unité,
D’une même substance.
Croyons en Dieu très fermement,
Espérons en Dieu sûrement,
Car, c’est notre bon Père ;
Aimons Dieu souverainement :
C’est le seul nécessaire.
L’ANNONCIATION
7- Un Ange du Ciel descendit
Et salua Marie :
Elle conçut du Saint-Esprit
Jésus, le fruit de vie.
Un Dieu prend notre humanité,
L’unit à sa Divinité,
Une Vierge est féconde :
Admirons tous l’humilité
D’un Dieu qui vient au monde.
LA VISITATION
8- La Vierge, enceinte du Sauveur,
Alla, non sans mystère,
Sanctifier son Précurseur
Dans le sein de Sa Mère :
Pratiquons donc la charité
Et les devoirs d’humanité
À l’égard de nos frères,
Inspirons-leur la sainteté,
Soulageons leurs misères !
LA NATIVITÉ
9- Celui que Dieu même produit
Dans son sein adorable,
Est né d’une Vierge, à minuit,
Dans une pauvre étable :
Ce pauvre lieu nous fait horreur.
Mais écoutons-y le Sauveur
Qui parle en son silence :
« Bienheureux les pauvres de cœur,
Leur trésor est immense. »
LA PURIFICATION
10- Jésus s’offre au Temple pour nous,
Par les mains de Marie,
Pour calmer Dieu dans son courroux,
Par une double hostie :
Il faut, pour observer la Loi,
Sacrifier tout à la Foi,
Remplir toute justice,
Craindre et purifier en soi
Jusqu’à l’ombre du vice.
LE RECOUVREMENT DE JÉSUS
11- Elle trouve au Temple son Fils,
Après trois jours d’absence,
Parmi les docteurs tout surpris
De sa haute science :
Cherchons donc toujours le Sauveur
Comme Marie avec ferveur.
Pour le trouver sans cesse,
Cherchons avec la même ardeur,
La divine Sagesse.
L’AGONIE DE JÉSUS-CHRIST
12- Jésus, triste jusqu’à la mort,
Au Jardin des Olives,
Sua du Sang par un effort
Des douleurs les plus vives :
Pleurons sur nous-mêmes aujourd’hui,
Veillons et prions comme lui ;
Mêlons nos pleurs aux siennes.
Nos péchés l’accablent d’ennui :
N’augmentons pas ses peines !
LA FLAGELLATION
13- Son Sang s’écoule à gros ruisseaux
Pendant qu’on le flagelle,
Sa chair s’en va toute en lambeaux,
Oh ! la douleur cruelle !
Apprenons à mortifier,
À punir et crucifier
Notre chair si rebelle,
Pour la soumettre et conserver
Sans tache criminelle.
LE COURONNEMENT D’ÉPINES
14- La Couronne du Roi des cieux
Est d’épines piquantes ;
On lui fait, en bandant ses yeux,
Mille insultes sanglantes :
Ne rougissons point de la Croix,
Souffrons comme le Roi des rois,
Qu’on nous raille ou nous gronde ;
Soyons bien soumis à ses lois,
Et méprisons le monde.
LE PORTEMENT DE CROIX
15- Jésus-Christ portant une Croix,
Dessus sa chair sanglante
Se trouve accablé de son poids
Tant elle était pesante :
Ne l’accablons pas de nouveau
En ajoutant à son fardeau
Quelque nouvelle offense,
Mais imitons ce doux Agneau,
Sa douce patience.
LE CRUCIFIEMENT
16- Jésus, abandonné de tous
Sous les yeux de sa Mère,
Est enfin mort d’amour pour nous
Sur la Croix du Calvaire.
Nos péchés seuls l’ont fait souffrir,
Nos péchés seuls l’ont fait mourir :
Versons, versons des larmes.
Portons la Croix sans déplaisir :
Elle n’est pas sans charmes.
LA RÉSURRECTION
17- Trois jours après, ce Dieu très fort
Ressuscite avec gloire,
Ayant, sur l’enfer et la mort,
Une pleine victoire :
Ressuscitons avec Jésus,
Faisons vivre en nous les vertus
Et mourons à tout vice ;
Dorénavant, ne péchons plus :
Que tous se convertissent !
L’ASCENSION
18- Jésus-Christ monte en Paradis
Pour préparer nos places.
Ce Royaume nous est acquis,
Si nous suivons ses traces :
Désirons le Ciel ardemment,
Soupirons à chaque moment
Après notre Patrie,
Et méprisons chrétiennement
Les biens de cette vie.
LA PENTECÔTE
19- Jésus remplit du Saint-Esprit
Marie et les Apôtres ;
Par eux ensuite il en remplit
Le cœur de plusieurs autres :
Prions ce Dieu de vérité,
De lumière et de sainteté
Qu’il éclaire notre âme ;
Prions ce Dieu de charité
Qu’il l’anime et l’enflamme.
L’ASSOMPTION
20- Marie est morte par amour,
Elle est ressuscitée,
Puis élevée au même jour
Jusqu’au Ciel empyrée :
Pour mourir très heureusement
Et monter au Ciel sûrement,
Faisons-le par Marie,
Et la servons dévotement
En imitant sa vie.
LE COURONNEMENT DE LA VIERGE
21- Marie est couronnée aux Cieux
Comme une Souveraine,
Elle veut être en ces bas lieux
Sensible à notre peine :
Demandons par elle à son Fils,
Cette Couronne qu’il promit
À la persévérance
Et la gloire du Paradis
Pour notre récompense.
R./ Mère de Dieu, vous êtes notre Mère :
Donnez-nous votre bénédiction,
Supportez-nous malgré notre misère
Et nous gardez du monde et du démon.
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PROMESSES QUE NOTRE-DAME FIT AU BIENHEUREUX ALAIN DE LA ROCHE EN 1464 RELATIVEMENT A LA DÉVOTION AU TRÈS SAINT ROSAIRE
« 1- A tous ceux qui réciteront dévotement mon Rosaire, je promets ma protection toute spéciale et de très grandes grâces.
2- Celui qui persévérera dans la récitation de mon Rosaire recevra quelques grâces signalées.
3- Le Rosaire sera une armure très puissante contre l’enfer ; il détruira les vices, délivrera du péché, dissipera les hérésies.
4- Le Rosaire fera fleurir les vertus et les bonnes œuvres et obtiendra aux âmes les miséricordes divines les plus abondantes ; il substituera dans les coeurs
l’amour de Dieu à l’amour du monde, les élevant au désir des biens célestes et éternels. Que d’âmes se sanctifieront par ce moyen !
5- Celui qui se confie en moi par le Rosaire, ne périra pas.
6- Celui qui récitera pieusement mon Rosaire en considérant ses mystères, ne sera pas accablé par le malheur : pécheur, il se convertira ; juste, il croîtra en
grâce et deviendra digne de la Vie éternelle.
7- Les vrais dévots de mon Rosaire seront aidés à leur mort par les secours du Ciel.
8- Ceux qui récitent mon Rosaire trouveront pendant leur vie et à leur mort, la lumière de Dieu, la plénitude de ses grâces et ils participeront aux mérites des
Bienheureux.
9- Je délivrerai très promptement du Purgatoire les âmes dévotes à mon Rosaire.
10- Les véritables enfants de mon Rosaire jouiront d’une grande gloire dans le Ciel.
11- Ce que vous demanderez par mon Rosaire, vous l’obtiendrez.
12- Ceux qui propageront mon Rosaire seront secourus par moi dans toutes leurs nécessités.
13- J’ai obtenu de mon Fils que tous les confrères du Rosaire aient pour frères, en la vie et à la mort, les Saints du Ciel.
14- Ceux qui récitent fidèlement mon Rosaire sont tous mes fils bien-aimés, les frères et soeurs de Jésus-Christ.
15- La dévotion à mon Rosaire est un grand signe de prédestination. »
Explication du Rosaire : 3. Les 5 Mystères Douloureux
Explication du Rosaire : 4. Les 5 Mystères Glorieux
PAROLES avec IMAGES à télécharger ici :
http://montfortajpm.blogspot.fr/p/le-chapelet-recite-avec-vous.html
"Je mets ma confiance" (cantique montfortain)
"Ô Saint-Esprit" (cantique montfortain)
INVOCATION AU SAINT-ESPRIT
(cantique montfortain)
1- Ô Saint-Esprit, donnez-nous vos lumières,
Venez-en nous pour nous embraser tous,
Pour nous régler, pour former nos prières :
Nous ne pouvons faire aucun bien sans vous !
2- Éclairez-moi, Sainte Vierge Marie :
Obtenez-moi grâce auprès du Sauveur,
Pour écouter ses paroles de vie,
Et les garder comme vous dans mon cœur.
Actions de grâces : "Bénissons à jamais"
Adieu au monde & Adieu pour jamais (sur le canon de Pachelbel)
R./ Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits !
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits !
1- Bénissez-le, saints Anges :
Louez sa majesté,
Rendez à sa bonté
Mille et mille louanges.
2- Oh ! que c'est un bon Père !
Qu'il a grand soin de nous !
Il nous supporte tous,
Malgré notre misère.
3- Comme un Pasteur fidèle,
Sans craindre le travail,
Il ramène au bercail
Une brebis rebelle.
4- Il a brisé mes chaînes
Comme un puissant vainqueur,
Et, comme un doux Sauveur,
Il a banni mes peines.
5- Il a guéri mon âme
Comme un bon médecin ;
Comme un maître divin,
Il m'éclaire, il m'enflamme.
6- Il me comble à toute heure
De grâces, de bienfaits ;
Dans mon cœur pour jamais
Il a pris sa demeure.
7- Qu'avec moi tout publie
Un Dieu si plein d'amour ;
À l'aimer sans retour
Consacrons notre vie.
8- Sa bonté me supporte,
Sa lumière m'instruit,
Sa beauté me ravit,
Son amour me transporte.
9- Oui, sa douceur m'enchaîne,
Sa grâce me guérit,
Sa force m'affermit,
Sa charité m'entraîne.
10- Dieu seul est ma tendresse,
Dieu seul est mon soutien,
Dieu seul est tout mon bien,
Ma vie et ma richesse.
ADIEU AU MONDE
(cantique attribué à St Louis-Marie Grignion de Montfort)
1- Plaisirs trompeurs, retirez-vous,
Je méprise vos charmes ;
Ce qu’on y trouve de plus doux
Nous coûte trop d’alarmes.
Vous avez beau flatter mes sens
Avec un soin extrême,
Tous vos efforts sont impuissants,
Ce n’est plus vous que j’aime.
2- Votre douceur m’avait surpris,
Je la croyais parfaite,
Mais j’en connais enfin le prix
Et mon cœur la rejette.
Retirez-vous, je suis vainqueur,
Fuyez sans plus attendre.
Je vous avais donné mon cœur,
Je viens de le reprendre.
3- Je ne trouve plus de douceurs,
Qu’en la source féconde
Des vrais plaisirs, des vrais honneurs
Que n’offre point le monde :
Le bel amour a pour objet
Un bien toujours durable,
Nul bien chez vous ne fut parfait,
Vous n’avez rien d’aimable.
4- C’est Dieu qui contente mon cœur
Et qui remplit mon âme.
Fut-il une plus noble ardeur,
Une plus digne flamme ?
Fut-il jamais bonheur pareil
Dans ce qui sut me plaire ?
Je n’ai trouvé sous le soleil
Que faiblesse et misère.
****************************
ADIEU POUR JAMAIS
(cantique attribué à saint Louis-Marie Grignion de Montfort)
1- Adieu pour jamais,
Monde plein de charmes,
Adieu pour jamais,
Je vais vivre en paix.
Que de larmes,
Que d’alarmes
M’ont coûté tes faux attraits !
Je veux m’en défendre
Et je veux me rendre
À ce Dieu d’amour
Qui m’éclaire en ce jour.
2- Aussitôt qu’il luit,
Tout éclat s’efface.
Aussitôt qu’il luit,
Tout éclat s’enfuit.
Tout se passe,
Tout nous lasse,
Tout périt, tout se détruit,
Un seul bien durable
Me paraît aimable,
Ah ! qu’il a d’attraits !
Il ne finit jamais.
3- Pourquoi m’engager,
Si loin du rivage ?
Pourquoi m’engager
Si près du danger ?
Dans l’orage
Qui s’engage,
Aime à se voir submerger.
Une paix profonde
N’est pas dans ce monde.
Mon plus heureux sort,
C’est de gagner le port.
4- Je ne cherche plus
Les pompes mondaines,
Je ne cherche plus
Des biens superflus.
Que leurs chaînes
Font de peines !
J’en connais enfin l’abus.
Si mon cœur désire,
Si mon cœur soupire,
C’est pour un seul bien,
Les autres ne sont rien.
Les malheurs du monde (cantique de St L-M de Montfort sur le canon de Pachelbel)
Jésus crucifié
Jésus portant sa Croix
Jésus couronné d'épines
Jésus condamné
1-Grand Dieu, donnez-nous du secours,
Armez-vous de votre tonnerre,
Le monde nous fait tous les jours
Partout une cruelle guerre.
C’est l’ennemi le plus malin
Parce qu’il est le plus humain.
2-Amis de Dieu, braves soldats,
Unissons-nous, prenons les armes,
Ne nous laissons pas mettre à bas,
Combattons le monde et ses charmes.
Puisque Dieu même est avec nous,
Nous le vaincrons, combattons tous.
3-Armons-nous de la vérité
Contre les amis du mensonge,
Faisons-leur voir par charité
Que tous leurs biens ne sont qu’un songe,
Armons-nous d’une vive foi,
Nous leur ferons à tous la loi.
4-Mais pour être vraiment vainqueurs,
Et pour avoir tout l’avantage,
Vidons nos esprits et nos cœurs
Des faux préjugés du bas âge.
Vomissons ce cruel venin,
Ou bien nous combattrons en vain.
5-Qu’est-ce que ce monde trompeur ?
C’est l’assemblée universelle
Des pécheurs qui font au Sauveur
Une guerre horrible et cruelle,
Quelquefois tout ouvertement,
Mais plus souvent secrètement.
6-Il est nommé du Saint-Esprit
La chaire de la pestilence,
Le chemin large où l’on périt
Sans qu’on le croie ou qu’on y pense,
La synagogue de Satan
Et le règne de ce tyran.
7-La grande église des malins,
L’infâme et grande Babylone,
Où les démons en souverains
Sont finement sur le trône,
Où tous les biens sont empêchés,
Où l’on enseigne tous péchés.
8-Le monde est Satan travesti
Afin de se rendre agréable,
C’est son armée et son parti
Pour être un prince formidable,
Pour enrôler tout l’univers
A le suivre dans les enfers.
9-O Dieu, qu’il enrôle de gens
Dans ce parti tout diabolique !
Mille petits, dix mille grands,
Le paysan, le politique,
Des demi-dévots, des savants,
Des libertins, de bons vivants.
10-Leur père maître est le démon,
Qui les anime et les entraîne ;
Ils n’offensent Dieu qu’en son nom,
Et quoiqu’ils croient l’avoir en haine,
Il en est le prince et le roi,
En cachette il leur fait la loi.
11-Le monde attaqua Jésus-Christ
Tout le temps qu’il vécut sur terre ;
Il est tous les jours Antéchrist,
Tous les jours il lui fait la guerre ;
Tous les jours il le contredit
Dans ce qu’il fait et ce qu’il dit.
12-Il détruit ou bien contrefait
Ses sentiments et ses maximes ;
Ce que Dieu fait, il le défait
Afin d’autoriser ses crimes.
Il contrefait ses sacrements
Et ses divins commandements.
13-Tous les serviteurs du Seigneur
Sont combattus par sa malice ;
Il leur fait tort, il leur fait peur,
Il les flatte, il leur rend service ;
Il leur compte mille raisons
Afin qu’ils boivent ses poisons.
14-Il fait de leur dévotion
Le sujet de sa raillerie,
Il l’appelle une illusion
Ou bien une bigoterie ;
Il condamne leurs actions,
Il prend mal leurs intentions.
15-Pour détruire leur sainteté
Il se sert de mille malices ;
Pour les tourner de son côté,
Il invente mille injustices.
Mon Dieu, qu’il en a supplanté
Par ses pièges d’iniquité !
16-Il couvre, mais très finement,
Le péché de la vertu même,
Pour le faire entrer doucement
Il flatte, il proteste qu’il aime.
Par ses sourires, ce trompeur
Enfonce un poignard dans le cœur.
17-Le monde est le grand boute-feux
Et le grand instrument des diables
Pour autoriser en tous lieux
Les crimes les plus détestables.
Les mondains nomment scrupuleux
Tous ceux qui ne font pas comme eux.
18-Il sème l’orgueil chez les grands,
La mollesse et la suffisance,
L’ignorance chez les paysans,
L’ivrognerie et médisance ;
L’envie et les divisions
Jusque dans la religion.
19-L’injustice dans les palais,
Dans les lieux publics, les scandales ;
Dans les lits et les lieux secrets,
Les impuretés les plus sales ;
Dans l’église et dans les lieux saints,
L’insolence des libertins.
20-La mollesse et l’oisiveté
Et le luxe parmi les dames,
Le babil et la vanité
Parmi presque toutes les femmes,
L’avarice chez les marchands
Et l’orgueil parmi les savants.
21-Dans les soldats, les jurements,
Les blasphèmes, les violences.
Partout mille dérèglements,
Les jeux, les bals, les insolences.
De ces péchés tout est rempli,
Le sage même en est sali.
22-Que dis-je, hélas ! je dis trop peu,
Homme et garçon et fille et femme
Sont brûlés presque tous du feu
De sa concupiscence infâme.
Il met partout la vanité,
Presque partout l’impureté.
23-Le monde étant sur son déclin,
Il n’est que crime et qu’injustice,
Il n’a jamais été si fin,
Ni si pénétré de malice ;
Qui sait pécher plus en secret
Il passe pour le plus discret.
24-Le monde est dans l’aveuglement
Et le malheureux se croit sage,
Il est dans l’endurcissement :
Quiconque le reprend, l’outrage...
Hélas ! il ne voit ni n’entend,
C’est ce qui rend son mal très grand.
25-Ne prend-il pas le mal pour bien,
L’utile pour le dommageable,
Pour un bonheur, ce qui n’est rien,
Et pour faux, un bien véritable,
Tant ses erreurs l’ont aveuglé,
Tant ses péchés l’ont déréglé.
26-Il ne sait point la vanité
Des biens que la terre présente,
Il ignore la cruauté
De l’esprit malin qui le tente,
Comme il ne voit que par ses sens,
Il juge mal des biens présents.
27-Il craint un fantôme trompeur ;
Si Dieu menace, il est sans crainte,
Il est sans loi, sans foi, sans peur
Devant cette Majesté sainte ;
Il ne craint point ses jugements
Ni ses terribles châtiments.
28-Ses jugements sont renversés :
Il croit que les fous sont des sages ;
Que les sages sont insensés,
Des bigots, de sots personnages,
Et comme il croit très clairement,
Il décide tout hardiment.
29-Cet aveugle est fier et hardi,
Il ne veut pas qu’on le reprenne
Quoiqu’il soit un grand étourdi.
A le reprendre, on perd sa peine.
Il est, ainsi qu’il est écrit,
Incapable du Saint-Esprit.
30-Chose étonnante, il ne peut pas
Recevoir aucune lumière ;
Il restera jusqu’au trépas,
Ainsi que le diable son père,
Impie, orgueilleux, scandaleux,
Aveugle, endurci, malheureux.
31-Oui malheur au monde, a dit Dieu,
Parce qu’il cause du scandale ;
Il vomit sans cesse en tout lieu
Contre tous sa rage infernale,
Tout homme en est scandalisé,
Le sage comme l’insensé.
32-Dans les métiers et les emplois,
Qu’on voit d’appâts épouvantables
Dont le monde s’est fait des lois
Pour damner plusieurs misérables !
Mais ses scandales sont si fins
Qu’il trompe même les plus saints.
33-Sous l’appât il met l’hameçon
Qui perd l’âme sans qu’elle y pense,
Il mêle en son vin le poison
Qui forme la concupiscence ;
Sous un seul mot dit en riant,
Il cache un poison très criant.
34-Il couvrira l’impureté
D’une fine plaisanterie,
Le luxe de la vanité,
De propreté, de modestie ;
L’avarice et l’orgueil du cœur
D’un bon ménage et point d’honneur...
35-Il fait tirer l’arc aux pécheurs
Contre les âmes innocentes ;
Pour percer leurs yeux et leurs cœurs
En mille façons différentes :
Il forme des pièges malins
De leurs yeux, leur bouche et leurs mains.
36-Il a tant d’adresse à tromper,
L’amorce est si belle et si tendre,
Qu’à peine peut-on l’échapper,
Qu’à peine peut-on s’en défendre :
Heureux celui qui s’est enfui
Dans un désert bien loin d’ici.
37-Il promet à ses sectateurs
Honneurs, plaisirs, biens périssables
Qui sont au fond des biens trompeurs,
Qui ne font que des misérables.
O vanité des vanités !
La plus grande des vérités.
38-Qu’est-ce que tout l’or et l’argent
Et les richesses qu’on appelle ?
Un morceau de terre changeant
Dont la surface paraît belle,
Un morceau de terre doré,
Un métal un peu plus lustré.
39-L’argent est un bien passager,
Il veut toujours changer de maître ;
Quand on l’empêche de changer
Il devient le plus cruel traître,
Quand il est longtemps conservé
Il est un poison réservé.
40-Quelques dépouilles d’animaux,
Des morceaux de boue et de plâtre,
Quelques bois coupés en morceaux,
Une terre blanche et jaunâtre,
Voilà les plus grands biens des fous
Et qui les damnent presque tous.
41-On les perd par mille accidents,
Un voleur les pille ou les mange,
Une rouille se met dedans ;
Que leur changement est étrange !
Il ne durent qu’un seul moment
Pour les perdre éternellement.
42-Voyez-vous ce riche Crésus
Que son argent rend honorable ?
Il perdra bientôt ses écus,
Il mourra comme un misérable.
Qu’emportera-t-il de son bien ?
Hélas ! un linceul ; hélas ! Rien.
43-Tous ces biens ont je ne sais quoi
De pernicieux et funeste ;
Ils cachent un poison chez soi,
Qui nous souille et qui nous empeste,
C’est ce que la foi nous apprend,
C’est ce que le sage comprend.
44-Ces biens passés de main en main
Ont damné l’impie et l’avare,
Ont contracté tant de venin
Qu’à peine un sage s’en sépare.
Ce qui fait que la vérité
Les nomme : dieu d’iniquité.
45-Dès lors qu’on veut les acquérir,
Dès lors on pèche, on est coupable,
Puisque, quand on veut s’enrichir,
On est pris au piège du diable.
Si c’est un mal de les vouloir,
Que sera-ce de les avoir ?
46-Ces biens sont la poix et la glu
Pour lier et perdre les âmes,
Leur pouvoir est comme absolu
Pour les précipiter aux flammes,
A peine peut-on les toucher
Sans s’y coller, sans y pécher.
47-La plus grande difficulté,
Et la plus grande que je sache,
Est d’acquérir la sainteté
En les possédant sans attache ;
C’est un effort miraculeux,
C’est un prodige merveilleux.
48-A-t-on du bien en quantité ?
Vit-on dans l’aise et l’abondance ?
Adieu la foi, la charité,
La pénitence et l’espérance.
C’est ce qu’on voit communément,
Mais je ne comprends pas comment.
49-On voit mille gens aujourd’hui
Qui font du bien mauvais usage,
Et qui gardent le bien d’autrui
Sans réparer aucun dommage.
Que de voleurs fins et rusés
Que le monde a canonisés !
50-Je ne dis mot aux usuriers
Qui sont si communs dans le monde,
Aux partisans, aux gros fermiers
Qui volent sur la terre et l’onde ;
Ils ont trop de biens mal acquis
Pour profiter de mes avis.
51-Mais quoiqu’on les ait justement,
Ce sont des épines piquantes,
Qui piquent, mais secrètement,
Les âmes les plus innocentes.
Que de travaux à les trouver,
Que de soins à les conserver !
52-L’argent est la divinité
Auquel le monde sacrifie
Son temps, son repos, sa santé,
Et tous les biens de l’autre vie,
Sans se soucier du prochain,
Ni même de son souverain.
53-Parlez-lui de gagner du bien,
Il vole, il s’expose, il s’engage ;
Mais de Dieu, ne lui dites rien,
Car il n’entend pas ce langage ;
Son cœur a passé dans son or,
C’est son seul dieu, c’est son trésor.
54-Plus un homme a de revenus,
Et plus les démons l’ensorcellent ;
Pus il a de soins superflus
Qui le piquent, qui le bourrellent ;
Son bien est son cruel tyran
Et plus cruel que n’est Satan.
55-Quand on les perd, quelles douleurs !
L’âme d’un riche en est navrée,
Mais quand il meurt, quelles fureurs !
Sa pauvre âme en est déchirée ;
Quel désespoir et quel effort
D’un malheureux riche à la mort !
56-Oh ! quels terribles jugements
Dieu fait de leur mauvais usage !
Mais dans l’enfer quels châtiments,
Quel désespoir et quelle rage !
Après cela comme les fous,
Avec ces faux biens, damnez-vous.
57-Voilà quelle est la vanité
Des biens que le monde présente,
Qu’il cherche avec avidité
Sans qu’aucun jamais le contente,
Mais ses plaisirs sont aussi faux
Et lui causent autant de maux.
58-Les plus grands plaisirs sont trompeurs,
Ce sont des plaisirs en image
Qui ne contentent point les cœurs ;
Qui les affament davantage,
Qui font ressentir à la fin
Le remords, l’ennui, le chagrin.
59-Il n’a que des plaisirs charnels,
Ce sont des charognes puantes
Qui font des hommes criminels,
Qui rendent les âmes méchantes,
Qui flattent les sens au dehors
Et qui souillent l’âme et le corps.
60-Le pécheur mondain danse et rit
Sur le bord de son précipice,
Devant un Dieu qui le maudit
Et qui s’arme dans sa justice ;
Il foule aux pieds Jésus en croix,
Il méprise ses saintes lois.
61-Il invente pour son malheur
Mille plaisirs et mille modes,
Tabac et poudre de senteur,
Mille raffinements commodes ;
Il ne pense qu’à se garder
De ce qui peut l’incommoder.
62-Il ne s’occupe qu’à penser
A son corps pour le satisfaire ;
Boire et manger, rire et danser
Semble être son unique affaire ;
Tandis qu’il engraisse sa chair,
Il plonge son âme en enfer.
63-Le monde est toujours orgueilleux,
Dans le temps même qu’il s’abaisse ;
Il veut faire éclater aux yeux
Sa modestie et son adresse,
Il est ravi qu’on puisse voir
Ses talents, ses biens, son pouvoir.
64-Il couvre et cache ses défauts
Pour faire montre de sa gloire ;
Il abaisse tous ses égaux
Pour s’en faire partout accroire ;
Il ne veut hanter que les grands,
Il méprise les pauvres gens.
65-On connaît l’orgueil d’un mondain,
Sa gloire vaine et chimérique,
A son air, ses habits, son train,
Lorsqu’il marche, lorsqu’il s’explique,
Il ne respire que grandeur,
Qu’orgueil, que faste et que hauteur.
66-Ce n’est qu’à son corps défendant
Qu’il obéit et qu’il s’abaisse.
A commander il est ardent,
Il croit en avoir la sagesse,
Il affecte la primauté
En tout, jusqu’en l’humilité.
67-Mais, qu’est-ce que tout cet honneur ?
C’est un sommeil, une chimère,
Une fumée, une vapeur,
Un vent, une écume légère,
Un éclat brillant et pompeux
Qui trompe les cœurs et les yeux.
68-C’est le plus fin des hameçons
Que le démon lui puisse tendre,
C’est le plus subtil des poisons
Qu’il donne presque à tous pour prendre.
Satan tombé par son orgueil
Jette le monde au même écueil.
69-Dieu cache au monde ses secrets,
Il lui résiste en sa Sagesse,
Il lui prépare pour jamais
La flamme la plus vengeresse.
Autant qu’il s’est glorifié,
Autant il sera châtié.
70-Que ce maudit monde est trompé !
Il perd tout le temps de la vie,
Ou bien, il est tout occupé
A faire quelques niaiseries ;
S’il n’est pas dans l’oisiveté,
Il s’occupe à l’iniquité.
71-Il est toujours dans les dehors
Sans tourner vers Dieu sa pensée,
Il est tout occupé du corps
Et sa pauvre âme est délaissée,
Il méprise le vrai bonheur
Et s’occupe d’un bien trompeur.
72-Oh ! grand aveugle, oh ! l’imposteur :
Au ciel il préfère la terre,
La créature au Créateur,
A la paix de son Dieu, la guerre,
Le mensonge à la vérité,
Et le temps à l’éternité.
73-On l’entend parler nuit et jour
De la gazette et des nouvelles,
Et de l’armée et de la cour,
Et de mille autres bagatelles,
D’argent, de repas, d’ornements,
De jeu, d’habits, de passe-temps.
74-Il n’est qu’esprit, il n’est qu’ardeur
Pour les affaires temporelles,
Mais que bêtise et que tiédeur
Dans les affaires éternelles.
Quand il joue, il aime à veiller ;
Quand il prie, il faut l’éveiller.
75-Il passe sa vie et son temps
Non à l’unique nécessaire,
Mais à de vains amusements,
A mal faire ou bien à rien faire,
A regarder et babiller,
A visiter et s’habiller.
76-Il est tout endurci du cœur,
Il ne reconnaît pas son crime,
Il ne sent point sa puanteur
Ni le lourd fardeau qui l’opprime ;
Il ne croit pas qu’il ait en soi
Le démon pour père et pour roi.
77-Sans craindre enfer, ni jugement,
Ni Dieu, ni diable, ni vengeance,
Ce maudit pèche hardiment
En riant avec insolence ;
En péchant, il chante ses vers,
Il fait du crime ses concerts.
78-Il dit qu’il a l’esprit trop fort
Pour gémir, pour verser des larmes,
Pour craindre l’enfer ou la mort
Et pour en sentir les alarmes ;
Le bon Dieu, dit-il, est si bon,
A la mort, j’aurai le pardon.
79-Tout insensible aux vérités
Qui font trembler les bonnes âmes,
De vanités en vanités,
De péchés en péchés infâmes,
Il meurt sans appréhension,
Il tombe en la damnation.
80-Il est dur envers le prochain
Lorsqu’il le voit dans la misère,
Il parle au pauvre avec dédain,
S’il lui donne, c’est par colère ;
Il aura du pain pour son chien,
Mais, pour son frère, il n’aura rien.
81-Il est tout plein de dureté
Pour les âmes du purgatoire :
A leurs dépens avec gaieté
On le voit manger, rire et boire.
Il paiera d’un De profundis
Ses pauvres parents étourdis.
82-Il trouve en leurs legs de l’excès,
Il les diminue ou diffère,
Ou par soi-même ou par procès,
Il plaide son père ou sa mère.
O pauvres parents trépassés,
Vos enfants vous ont délaissés !
83-Il fait son plaisir du péché ;
Qu’on offense Dieu, qu’on l’outrage,
Son cœur n’en est pas plus touché,
S’il n’en souffre quelque dommage ;
Il a son intérêt à cœur,
Mais non pas celui du Seigneur.
84-Quoique le monde soit maudit
Et condamné du Sauveur même,
On le voit qui se divertit
Au milieu de son anathème,
Tant il a l’esprit aveuglé,
Tant il a le cœur déréglé.
85-C’est le démon secrètement
Qui le démène et qui l’entraîne,
Qui le lie invisiblement,
Qui le tient captif à la chaîne
Pour opérer l’iniquité
Selon sa seule volonté.
86-Il crie à tous : la paix, la paix,
Mais il n’en a pas pour un double,
Il a mille remords secrets.
Sa plus grande joie est un trouble,
Il est une orageuse mer
Qui ne se peut jamais calmer.
87-Quoiqu’il fasse pour étouffer
Le remords de sa syndérèse,
Il ne peut pas en triompher,
Il ne peut pas vivre à son aise ;
Quoiqu’au dehors il soit joyeux,
Au dedans, il est malheureux.
88-Quoi que fasse cet imposteur
Pour jouir d’une paix parfaite,
Ses péchés passés lui font peur,
Le temps à venir l’inquiète,
Sans qu’il puisse être un seul instant
Vraiment heureux, vraiment content.
89-Dans la vie il ne peut avoir
Que quelque plaisir en figure,
Mais à sa mort quel désespoir,
Quelle rage, quelle écorchure,
Oh ! quels troubles, et quels tourments,
Après la mort, quels châtiments !
90-On lui donne pour ses plaisirs,
Pour ses honneurs et ses richesses,
Mille maux, mille déplaisirs
Et mille peines vengeresses ;
Pour un moment de vanité,
Malheur à toute éternité.
91-Voilà le monde et ses malheurs.
Peut-on aimer ce misérable ?
Peut-on suivre ses sectateurs
Dans leur malheur si déplorable ?
Crions donc tous : malheur, malheur,
Malheur à ce monde trompeur.
92-Voilà plusieurs pièges malins
Dont il prend en secret les âmes,
Pour les attirer à ses fins
Et les précipiter aux flammes ;
Pour nous garantir de ses traits,
Méprisons ses malins attraits.
Jésus flagellé (cantique de St Louis-Marie de Montfort)
Jésus agonisant (cantique de St Louis-Marie de Montfort)
La Passion de Notre-Seigneur avec contre-chant (St L-M de Montfort)
Jésus mort et enseveli (cantique de St Louis-Marie de Montfort)
Le dévot zélé de Marie (cantique de St L-M de Montfort)
Le cantique du Bx Godric (St L-M de Montfort)
1- Chrétiens, voulez-vous être heureux ?
Servez fidèlement Marie,
Car elle est la porte des cieux
Et le chemin de l’autre vie.
R./ C’est une Mère de bonté,
Personne n’en est rebuté.
2- Ah ! si nous pouvions concevoir
Ses bontés toutes maternelles,
Nous souffririons tout pour pouvoir
Être ses serviteurs fidèles.
3- Chrétiens, êtes-vous affligés ?
Recourez à son assistance,
Et vous en serez soulagés
Presque contre toute espérance.
4- Êtes-vous tentés du démon
Et sur le bord du précipice ?
Vous vaincrez la tentation,
L’ayant pour votre protectrice.
5- Accourez, pécheurs endurcis,
Pour la prier sans défiance,
De vous obtenir de son Fils
Un cœur contrit et l’indulgence.
6- Sa miséricorde s’étend
Jusqu’aux extrémités du monde :
Elle guérit, elle défend
Partout, sur la terre et sur l’onde.
7- Elle est la terreur du démon
Et la ruine des hérétiques,
L’honneur de la Sainte Sion,
Le ferme appui des catholiques.
8- Quelqu’un veut-il être fervent
Et dévorer la pénitence ?
Qu’il la serve fidèlement,
Sans réserve et sans inconstance.
9- Elle prodigue ses faveurs
À ses serviteurs bien fidèles,
Elle sait enlever leurs cœurs
Par des douceurs toujours nouvelles.
10- Imitons ces petits enfants
Qui n’ont de recours qu’à leur mère :
Ma mère ! ma mère ! En tous temps
C’est leur ordinaire prière.
11- Disons-lui tous très humblement :
Notre chère Mère et Maîtresse,
Soyez notre soulagement,
Notre force et notre richesse.
R./ Recevez-nous quoique pécheurs,
Dans votre aimable et très doux Cœur.
12- Priez votre cher Fils pour nous
Et nous conservez dans sa grâce,
Afin d’être un jour avec vous
Pour l’aimer et voir face à face,
R./ Pendant toute une éternité :
Oh ! quelle douce vérité !
Le pécheur converti (cantique de st L-M de Montfort)
Prière du soir, Aux hommes prédestinés, Deo gratias (St L-M de Montfort)
Action de grâces pour les principaux bienfaits de Dieu (cantique à la guitare)
LE PÉCHEUR CONVERTI
DIEU LE PÈRE :
1-Écoutez-moi, je me plains en bon Père,
Depuis longtemps je recherche un enfant ;
Jusqu’à ce jour, j’ai calmé ma colère,
Ah ! faudra-t-il user de châtiments ?
R./ Que tout homme, que tout Ange
Redise donc cent fois :
« Le pécheur est sous vos lois,
A vous seul gloire et louange. »
2-Pourquoi, mon fils, est-ce que tu m’offenses ?
Qu’as-tu trouvé chez moi qui t’ait déplu ?
Reviens chez moi, reviens à pénitence,
Malheur à toi si tu n’es pas ému.
L’AMI :
3-Reviens, pécheur, c’est ton Dieu qui t’appelle ;
Viens au plus tôt te ranger sous sa loi.
Tu n’as été déjà que trop rebelle,
Reviens à lui, puisqu’il revient à toi.
4-Dans tes terreurs, sa voix se fait entendre,
Il te poursuit sans jamais se lasser.
C’est un bon Père, Père le plus tendre :
Enfant prodigue, il voudrait t’embrasser.
LE PÉCHEUR PÉNITENT :
5-Voici, mon Dieu, cet enfant si rebelle
Que vous daignez chercher depuis longtemps.
O charité, charité paternelle,
Sans plus tarder, je reviens, je me rends.
6-Je reconnais ma conduite insensée.
Contre vous seul, mon Père, j’ai péché ;
Détournez-en la vue et la pensée
Et ne voyez en moi qu’un cœur touché.
7-Ne rendez pas guerre pour guerre,
Voyez mon cœur humble et contrit ;
Je ne crains point votre tonnerre,
Couvert du Sang de Jésus-Christ.
8-Je vous ai délaissé, bon Père,
Foulant aux pieds tous vos bienfaits !
Calmez, calmez votre colère :
Pleurant, je demande la paix.
LES ANGES :
9-Chantons, Anges, chantons sa plus douce conquête,
Célébrons de Jésus-Christ la vertu de son Sang Précieux.
Que tout le Ciel se réjouisse,
Le pécheur passe au rang des saints :
Divin Sauveur, qu’on vous bénisse
De ce chef-d’œuvre de vos mains.
Chantons, Anges, chantons sa plus douce conquête,
Célébrons, célébrons la vertu de son Sang Précieux.
*******
JÉSUS :
10-Ah ! j’ai perdu, j’ai perdu ma chère âme,
J’ai, par malheur, égaré ma brebis ;
Je le ressens, mon Sacré-Cœur se pâme,
Elle est livrée à mes grands ennemis.
11-J’ai tout donné, jusqu’à ma propre vie,
Pour te gagner, et pour m’unir à toi ;
Et tu me fuis, cruelle, et tu m’oublies,
Et, pour retour, tu t’armes contre moi.
L’AMI :
12-Reviens, pécheur, c’est Jésus qui t’appelle,
Viens au plus tôt te ranger sous sa loi.
Tu n’as été déjà que trop rebelle,
Reviens à lui, puisqu’il revient à toi.
13-Dans tes erreurs, sa voix se fait entendre,
Il te poursuit sans jamais se lasser.
C’est un Sauveur, le Sauveur le plus tendre :
Âme égarée, il voudrait t’embrasser.
LE PÉCHEUR PÉNITENT :
14-O mon Jésus, ô mon aimable Maître,
Unique objet digne de me charmer,
Que j’ai longtemps été sans vous connaître !
Que j’ai longtemps été sans vous aimer !
15-Je reconnais ma cruelle injustice ;
Pardonnez-moi ce long égarement :
Il me déplaît, je m’en fait un supplice,
Et pour lui seul je pleure amèrement.
16-Ah ! j’ai péché contre Dieu même !
J’ai méprisé mon Créateur !
Pardon, pardon, bonté suprême,
J’en ai regret de tout mon cœur.
17-Quittez, Sauveur, quittez les armes,
Je suis le prix de votre Sang.
Pardon, pardon, voyez mes larmes :
Plus de péché dorénavant !
JÉSUS TRIOMPHANT :
18-J’ordonne que le Ciel fasse une grande fête
Pour ton retour, car c’est moi qui suis ton Sauveur glorieux.
Que tout le Ciel se réjouisse,
Le pécheur passe au rang des saints :
Que tous les êtres me bénissent
De ce chef-d’œuvre de mes mains.
J’ordonne que le Ciel fasse une grande fête
Pour ton retour, car c’est moi qui suis ton Sauveur glorieux.
*******
LE SAINT-ESPRIT :
19-C’en est donc fait, ô chère âme que j’aime,
Tu ne veux plus que je sois ton Époux,
Tu foules aux pieds les vœux de ton baptême.
Anges, pleurez...! ô cieux, étonnez-vous !
20-Si je suis bon, faut-il que tu m’offenses ?
Ton méchant cœur s’en prévaut chaque jour.
Plus de rigueurs vaincraient tes résistances ;
Tu m’aimerais, si j’avais moins d’amour.
L’AMI :
21-Le Saint-Esprit nous prie et nous exhorte
De retourner à Lui dedans nos cœurs.
Il veut entrer, il frappe à notre porte :
Aurons-nous donc toujours à faire ailleurs ?
22-Dans nos erreurs, sa voix se fait entendre,
Il nous poursuit sans jamais se lasser ;
C’est un Époux, oui l’Époux le plus tendre :
Laissons l’entrer, cessons de l’offenser.
LE PÉCHEUR PÉNITENT :
23-Venez, ô Saint-Esprit, Époux de flamme,
Redevenez, je vous prie, mon Époux.
Pardon, pardon, cher Époux de mon âme,
Faites que je rentre en grâce avec vous !
24-Ne rendez pas, Seigneur, guerre pour guerre,
Voyez mon pauvre cœur humble et contrit ;
Non, non, je ne crains point votre tonnerre,
Il est couvert du Sang de Jésus-Christ.
25-Priez pour moi, divine Mère,
Refuge assuré du pécheur !
Pardon, pardon : votre prière
Peut tout auprès de mon Sauveur.
26-O miséricorde infinie,
Vous ne pouvez me rejeter.
O doux Jésus, douce Marie,
Vous ne pouvez me rebuter.
MARIE :
27-Chantez, Anges, chantez ma plus douce conquête,
Célébrons de mon Jésus la vertu de son Sang Précieux.
Que tout le Ciel se réjouisse,
Le pécheur passe au rang des saints :
Mon très doux Fils, qu’on vous bénisse
De ce chef-d’œuvre de vos mains.
Chantez, Anges, chantez sa plus douce conquête,
Célébrez, célébrez la vertu de son Sang Précieux.
DIEU SEUL
CANTIQUE DU SOIR
Bénissons à jamais
Le Seigneur dans ses bienfaits !
Oh ! Que c'est un bon Père,
Qu'il a grand soin de nous !
Il nous conserve tous,
Il nous supporte tous.
Il nous enseigne tous,
Il nous pardonne à tous,
Malgré notre misère.
*************************
AUX HOMMES PRÉDESTINÉS
1- Voici le chemin tout joyeux
Qui conduit tout droit dans les cieux ;
Quelqu'un veut-il l'apprendre,
Qu'il chante avec beaucoup de foi,
Je ne lui dirai rien de moi,
Je ne puis le surprendre.
2- Prédestinés, chantez mes vers,
Vous éviterez les enfers.
Dieu, Dieu, Dieu, je chante pour Dieu,
Que tous viennent m'entendre ;
Dieu, Dieu, Dieu, je chante pour Dieu,
Que tous viennent m'entendre.
***************************
ACTION DE GRÂCES POUR LES PRINCIPAUX BIENFAITS REÇUS DE DIEU
1-N’ayant rien, ô Dieu de bonté,
Pour rendre à votre Majesté,
Je veux dire en humilité :
R./Deo gratias, Deo gratias ! (bis)
2-Pour les excès de votre amour
Je n’ai point de digne retour,
Mais je veux chanter nuit et jour :
3-Grand Dieu, vous m’avez fait de rien,
C’est de vous que je tiens tout bien,
Vous seul êtes tout mon soutien.
4-Je suis votre image, ô grand Roi,
Et je crois d’une vive foi
Que vous l’avez gravée en moi.
5-Votre amour, ô Père éternel,
A livré son Fils immortel
A mourir pour un criminel.
6-Jésus, vous m’avez racheté
Et tiré de captivité
En portant mon iniquité.
7-Si vous ne m’aviez pas sauvé,
Si vous ne n’aviez pas lavé,
J’étais pour jamais réprouvé.
8-Vous avez vécu pauvrement,
Vous êtes mort cruellement,
Et cela pour moi seulement.
9-Ce fut pour moi, divin Esprit,
Que vous formâtes Jésus-Christ
Lorsque Marie y consentit.
10-Vous m’avez oint de vos douceurs,
Vous m’avez orné de splendeurs,
Vous m’avez comblé de faveurs.
11-Vous seul m’avez fait baptiser,
Au baptême, vous épouser,
Et par après catéchiser.
12-Pourquoi ne suis-je pas païen ?
Pourquoi m’avez-vous fait chrétien ?
Je n’ai point mérité ce bien.
13-Les eaux de mon iniquité
N’ont point borné votre bonté
Ni votre libéralité.
14-Vous m’avez souvent empêché
De me plonger dans le péché
Vers lequel j’étais tout penché.
15-Tombé, vous m’avez relevé,
Tombant, vous m’avez soulevé,
Et près de tomber, préservé.
16-Mes talents d’esprit et de corps,
Ceux du dedans, ceux du dehors
Sont vos bienfaits, sont vos trésors.
17-J’ai tant reçu d’attraits puissants,
De mouvements saints et pressants,
Ce sont vos dons et vos présents.
18-C’est de vous que vient ma santé,
Ma fortune et prospérité,
Et toute ma félicité.
19-Si j’ai de l’éducation,
Si je suis ma vocation,
C’est par votre protection.
20-Si j’ai reçu quelque autre don,
Si j’ai surmonté le démon,
C’est en vertu de votre nom.
21-Quelle est la joie et la douceur
Que quelquefois goûte mon cœur ?
C’est l’effet de votre faveur.
22-Que donner pour tous ces bienfaits,
Et pour mille autres plus secrets.
Sinon chanter à tout jamais :
1-N’ayant rien, ô Dieu de bonté,
Pour rendre à votre Majesté,
Je veux dire en humilité :
R./Deo gratias, Deo gratias ! (bis)
2-Pour les excès de votre amour
Je n’ai point de digne retour,
Mais je veux chanter nuit et jour :
3-Grand Dieu, vous m’avez fait de rien,
C’est de vous que je tiens tout bien,
Vous seul êtes tout mon soutien.
4-Je suis votre image, ô grand Roi,
Et je crois d’une vive foi
Que vous l’avez gravée en moi.
5-Votre amour, ô Père éternel,
A livré son Fils immortel
A mourir pour un criminel.
6-Jésus, vous m’avez racheté
Et tiré de captivité
En portant mon iniquité.
7-Si vous ne m’aviez pas sauvé,
Si vous ne n’aviez pas lavé,
J’étais pour jamais réprouvé.
8-Vous avez vécu pauvrement,
Vous êtes mort cruellement,
Et cela pour moi seulement.
9-Ce fut pour moi, divin Esprit,
Que vous formâtes Jésus-Christ
Lorsque Marie y consentit.
10-Vous m’avez oint de vos douceurs,
Vous m’avez orné de splendeurs,
Vous m’avez comblé de faveurs.
11-Vous seul m’avez fait baptiser,
Au baptême, vous épouser,
Et par après catéchiser.
12-Pourquoi ne suis-je pas païen ?
Pourquoi m’avez-vous fait chrétien ?
Je n’ai point mérité ce bien.
13-Les eaux de mon iniquité
N’ont point borné votre bonté
Ni votre libéralité.
14-Vous m’avez souvent empêché
De me plonger dans le péché
Vers lequel j’étais tout penché.
15-Tombé, vous m’avez relevé,
Tombant, vous m’avez soulevé,
Et près de tomber, préservé.
16-Mes talents d’esprit et de corps,
Ceux du dedans, ceux du dehors
Sont vos bienfaits, sont vos trésors.
17-J’ai tant reçu d’attraits puissants,
De mouvements saints et pressants,
Ce sont vos dons et vos présents.
18-C’est de vous que vient ma santé,
Ma fortune et prospérité,
Et toute ma félicité.
19-Si j’ai de l’éducation,
Si je suis ma vocation,
C’est par votre protection.
20-Si j’ai reçu quelque autre don,
Si j’ai surmonté le démon,
C’est en vertu de votre nom.
21-Quelle est la joie et la douceur
Que quelquefois goûte mon cœur ?
C’est l’effet de votre faveur.
22-Que donner pour tous ces bienfaits,
Et pour mille autres plus secrets.
Sinon chanter à tout jamais :
L'Amour divin (sur le canon de Pachelbel, cantique de St L-M de Montfort)
Le véritable dévot de Marie (cantique de St L-M de Montfort)
1- L’autre jour, que je voyageais
Mon amour pour le Roi des rois
Recevait les plus douces lois
De cet Amour suprême !
A mon tour je lui répondais :
« Mon amour, je vous aime. »
2- Je fus tout en feu dans ce jour.
Tout me parlait du saint Amour ;
Toute la campagne à l’entour
Entendait mon langage ;
Nous nous répondions tour à tour :
« Aimons Dieu davantage. »
3- Les petits oiseaux le chantaient,
Et les ruisseaux le murmuraient ;
La pluie et les vents qui soufflaient
En augmentaient la flamme ;
La terre et les cieux embrasaient
Et mon corps et mon âme.
4- Un jour, je pensais défaillir,
Mon feu venant à s’amortir :
« Amour, sans vous, je vais périr,
Disais-je en défaillance :
Si c’est moi qui vous ai fait fuir,
Pardon de mon offense ! »
5- Je criais le long des coteaux :
« L’avez-vous vu, bois et ruisseaux ?
Cherchez-le moi, petits oiseaux,
En messagers fidèles,
Et venez, pour finir mes maux,
M’en donner des nouvelles. »
6- L’amour nous comble de bienfaits,
L’amour est doux et plein d’attraits,
L’amour ne finira jamais :
L’amour seul est durable,
Et des biens je le reconnais
Pour le seul véritable.
7- Sans l’amour, rien ne peut charmer,
L’amour seul peut tout désarmer
Quand on commence à s’enflammer
De la beauté suprême :
Ah ! Seigneur, qu’il est doux d’aimer,
Quand c’est vous que l’on aime !
8- Bien souvent je m’écrie : « Au feu,
Au feu du saint Amour de Dieu ! »
Ah ! faut-il que j’aime si peu !
C’est mon plus grand martyre,
Amour, venez, et sur le lieu,
Ou venez, ou j’expire.
9- Amour, que n’ai-je mille cœurs,
Pour consacrer à vos ferveurs,
Pour embraser de vos ardeurs
Et pour vous les soumettre !
Je n’en ai qu’un, plein de tiédeur,
Au moins, soyez-en maître.
10- Amour, que de biens en vos feux !
Que de plaisirs délicieux !
Que de mystères merveilleux.
Qu’on ne donne à comprendre
Qu’à ceux qui sont assez heureux
Pour avoir un cœur tendre.
11- Ne vous y trompez pas, dévots,
L’ amour n’ est pas dans le repos :
Il est parmi les grands travaux,
Et parmi les épines :
Les sanglants mépris, les grands maux,
Sont ses sources divines.
12- Quand on aime Dieu purement,
On souffre tout joyeusement.
On reçoit la croix pour paiement,
Pour prix et pour victoire
Et pour joyeux avènement
A la grâce et la gloire.
13- Gagnez son amour, pauvres gens,
Caressez-le, petits enfants ;
Recherchez-le, riches, puissants,
L’amour est magnifique ;
Conquérez-le, grands conquérants,
L’amour est héroïque.
14- Si tu ne brûles, libertin,
Du beau feu de l’Amour divin,
Tu mourras de soif et de faim,
Dans les feux de tes crimes.
Et puis, tu brûleras sans fin
Dans les feux des abîmes.
15- Quoi ! vous me commandez, Seigneur,
De vous aimer de tout mon cœur :
Quel doux plaisir, quel grand honneur
Dans ce seul nécessaire !
Mais aussi quel plus grand malheur
Que de ne le pas faire !
16- Que mon cœur n’est-il l’univers,
Plus grand que la terre et les mers
Et plus profond que les enfers,
pour vous en faire hommage ;
Amour que j’aime et que se sers,
Que j’aime davantage !
17- Ô Mère de l’Amour divin !
Percez mon cœur, brûlez mon sein
D’une flèche de séraphin,
Qui ne me laisse en vie
Que pour aimer mon Dieu sans fin :
C’est mon unique envie.
18- Amour, amour, embrase-moi,
Je ne fais que languir sans toi :
Comme mon vainqueur et mon roi,
Taille, tranche, extermine,
En tout ce qui s oppose à toi,
Afin que Dieu domine.
1- J’aime ardemment Marie,
Après Dieu mon Sauveur ;
Je donnerais ma vie
Pour lui gagner un cœur.
Oh ! la bonne maîtresse !
Si l’on la connaissait,
Chacun ferait la presse
A qui la servirait.
2- Mon Dieu, pour en dépendre,
S’est fait homme ici-bas,
Je ne puis me défendre
De marcher sur ses pas.
C’est la Vierge fidèle,
Je dois donc l’imiter ;
Tout bien me vient par elle,
Je dois donc la prier.
3- Jésus trouve sa gloire
Dans l’honneur qu’on lui rend,
C’est une erreur de croire
Ou de dire autrement.
La mettre la première,
L’aimer, sans l’imiter,
C’est une erreur grossière
Qu’on ne peut pardonner.
4- Loin de moi l’hérétique,
L’inconstant scrupuleux,
L’esprit fort, le critique,
Et le présomptueux.
Je l’invoque sans cesse,
Je l’imite en tous lieux,
Je l’aime avec tendresse
Et je contente Dieu.
5- Elle est tendre, elle est bonne,
Tout en elle est très doux :
Sans rebuter personne,
Elle fait bien à tous.
Jésus, son Fils, m’oblige
A l’aimer tendrement,
Mon intérêt l’exige,
Puis-je faire autrement ?
6- Elle est la Souveraine
De tout cet univers,
Elle a, dans son domaine,
Le ciel et les enfers.
Elle a dans sa puissance
Les biens de Jésus-Christ,
Elle donne et dispense
Les dons du Saint-Esprit.
7- Elle est le tabernacle
Où Dieu s’est fait enfant,
Elle est le grand miracle
De son bras tout-puissant ;
Elle est Fille du Père,
Mère de Jésus-Christ,
Et par un grand mystère
Temple du Saint-Esprit.
8- Marie est sans pareille
Parmi les bienheureux,
C’est la grande merveille
De la terre et des cieux.
C’est la grande ennemie
Du démon malheureux :
Le seul nom de Marie
Le plonge dans les feux.
9- Saint Augustin publie
En toute vérité :
C’est l’image accomplie
De la Divinité,
C’est la magnificence
Du Seigneur des Seigneurs,
C’est l’océan immense
De toutes ses grandeurs.
10- Quoique toute en lumière
Auprès de Dieu son Fils,
Elle se fait la Mère,
Ici-bas, des petits.
Elle entre en purgatoire
Pour en briser les fers,
Elle chante victoire,
Jusque dans les enfers.
11- Elle est plus éclairée
Que tous les chérubins,
Elle est plus embrasée
Que tous les séraphins.
Enfin elle surpasse
Tout ce qui n’est pas Dieu :
Après lui, par la grâce,
Elle a le premier lieu.
12- Étant sous son empire,
Je n’aurai jamais peur,
Partout je veux détruire
Satan, le tentateur.
Lui demeurant fidèle
Je serai bienheureux,
Je monterai par elle
Jusqu’au plus haut des cieux.
13- Agréez, ma Princesse,
Mes petits bégaiements,
Excusez ma faiblesse,
Je ne suis qu’un enfant ;
Que chacun en ma place
Vous rende tout honneur,
Et que chacun vous fasse
Un présent de son cœur.
Estime et désir de la Vertu en général (cantique de St L-M de Montfort)
La confession (cantique attribué à St L-M de Montfort)
Ce qu’il faut faire pour bien profiter de la Mission :
1- Venez à la confession,
Pécheurs qui vivez dans le crime,
Le cœur plein de contrition,
Avec un propos légitime.
R./Vous aurez à la Mission
De vos péchés rémission.
2-Commencez à vous corriger
De tous vos péchés d’habitude ;
Amendez-vous, sans plus tarder,
Faites-en votre grande étude.
3-Jureurs, il ne faut plus jurer,
Ni dire ces mots exécrables,
Que l’on n’entend point sans pleurer
Parmi les chrétiens véritables.
4-Gens violents, gens emportés,
Ne vous mettez plus en colère :
Repentez-vous et détestez
Les maux que vous avez pu faire.
5-Pardonnez à vos ennemis,
C’est l’Évangile qui l’ordonne :
Si vous les traitez en amis,
Jésus-Christ dit qu’il vous pardonne.
6-Ivrognes, ne prenez de vin
Que ce qui vous est nécessaire ;
A vos débauches mettez fin :
Tout doit vous porter à le faire.
7-Esclaves de la volupté,
Vos péchés sont abominables :
Craignez le Dieu de sainteté,
Rompez vos liaisons coupables.
8-Changez, changez dès à présent
Votre conduite messéante :
Ne dites plus, dorénavant
Nulle parole à double entente.
9-Les saints ont crié de tout temps
Très fortement contre fa danse :
Renoncez-y donc, jeunes gens,
Ce mal est plus grand qu’on ne pense.
10-Vous qui diffamez si souvent
Votre prochain, en son absence,
Corrigez-vous résolument
Du Vice de la médisance.
11-Vous, scandaleux, qui, non contents
De vous perdre, perdez les autres,
Réparez ces maux promptement :
Point de crimes pareils aux vôtres.
12-Quittez cette profession,
Cet endroit, cette compagnie,
Qui vous sont une occasion
De perdre l’éternelle vie.
13-Pendant l’hiver, chefs de maison,
Ne tenez jamais ces veillées,
Où préside, hélas ! le démon,
D’où les âmes sortent souillées.
14-Gens mariés, comportez-vous
Saintement dans le mariage ;
Accordez-vous, assistez-vous,
Aimez-vous, sans aucun partage.
15-Et vous, misérables enfants
Qui méprisez l’obéissance,
Soumettez-vous à vos parents,
Et vivez sous leur dépendance.
16-Maîtres, payez fidèlement
De vos domestiques les gages ;
Faites qu’ils vivent saintement :
Vous en aurez mille avantages.
17-Vous, servantes et serviteurs,
A vos maîtres soyez fidèles ;
Ne soyez impurs ni jureurs,
Paresseux, gourmands ni rebelles.
18-Confessez bien tous vos péchés,
Avec douleur et repentance,
Vous tous qui les avez cachés
Au tribunal de pénitence.
19-Pensez-vous, aux yeux du Seigneur,
Cacher l’horreur de votre crime ?
Il perce jusqu’au fond du cœur,
Il se fait jour dans cet abîme.
20-Quel écueil vous fait échouer
Tout près d’un port si salutaire !
On rougit, s’il faut avouer
Ce que sans honte on a su faire !
21-Montrez au ministre divin
Tout le fond de votre malice ;
Montrez la plaie au médecin,
Si vous voulez qu’il la guérisse.
1- Un jour je vis dans le Seigneur
Un objet qui ravit mon cœur :
Une aimable Princesse.
Ravi de sa grande beauté,
Je demande sa qualité.
Le ciel se tait ; je presse.
Je dis que c’était pour l’aimer.
On me répond, mais sans rimer :
C’est, mortel, la vertu de Dieu,
Prends-la pour ta maîtresse !
2- La vertu vient du Créateur,
Elle est la divine vapeur
De sa gloire éternelle ;
Il la veut dans tous ses amis,
Il condamne comme ennemis
Tous ceux qui vont sans elle.
Il ne couronne dans les cieux
Que ses fidèles amoureux.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Que je vous trouve belle !
3- Dieu même est sorti de son sein
Pour montrer cet objet divin
À toute créature ;
Pour l’exprimer au naturel
Il s’est fait un homme mortel,
Il a pris sa nature,
Il a dans son humanité
Fait voir sa pure sainteté.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Que je vous trouve pure !
4- Au milieu de la pauvreté,
Jésus est riche en vérité,
Il a toute abondance,
Puisqu’il est plein et revêtu
Des grands trésors de la vertu
Et de son innocence.
Oh ! qu’on est riche en l’embrassant,
Oh ! qu’on est pauvre en la laissant !
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô mon trésor immense !
5- Si Dieu prend de nous tant de soins,
S’il pourvoit à tous nos besoins,
C’est pour la vertu même ;
Il nous frappe au cœur nuit et jour
Pour nous porter à son amour,
C’est son désir suprême,
C’est le grand but auquel il tend,
C’est de nous tout ce qu’il attend.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Souffrez que je vous aime.
6- C’est où porte le Saint-Esprit,
Soyez parfaits, dit Jésus-Christ,
Comme Dieu votre Père.
Pourquoi, Marthe, vous troublez-vous ?
La vertu vous est comme à tous
L’unique nécessaire ;
C’est vraiment la meilleure part
Qu’on embrasse toujours trop tard.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
C’est en vous que j’espère.
7- La vertu est seule le trésor
Devant qui tout l’argent et l’or
N’est que boue et que sable ;
Sans elle tout est vanité,
Péché, mensonge, infirmité,
Malheur épouvantable ;
Avec elle tout est de prix,
Fût-ce le mal ou le mépris.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô mon bien véritable !
8- Les saints la cherchaient pleins d’ardeur
Comme leur solide grandeur
Et leur béatitude ;
Malheureux ceux qui ne l’ont pas
Ou qui n’en font pas ici-bas
Leur principale étude !
Puisqu’elle est notre principal,
Notre but, notre capital.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Votre joug n’est pas rude.
9- Elle a de si puissants attraits
Que l’on n’y résiste jamais,
Le libertin l’admire,
Jusqu’au plus barbare païen
Découvre que c’est un grand bien,
Il l’aime, il la désire.
Ô vertu, rien n’est comme vous,
Rien n’est si fort, rien n’est si doux.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Vers vous mon cœur soupire.
10- Tout homme est fait pour la vertu,
Sans elle il est faible, abattu,
Sans plaisir, sans victoire.
Si la vertu l’a charmé,
Son cœur est toujours affamé ;
Mondain, je veux te croire ;
Ah ! si tu nous ouvrais ton cœur
Nous verrions quel est ton malheur.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô mon unique gloire !
11- C’est le secret le plus certain
Pour édifier le prochain,
Pour convertir son âme.
C’est un baume de bonne odeur
Qui remplit doucement son cœur
D’une divine flamme ;
Elle lui parle éloquemment,
Elle le ravit puissamment.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
C’est vous que je réclame.
12- Sans elle un grand prédicateur
Ne fait qu’étourdir l’auditeur,
Sans qu’il le convertisse,
Il divise, il n’y manque point,
Mais il manque au principal point :
Au point de la justice.
Peut-il donner ce qu’il n’a pas ?
Faire marcher sans faire un pas ?
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Que je sois votre hospice.
13- Un homme vraiment vertueux,
Fut-il le plus pauvre des gueux,
Est bien pus respectable
Que tous les rois et les docteurs,
S’ils n’ont la vertu dans leur cœurs,
Mais une vertu véritable.
Sans elle les plus grands talents
Ne sont que vains et faux brillants.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô ma gloire ineffable !
14- De quoi sert à tous ces marchands,
À tous ces fameux conquérants,
Dont l’histoire est remplie,
De gagner tout cet univers,
S’ils se damnent dans les enfers ?
Mon Dieu, quelle folie !
Sans la vertu tout est perdu,
Mais ce mot n’est point entendu.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô trésor de ma vie !
15- Quand le Seigneur nous jugera,
Qu’est-ce qu’il nous demandera :
Une grande noblesse,
Une grande capacité,
Une sublime dignité ?
Non, non, mais la sagesse,
La vertu dans sa pureté,
La véritable sainteté.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô ma grande richesse !
16- Amis de la sainte Sion,
Désirons la perfection
Puisque Dieu la commande.
Mais désirons-la purement
Et la recherchons ardemment,
Sa récompense est grande ;
Pour l’obtenir faisons effort,
Travaillons-y jusqu’à la mort.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
C’est vous que je demande.
17- Mais il faut tâcher d’exceller :
N’avancer pas, c’est reculer.
Avançons donc sans cesse,
N’épargnons rien pour l’obtenir,
Pour faire mieux à l’avenir,
La charité nous presse.
Croyons que le passé n’est rien,
Que nous n’avons fait aucun bien.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Vers vous mon cœur s’empresse.
18- Amassons denier à denier,
Comme on fait en chaque métier :
Point de vertu petite.
Visons toujours au plus parfait,
C’est ainsi que les saints ont fait
Pour avoir leur mérite ;
Quiconque dans la vertu croît
Reçoit le reste par surcroît.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Je vais à votre suite.
19- Confondons notre lâcheté
En regardant la sainteté
De tous les saints nos frères.
Auprès de ces puissants géants
Nous sommes des nains fainéants
Pleins de toutes misères ;
Ils étaient de fer et de feu,
Et nous tout de glace pour Dieu.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô vertu de mes pères !
20- On n’obtient la pure vertu
Qu’après avoir bien combattu
D’un combat légitime ;
Jeûnons donc sans cesse et prions,
Mortifions nos passions,
Les sources de tout crime ;
Et pratiquons avec ferveur
Les grandes vertus du Sauveur.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Ô ma gloire sublime !
21- Pardonnez-moi, Dieu de bonté,
Ma vertu n’est en vérité
Qu’une pure grimace ;
Je veux vous suivre pas à pas.
Seigneur, ne m’abandonnez pas :
Donnez-moi votre grâce ;
Point d’or, point d’argent, point d’honneur,
Mais les vertus de votre Cœur.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Oui, c’est vous que j’embrasse.
22- Ô digne Mère de Jésus,
Ô grande Reine des vertus
Et leur parfait modèle !
Si je suis votre serviteur,
Que je sois votre imitateur !
Ô Vierge très fidèle,
Que vos vertus viennent dans moi,
Surtout la Sagesse et la Foi.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Mon Épouse éternelle.
23- Retire-toi, monde trompeur,
Ton imaginaire bonheur
Et me souille et m’affame ;
Tu veux par ton éclat pompeux
Me rendre à jamais malheureux.
Va-t’en, maudit, infâme,
Donner à d’autres ton poison,
La vertu seule est ma chanson.
Dieu, Dieu, Dieu, vertu de mon Dieu,
Je chante votre flamme.
DIEU SEUL.
Noël des âmes pieuses (cantique de St L-M de Montfort)
Noël des Rois (cantique de St L-M de Montfort)
1- Voyez-vous ce cher Enfant
Dans cette pauvre étable ?
C’est un Seigneur tout-puissant,
C’est un Dieu véritable.
C’est le Maître souverain
Des têtes couronnées,
C’est celui qui tient tout en sa main,
C’est le Dieu des armées.
2- Ce cher Enfant aujourd’hui
Nous parle en son silence,
Et tout nous parle de lui
Dans sa divine enfance.
On lit dans sa pauvreté,
Son amour est extrême !
Tout nous dit : Voyez sa charité,
Voyez comme il nous aime !
3- Ces deux pauvres animaux,
Cette étable et ces langes
Sont des chantres bien nouveaux
Pour former ses louanges.
Aimez ce bon petit Roi,
Disent-ils d’un air tendre.
Mais il faut avoir bien de la foi
Pour le pouvoir entendre.
4- Qu’il fait bon voir le Sauveur
Sur le sein de sa Mère !
Il se presse sur son Cœur
D’une douce manière.
Il la baise tendrement,
Il l’accole, il l’embrasse.
Ses souris, son air tendre et charmant
La remplissent de grâce.
5- Que ce Roi du ciel est grand !
Oh ! qu’il est adorable !
Qu’il est petit à présent,
Mais qu’il en est aimable !
Que cet Enfant a d’attraits
Sur son divin visage !
Ses doux yeux ont des charmes secrets
Qui parlent sans langage.
6- Il prêche l’humilité,
Il prêche l’innocence,
Il prêche la charité,
Il prêche la souffrance.
Oh ! qu’il parle éloquemment,
Puisqu’il parle d’exemple !
Il ravit, il touche vivement
Celui qui le contemple.
7- Qui comprendra ce qu’il dit
Pour nous, à Dieu son Père,
Puisqu’il se rend si petit
Pour calmer sa colère ?
Pour lui donner aujourd’hui
Une gloire infinie,
Il ne veut paraître devant lui
Qu’en qualité d’hostie.
8- Regardez votre cher Fils,
Ô Père des lumières,
Écoutez ses petits cris,
Écoutez ses prières.
Il vous prie en se taisant,
Il parle par ses larmes,
Calmez-vous par son état présent
Et mettez bas les armes.
9- Ô Jésus, votre dessein
En naissant dans l’étable
Est de trouver dans mon sein
Un séjour agréable.
Venez-y donc maintenant
Reposer avec gloire.
Que je sois vaincu par un enfant,
Ô la douce victoire !
LES ROIS :
1- Ô grands rois, voyez-vous un bel astre des cieux ?
Qu’il est nouveau, qu’il est mystérieux !
Il avertit qu’un Sauveur vient de naître,
Allons, allons adorer ce grand Maître.
2- Marchons et quittons tout sans tarder un moment,
Sans raisonner sur cet événement.
Sentez-vous pas une douceur nouvelle ?
C’est là la voix de Dieu qui nous appelle.
3- Suivons en sûreté ce céleste flambeau,
À sa clarté cherchons l’Enfant nouveau.
Il vient de loin pour montrer qu’il nous aime,
Allons bien loin, pour lui rendre le même.
4- L’astre s’arrête ici. Quoi ! dans ce pauvre lieu ?
Serait-ce ici qu’est né notre vrai Dieu ?
Cela n’est pas, cela n’est pas croyable.
Quoi qu’il en soit, entrons en cette étable.
5- En vérité, voici celui que nous cherchons :
C’est notre Dieu ; descendons, arrêtons,
Prosternons-nous aux pieds de son enfance,
Dans le respect, l’amour et le silence.
6- Amis, que voyons-nous ? Ô prodige étonnant !
Voici, voici notre Dieu tout-puissant.
Dans le respect, l’amour et le silence,
Prosternons-nous aux pieds de son enfance.
JÉSUS ENFANT :
7- Vous avez pris, ô rois, bien des peines pour moi,
Je ne puis trop admirer votre foi.
Relevez-vous, approchez-vous de grâce,
Venez à moi pour que je vous embrasse.
LES ROIS :
8- Bonjour, ô cher Enfant, ô puissant Roi des rois,
Nous venons pour nous soumettre à vos lois,
Nous adorons votre toute-puissance
Au travers de cette vile apparence.
9- Daignez prendre cet or comme un roi tout-puissant,
Comme vrai Dieu recevez cet encens,
Comme mortel recevez cette myrrhe,
Nos sceptres sont soumis à votre empire.
JÉSUS ENFANT :
10- J’accepte ces présents, je reçois ces honneurs ;
Je veux aussi vous combler de faveurs,
Pour vous seront mes plus grandes largesses,
Vous goûterez mes plus tendres caresses.
LES ROIS :
11- Amis, ressentez-vous l’ineffable douceur
Qu’on goûte ici près de ce doux Sauveur ?
Nos palais n’ont point de plaisir semblable
À celui qu’on ressent dans cette étable.
12- Adorons, adorons ce débonnaire Agneau,
Tombons, tombons au pied de son berceau ;
Il est enfant, mais il est adorable,
Il est abject, mais il est tout aimable.
13- Mère du bel amour, qu’on vous loue en tout lieu
De nous avoir donné cet Enfant-Dieu,
D’avoir donné le jour à la lumière,
L’être au vrai Dieu, la vie à notre Père.
14- Votre exemple, ô Jésus, nous montre évidemment
Que la grandeur est dans l’abaissement,
Que le bonheur consiste en la souffrance,
Que le vrai bien se trouve en l’indigence.
15- Vous enlevez nos cœurs par votre humilité,
Vous les gagnez par votre pauvreté,
Ayez sur eux une victoire entière,
Bénissez-les par votre Sainte Mère.
16- Puisque nous ne pouvons rester ici longtemps
Pour contempler vos attraits si charmants,
Avant partir, bénissez-nous de grâce,
Et pour jamais en nos cœurs prenez place.
17- Digne Mère de Dieu, mille remerciements
De nous avoir donné ce bel Enfant.
Il faut partir, ô notre unique joie :
Bénissez-nous, bénissez notre voie.
JÉSUS ENFANT :
18- Amis, allez en paix sous ma protection,
Prêchez partout la gloire de mon nom,
Croyez en moi, portez chacun à croire,
Et vous serez de grands rois dans ma gloire.
Noël des âmes zélées (cantique de St L-M de Montfort)
Noël des âmes spirituelles (cantique de St L-M de Montfort)
1- C’est dans ce lieu, grand Maître,
Que vous venez des cieux
Pour nous faire connaître
Le moyen d’être heureux :
Mais je n’y vois personne
Prendre votre leçon !
Quoi ! l’on vous abandonne ?
Pardon, Jésus, pardon !
2- Ô Seigneur adorable,
Je fais à vos grandeurs
Une amende honorable
Pour les pauvres pécheurs.
Enfant très débonnaire,
Permettez-moi d’aller
Dire à toute la terre
De venir vous parler.
3- Avare, tu ne penses
Qu’à l’argent et qu’au bien,
Tu vis dans l’abondance,
Tu ne manques de rien ;
Et cet Enfant aimable
Vient par sa pauvreté,
Au milieu d’une étable,
Toucher ta dureté.
4- Créature orgueilleuse,
Viens trouver ton écueil
À l’éclipse amoureuse
De ce divin Soleil.
Peux-tu t’en faire accroire
Et t’élever sur tous,
Et voir le Roi de gloire
Abaissé jusqu’à nous ?
5- Viens, mondain, et contemple
Cet Enfant à ton tour.
Ta vie et ton exemple
Combattent son amour :
Jésus dans la souffrance
Contente ses désirs,
Mais toi, dans l’abondance
Tu prends tous tes plaisirs.
6- Ô princes de ce monde,
Vous avez des palais ;
Chez vous tout bien abonde,
Vous avez des valets.
L’étable est la retraite
Du Seigneur des Seigneurs :
Il est dans la disette,
Il est sans serviteurs.
7- Ô chrétiens infidèles,
Pourquoi vous arrêter
À mille bagatelles
Qu’il vous faudra quitter ?
Venez dans une étable
Trouver dans un Enfant
Un plaisir véritable,
Un bonheur permanent.
8- Il vous dit par ma bouche
Qu’il vous aime ardemment
Et que ce qui vous touche
Le touche infiniment.
Souffrez-vous la misère ?
Il vous en tirera.
Avez-vous quelque ulcère ?
Il vous en guérira.
9- Il est si charitable,
Qu’il s’est fait tout à tous.
C’est un Maître adorable,
C’est un très chaste Époux,
C’est un ami très tendre,
C’est un bon médecin.
Allons, sans plus attendre,
Lui mettre tout en main.
10- Regarde et considère
L’étable où Jésus naît :
Elle te fait la guerre,
Elle fait ton procès.
Avare viens entendre
Et toi aussi mondain
Ce Dieu si doux, si tendre,
Ce poupon si câlin.
1- Un Dieu, pour sauver les hommes,
Trouve un merveilleux secret :
Il devient ce que nous sommes,
En nous faisant devenir ce qu’il est. (bis)
2- Ce Seigneur très-haut s’abaisse
Pour nous élever aux cieux,
Il vient dans notre bassesse
Pour nous donner son être glorieux. (bis)
3- Il se met dans l’impuissance
Pour nous rendre tout-puissants ;
Il se réduit à l’enfance
Pour nous faire durer dans tous les temps. (bis)
4- Pour nous combler de richesses,
Sa Majesté s’appauvrit ;
Pour nous faire des caresses,
Ce grand Seigneur se rend pauvre et petit. (bis)
5- Afin de briser nos chaînes,
Il se met dans de doux liens,
Il se charge de nos peines
Pour nous donner ses plaisirs et ses biens. (bis)
6- Dieu se fait notre semblable
Par un amour infini :
Il est juste et raisonnable
De l’imiter et ressembler à lui. (bis)
7- Qu’on apporte un diadème
À Jésus pour bien l’orner,
Puisqu’il quitte le sien même
Dans le dessein de nous en couronner. (bis)
8- Donnons-lui plutôt nos âmes,
C’est son plus bel ornement.
Livrons nos cœurs à ses flammes :
C’est là qu’il veut prendre son logement. (bis)
9- Allons d’esprit dans l’étable
Pour baiser ses petits pieds,
Et lui dire : Enfant aimable,
En Souverain régnez sur nous, régnez ! (bis)
10- Doux Jésus, c’est à cette heure
Qu’il faut enlever nos cœurs :
Faites-y votre demeure,
Car vous êtes le plus doux des vainqueurs. (bis)
11- Soyez bénie, ô Marie,
Vous faites notre bonheur,
Et vous nous donnez la vie
En nous donnant cet aimable Sauveur. (bis)
12- Vous n’êtes en cette demeure
Que pour enlever nos cœurs :
Prenez-les, à la bonne heure !
À notre Dieu, gloire, louange, honneur ! (bis)
Noël des enfants écoliers (cantique de St L-M de Montfort)
Noël populaire (cantique de St L-M de Montfort)
LES ENFANTS ÉCOLIERS :
1- Amis, j’entends le chant des Anges.
Qu’il est doux et mélodieux !
Ils annoncent dans leurs louanges
Un Enfant nouveau, Roi des cieux,
Ils disent qu’il est dans les langes :
Allons l’adorer avec eux.
2- Tressaillons donc tous d’allégresse,
Car nous avons un nouveau Roi.
Allons, sa charité nous presse,
L’adorer en esprit de foi.
Allons lui dire avec tendresse :
Cher Maître, donnez-nous la loi !
3- Qu’avons-nous pour lui faire hommage,
Pour honorer sa Majesté ?
Notre cœur est tout son partage,
Allons l’offrir en sûreté,
Car il ne veut point d’autre gage
D’amour et de fidélité.
4- Le voyez-vous dans une étable ?
Sa Mère le tient en ses bras.
Ah ! qu’il est beau, qu’il est aimable !
Que son visage est plein d’appâts !
Ah ! qu’il est doux, qu’il est affable !
Allons à lui, ne tardons pas.
5- Voilà la puissance infinie
Dans une extrême infirmité ;
Voilà la grandeur raccourcie,
Un soleil dans l’obscurité,
Duquel l’éclipse nous convie
À l’aborder en sûreté.
6- Est-ce là, vous, notre cher Maître,
Notre Dieu, notre Créateur ?
Que n’êtes-vous donc venu naître
Dans le palais d’un empereur ?
Votre amour vous fait reconnaître,
Vous ne cherchez que notre cœur.
7- Nous sommes remplis d’espérance,
Et tout saisis d’étonnement
De vous voir réduit à l’enfance :
L’amour seul fait ce changement,
Pour être dans cette impuissance
Notre puissant soulagement.
8- Tous remplis de reconnaissance.
Tombons au pied de ce berceau,
Pour y contempler en silence
Combien son petit hôte est beau ;
Mais offrons-lui, sans résistance,
Un cœur contrit, un cœur nouveau.
9- N’ayant rien, Agneau débonnaire,
Qui puisse être un digne retour,
Voilà nos cœurs, daignez y faire
Votre crèche et votre séjour :
Mais afin de vous y complaire,
Embrasez-les de votre amour !
10- Nous avons quitté notre école
Et les leçons de nos régents,
Pour entendre votre parole,
Pour devenir saints et savants.
Parlez, rien ne sera frivole,
Nous croyons comme des enfants.
11. - Je suis méchant, je veux apprendre
Votre leçon de pureté.
- Je suis pauvre, je veux comprendre
Votre leçon de pauvreté.
- Je suis orgueilleux, je veux prendre
Votre leçon d’humilité.
12- Voici, Seigneur, un sacrifice
Que chacun vous fait en son cœur :
- Sans rien nommer, je quitte un vice,
- Je quitte mon air de hauteur,
- Et moi ma tête et mon caprice,
- Je veux avoir plus de douceur.
13. - Moi, pour votre amour, j’abandonne
Cette compagnie et les jeux.
- Moi, pour vous plaire, je vous donne
Cet habit trop riche et pompeux.
- Pour vous, de bon cœur je pardonne
À cet enfant à qui j’en veux.
14- Enfant Jésus, qui vous empêche ?
Prenez nos cœurs en ce moment.
Faites-en de grâce une crèche,
Pour y reposer doucement,
Et les transpercer d’une flèche
De l’amour qui vous fait enfant.
JÉSUS ENFANT :
15- Aujourd’hui je gagne victoire,
Quoique je ne sois qu’un enfant :
J’entre dans vos cœurs avec gloire
Et je reçois bien vos présents.
Soyez toujours prêts à me croire,
Et vous serez des rois puissants.
1- Un grand Maître
Nous vient de naître,
Un Roi nouveau
Nous commande au berceau.
Vite, vite, préparons-nous,
Allons le voir, allons à deux genoux.
2- Tous les Anges,
Par leurs louanges,
Leurs chants joyeux,
Font retentir ces lieux.
Vite, vite, préparons-nous,
Allons le voir, allons à deux genoux.
3- On le nomme
Un Dieu fait homme
Le Fils de Dieu
Incarné dans ce lieu.
Vite, vite, préparons-nous,
Allons le voir, allons à deux genoux.
4- Qu’on s’empresse,
C’est la Sagesse
Dont la douceur
Vient ravir notre cœur.
Vite, vite, préparons-nous,
Allons le voir, allons à deux genoux.
5- Que tout sonne,
Que tout entonne :
Dieu s’est fait chair
Pour nous tirer d’enfer.
Vite, vite, prosternons-nous,
Puisqu’il est Dieu, puisqu’il est né pour tous.
6- Sur la paille,
Denier ni maille,
Pauvre et petit,
Au milieu de la nuit.
Vite, vite, prosternons-nous,
Puisqu’il est Dieu, puisqu’il est né pour tous.
7- Je l’admire
Comme il soupire,
Il veut avoir
Sur nous quelque pouvoir.
Vite, vite, préparons-nous,
Il veut parler, il veut parler à tous.
8- Il demande,
Mais qu’on l’entende,
Non de l’argent,
Mais un cœur bien fervent.
Vite, vite, donnons un cœur,
Un cœur fervent à l’aimable Sauveur.
9- La lumière
Dans la poussière,
L’immensité
Dans la captivité.
Vite, vite, donnons un cœur,
Un cœur d’amour à l’amoureux Sauveur.
10- La puissance
Dans l’impuissance
Et la clarté
Dans cette obscurité.
Vite, vite, donnons un cœur
Un cœur bien humble au très humble Sauveur.
11- Pauvre étable,
Palais aimable,
Ta pauvreté
Est riche, en vérité !
Monde, monde, retire-toi,
Si tu ne viens dans l’étable avec moi !
12- Ô Marie
Toute remplie
De sainteté,
De grâce et de beauté !
Vite, vite, prenez mon cœur,
Et le donnez à Jésus, mon Sauveur.
13- Vierge-Mère,
Je vous révère,
Je vous bénis
Avec votre cher Fils.
Vite, vite, prenez mon cœur,
Et le donnez à Jésus, mon Sauveur.
14- Que tout âge
Lui rende hommage,
Petits et grands,
Ignorants et savants !
Vite, vite, qu’on donne un cœur,
Un cœur d’amour, à l’aimable Sauveur !
15- Qu’on lui donne
Une couronne,
Un sceptre en main,
Il est Roi souverain !
Vite, vite, offrons nos cœurs :
C’est le présent qu’aime ce doux Sauveur.
16- À mon aise
Que je le baise !
Je suis charmé
De voir ce Bien-Aimé.
Vite, vite, mon doux Sauveur,
Oui, pour toujours, prenez, prenez mon cœur !
17- Toute gloire,
Toute victoire,
À la douceur
De cet Enfant vainqueur !
Mère, Mère, prenez mon cœur,
Et le donnez à Jésus, mon Sauveur.
DIEU SEUL.
Ouverture de la mission (cantique de St L-M de Montfort)
Le Triomphe de l'Ave (cantique de St L-M de Montfort)
1- Que tout chante et publie,
D’un ton bien relevé,
Les Grandeurs de l’Ave
En l’honneur de Marie.
R./ Par l’Ave Maria,
Le péché se détruira.
Par l’Ave Maria,
Le Grand Jésus règnera.
2- O divine prière,
Si l’on vous connaissait,
Un chacun vous dirait
Jour et nuit sur la terre :
3- Jamais nul hérétique,
Jamais nul réprouvé
N’a vraiment éprouvé
Sa douceur angélique.
4- Âme prédestinée,
C’est à vous de chanter,
C’est à vous de goûter
Cette manne cachée,
5- Les anges dans la gloire,
L’homme dans l’univers,
Le démon aux enfers,
Et l’âme en purgatoire.
6- Dieu racheta le monde
Par l’Ave Maria :
Il renouvellera,
Par lui, la terre et l’onde.
7- L’Ave ravit Marie
Et son consentement :
C’est encore à présent
Par lui qu’elle est ravie.
8- Par sa grâce il féconde
Toute chose ici-bas :
On ne le connaît pas,
Sa grâce est sans seconde.
9- La terre était stérile,
Mais l’Ange l’ayant dit,
Elle porta son fruit,
Elle devint fertile.
10- Par l’Ave, qu’on m’écoute,
Les pécheurs sont changés,
Les démons écrasés,
L’enfer mis en déroute.
11- L’Ave contient des charmes
Auxquels tout est soumis :
Les plus grands ennemis
Avec lui se désarment.
12- Dieu même en sa colère
Ne peut lui résister :
S’il l’entend réciter,
De juge il devient Père.
13- C’est une arme puissante
Dans la tentation,
Et dans l’affliction
Une douceur charmante.
14- Quiconque le récite
Avec dévotion
Écrase le démon,
Met tout l’enfer en fuite.
15- Il réjouit les Anges
Et la Mère et le Fils,
Et tout le Paradis
Entonne ses louanges.
16- Il obtient l’indulgence
Et la grâce au pécheur,
Au juste, la ferveur
Et la persévérance.
17- Il éclaire, il enflamme,
Il protège, il nourrit,
Il rassure, il guérit,
Il donne grâce à l’âme.
18- Il n’est rien qu’il ne fasse
Si l’on le dit souvent
Et bien dévotement :
Il change en feu la glace.
19- Le cœur le plus rebelle
Se voit bientôt gagné,
L’hérétique obstiné
Sera bientôt fidèle.
20- Quand on le sait bien dire,
Qu’on est riche et savant,
Quand même seulement
On ne saurait pas lire !
21- Pour moi, quoi qu’on en dise,
Afin de plaire à Dieu,
Je le dis en tous lieux,
Chez moi, comme à l’église.
22- Si je me lève ou couche,
En sortant, en entrant,
Dehors comme au dedans,
Je l’ai toujours en bouche.
23- Je suis insurmontable
Quand j’ai dit mon Ave :
Je suis tout animé,
Je ne crains pas le diable.
24- Le démon et le monde
M’ont souvent attaqué
Pour m’ôter mon Ave :
J’en dis plus, pour qu’ils grondent.
25- Oh ! conseil salutaire !
Oh ! excellent secret !
Pour devenir parfait,
Par jour dire un Rosaire.
26- Qui s’y rendra fidèle
Marchera vitement,
Montera sûrement
A la vie éternelle.
27- Qui s’y rendra fidèle
Vivra parfaitement,
Mourra tranquillement,
Pour la vie éternelle.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort a terminé son cantique par ces mots "In hoc signo vinces", enveloppés d'un chapelet.
1-La Mission est ouverte,
Quittons tout pour la gagner,
Car la perdre est une perte
Qu'on ne saurait réparer.
R./Profitons de ce saint temps,
Car il passe, passe, passe,
Profitons de ce saint temps,
Car il passe vitement.
Je le veux de tout mon cœur,
Grâce, grâce, grâce, grâce,
Je le veux de tout mon cœur,
Grâce à Jésus, mon Sauveur.
2-Homme, et femme, êtes-vous sage ?
Oubliez le temporel,
La famille et le ménage,
Pour le salut éternel.
3-Vous n'y perdrez rien, j'en jure,
Pour un, vous gagnerez cent,
Et, pour un morceau d'ordure,
La grâce du Dieu vivant.
4-C'est Dieu qui nous parle en chaire
Par un homme comme nous,
Comme il enseigne il faut faire,
Ou bien nous périrons tous.
5-Écoutons, amis fidèles,
Et gardons en notre cœur
Cette parole éternelle
Qui fera notre bonheur.
6-Loin de nous l'esprit critique
Qui manque de charité,
Loin de nous l'homme hérétique
Qui combat la vérité.
7-Faisons, faisons pénitence,
Demandons des cœurs touchés,
Sondons notre conscience,
Confessons tous nos péchés.
8-Ayons une horreur extrême
Du maudit péché mortel,
Craignons l'apparence même
Du moindre péché véniel.
9-Adorons Dieu, notre Père,
Aimons-le parfaitement,
Faisons-lui notre prière
Soir et matin saintement.
10-Calmons-le dans sa colère
Par le jeûne et l'oraison,
Et méritons sa lumière
En assistant au sermon.
11-Ayons horreur du blasphème
Et du moindre jurement,
Ne disons plus « pardi » même,
Ni « ma foi » pareillement.
12-Assistons bien à la messe,
Fuyons la danse et le jeu,
Allons souvent à confesse
Et sans cesse prions Dieu.
13-Le Rosaire est admirable !
Il donne à tous du secours,
Il guérit l'âme incurable :
Disons-le donc tous les jours.
14-Voici le seul nécessaire :
Servir bien Dieu, se sauver.
C'est là notre unique affaire,
Il y faut donc travailler.
15-Méprisons tout ce qui passe
Comme indigne de nos cœurs,
Ne recherchons que la grâce
Qui seule nous rend meilleurs.
16-En surmontant la nature,
Vivons toujours de la foi.
En aimant Dieu sans mesure,
Remplissons toute la loi.
Laudate pueri (cantique de St L-M de Montfort)
Plaintes des âmes du Purgatoire (cantique de St L-M de Montfort)
1-Mortels, écoutez-nous,
Écoutez-nous, chers frères,
Nous soupirons vers vous
Du fond de nos misères.
Hélas ! que nous souffrons !
Qui le pourrait comprendre ?
Nous pleurons, nous crions
Sans qu’on nous veuille entendre.
R./O notre douce Mère
Calmez votre Fils irrité,
Par votre sein qui l’a porté,
Oh ! calmez sa colère.
2-Nous sommes vos parents,
Vos pères et vos mères,
Vos amis, vos enfants,
Vos propres sœurs et frères :
Si l’amour ou le sang
Ne vous rend insensibles,
Soulagez maintenant
Nos souffrances terribles.
3-Nous sommes dans un lieu
Infect et sans lumière,
Nous couchons dans le feu
D’un Dieu tout en colère ;
Les démons, nos bourreaux,
Nous brûlent, nous accablent
Et nous font mille maux
Qui sont inexplicables.
4-Les feux sont très actifs
Dans ce lieu de torture,
Les vôtres, les plus vifs,
N’en sont que la peinture.
C’est un feu dévorant
Qui pénétrant notre âme
La dévore et la rend
Un charbon tout de flamme.
5-Quel mal d’offenser Dieu
Et quelle erreur de croire
Que d’aller c’est bien peu
Brûler en Purgatoire !
Point de péché petit,
Point de faute légère,
Puisque Dieu les punit
Avec tant de colère.
6-Un Dieu saint et puissant
Forme notre supplice,
Nous sentons le pesant
De toute sa justice.
Il est vrai, nous l’aimons
Comme notre bon Père,
Mais nous le ressentons
Comme un juge sévère.
7-Hélas ! Seigneur très doux,
Vous nous êtes contraire.
Ah ! quand vous verrons-nous,
Notre Dieu, notre Père !
Que dans votre beauté
Vous nous semblez aimable !
Que notre iniquité
Vous rend épouvantable !
8-Père, vous nous aimez
Comme enfants véritables,
Et vous nous oubliez
Comme des misérables.
O Dieu de charité,
Pardon, miséricorde !
O Dieu plein de bonté,
Faites miséricorde !
9-Très aimable Jésus,
Apaisez votre Père.
Ne nous aimez-vous plus,
Dans ce lieu de colère ?
Nous vous coûtons si cher,
Aimez votre héritage,
Venez nous délivrer,
Achevez votre ouvrage !
10-Pouvez-vous bien nous voir
O notre bonne Mère,
Sans que vous émouvoir
Puisse notre misère ?
Nous soupirons vers vous
Dans nos douleurs cruelles.
Venez secourez-nous
O douceur maternelle !
11-Voulez-vous point aussi,
Habitants de la terre,
Nous oublier ici
Et nous faire la guerre ?
Ayez pitié de nous,
Chers amis charitables,
Nous vous en prions tous
Par nos cris lamentables.
12-Si vous nous délivrez
Ou donnez assistance,
Vous nous éprouverez
Pleins de reconnaissance,
Car, ayant eu par vous
Une entière victoire,
Nous nous emploierons tous
Pour vous mettre en la gloire.
13-Si des biens très petits,
Un verre d’eau qu’on donne,
Ont devant Dieu leur prix,
Leur gloire et leur couronne,
Quel grand prix, ô mon Dieu,
Recevra votre aumône,
Si, pour un lit de feu,
Vous nous donnez un trône.
14-Si vous n’écoutez pas
Notre juste demande,
Le Seigneur ici-bas
Fera qu’on vous le rende.
On vous mesurera
A la même mesure,
On vous délaissera
Dans ce lieu de torture.
1- Mon âme, chantons souvent
Un cantique agréable,
Louons le Dieu tout-puissant
Et son Nom ineffable :
Qu'un chacun loue éternellement
Ce Nom suradorable.
2-Son Nom est digne d'honneur
Sur la terre et sur l'onde,
Car il surpasse en grandeur
Toute nation du monde :
Il s'étend sur les cieux en hauteur,
Sa gloire est sans seconde.
3-Que peut trouver de pareil
Ce grand Dieu, notre Père ?
Il règne avec appareil
Au ciel, dans la lumière ;
Cependant il voit d'un très bon œil,
Ici-bas, la poussière.
4-Oh ! qu'il est bon en tout temps
Envers sa créature !
Il tire les indigents
Du milieu de l'ordure,
Les rendant des princes tout-puissants :
O bonté sans mesure !
5-Ce grand Dieu de majesté
Entretient le pupille,
Donne la fécondité
A la femme stérile,
Il soutient dans son infirmité
Le faible et le débile.
6-Oui, tous d'un accord mutuel,
Aimons ce Dieu suprême :
Soit gloire au Père éternel,
Gloire au Fils tout de même,
Tout honneur à l'Esprit immortel,
Qu'on l'adore et qu'on l'aime.
Rénovation des vœux du baptême (Cantique attribué à St L-M de Montfort)
Souvenez-vous (Cantique de St L-M de Montfort)
1-Dans ce jour de réjouissance,
Joignons nos voix et nos cœurs :
Célébrons les grandeurs
De notre divine alliance.
2-Nous étions enfants de colère,
Tous condamnés comme Adam ;
Esclaves de Satan,
Dieu nous fait enfants de lumière.
3-Nous sommes la race choisie,
Nous sommes Prêtres et Rois,
Tous conquis par la Croix,
Appelés Saints dès cette vie.
4-Nous sommes tous enfants du Père,
Disciples de Jésus-Christ,
Temples du Saint-Esprit.
Oh ! quel honneur pour la poussière !
5- Tout le ciel est notre héritage,
La terre est trop peu pour nous :
Dieu même est tout à tous.
Peut-on avoir plus d’avantage ?
6-Connaissons donc notre excellence,
Ne rampons point ici-bas,
Ne nous y trompons pas :
Les biens n’y sont qu’en apparence.
7-Ayons la foi de l’Évangile,
Et non pas la foi des temps,
Qui damne tant de gens,
Par la pratique si facile.
8-Croyons sans voir, comme un fidèle ;
Faisons ce que nous croyons,
Afin que nous puissions
Voir tout dans la vie éternelle.
9-Combattons avec violence
Les ennemis du salut,
N’ayons point d’autre but
Que Dieu seul et sa récompense.
10-Observons sans aucun partage
Les Commandements de Dieu :
En tout temps, en tout lieu,
C’est là tout l’homme, dit le Sage.
11-Il ne faut, pour damner son âme,
Qu’être infidèle en un point ;
Ne nous partageons point,
Servons Dieu seul, quoiqu’on nous blâme.
12-Ne suivons pas le train des autres,
Car le grand nombre périt :
C’est le monde Antéchrist,
Ses amis ne sont pas les nôtres.
13-Suivons toujours la voie étroite,
Et fuyons les grands chemins :
Ce sont ceux des mondains.
Sans détourner, suivons la droite.
14-Ne prenons jamais pour méthode
L’esprit du siècle présent :
L’Apôtre nous défend
De nous conformer à la mode.
15-Promettons de changer de vie,
Commençons à vivre mieux :
Sans les œuvres, nos vœux
Ne seraient qu’une hypocrisie.
16-Comme enfants de la sainte Église,
Soyons-lui toujours soumis
Et saintement unis ;
Anathème à qui s’en divise.
17-Ayant pris Jésus-Christ pour Maître,
Servons-le sans partager
Et sans nous ménager ;
Faire autrement, c’est être un traître.
18-Jésus étant notre modèle,
Imitons bien ses vertus
Comme font les Élus,
Pour avoir sa gloire éternelle.
19-Étant notre Chef adorable,
Suivons tous ses mouvements,
Prenons ses sentiments,
Suivons sa conduite admirable.
20-Imitons la Vierge fidèle,
Elle est la Reine des Saints :
Offrons-nous par ses mains,
Et allons à Jésus par elle.
21-Courage, mes sœurs et mes frères,
Sauvons-nous tous de concert :
Malheur à qui se perd !
Entraidons-nous de nos prières.
22-Gardons nos promesses anciennes
Qui sont dans notre contrat ;
Le Seigneur, pour sa part,
Sera toujours fidèle aux siennes.
23-Chantons donc gloire à Dieu le Père,
Gloire au Sauveur Jésus-Christ,
La même au Saint-Esprit
Qui nous ont mis dans la lumière.
DIEU SEUL.
1-Souvenez-vous, Vierge Marie,
Que votre Cœur est si bénin,
Que c’est une chose inouïe
Qu’aucun vous ait prié en vain.
2-Non, personne avec confiance
N’a demandé votre faveur
Sans recevoir votre assistance,
Sans éprouver votre douceur.
3-Le cœur contrit, ô Vierge Mère,
J’ose invoquer votre saint nom,
Et malgré mes péchés j’espère
Avoir votre protection.
4-Montrez quelle est votre clémence
En m’obtenant de votre Fils
Le repentir et l’indulgence
Des grands péchés que j’ai commis.
5-De grâce, soyez-moi propice,
Que je ne sois point rebuté,
Car mes péchés et ma malice
Sont moindres que votre bonté.
6-Tenez-moi toujours compagnie,
Surmontez tous mes ennemis,
Afin qu’un jour dans l’autre vie
Nous soyons pour jamais unis.
Appel de Jésus-Christ au pécheur (Cantique de St L-M de Montfort)
L'appel de Dieu (Cantique attribué à St L-M de Montfort)
APPEL DE JÉSUS-CHRIST AU PÉCHEUR
POUR PROFITER DE LA MISSION
1-Que de grâces certaines
Le Seigneur donne ici !
Mais ne les rends pas vaines,
O pécheur endurci.
R./Quoi ! Dieu, qui t'aime tant,
Perdra-t-il son temps ?
Quoi ! Dieu, qui t'aime tant,
Perdra-t-il son Sang ?
2-En cette petite île
Dieu te cherche en ce temps.
Sois donc humble et docile
Et vraiment pénitent.
3-Si son amour extrême
Te touche en ce saint jour,
Réponds-lui que tu l'aimes
Par un très prompt retour.
4-C'est un Père très tendre,
C'est un bon médecin ;
Pécheur, il faut te rendre,
Ou bien périr sans fin.
5-A la voix qui t'appelle
N'endurcis pas ton cœur,
Ne te rends pas rebelle
A ce puissant Seigneur.
6-Choisis bien, je te prie,
Prends le mal ou le bien,
Prends la mort ou la vie,
Car Dieu veut tout ou rien !
7-Prends la paix ou la guerre,
Prends la foudre ou la Croix,
Prends le ciel ou la terre,
Car Dieu te met au choix.
8-Grand Dieu, quelle vengeance
Suivra tant de bienfaits,
Si par ta pénitence
Tu ne fais pas la paix !
9-Verse, verse des larmes,
Gémis du fond du cœur,
Dieu mettra bas les armes,
Et tu seras vainqueur !
10-En ce temps favorable,
Gagne la mission,
Dieu donne au plus coupable
Pleine rémission.
DIEU SEUL.
1- « Prête l’oreille, ingrat pécheur,
C’est ton Dieu qui t’appelle.
Aux tendres soins de ton Sauveur
Ne sois plus infidèle :
Faut-il que mon amour vainqueur
Cède à ton cœur rebelle ?
R./ Alerte ! alerte ! alerte !
La mission est ouverte :
Venez-y tous, mes bons amis,
Venez gagner le Paradis.
2- « Quand je te cherche, tu me fuis,
Tu me hais quand je t’aime.
Ce n’est qu’une ombre que tu suis,
Au lieu du bien suprême :
Depuis longtemps je te poursuis
Dans ton erreur extrême:
3- « J’ai versé tout mon Sang pour toi ;
Que puis-je davantage ?
Embrasse de ma douce loi
Le charmant esclavage ;
Se peut-il qu’un autre que moi
A son amour t’engage ?
4- « Faut-il que tes sens enchantés
N’aiment que le mensonge ?
Qu’en de coupables voluptés
Ton cœur impur se plonge ?
Mes plus terribles vérités
Pour toi ne sont qu’un songe.
5- « Plus je te comble de bienfaits,
Plus tu combles ton crime :
Et tu méprises mes attraits,
Pour courir dans l’abîme ;
C’est en vain que pour tes forfaits
Je m’immole en victime.
6- « Si tu rejettes ma bonté,
Crains tout de ma justice :
Je destine au cœur indompté
Le plus cruel supplice ;
C’est un arrêt déjà porté,
Qu’à jamais il périsse.
7- « Bientôt la mort te surprendra,
Sa faux est toute prête :
En un instant se formera
La terrible tempête,
Et mon bras s’appesantira
Pour écraser ta tête.
8- « Pécheur, il ne sera plus temps
D’implorer ma clémence,
Je me rirai de tes serments
Et de ta pénitence :
Lassé de tes retardements,
J’armerai ma vengeance.
9- « Reviens enfin, reviens à moi
Par un regret sincère ;
De ton Dieu, ton juge et ton Roi,
Désarme la colère ;
Mon Cœur conserve encor pour toi
L’amour d’un tendre père. »
Aux Filles de la Sagesse & Aux Religieuses de la Visitation
Les bonnes sœurs des Tiers-Ordres (cantique de St L-M de Montfort)
CANTIQUE AUX FILLES DE LA SAGESSE
1- O Filles de la Sagesse,
Aidez les pauvres perclus,
Les accablés de tristesse,
Les estropiés, les rebuts.
Ceux que le monde délaisse
Doivent vous toucher le plus.
R./ Dieu caché dans mon prochain :
Il faut que je l'aime bien.
2- Fondez sur la Providence
Sans penser au lendemain.
Méprisez cette prudence
Qui veut un appui certain,
Sans mettre votre espérance
En ce qu’on vous met en main.
3- Que le Seigneur est habile !
Il tire tout du néant.
N’ayez donc point, ô ma fille,
Cette clé d’or et d’argent
Qui, contre tout l’Évangile,
Donne l’entrée au couvent.
4- Cette pauvre fille est-elle
Docile et pauvre d’esprit ?
Laissez là mademoiselle
Bien riche et d’un grand crédit,
Si d’ailleurs elle n’est telle
Que demande Jésus-Christ.
5- De tous soyez les servantes,
Donnez tout sans déguiser :
Voilà vos fonds et vos rentes
Qu’aucun ne peut épuiser,
Voilà vos lettres patentes
Qu’on ne vous peut refuser.
6- Aimez d’un amour immense :
L’amour n’est point limité.
Mais par votre obéissance,
Réglez votre charité,
Autrement quelque imprudence
En ternirait la beauté.
7- Pour avoir victoire entière,
Pour briller comme un soleil,
En Dieu choisissez un père
Pour votre esprit et votre œil :
Voyez-le en toute affaire
Et suivez bien son conseil.
**************************************
AUX RELIGIEUSES DE LA VISITATION
1-O très saintes Religieuses,
Mes vers ne peuvent vous nommer
Tant je vous trouve bienheureuses
D’avoir ce grand Cœur pour l’aimer.
2-Il vous a prises pour partage,
Il a pris son palais chez vous,
Il est aussi votre héritage,
Ce qui n’est pas commun à tous.
3-Du haut de la Croix du Calvaire,
Par Marie, il est descendu
Jusqu’au cœur de votre saint Père,
C’est en lui qu’il s’est tout perdu.
4-Ce Père saint et charitable,
Après un docteur amoureux,
Vous a donné ce Cœur aimable
Afin de brûler de ses feux.
5-Si votre règle est si charmante,
François n’en est pas tant l’auteur,
Que la douceur humble, innocente,
Et sans orgueil et sans rigueur.
6-C’est pour vous une gloire immense
De ce que ce Cœur de l’Agneau
A chez vous comme pris naissance :
Votre maison est son berceau.
7-Si, chez vous, il a voulu naître,
C’est pour s’accroître et s’augmenter :
Vous devez le faire connaître,
Vous devez le faire éclater.
8-Il a chez vous pris son asile,
Chassé qu’il est de tant de cœurs ;
Il a chez vous son domicile :
Brûlez, brûlez de ses ardeurs.
9-Dieu vous a fait dépositaires
De ce trésor très excellent ;
C’est à vous, Révérendes Mères,
De faire croître ce talent.
10-Comme, Dieu merci, vous le faites,
Je ne vous menacerai point ;
Tâchez d’être encor plus parfaites
Et plus fidèles en ce point.
11-Entre trois cœurs, prenez vos places :
Jésus, Augustin et François ;
Mais que le premier, plein de grâces
Vous mette en un et non en trois.
12-Voici mes vers, que je présente
A vos cœurs tous réduits en un ;
Si cette offrande est excellente,
C’est parce qu’elle est en commun.
13-Si quelque cœur par sa malice
N’est pas dans la communauté,
Je n’offre point mon sacrifice
Pour ce monstre d’iniquité.
14-Que, s’il est sorti de son centre,
De ce Cœur plein de charité,
Que dès aussitôt, il y rentre
Par l’ouverture du côté.
15-Sans trop vous soucier de la rime,
Méditez bien mes petits vers ;
Comprenez-en le sens sublime
Et faites-en vos doux concerts.
16-Si ces vers sont très peu de chose,
Jetez-en la faute sur moi,
Mais que je ne sois pas la cause
Que vous y refusiez la foi.
17-Mais, si mes vers vous édifient,
Rendez-en la gloire au Très-Haut,
Faites partout qu’ils fructifient
Et suppléez à mon défaut.
18-Un prêtre a besoin de sagesse,
Qu’il entre dans vos oraisons :
Le Cœur de Jésus vous y presse,
Obtenez-lui ce don des dons.
SŒUR FRANÇOISE :
1a-N’êtes-vous point la sœur dévote
De saint François ?
Votre air recueilli le dénote
Plus d’une fois.
SŒUR DOMINIQUE :
1b-Je suis sœur de saint Dominique,
Qu’en dites-vous ?
SŒUR FRANÇOISE :
1c-Et l’un et l’autre est séraphique,
Unissons-nous.
SŒUR DOMINIQUE :
2a-Je veux devenir Dominique
En charité.
SŒUR FRANÇOISE :
2b-Je veux devenir séraphique
En pauvreté.
SŒUR DOMINIQUE :
2c-Je dis et prêche le Rosaire :
Voilà mon choix.
SŒUR FRANÇOISE :
2d-Pour moi, je ne sais qu’au Calvaire
Jésus en Croix.
SŒUR DOMINIQUE :
3-Pourquoi nous ferions-nous la guerre,
Ma chère sœur ?
Nos saints se sont aimés sur terre
Avec ardeur.
Ils ont tous deux la même gloire
Dans le Seigneur.
Ma chère sœur, il faut nous croire :
N’ayons qu’un cœur.
SŒUR FRANÇOISE :
4-Tous les deux sont grands patriarches
Du même temps.
Tous les deux sont de vives arches
Du Testament.
Ils sont deux serviteurs fidèles,
En vérité,
Et deux très excellents modèles
De sainteté.
SŒUR DOMINIQUE :
5-Si l’un trouve sur le Calvaire
Son élément,
L’autre le trouve en son Rosaire
Également.
L’un a sa chair toute percée
Comme son Dieu.
Et l’autre a son âme embrasée
Du même feu.
SŒUR FRANÇOISE :
6-Ils sont les enfants de Marie
Les plus chéris :
Elle donne à tous deux la vie
Dans son cher Fils.
L’un à Notre Dame des Anges
Est enrichi,
L’autre à publier ses louanges
Est agrandi.
SŒUR DOMINIQUE :
7-Nos deux ordres sont tout semblables,
Ma chère sœur.
Nos habits ne sont dissemblables
Qu’en la couleur.
Pour nous animer davantage
Au pur amour,
Parlons ici son saint langage
Et tour à tour.
SŒUR FRANÇOISE :
8-Mon habit de couleur de cendre,
Ou gris ou brun,
Ne marque ni ne fait entendre
Rien de commun ;
Il marque la persévérance
Dans sa longueur,
La pauvreté, la pénitence
Dans sa couleur.
SŒUR DOMINIQUE :
9-Mon habit noir, si l’on le sonde
De bout en bout,
Ne marque que mépris du monde,
Que mort à tout.
Ma tunique blanche et cachée
Fait fort bien voir
Que mon âme est ressuscitée
Sous l’habit noir.
SŒUR FRANÇOISE :
10-Nos deux habits, ma chère amie,
Figurent bien
Toutes les vertus de la vie
D’un bon chrétien :
La pauvreté, la pénitence,
La pureté,
La charité, la patience,
L’humilité.
SŒUR DOMINIQUE :
11-L’oraison est ma nourriture
De tous les jours.
Quoique la chair gronde et murmure,
J’y suis toujours.
Quand j’y suis aride ou distraite
Par le malin,
J’y persévère en paix parfaite
Jusqu’à la fin.
SŒUR FRANÇOISE :
12-Je fais en tout l’obéissance
Aveuglément.
Je ne me fie à ma prudence
Aucunement.
Mon cher Père, que faut-il faire ?
Dites-le moi.
Manger, jeûner, parler, me taire ?
Donnez la loi.
SŒUR DOMINIQUE :
13-Je prêche par la modestie
En me taisant,
Mon air doux et simple édifie
Tacitement.
J’ai le visage sans grimace
Et sans aigreur,
Plein de joie et de bonne grâce,
Plein de douceur.
SŒUR FRANÇOISE :
14-Je ne suis aigre ni piquante
En reprenant,
Je suis douce et condescendante
En châtiant.
Je fais offre à chaque personne
De la servir ;
Quand je donne ou quand je pardonne,
C’est mon plaisir.
SŒUR DOMINIQUE :
15-Avec beaucoup de confidence
Je parle ici.
Le lundi je fais abstinence
Et mercredi ;
Je jeûne l’Avent, le Carême,
Les quatre-temps,
Les vigiles, samedi même,
Exactement.
SŒUR FRANÇOISE :
16-Pour satisfaire à la justice
D’un Dieu vengeur,
Je prends en secret le cilice
Avec ferveur,
La discipline ou la ceinture,
Malgré mes sens,
Couchant sur la paille ou la dure
Presqu’en tous temps.
SŒUR DOMINIQUE :
17-Je me confesse et communie
Fort fréquemment,
Afin de recevoir la vie
Et l’aliment.
Je dis chaque jour d’ordinaire
Mon chapelet,
Quelquefois même mon Rosaire,
Pour plus parfait.
SŒUR FRANÇOISE :
18-Ma sœur, je ne puis pas vous dire
Combien mon cœur
Recherche, soupire et désire
Dieu, Mon Sauveur.
Jésus en Croix est ma sagesse
Et mon séjour,
C’est mon honneur, c’est ma richesse,
C’est mon amour.
SŒUR DOMINIQUE :
19-Je vais par Jésus à son Père
Très dignement.
Je vais à Jésus par sa Mère
Très sûrement.
Je fais tout en elle et par elle,
C’est mon attrait,
Pour être à Dieu toujours fidèle,
C’est mon secret.
SŒUR FRANÇOISE :
20-La dernière étant la première,
A dit mon Dieu,
Je prends, comme étant la dernière,
Le plus bas lieu,
Sans orgueil et sans flatterie,
Sans vanité ;
Aux pieds de tous je m’humilie
En vérité.
SŒUR DOMINIQUE :
21-Anathème au monde, anathème,
Dis-je en mon cœur,
Car je n’ai qu’une horreur extrême
Pour ce trompeur.
Ses menaces ni ses promesses,
Ni son faux bien,
Ni ses mépris, ni ses caresses
Ne me font rien.
SŒUR FRANÇOISE :
22-Ne disputons jamais des grâces
Des bienheureux :
Ne pensons qu’à suivre leurs traces
Dans ces bas lieux.
Dominique et François revivent
En sainteté,
Si les frères, les sœurs, les suivent
En vérité.
SŒUR DOMINIQUE :
23a-Chantons, ma sœur, chantons, mon frère,
Et tout à tour :
Vive Jésus ! Vive sa Mère !
Vive l’Amour !
Vive Marie en ses délices
Rien n’est plus doux !
SŒUR FRANÇOISE :
23b-Vive Jésus en ses supplices !
C’est mon Époux.
PRIÈRE DE SŒUR FRANÇOISE
ET DE SŒUR DOMINIQUE :
24-O Jésus, notre aimable Frère,
Sauvez-nous tous !
O notre très aimable Mère,
Priez pour nous !
Grands saints François et Dominique,
Nous vous prions
De nous faire mettre en pratique
Vos actions.
25-Un prêtre a besoin de sagesse,
Donnez-la lui,
Il ne veut point d’autre richesse
Ni d’autre appui.
Et par Jésus, et par Marie,
Nous vous pressons
De lui donner en cette vie
Ce don des dons.
DIEU SEUL.